paraît avoir été embarrassé de l'étendue du cadre qu il a
choisi. Sa toile n'est qu'à demi garnie. Les rochers nu
et la mare d'eau, ressource habituelle des paysagistes, qui
oeeupent le premier plan, sont d un bon faire il y a aussi
du bien rendu dans les montagnes entre lesquelles circu
lent des brumes réchauffées par les premiers rayons du
soleil levant. Les plans intermédiaires sont sans intérêt.
Le peintre a interprété trop la lettre le langage figuré
des poètes, en étendant sur sa vallée un tapis de verdure.
Ce tapis est trop uni il aurait eu besoin d'être accidenté
davantage. La Chute de l'Âar dans les Hautes-Alpes a
moins de prétention et plus de mérite réel. 11 y a de la
difficulté bien rendre ces grandes masses d'eau écu-
meuse tombant sur des rochers et s'éparpillant en line
poussière blanche. Cette difficulté a été attaquée par M.
Roffiaen avec assez de hardiesse. Peut-être pourrait-on
désirer qu'il y eût plus de dégradation dans les plans,
mais il ne faut pas oublier qu'en Suisse la rareté de 1 at
mosphère rend les distances moins sensibles l'œil. Outre
les deux tableaux précédents, M. Roffiaen a exposé un
tableau représentant un Chdlet au lac de Brientz. Tout
est bleu sur cette petite toile qui ressemble plus a de la
miniature qu'à de la peinture 1 huile le lac est bleu
la barque qui glisse sur sa surface est bleueles rochers
qui le bordent sont bleus et le ciel est d'un azur parfait.
C'est par trop d'harmonie. Le chàlet est en porcelaine.
11 y a des personnes qui trouvent les paysages de M.
Bohm trop verts. C'est peut-être, en effet, leur défaut;
mais malgré cela ils nous plaisent, parce qu'ils ont de la
poésie et de l'originalité. M. Bohm est un jeune artiste
d'Ypres qui est allé étudier Paris et qui a mis son temps
fort profit, on en peut juger par les quatre tableaux
qu'il nous a envoyés. Il a pris des sites en France ce
sonten généraldes vues de la riante et pittoresque
vallée de Chevreuse. M. Bohm compose bien il a l'in
stinct de bonnes lignes. Nous admettons que sa couleur soit
parfois un peu crue mais elle est d'une gamme bien sou
tenue. On serait tenté d'aller rêver sous les ombrages de
cette belle vallée dans laquelle l'artiste est allé s'inspirer.
M. Bohin deviendra un de nos bons paysagistes, nous en
avons la conviction, et il aura le mérite d'être original.
Les dessins faits pour la société des beaux-arts d'Ypres.
par M. Bohm, des maisons antiques les plus remarquables
d'Ypres, ont été exposés au Cercle des arts voici comment
s'exprime le Journal des Arts, sur cette collection
Nous avons vu hier au Cercle, une collection de des
sins au crayon de différentes couleursreprésentant les
maisons les plus pittoresques du temps des Espagnols,
qui existentà Yprès. Cesdessins,dus M. Auguste Bohm,
l'un de nos jeunes paysagistes chez lesquels l'exposition
actuelle constate les plus brillans progrèssont remar
quables sous le rapport de la consciencieuse exactitude,
de la facilité et de l'énergie de la touche.
Il serait désirer que le gouvernement encourageât la
publication d'un ouvrage qui donnerait les principales
constructions semblables, de Bruges, de Malincs et
d Ypres. Un semblable recueil serait d'une grande utilité
dans l'intérêt de l'étude de l'artet serait accueilli avec
empressement l'étranger. Il serait d'autant plus urgent
de s'en occuper bientôt, que chaque année, quelques-uns
de ces précieux restes disparaissent, pour faire place
de froides constructions modernes.
On nous écrit de Poperinghe, en date du 6 de ce mois
Hier a eu lieu en cette ville l'installation du nouveau
conseil communal. Celte solennité qui jusqu'ici avait
toujours été l'occasion d'une fête en a conservé cette
fois l'apparence, par quelques démonstrations publiques
de joie faites en partie par la régence et en partie par les
habitants de la ville qui en dépendent. Le conseil, convo
qué l'Hôtel-de-ville, s'y est rendu dix heures du matin
pour prêter entre les mains du bourgmestre, le serment
prescrit par la loi. A cette occasion M. le notaire Berten,
nouvellement élu conseiller et appelé aux fonctions
par lui et suivi d'un long hourra de victoire. Le banquier,
ne pouvant croire encore sa défaiteétait resté immo
bile les yeux fixés sur la table et semblable au joueur
d'échecs de Delillc
Qui, du terrible mat regret convaincu.
Regarde encore longtemps lè ooup qui l'a vaincu!
Mauricesans dire un motse leva prit sur la table
la clé qui lui assurait la possession d'Athénaïs et sortit de
l'appartement. Quelques minutes après, l'on entendit sur
les pavés de la cour le roulement du cabriolet qui l'em
portait vers Paris.
A ce bruit, le banquier releva la tête.
11 part s'écria-t-il avec rage.
Oui vraiment, dit Alfred, il en a bien le droit.
C'est un beau joueurajouta Horace.
11 s'est bien montré répétèrent tous les autres de
la générosité, de l'audace, du sangfroid et jusqu'ici ce
pendant nous l'avions toujours vu d'une timidité et d'une
modération...
Il cachait son jeu dit Alfred en souriant.
C'est un modéré enragé, dit Horace, et dès ce
jour il a mon estime.
Et la nôtre, répétèrent tous les jeunes gens.
Il n'a pas celle du baron, murmura Alfred.
Si, vraiment, répondit celui-ci, qui, revenu de sa
stupeur première, avait compris que lui, constamment
victorieuxdevaitpour son honneursoutenir un peu
mieux les coups du sort et partant d'un éclat de rireil
d'échcvina fait une allocution publique dans laquelle
tout en promettant ses concitoyens le zèle et le dévoue
ment que réclame sa nouvelle position, il a déclaré se désis
ter en faveur de la ville de tout traitement affecté cette
place. A en juger par ce début aussi honorable que dés
intéressé, nous augurons avantageusement de la future
conduite administrative du nouvel élu. 11 est espérer
que les autres magistrats communaux, mus par une noble
émulation, et eu égard l'état déplorable de nos finances
s'empresseront de suivre ce bel exemple.
Quelques personnes ont été surprises et paraissent
même douter encore de cet acte inattendu de générosité
de la part du nouveau titulaire. Mais pour quiconque se
souvient que, lors des élections pour les grades d'officiers
de la garde civique, M. Berten, étonné du peu de sympa
thie qu'il rencontrait parmi les électeurs, a exprimé sa
surprise en disant ils ne me connaissent pas tout doute
cet égard doit disparaître. Si en effet il n'est pas bien
connu jusqu'ici, îl ne peut recourir des moyens plus
louables ni plus libéraux pour gagner l'estime et la con
fiance généralesainsi que cette popularité si nécessaire
aujourd'hui, pour remplir avec succès une mission aussi
épineuse et aussi ingrate que celle qui vient de lui être
confiée.
Les derniers devoirs ont été rendus avant-hier avec beau
coup de pompe, au digne Prélat que notre ville regrettera
longtemps. Le cortège funèbre était composé de détache
ments de cavalerie, d'infanterie et de la garde civique les
musiques de ces différents corpsjouaient des marches funè
bres; les ordres religieux et un nombreux clergé, parmi
lequel on remarquait beaucoup de prêtres de campagne,
précédaient le char; celui-ci était traîné par quatre che
vaux l'évêque avait la ligure et les mains découvertes, il
paraissait endormi, la mort n'avait pas altéré la quiétude,
la douce sérénité de ses traits. Mgr l'évêque de Gand
assistait au cortège qui était suivi de toutes les autorités
et d'un grand nombre de fidèles. La foule était immense
dans toutes les rues que le convoi funèbre devait traver
ser. Chacun avait voulu payer un pieux tribut la mé
moire de celui qui fut le véritable type du bon pasteur.
Le corps du prélat a été déposé hier soir dans le caveau
qui lui était destiné derrière le maître-autel de la cathé
drale. Journal de Bruges.)
La Patrie termine par les lignes suivantes le compte-
rendu des f unéraillcs de Mgr l'évêque
Cet hommage est d'autant plus beau qu'il est rendu
dans un temps où de malheureux dissentiments pol'ti-
ques ont jeté dans beaucoup d'esprits des préventions
presque indestructibles contre les serviteurs de l'autel
Cette phrase est ou odieuse de méchanceté, en présence
de l'unanimité des regrets que laisse un prélat dont la vie
entière a été un exemple de toutes les vertus chrétiennes,
ou bien elle est une critique sévère de la conduite de
ceux qui, comme lui, n'ont pas su mériter la même affec
tion par leur abstention dans les affaires politiques; dans
tous les cas, elle est déplacée et inopportune.
On s'étonne généralement de ce qu'aucune opposition
n'ait été faite par qui de droit, relativement l'inhuma
tion des restes de l'évêque dans l'intérieur de la cathé
drale. Des lois spéciales défendent ces sortes d'inhuma
tion ces lois ne peuvent être violées, quelles que soient
les vertus du défunt et les services qu'il ait pu rendre.
Nous ne savons comment on pourra justifier cette infrac
tion aux principes de l'égalité devant la mort.
On lit dans Y Indépendant du Luxembourg
L'organisation de l'enseignement en général mérite
encore l'attention des chambres. La loi sur l'enseigne
ment moyen sortira-t-elle enfin des cartons du ministère?
s'écria: Tout le monde a par hasard un jour de bonheur
c'était le sien Il nous rendra cela plus tard en détail
Aussivous comprenez bien que ce qui m'a fait quelque
effet, ce ne sont pas les cinquante mille francs... Je suis
au-dessus de cela, on le sait bien mais c'était de renoncer
cette petite Athénaïslaquelledemain je n'aurais
plus penséc'est probable. Mais aujourd'hui... un pre
mier jour de conquête c'est piquant! c'est nouveau!
Moije n'aimevous le savezque les premières repré
sentations
Et celle-là en est une extraordinaire et bénéfice
dit Horace.
Au bénéfice de Mauricedit Alfred.
N'en parlons plus, reprit le banquier avec un soupir,
il faut se résigner Vive la philosophie je passerai la nuit
iciprès de ma femme.
Parbleu tu n'y perds pas, dit Horace.
Si nous pouvions partager ton infortunedit Alfred
en lui serrant affectueusement la mainnous serions trop
heureux
S'il en est ainsidit le banquier en reprenant l'air
avantageux et satisfait qu'il avait toujours quand il exci
tait l'envie, je vous souhaite bien le bonsoir. Rentrons
chacun dans nos appartements, car maintenantje crois,
il ne nous reste plus rien faire.
Si vraiment, reprit Horace en caressant ses favoris
d'un air triomphant. Tous nos comptes ne sont pas ré
glés: il t'en reste encore terminer.
Assez longtemps le pays a été leurré par de belles pro
messes: le pays réclame cette loi depuis la révolution le
projet commence passer l'état de momie. Les établis
sements d'instruction sont peu près oubliés le désordre
le plus complet règne dans l'enseignement il est temps
que l'état ait la main haute sur les athénées et les collè
ges, pour mettre de l'unité, de l'uniformité dans l'in
struction. Il faut aussi qu'on améliore la condition du
corps professoral, qu'on fasse une position cette classe
de fonctionnaires; si l'on veut avoir des hommes capables
pour enseigner, il faut qu'on assure un avenir aux pro
fesseurs, et qu'on les soustraye au caprice des communes,
où ils ne sont considérés que comme des budgétivores de
la ville.
Ainsi dans l'intérêt de l'enseignement, des familles et
des professeurs, la chambre demandera la discussion de
ce projet de loi que le pays appelle de tous ses vœux.
On écrit de Bruxelles
Plus de trente mille personnes ont visité aujourd'hui
le marché couvert de la Madeleine. Les cent commissaires
du Cercle artistique et littéraire, tous en uniforme ou en
frac noir, ont constamment fait les honneurs de la salle
avec une grande politesse, et l'ordre le plus parfait n'a
cessé de régner dans cette immense foule. Les dons vo
lontaires au bénéfice des hospices des Ursulines et de
Sainte-Gertrudc se sont élevés plus de cinq cents francs.
taiim:ai: de l'ehplvcemevt des coups de
L'ARMÉE Al 1er OCTOBRE 1848.
régiment d'élite.État-major, 1er, 2e, 3® et 4' batail
lons Bruxelles, et le 3e bataillon Louvain.
1" régiment de ligne. État-major Diest1er batail
lon 5 compagnies Malines, 1 Vilvorde, 2e bataillon
Diest, 3e bataillon, 2 compagnies Diest, 2 Hasselt, 2
au camp, le 4e bataillon Hasselt.
2" régiment de ligne. État-major Namur, 1°' ba
taillon Ath, 2e, 3e et 4e bataillons Namur.
3° régiment de ligne. État-major, 1", 2", 3e et 4®
bataillons Gand.
4e régiment de ligne. État-major, 1er et 2" bataillon
Anvers, 3" et 4e Audenarde.
3» régiment de ligne. État-major, 1", 2e et 3" ba
taillons Bruxelles, le 4e Ypres.
6* régiment de ligne. État-major, 1er, 2", 3" et 4®
bataillons Liège.
7° régiment de ligne. État-major et le 1er bataillon
Bruges, le 2e Ostende, le et 4° Bruges.
8e régiment de ligne. Étnt-major Arlon, d" ba
taillon, 3 compagnies Mariembourg, 3 Bouillon, 2®
bataillon, 3 compagnies Dinant.
9e régiment de ligne. État-major, 1er, 2°, 3® et 4®
bataillons Anvers.
10® régiment de ligne. État-major Ypres, d" ba
taillon Nieuport, 2® et 3® Ypres, le 4e Termonde.
ld® régiment de ligne. État-major, 1er, 2® et 3® ba
taillons Mons, 4e Ath.
12° régiment de ligne. État-major Gand, 1" ba
taillon Menin, 2e, 3® et 4® Gand.
régiment de chassecrs carabiniers. État-major Liège,
1er bataillon Charleroy, 2° Liège, 3® Bruxelles, le
4® Huy.
2® chasseurs a pied. État-major et le 1er bataillon
Tournay,2® bat. 1/2 compagnie àCourtray, 3 compagnies
Menin, le 3° et 4® bataillons Tournay.
3® chasseurs a pied. État-major Anvers, d°r batail
lon 3 compagnies Termonde, 1 compagnie Alost, le
2®, 3® et 4® bataillon Anvers,
compagnies de sédentaires.Les sous-officiers Lou-
vain dr® de fusiliers Alost2® Vilvorde.
compagnie d'enfants de troupes. A Lierre.
compagnie de discipline. A Diest.
1er régiment de chasseurs a cheval. État-major
Mons1er et 2e escadron Charleroy3®, 4", 3®, 6® et le
dépôt Mons.
2® régiment de chasseurs a cheval.État-major, 1er,
Avec qui
Avec moi. Deux cents louis que tu me dois.
Comment cela
N'avais-tu pas parié que le cœur d'Athénaïs ne pour
rait te résister et que tu serais son premier vainqueur?
C'est vrai! s'écrièrent les jeunes gens.
Et comme tu ne seras tout au plus que le second
attendu que Mauricequi en ce moment brûle le pavé
aura ravi dans quelques instants le trésor dont tu lui as
donné la clé. Paie, baron.
Payez répéta l'assemblée.
C'est ce qu'on a de mieux faire, dit d'Havrecourt
en tirant sa bourse, quand une fois l'on n'est plus en veine
et qu'on a contre soi la chance.
Il est de fait, César que ton étoile pâlit et que la
fortune t'abandonne.
Pour un jour mais ce jour fatal va finir. Regardez
plutôt; minuit moins quelques minutes, et demain nous
verrons... En disant ces mots, il étala sur la table une
double ligne de napoléons.
Minuit sonna la pendule du salon.
En ce moment une porte s'ouvrit. Tous les regards se
dirigèrentde ce côté, et l'on vit s'avancer... qui? Athénaïs.
Un cri d'étonnement sortit de toutes les bouches.
En croirai-je mes yeux? dit le baron, stupéfait de
cette apparition inattendue. Quoi! tu n'es point partie,
comme nous en étions convenus, pour Paris?
Nonvraiment.