JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEAIENT.
Jcsiili, £3 Nove»iE»rc 1848
Vires acquirit eundo.
INTÉRIEUR.
Le capitaine Mandrin.
ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces, 4 francs.
INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne 50 centimes.
Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
TPRES, le 22 Novembre.
•Nous devons encore une fois revenir sur la question de
l'octroi ets'il est quelque chose de fastidieuxc'est de
devoir faire de la polémique avec un adversaire de mau
vaise foiqui, pour échapper aux arguments par lesquels
nous avons combattu son plaidoyer pro domo sud
invoque les connaissances spéciales du métier qu'il faut
posséder pour bien comprendre les élucubrations de
l'homme de l'état, comme si la brasserie n'était pas con
nue et n'était devenue le pont aux .ânes de l'industrie.
C'est le commencement d'un nouveau factum inséré dans
le Journal des Baziles. Notre réponse est pour la forme
seulement, dit-il, mais en conscience, nous avons dans
nos deux articles rencontré tous les arguments exposés
dans les Quelques motsbien entendu tout ce qui avait
l'air d'un raisonnement quelconque, car il en est que
nous n'avons pas voulu relever, tant ils étaient absurdes.
Notre contradicteur n'a pas besoin de le répéter, nous
savons que la question électorale a été intimement mêlée
cette question de bière, et que la seconde a énergique-
ment réagi sur la première. Aucuns voulaient toute
force faire, modifier le règlement et c'est pour atteindre
ce but qu'on a présenté cette fois encore la pétition des
brasseurs peu de temps avant les élections, ayant l'air de
dire, si nous n'obtenons gain de cause, nous ferons de
l'opposition votre réélection. A ce noyau d'intérêts
privés se sont joints des mécontents, des ambitieux qui
ont joué tous les rôles pour être quelque chose, et les an
ciens adversairesles catholiques que le parti libéral a
toujours combattu, ont trouvé l'occasion excellente pour
démontrer que le temps ni les événements n'amortiront
leur rancune.
Disons encore que le soi-disant avocat des brasseurs se
pose en personnage incompris nous ignorions que nous
eussions faire un contradicteur aussi nuageux. Mais il
est juste cependant de prendre acte de ses aveuxil n'a
pu, quand il faisait partie du conseil communalfaire
rapporter ce règlement. Il est probable qu'il n'a pu con
vaincre ses collègues de son illégalité qu'il plaide d'une
assez singulière façon pour un ancien jurisconsulte. Ja
mais, en effet, le conseil communal n'a voulu admettre
ses allégations et ne s'est laissé toucher par ses jérémiades.
Nous avons fait comprendre quesi on n'avait intro
duit ce mode de recouvrement, la ville se trouverait dans
(Suite.)
II. l'intérieur de la ville.
Quelques jours seulement s'étaient écoulés; lescliarriots
des contrebandiers roulaient encore au loin, emmenant le
butin amassé dans leur expédition, vers la côte Saint-
André, où ils avaient établi leur camp, et la ville de Saint-
Romain avait déjà repris son aspect de calme et de sérénité
ordinaire.
Dans les belles prairies semées de bosquets d'oliviers
qui entouraient la villeles troupeaux promenaient leur
molle oisiveté; sur la route on voyait passer ces grands
bœufs, au front large liés deux deux, et traînant les
énormes sapins que produit la contrée et que l'Isère allait
transporter vers le midi; dans de riches fabriques, dont
les toits rouges perçaient les touffes de mûriers, les vers
soie accomplissaient silencieusement leur précieux tra
vail.
A l'intérieur de la villeles familles étaient assises en
groupes la porte de leur maison, causant et travaillant.
Les femmes filaient du lin, cousaient ces gants auxquels
Grenoble donne son nomet qui sont le commerce du
pays. Outre le calme qui régnait parmi les habitants, il y
avait eqcore en eux cette satisfaction intérieure qui suc
cède aux mouvements violents de l'existencequand ils
n'ont pas laissé de suites funestes.
En définitiveles contrebandiers n'avaient guère fait
la nécessité de rendre plus qu'elle ne percevrait, que par
les dispositions du règlement du 12 Mars 1827, on avait
trouvé le moyen de ne pas payer aux dépens de la caisse
communale, des primes d'exportations aux brasseurs. Ce
qui aurait eu lieu, car en faisant unedéclarationde plusieurs
brassins évalués '100 hectolitres, il est avéré que sans
exagération, il en est retiré 150 150. hectolitres de bière;
prenons 130 hectolitres et comme on devrait restituer
l'exportation sur la quantité réelle, en ne faisant pasde rete
nues, on rendrait fr. 260-50pour fr. 205 qu'on aurait perçu.
Ce serait donc une prime de fr. 61-50 qu'on payerait au
brasseur chaque fois qu'il exporterait la quantité de bière
pour la fabrication de laquelle il n'aurait payé en droit d'oc-
troique205 fr. Mais les uns retirent d'un brassin beaucoup
plus de liquide que les autres, et si on admettait le sys
tème des retenuesil est clair que les uns y trouveraient
un bénéfice, tandis que les autres, moins heureux dans
leur système de brasser, ne recevraient pas une indemnité
équivalente, injustice dont pourraient se plaindre quel
ques brasseurs, tandis que sous l'empire du règlement,
on lient compte des quantités réelles prise en charge
pour mémoire, mais l'exportation la différence entre la
quantité brassée et celle déclarée est déduite des quan
tités exportées, avant qu'on ne restitue le droit.
Il est de mode de crier aux entraves et la gène et
d'invoquer la liberté d'industrie. On fait l'éloge de la su
blime loi de 1822, mais on laisse de coté l'art. 5 qu'on a
fait abroger et qui était toute la loi. Avant cette abroga
tion, les brasseurs trouvaient cette loi détestable. Depuis
qu'elle ne fait pas rentrer au trésor ce qu'elle devrait
faire verser, les brasseurs la trouvent excellente. Cela seul
devrait faire ouvrir les yeux et faire comprendre ce que
veulent certains d'entre eux. Quant aux entraves dont on
se plaint tant, elles ne laissent pas que de faire gagner
beaucoup d'argent aux brasseurset il n'est pas certain
qu'avec la liberté de l'industrie et l'abolition des octrois,
ils en gagneront encore autant. Dans un prochain article
nous prouverons que le règlement du 12 Mars 1827 est
basé sur l'arrêté du 10 Novembre 1826, loin d'être con
traire son texte et son esprit.
Plusieurs journaux ont parlé du projet d'ouvrir
Bruges une exposition provinciale nous savions que ce
projet existait, mais comme il venait d'être soumis l'avis
des différents comices de notre provincenous n'avons
cru devoir nous en occuper qu'après que l'Association
agricole de notre arrondissement eut formulé son opinion.
de mal qu'aux traitantsrace que le peuple détestait cor
dialement. Ils avaient encore brûlé trois ou quatre mai
sons, mais c'étaient celles des plus riches de la ville; tout
cela ne regardait point les bonnes gens qui tenaient leur
assemblée dans la rue; et puis, ils étaient si heureux
d'avoir eu peur, maintenant que la peur était passée, et
leur conversation était si bien fournie d'anecdotes cu
rieuses
Comme il faisait nuit pendant l'attaque des brigands
et que personne n'avait pu distinguer le terrible Mandrin
son apparition sur le remparttout le monde voulait
l'avoir vu, afin de donner sur son compte les informations
qu'il lui plaisait.
C'est un monstre de laideurdisait quelqu'un.
Il est aussi noir qu'il est diable! ajoutait un vétéran.
Vous n'y voyez pas clair, mon vieux, répondit une
sexagénaire: il n'est pas laid du tout, c'est un homme
haut de sixeoudées, comme le Philistin Goliath, et il porte
un habit tout d'airain comme lui.
Un bon père capucin, assis parmi les causeursétait le
seul qui ne dit pas son mot sur la figure de Mandrin
mais il riait dans sa barbe chaque nouveau renseigne-
nienf qu'on donnait sur ce sujet.
Avez-vous vudit-on encorecomme le feu des
batteries a redoublé, dès que le chef des brigands a paru
sur le bastion.
Et comme les maisons se sont mises brûler
Ah dit le vétéranc'est que le capitaine Mandrin
Cette assemblée s'est réunie samedi dernier; et nous
venons d'apprendre qu'après un mur examen, ce projet a
été repoussé l'unanimité des v»ix. Nous partageons
entièrement l'opinion de notre Association agricole, car
nous nous sommes demandés de prime abordquelle
pouvait être l'utilité d'une exposition provinciale.
D'après nous, cette exposition aurait pour effet immé
diat de tuer celles qui ont lieu aux chefs-lieux d'arron
dissement et de dégoûter grand nombre de cultivateurs
de prendre part ces concours. Or, les efforts de l'auto
rité doivent tendre avant tout introduire et populariser
ces nouvelles institutions, et ce but ne peut être mieux
atteint qu'en les établissant au milieu de tous les centres
de populations car nos fermiers aiment, avant d'adopter
une amélioration, la voir et la juger par eux-mêmes.
Nous concevons fort bien les raisons qui peuvent enga
ger les autorités de Bruges, poursivre la réalisation de
leur idée mais ce sont ces mêmes raisons qui nous for
cent les combattre car si, d'une part, elle ne présente
aucune, espèce d'utilité, d'autre part, elle présente des
inconvénients graves.
Pourquoi en effet forcerait-on les membres du jury,
ceux des comices, les exposants et même les curieux se
transporter et même devoir séjourner Bruges? ce
serait occasionner une dépense générale qui profiterait
Bruges, mais qui, pour le restant, constituerait une véri
table charge la provipee.
Voilà quelques raisons l'appui de notre opinion
nous reviendrons du reste sur cette question, qui, d'après
ce que l'on nous assurerencontre les mêmes objections
dans les arrondissements de Thiclt, de Roulers et de
Courtrai.
Dimanche dernier, la Société des Chœurs a fait choix
d'un nouveau directeur, en remplacement de M. Félix
Duhayon qui a quitté la ville. M. Edmond Brunfaut a été
élu, et le lendemain soir, la Société des Chœurs a été
lui donner une brillante sérénade. Tous les membres
exécutants étaient au complet.
Lundi dernier, est arrivé en cette villeM. le général-
major Duroy, que nous avons connu comme colonel du
1er Lanciers. 11 est venu passer l'inspection du Cours d'é-
quitation qui compte un personnel d'environ trente cinq
officiers et une centaine de sous-officiers.
Aujourd'hui a eu lieu FHôtel-de-ville, l'adjudication
des barrières. Le revenu en est diminué d'environ 7,100 fr.
commande des gaillards qui lui obéissent au doigt et
l'œil. C'est ainsi que, lorsque nous marchions sous le
grand maréchal de Saxe, la bataille de
Vous n'y êtes pasvieuxreprit la contrariante
grand'mèrc, c'est que le capitaine Mandrin (le diable
veuille avoir son âme) met le feu aux maisons rien qu'en
les regardantet aux mousquets rien qu'en les touchant
du bout du doigt.
Dieu mercices enragés de contrebandiers n'ont
pas encore fait tant de mal dans notre province que par
toute la Franche-Comté, où ils ont répandu tant de fausses
monnaies, qu'il vaut autant avoir dans son escarcelle des
feuilles sèches que des éeus.
Et en Bourgogne donc! où ils entraient dans les
églises en plein dimanche, enlevaient les ornements d'au
tels les reliquesle prêtre et la messe tout la fois
Et Beaune, où ils ont tué autant de brigadiers
qu'ils avaient besoin de chapeaux galons d'or pour se
parer
Et dans la ville d'Autum Jésus! mon Dieu! quel
scandale! comme ils approchaient des portes, ils ren
contrèrent de jeunes séminaristes qui allaient recevoir
les ordres Chàlons ils les arrêtèrent et les retinrent
en otage, disant que si on ne leur livrait la ville merci,
ils allaient emmener ces pauvres agdeaux sans tache pour
leur donner les ordres dans leur camp, et en faire des
brigands comme eux...
Là-dessus, des traits d'une audace inouïe et d'une