JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Jcudf, 14 Dcccmltrc 1848.
Vires acqumt eundo.
INTÉRIEUR.
Le capitaine Mandrin.
ABONNEMENTS Vpres (franco), par trimestre, 5 francs 50 c. Provinces, 4 francs.
INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes.Réclames, la ligne 30 centimes.
Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
YPRES, le 13 Décembre.
Il n'est peut-être pas inutile de toucher d'une question
qui se présentera pendant cette session de la législature
peut-êtrenous voulons indiquer le projet de loi sur le
transit. Le Journal des Baziles a touché quelques mots
de cette affaire, cl a rappelé les efforts faits par M. Jules
Malou pour obtenir la fin du transitdu bétail par le chemin
de fer. Nous l'avons dit dans le temps, M. Malou a agi
dans celte question, comme l'intérêt de ses commettants
l'exigeait, mais sur une foule d'autres points, il a oublié
de s'occuper de nos besoins. Nos représentants actuels,
croyons-nous, feront ce qui sera en leur pouvoir et ne
tireront aucun parti d'une question d'intérêt matériel
pour se faire caser par un ministère comme celui de
Nothomh, qui voyait son existence menacée, s'il mainte
nait le transit.
Voici comment se présente la question du transit. La
loi du 18 juin 1842 permet au gouvernement de modifier
par arrêté royal le régime du transit, et c'est ainsi que
par l'arrêté royal du 27 juin 1843, le transit des bestiaux
par le chemin de fer, en exemption de droits, fut permis
et qu'un arrêté du 7 juin 1844 retira cette autorisation.
La loi de 1842 n'avait été faite que pour un temps limité,
elle fut successivement renouvelée, en attendant une loi
définitive.
En séance du 28 novembre 1848 le gouvernement a
déposé un projet de loi réglant d'une manière définitive
le régime du transit. A cause de la discussion des budgets,
la chambre n'a pu examiner cette loi qui par conséquent
ne sera pas votée avant le 1" janvier 1849. Or, la loi de
1842 ne restant en vigueur que jusqu'au 51 décembre
prochain, le gouvernement, en attendant le vole de la
nouvelle loi, a demandé que celle de 1842 fut prorogée
pour un an. La section centrale n'a consenti la proroga
tion que pour six mois. Le gouvernement s'y est rallié et la
chambrea voté samedi dernier, la prorogation demandée.
Quant présent, rien n'est donc changé et Je statu quo
est maintenu. Nous croyons donc que les préoccupations
que le transit par le chemin de fer soulève surtout pour
le bétail, sont prématurées. Il sera peut-être impossible
la chambre, du train dont ses travaux marchent, que ce
projet ne soit pas examiné pendant la session actuelle.
Cependant il ne serait pas inutile d'examiner quelles sont
les dispositions du nouveau régime cl jusqu'à quel point
elles sont favorables ou défavorables nos contrées.
(Suite.)
Y. LE CAMP DE MANDRIN.
La côte de Saint-André, au centre des monts les plus
inaccessibles du Dauphiné, était entièrement inconnue
l'époque où nous nous trouvons, et nul pas humain n'avait
jamais pénétre dans ces vastes solitudes.
D'un côté étaient d'immenses forêts de chênes et de
sapin pavoisées de lianes qui enlaçaient les troncs d'ar
bres et déroulaient leur épais tissu dans des profondeurs
remplies d'éternels ténèbres; de l'autre s'étendait le
chaos formé par des montagnes écroulées dans un ébou-
lement volcanique où se trouvaient mêlés, dans un hardi
et magnifique désordre, des roches élancées, des pics in
commensurables de larges glaciersdes gouffres sans
fond; au-dessus régnait un formidable dôme de neige,
dont 1 éternelle blancheur était coupée de cercles noirs
par les ailes de l'aigle tournoyant.
Les oursles loupsles sangliers avaient leurs antres
dans ces profonds déserts; l'ouragan y promenait un
long tonnerre les avalanches bondissantes mêlaient leur
bruit au fracas de l'orage et cette tempête continuelle
imprimait partout son sceau fantastique et terrible.
C'était là que Mandrin avait établi son camp.
La partie qu'il occupait dans celte immense chaîne se
Le Journal des Baziles revient sur la mystification
dont il a été victime et prétend soutenir envers et contre
tous que l'homme habillé en femme a été reconnuet
un habitant de cette ville est indiqué par l'initiale de son
nom comme pouvant donner tous les renseignements
cet égard.
L'assurance avec laquelle ce journal affirme son récit
pourrait faire croire sa véracité.(Eh bien, il n'en est
rien, nous le répétons, c'est un conte d'un bout l'autre
qui n'est fondé sur rien et les témoignages que cet impu
dent journal invoque l'appui de son dire lui font défaut.
Cet homme habillé en femme est la nommée Marie Van
Overschelde, âgée de 40 ansprofession de repasseuse,
demeurant rue de la Bouche, chez Planckeel. 11 est vrai
qu'on Ta suivie, parce qu'on avait des doutes, mais du
moment qu'on a pu voir sa figuresn a été convaincu
qu'il y avait erreur.
Le nommé Ddont le Journal des Baziles a invo
que le témoignage, a envoyé quelqu'un pour nous faire
connaître qu'il avait réclamé contre le rôle qu'on voulait
lui faire jouer, qu'il savait que rien n'est vrai dans toute
cette histoire et qu'il connaît cette femme qui a été l'ob
jet de ce quiproquo. En outre, on nous a assuré qu'il a
été se plaindre au bureau du journal en question, de ce
qu'on invoquait son nom sans, au préalable, s'être informé
de ce qu'il savait.
Disons encore que le second fait que la sainte feuille
annonce, n'est pas prouvé davantage. Ce sont des tenta
tives de vol qui n'ont existé que dans son imagination.
Une enquête a eu lieu de toutes les dépositions aussi
bien du factionnaire que des gardes de nuit, il résulte que
nul n'a vu des hommes tenter d'ouvrir les portes des mai
sons l'aide de fausses clés. C'est un nouveau méfait imagi
naire, que le béat journal, dans ses hallucinations plus ou
moins mystiques, a voulu faire passer pour un exploit
nocturne de voleurs. On peut se tromper, on peut être
victime d'une mystification, mais encore devrait-on avoir
la bonne foi d'avouer son erreur. L'impudence et l'effron
terie du Journal des Baziles n'avaient nullement besoin
de ces fausses rumeurspour apparaître tous les yeux
avec un nouvel éclat.
Noms des travailleurs agricoles résidants dans l'arron
dissement d'Ypres, qui ont été désignés pour recevoir la
décoration spéciale instituée par l'arrêté royal du 1"
Mars 1847.
1° Goemacre, Pierre, Zonnebeke.
nommait le Mont-Désert.
Au centre était la grotte qui servait de demeure au
capitaine; près de là étaient les souterrains où se fabri
quait la fausse monnaie; tout autour, les divers emplace
ments dans lesquels les soldats de la troupe se livraient
leurs occupations journalières.
Dans une large clairière, pratiquée par la hache dans
un bois de chênesétaient rangés de nombreux tas de
feuilles sèches qui servaient de lits, les bandits les remu
aient avec des fourcheset rangeaient dans des coffres
leurs habits bigarrés de formes et de couleurs différentes,
scion les pays où ils avaient été volés.
Non loin de ce dortoir, sur un plateau semé de pierres
calcaires dont les creux servaient de fourneaux, des hom
mes, qui ce soin était confié, pétrissaient le pain, tiraient
le vin des amphores, et sur des pierres plates, percées
pour laisser couler le sangégorgeaient et dépouillaient
des oursdes daims, des aigles, des chamois; comme
autrefois dans des solitudes pareilles et sur des tables de
pierres semblables les Druides immolaient les victimes
humaines.
Puis, d'un côté, auprès d'une cascade tombant de cent
pieds de hauteur, étaient des forges, des enclumes, des
masses de fer brut là, d'habiles ouvriers fabriquaient des
armes, les coulaient, les ciselaient en aiguisant sur la roche
blanche et polie les lames étiucelantesen chantant en
chœur leur chanson de guerre accompagnés par le fracas
2° Masure, Pierre-Joseph, Zillebeke.
3° Demey, Jean, idem.
4° Paesschesoone, Pierre, Voormezecle.
5° Leppinoo, Charles, Wylschaete.
6° Lamerand, Joseph, idem.
7° Catteau, Alexandre, Comines.
8° Duseine, Pierre, Passchendacle.
9" Noyez, Charles, idem.
10° Dumorlicr, Pierre, Comines.
GARDE CIVIQUE ACTIVE
de ix ville d ïpiies.
L'article 63 de loi du 8 Mai dr, sur la Garde civique,
porte
Tout refus ou toute négligence de la part des gardes
de se pourvoir, leurs frais, de l'uniforme, dans le
mois de l'avertissement donné par le chef de la garde,
est puni d'une amende de soixante-quinze francs au
profit de la commune. En conséquence, le Major
commandant prévient les gardes appartenants aux 1", 2*
et 3° compagniesdubataillon,qu'ilsontà se pourvoir pour
le 30 Janvier 1849, de l'uniforme en drap décrit par l'ar
rêté royal en date du 18 Juin et autorisé pour la garde
civique active de la ville d'Ypres, par arrêté royal en date
du 31 Août dr.
Le major commandant les gardes civiques actifs
de la ville d'yprbs,
A'° Vanden Bogaeude.
Le concert donné au bénéfice de M. Charles Otto, chef
de musique du corps des Sapeurs-Pompiers et de l'école
d'équitation militaire, n'avait pas réuni un grand nombre
d'auditeurs. Les dames surtout faisaient défaut. Cepen
dant les morceaux annoncés offraient de l'intérêt. Deux
jeunes chanteurs étrangers devaient se faire entendre et
un artiste inventeur d'un nouvel instrument aurait dû
piquer la curiosité.
Le concert a été fort bien, les artistes étrangers ont été
très-bien accueillis et avec justice. M. Thevenet, profes
seur de chant, Bruges, s'est distingué. Le chœur sans
accompagnement exécuté par les élèves du cours d'équi
tation a fait plaisir. Mais Tcuphonion a surtout excité
l'attention, car c'est un instrument qu'on vient d'entendre
ici pour la première fois. Somme toute, le concert a bien
marché et une fois de plus, la musique du corps des Sa
peurs-Pompiers a prouvé qu'elle l'orme une bonne
harmonie militaire.
des blocs de neige qui se détachaient des sommets nus,
bondissaient dans l'espace pour ravager les terrains plus
fertiles sur leur passage.
Le capitaine Mandrin était assis sur un bloc de granit
l'entrée de sa grotte et dans une attitude pensive.
Outre les principaux chefs quiréunis sous un arbre
réglaient leur plan de campagne, quelques personnes seu
lement restaient isolées des groupes des travailleurs et
livrées elles-mêmes.
Le premier de ces personnages était un homme d'une
stature colossale, qui, en aucun lieu, en aucun temps, ne
s'éloignait de son capitaine. Serviteur fanatique de Man
drin, dévoué lui corps et âme, il eouehait la nuit la
porte de sa cavernemarchait ses côtés dans toutes les
excursions, toujours prêt lui faire un rempart de son
corps; il semblait n'être venu au monde que pour suivre
son capitaine, le défendre et mourir pour lui.
Ce qu'il aimait le plus au monde, après son chef, c'était
un petit enfant de dix-huit mois que lui avait laissé en
mourant une jeune femme de la race des bandits comme
lui. Il venait de le coucher dans les lianes entrelacées qui
lui servaient de berceau sous un dôme fleuri de maron-
niers, et balançait doucement la mobile nacelle, en chan
tant voix basse les sons doux et languissants qui amènent
le sommeil.
C'était un contraste étrange de voir ce rude et formi
dable brigand, la figure basanée, cicatrisée, balafrée,