JOURNAL D'YPRES ET DE LARRONDISSEMENT.
Dimanche, S4 Décembre 1848.
Vires acquirit eundo.
MATÉ RIEUR.
Le capitaine Mandrin.
5i° 797. 8e Année.
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APRES, le 23 DÉtEMBRE.
Souvent nous avons entendu crier raca aux gros trai
tements. On s étendait avec complaisance sur les énormes,
émoluments, pensions, rémunérations des employés su
périeurs. A entendre certaines feuilles, le budget était
littéralement surchargé de gros appointements. C'était un
abus, un gaspillage sans nom et sans retardil fallait y
mettre ordre. Guerre aux traitements élevés, respect aux
appointements médiocres et par là, on entendait ceux
en-dessous de deux mille francs.
Avec des arguments de ce genre, que personne ne s'est
donné la peine de vérifier, les journaux ont organisé une
croisade en faveur des économies. La session législative
s'est ouverte et sous la pression de l'opinion publique
égarée par d'emphatiques déclamations, on s'attendait
voir les chambres faire merveille. Mais le ministère
avait pris les devants et toutes les économies qu'il était
possible d'opérer, ont été introduites dans les budgets.
Avec le mécanisme administratif si compliqué qu'exige le
régime représentatif, opérer quatre millions d'économies,
tout en ne désorganisanfpas les services, c'était un beau
denier et l'on aurait pu s'en contenter pour cette année,
car ce n'est pas en aussi peu de temps qu'on parvient
changer de système et remplacer une prodigalité ex
cessive dans les dépenses publiques, par une sévère éco
nomie. Il faut de la persévérance, nous dirons même une
ténacité rare, pour atteindre ce but. Aussi la chambre
a-t-ellepu difficilement trouver rogner dans les budgets,
sans porter atteinte l'organisation administrative. Ce
pendant, comme certains membres voulaient toute force
faire de la popularité, nous avons vu surgir un certain
nombré de propositions mal digérées, saugrenues ou im
praticables.
En dernier lieu, nous avons eu la motion de M. Del-
fosse qui voulait opérer une retenue sur les traitements
de tous les fonctionnaires dépassant deux mille francs. A
l'entendre, on pouvait compter sur une ressource de cinq
six cent mille francs. Décidément M. Delfosse considère
les fonctionnaires comme gens taillables et corvéables
merci et, s'il pouvait les réduire servir gratis, ce serait
certes une belle conquête, mais celui qui connait les tra
ditions administratives n'ignore pas que les fonctions
remplies gratuitement sont les plus coûteuses.
[Suite.)
VI. LA CONFIDENCE.
Un mois s'était passé pendant lequel le baron d'Alvimar
était revenu souvent l'hôtel de Cliavailles. Le maître du
logis ne pouvait qu'être flatté de sa présence: on savait
par la voie publique que ce jeune homme appartenait
une des premières familles de Bourgogne que son hon
neur personnel était sans tache comme celui de sa maison;
c'était tout ce qu'il fallait pour que ses visites fussent ac
cueillies avec sécurité; et son esprit, le charme de ses
manières et de sa conversation les rendaient agréables.
Un jour, Louis d'Alvimar, que maintenant on appelait
simplement le baron Louisprofitant déjà des droits de
l'intimité, se promenait seul dans le jardin en attendant
le retour de monsieur de Cliavailles.
Mais l'aspect de ce jardin était bien changé depuis
quelque temps. On voyait que les soins de la jeune mai-
tresse, qui faisaient naguère de ce coin de sable et de
feuillage un lieu de délices, en étaient retirés. La culture
y régnait toujoursle goût et la grâce avaient disparu
on y retrouvait l'empreinte du jardinier, mais non celle
de la jeune fée qui l'animait.
C'est que depuis un mois Isaure ne s'occupait plus de
ces amusements enfantins, c'est que depuis ce temps elle
avait passé là, auprès de d'Alvimar, bien des heures
pendant lesquelles les aptitudes de son cœur et de son
esprit avaient changé de sphère. Elle avait bientôt connu
le nom et la puissance du sentiment qui l'attachait ce
Malheureusement, on a prouvé M. Delfosse que son
projet, loin de produire les cinq cent mille francs qu'il
annonçait, n'en donnerait que cinquante-deux mille. On
compte en Belgique seize mille deux cent vingt-huit fonc
tionnaires qui reçoivent un traitement au-dessous de
deux mille francs (onze cent soixante-neuf touchent de
2 3,000 francs, neuf cent quarante-cinq de 3 6,000
francs; cent quatrevingt-huit de 6 9,000 francs; et
quatrevingt-seize plus de 9,000 francs. Où sont donc ces
innombrables appointements si élevés, d'après les clameurs
de certains journauxet comment serait-il possible de
diminuer les hauts traitements sans en même temps ré
duire rien la rémunération des postes inférieurs, car
nous ne croyons pas qu'on veuille mettre le fonctionnaire
qui a une besogne difficile, sur la même ligne que le sim
ple expéditionnaire, et si on l'exigeait, que deviendrait
l'émulation
D'après l'organisation nouvelle de l'administration
dont s'occupe le gouvernement, il y aura dix-sept mille
septeent soixante-neuf fonctionnaires en tout, dont quinze
mille trois cent vingt-neuf au-dessous du traitement de
2,000 francs mille quatrevingt-neuf de 2 5,000 francs;
neuf cent quatrevingt-deux de 3 6,000 francs; cent
quatrevingt-quatorze de 6 9,000 francset soixante-
trois au-dessous de 9,000 francs.
D'après cette statistique, l'on doit comprendre que la
suppression des places doit atteindre plus fréquemment Jcs
employés des classes inférieures, puisque pour un chef de
service qui est remercié, il faut mettre dix fois autant de
fonctionnaires subalternes sur le pavé. C'est ainsi qu'il
est absurde de crier aux économies et de vouloir mainte
nir en fonction, ce qu'on appelle les petits employés.
Personne, du reste, ne s'est mieux fourvoyé que M. Del
fosse, car la statistique que nous avons donnée, doit faire
comprendre que si on rayait du budget les traitements
au-dessus de 2,000 francs, on ne parviendrait opérer
qulunc diminution relativement minime, en comparaison
des sommes absorbées par les seize mille deux cent vingt-
huit fonctionnaires qui ne reçoivent qu'un traitement en-
dessous de deux mille francs.
Les succès que la Société agricole de l'arrondissement
d'Ypres a obtenus, méritent d'être signalés. Elle vient
immédiatement après les sociétés de Vilvordc, de Thou-
rout et d'Oostcamppour le nombre d'objets envoyés
l'exposition, et croyons-nous, aussi pour le nombre
prix remportés. Aussi se proposc-t-on de faire la rei.:
des médailles avec une certaine solennité. Le six jair. i
jour des rois, cette fête aura lieu et sera suivie d'un <!i
par souscription auquel seront admis les personnes - i
ont obtenu des distinctions et les membres de la so: ié
Nous croyons que cette cérémonie^ attirera bcaucoip
monde en ville.
Correspondance.
Poperinghe, le 22 décembre 18 la
Monsieur le rédacteur du Progrès
En signalant, dans votre n" de dimanche, dernier
vices qui se sont introduits dans le service de J'octro"
cette ville, et en faisant ressortir les conséquences lune
tes qui en résultent pour la commune, nous avons i
ché la cause primitive du mal l'inhabilité et l'ii.r
de nos magistrats communaux. Nous avons indique' èo i
maircmcnt les réformes depuis longtemps réclamé
l'opinion publique et proposé les mesures qui nous
paru les plus efficaces pour remédier cet état dé;
ble. Mais que peut-on espérer d'une administration
faible et aussi arriérée que celle qui dirige actuelle:
nos affaires? Que peut-on attendre d'hommes qu",
quement occupés du soin de leurs intérêts individu; 1 -
se sont jamais mis en peine de s'entourer des lui:
propres k améliorer la situation générale, ni de s'en
des moyens que d'autres villes plus éclairées ont
œuvre pour augmenter leurs .'ressources et relever S'
de leurs finances? L'impéritie jointe la vanité
administrateurs, restera malheureusement toujoi:
obstacle la réalisation de tout progrès en cette vl
Cette assertion paraîtra peut-être hasardée cil
fondée aux yeux de quelques personnes bornées,
on »c rappelle que les titres qu'aux dernières ci; i
communales, les partisans quand même de l'ancien
scil ont fait le plus valoir pour assurer son main!!:
pouvoir, étaient les connaissances administratives,
rique et pratique, et le talent incontestable dont i!
fait preuve jusqu'alors, tandis que, selon eux, les c
dats de l'opposition n'étaient pas de taille pou
mesurer avec leurs antagonistes, hommes rompus
affaires.
Cependant, comme jusqu'ici nous^n'avons marel.
la preuve la main, et que nous tenons avant te:
montrer même aux plus incrédules la véracité de c
jeune seigneur. Toute sa naïve simplicité avait disparu en
un instant, son esprit avait franchi d'un bond l'espace
devant lequel il s'était longtemps arrêté.
II y avait quelques instants que d'Alvimar était assis
sous un cintre de charmilles, lorsqu'il entendit un léger
pas sur le sable. 1! se leva vivement et crut s'élancer au-
devant d'Isauremais un habit noir et une ligure pâle
sorlirentseulsdu feuillage: David tendit la main au baron
qui la serra avec un mélange de tristesse et de douceur.
D'Alvimar et le jeune Marillac étaient loin de se res
sembler le premier avait une stature élevée et imposante
la taille du second était mince et frêle, son maitien mo
deste la beauté de Louis avait l'éclat qui frappe les yeux
celle de David formée seulement des reflets d'une belle
âme, n'existait que pour ceux qui savaient la comprendre
le fluide généreux qui coulait rapidement dans les veines
de Louis jetait la couleur et la vie sur ses traits le sang
du jeune solitaire, épuisé par les veilles, les soucis, les
austérités de l'âme, avait abandonné le visage.
Cependant il y avait entre eux deux une certaine ho-
mogénilé de traits, semblable celle qu'on nomme air de
famille, qui faisait supposer une ressemblance de nature
et de caractère, et la tendance qu'ils avaient d'abord
éprouvée l'un vers l'autre s'était bientôt changée en lien
intime.
Ah que j'avais besoin de vous voir tels furent les
premiers mots de David au baron.
Mon amiquoi puis-je vous servir
A rien.
Qu'à vous aimer?
Et peut-être entendre une partie des chagi i s
me dévorent.
Alors je dois me faire confident. Bonme voi. ai.
tentif et muet.
Le jour de mon mariage avec Isaure approche,
voudrais l'éloigner encore.
Ah vous désirez relarder ce bonheur? dit Le; i
d'une voix émue.
J'aime Isaure de la tendresse la plus vivej
merais par-dessus tout au monde, si j'avais appi
bonne heure connaître Dieu et lui donner la pre. i
place dans mon âme. Mais je ne puis épouser encoi
belle fiancée. Si mon union avec elle était consacrée r,
moment, il me faudrait la quitter au bout de que.'<
jours de mariage, pour une course dont j'ignore la^ c
et l'issue.
La quitter
Et ce serait bien cruel. D'abord je ne pourra:
apprendre le but de ce voyage, et ce secret jeté entre i:
deux serait une cause de désharmonie naissante. Enst:
ajouta David en portant la main son front, j'ai bes
de toutes mes forces pour l'entreprise où je suis en g
Et je le sens, ce bonheur nouveau qui se, répandra
moi, ces caresses d'une femme adorée, que je senti:
encore sur mon front, sur mes lèvres!., tout cela br.o
rait mon courage
Vous, David, vous avez conçu un projeVoù la v
est engagée
Ouimoi qui ne porte jamais une arme sur
habit, mais qui ne quitte jamais celle qui est cachée des -