JOUI ML D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. V SOT. 8e limée. Dimanche, 28 Janvier 1849. nTÉKIElK. L,c ©apiialne HaiMlriii. rWr fi jSi ABONNEMENTS ymes (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces, 4 francs. INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes.Réclames, la ligne 30 centimes. Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit cire adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. VPRESle 11 jilueb. Le Journal des Baziles a fait acte d'impartialité, il a reproduit, avec quelques réflexions aigre-douces, le dis cours de notre honorable représentant M. Boedt. Nous devons convenir cependant que l'effort lui a dû coûter, car dans ce discours, son fétiche, M. Jules Malou, en at trape sur les doigts l'aide de ses propres paroles pro noncées en 1844. Après avoir lu le discours de M. Boedt, nous ne comprenons guère, le tumulte qu'il a soulevé la chambre, sinon de la part de quelques anciens minis tres qui sont payés pour trouver que cette loi a du bon. Aussi ne trouvons-nous rien de très-concluant dans le discours de M. Orts, pour avoir motivé ces interruptions de: bien, très-bienque le Moniteur constate avoir été acclamés de toutes parts. Que MM. De Theux, Dechamps, Mercier aient crié très-bien, cela se conçoit; aussi M. Dclfossc a-t-il protesté contre cette partie du compte- rendu du Moniteur, en disant que lui ne se trouvait pas au nombre de ceux qui ont crié très-bien. L'explication fournie par M. De Theux, sur l'interrègne ministériel du 13 Juin au 12 Octobre 1847 ne nous a pas satisfait, et nous croyons que la véritable cause du retard qu'a subi la composition d'un ministère libéral, ne pourra jamais soutenir le grand jour. Mais, dans tous les cas, nous pouvons toujours trouver très-piquant que l'hypothèse prévue en 1844 par M. Jules Malou, qui l'on ne peut refuser de la perspicacité, se soit accompli en 1847de point en point cl son profit. Peut-être M. Boedt a-t-il été un peu trop vert, et le manque d'usage du langage parle mentaire lui a-t-il fait dire les choses trop crûment. Mais l'essentiel est qu'il n'a dit, que ce que tout le monde pensait depuis longtemps et, pour la ville, nous pouvons l'assurer, il n'a été que l'interprète du sentiment public. Il n'est pas si fâcheux, quoiqu'en dise certain journal, de débuter ainsi, et nous croyons volontiers qu'il préférera l'ave nir le mutisme de nos représentants des discours tels que celui de M. Boedt. La mort vient de frapper bien douloureusement dans ses affections de famille un de nos meilleurs concitoyens. M. le docteur Ferryn a vu succomber, mercredi dernier, son fils aîné, la suite d'une maladie de langueur. Désiré-Auguste Ferryn, peine âgé de 25 ans, avait XI. LE BONHEUR EN CE MONDE. {Suite.) Cette douce attention ramena le sourire sur le visage du jeune seigneur. Au fait, il était si heureux de souper là, seul avec Isauredans son intérieur le plus intime comme s'il eût été uni elle pour la vie Le bonheur était si parfait, pourquoi songer autre chose? Le moment présent était si beau pourquoi s'inquiéterjle la veille et du lendemain? Isaure, svelte et légère, blanche et suave créature, en présidant tout ce bonheur, semblait moins une femme qu'une fée qui l'avait fait naître sous sa baguette enchantée. Elle regardait l'image de Louis dans la glace. Au fond de cette réverbération éblouissante, la beauté régulière et animée du jeune homme se rehaussait encore de plus d'éclat. Comme le sophasur lequel ils étaient assis tous deux était, ainsi que le lit, drapé d'une étoffe blan che, que retenait au sommet une couronne de comte, la ligure de d'Alvimar se montrait dans le miroir couronnée de ce riche blason. Regardezdit Isaurecomme cette couronne fait bien au-dessus de votre front!C'est que vraiment, monseigneurvotre tète semble être faite pour porter le diadème. Enfant Non, je parle sérieusementEcoute, Louis, tu ne m'as jamais parlé de la famille, mais je suis sure qu'elle est au moins de sang royal. Et si cela n'était pasm'en aimerais-tu moins? terminé depuis quelque temps ses humanités au collège communal, où il s'était acquis l'estime de tous. Entré dans la carrière des études spéciales, il annonçait les plus heureuses dispositions, lorsque le mal qui devait le mener au tombeau se déclarant, vint l'arrêter au milieu de sa carrière universitaire et détruire les espérances que sa famille avait si légitimement placées en lui. Attaché la vie conservant jusqu'au dernier moment l'usage de ses facultés, ce malheureux jeune homme s'est senti mouriret a semblé s'endormir dans les bras de sa famille éplorée. Voici les paroles d'adieu prononcées sur sa tombe par un de ses amis Messieurs, Devant cette terre qui va recueillir la dépouille mor telle d'un estimable jeune homme, qu'il soit permis d une voix amie d'être l'organe d'une douleur commune. La faulx égarée de l'impitoyable mort vient de frapper l'es poir de la moisson. Au matin d'une vie qui promettait d'être belle, au milieu de brillantes espérancesFerryn Désiiié-Auguste, vient d'être arraché aux bras de sa fa mille éplorée et de ses nombreux amis. Qu'il me soit permis, d moi qui fus toujours son meilleur ami, son con fident, de rappeler ici les qualités éminentes de son esprit et tout ce que son cœur renfermait de sentiments affec tueux. Qui ne sait que ses premières études de collège firent deviner qu'il serait un jour aussi recommandable par ses cajiaciles intellectuelles que par ses qualités mo rales! Ai-je besoin de rappeler qu'à l'dge d'insouciance et de présomption, il sut, par ce calme de la réflexion em preint en tous ses actesservir de modèle d la jeunesse que l'inexpérience et la vivacité des premiers sentiments ne précipitent que trop souvent dans une voie sans issue! Ai-je besoin de rappeler enfin que jamais fils n'entoura de plus de vénération ses parents qu'il aimait par-dessus tous les biens de ce monde et qui étaient pour lui l'objet d'un culte et de soins assidus; que jamais frère n'eût pour ses frères et sœurs dont il était l'ainé, une affection plus vive, plus tutélaire que jamais ami né poussa plus loin les sacrifices du dévouement et de la générosité Adieu! Désiré, ta famille et tes amis te pleurent; mais confiants en la divine providence, ils espèrent pour toi la récompense due au juste. Adieu! ami sincère, tu n'es plus parmi nous, mais ton souvenir restera éternellement dans nos cœurs. Noncar je suis certaine que tu as au moins la royauté de la vertuque ta vie est noble et sage entre toutes celles des sages. Et comment le sais-tu? C'est bien facile voir; si tu avais nourri des pen sées injustes et cruelles, si tu avais commis des actions coupableston front ne serait pas si uni et si purtu ne lèverais pas ainsi sur moi ce regard limpide et beau tes mains n'oseraient pas prendre les miennes et les serrer. Isaure N'est-il pas vrai?... Tu ne sais donc pas que quand je suis près de toi tout le passé s'efface de ma mémoire: qu'eût-il les plus orageux et les plus terribles souvenirs, je l'oublierais encore pour ne voir que cette heure du ciel qui nous unit. C'est une raison de plus de croire que ta vie est sans tache, ton cœur loyal et pur; les nobles âmes peuvent seules savoir aimer. Isauredit-il avec un accent profondsans cette vertu que tu me supposessans cette beauté intérieure que lu rêves en moitu ne pourrais donc pas m'aimer? Et pourquoi t'aimerais-je? Pour les admirables per fections de ta figure? on n'aime pas une belle statue pour ton esprit séduisant? on n'aime pas un joli livre. La beauté est partout dans la nature, l'esprit est dans toutes les œu vres des artsla vertu n'est que dans l'hommeet c'est lui qu'on aime d'amour Laisse tout cela, Isaure, dit Louis en se levant avec agitation, ne raisonne pas ainsi, n'apporte pas les froides distinctions de la pensée dans le sentiment. Un journal de cette ville publie, l'occasion d'un fait qui a eu lieu, il y a plus d'un mois, une lettre anonyme signée un Yprois et qui contient, côté d'un certain nom bre de faits inexactement rapportés, des appréciations malveillantes l'égard de plusieurs de nos honorables concitoyens et des allégations mensongères l'endroitd'un professeur du collège. Nous ne voulons pas rencontrer toutes les assertions de cet écrit, où l'auteur parle beau coup d'impartialité pour s'abstenir d'en user. On voit que celui qui a rédigé cette lettre aussi peu soignée dans la forme, qu'inconvenante au fond, est sous l'empire de deux vilaines passionsl'envie et le dépit sa plume a été enduite de fiel et de colère. Espérant de distiller un venin dangereuxil a ramassé tous les commérages qui circulent dans une petite ville et bien contre son gré il n'a réussi qu'à produire une œuvre où l'odieux du but le dispute au ridicule du style. Il est un devoir cependant qui nous incombe, c'est de déclarer fausse et mensongère l'assertion par laquelle I'Yprois en question prétend que M. Diegcrick occupe cinq places soldées par la caisse de la ville. M. Diegcrick, profes- de 4» au collège communal, reçoit de ce chef dix-sept cents francs et comme professeur de deux classes élémentaires de mathématiquesil a un supplément de deux cents francs. Tondis que les autres professeurs ri"'ont que quatre heures deelassepar jour,M. Diegcrick est occupé pendant six heures, et nous croyons que cela seul suffit pour mo tiver le supplément qu'il reçoit. M. Diegcrick est archiviste de la ville, mais titre gratuit et n'est pas bibliothécaire enfin l'indemnité qu'il a droit de recevoir comme lieutenant adjudant-major, est abandonné au profit des sous-officiers et de ce chef il n'émarge rien. Quand nous disions que cette lettre était l'œuvre d'un envieux qui a fait un faux calcul, nous sommes-nous trompés? Il est un fait pénible constater, c'est que d'une part l'administration communale fait tout son possible pour maintenir le collège sur un bon pied et le rendre digne de l'estime des pères de famille, et de l'autre, ceux- là mêmes qui sont les plus intéressés la prospérité de l'établissement d'instruction moyenne, secondent bien maladroitement les bonnes intentions de l'autorité com munale. Nous ne voulons pas le contester, les insinua tions de cette lettre démontrent clairement que MM. 11 regarda l'enceinte charmante qui le renfermait, toucha avec amour les objets épars sur lesquels restait un suave parfum de jeune fille, et ajouta Je ne vois de tout l'univers que cette retraite bien heureuse qui nous abrite ainsi, ne cherche voir en moi que l'amant qui t'adore. Il passa longtemps lui parler ainsi tout ce qu'une passion véritable a d'accents impétueux et pénétrants tout ce que l'imagination enflammée peut donner de charme l'ardeur du sang, tout ce que l'âme a d'actions de grâces et de reconnaissance découlait de ses lèvres pâles et frémissantes. Isaure l'écoutait avec extase, le contemplait en silence, on lui répondait par ces mots vagues, sans suite, sans valeur, qui ne peuvent être écrits ni parlés et quisou- pirés par la voie de l'amour, ont une mystérieuse élo quence et des émanations qui énivrent de bonheur... Et les heures de la nuit s'écoulaient, bienfaisantes, si lencieuses, sans apporter aux deux amants ni pensée étrangère, ni réveil pénible, ni le moindre mouvement de trouble et de terreur. Le jour était près de paraître quand Isaure alla s'asseoir l'entrée du balcon, et d'Alvimar sur un coussin de ve lours posé ses pieds. Ils n'avaient jamais été si heureux. C'était la première fois que 1 amour avait été assez puissant pour l'aire perdre la filleducomtede Chavaillestout sentiment de sa faute, tout vestige de ses remords. Les sombres.nuages qui cou vraient le front de d'Alvimar, au commencement de cette soirée, avaient aussi disparu, comme sous l'influence d'un

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