I¥° SOS. 8e Année.
Jeudi, 1er Février 1849.
ABONNEMENTS vrnes (franco), par trimestre, 5 francs 50 c. Provinces, 4 francs. I Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
INSERTIONS Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames la ligne 50 centimes. être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
JOIRXAL D'YPRES ET DE L'ARROXDISSEME\T.
Vires acquirit eundo.
1\TÉHIIIR.
1PKEW, Ir 31 Jfi\vii:n>
LF. BUDGET DE L'INTÉRIEUR.
La fièvre de désorganisation sous prétexte d'économies,
commence se calmer. La chambre semble se convaincre
que ce n'est que par une volonté persévérante et énergi
que, qu'on parviendra h introduire un système plus écono
mique et que les réformes administratives demandent du
temps et beaucoup de ténacité, pour devenir fécondes.
De la façon dont on y allait, on pouvait prévoir que les
modifications qu'on aurait introduites dans le mécanisme
administratif, n'auraient pas abouti améliorer le sys
tème, mais l'enrayer davantage, par suite de la dispa
rition de quelques rouages intermédiaires qui, première
vue, paraissent inutiles.
Nous devons le dire, car c'est vrai, le ministère en pré
sentant ses budgets, a fait toutes les économies compatibles
arec une bonne administration dans l'état actuel des
choses. Cela ne veut point dire que l'année prochaine,
en introduisant une nouvelle simplification dans le ser
vice on ne puisse parvenir trouver moyen de faire
quelques nouvelles économies. Nous demandons surtout
ce qu'elles soient graduelles et qu'on tende une
bonne fois diminuer les charges qui, sous les minis
tères catholiques, au lieu de diminuer, allaient tou
jours en augmentant. Ce qui n'empêche pas ces honnêtes
journaux catholiques de trouver que le ministère libéral,
en diminuant les budgets de quatre millions, n'a pas
rogné suffisamment. Elles oublient, ces admirables feuil
les que le budget du cabinet catholique était trop
enflé de quatre millionspuisque les successeurs des
ministres de Theux, Malou et C" ont trouvé le moyen de
dégrèver le pays de quatre millions, ce qui est un assez
joli denier. En critiquant le ministère actuel, elles jettent
le pavé de l'ours la tète de leurs ministres modèles qui
eux, pendant une époque de disette et de pénurie, ont
extorqué aux contribuables en plusieurs exercices, dix
douze millions qu'ilsauraient pu économiser sur les divers
services, en les simplifiant.
Le budget de l'intérieur est en discussion la chambre.
La section centrale, au lieu de le diminuer, a senti la néces
sité de l'augmenter, car le ministre, avec le zèle le plus
louable, avait opéré toutes les économies dont les chiffres
des divers articles étaient susceptibles. Quelques discus
sions assez vives auront lieu cependant la loi sur l'instruc
tion primaire et la question des Flandres en feront,
croyons-nous, les frais. Nous ferions des vœux pour voir
Le capitaine Aaassdri».
Suit
XII. LA PRISON.
La prison de Valence n'étaiten ce temps-làqu'un
ancien monastère auquel on avait ajouté des barreaux,
des grilles, des verroux et des postes armés, en l'affectant
sa nouvelle destination.
Sept beaux couvents, bien bâtis, bien tenus, existaient
dans la ville, et l'une de ces communautés, en s'emparant
d'un local plus convenable, avait cédé la charpente dé
labrée de son cloître la commune pour en faire un lieu
de détention.
On ignorait alors l'art des prisons fortifiéesconso
lidées qui opposent des murailles de roc et de fer au
génie et la patience, qu'inspirent sous les verroux,
l'amour courageux de la liberté. Les prisonniers avaient
beau s'échapper souvent des murailles insuffisantes qui
leur servaient d'asile, on se contentait de les y ramener
de nouveau, sans mieux fermer la porte une seconde fois.
Mais depuis que le célèbre Mandrin était détenu dans
la geôle de Valence, une foule immense en encombrait les
abordset y formait une enceinte de fortifications vi
vantes. Les magistrats, les autorités allaient et venaient
sans cesse de la ville la prisonles gardes étaient dou-
modifier la première, et quant la seconde, la plaie qui
décime nos provinces ne peut être cicatrisée instantané
ment. Le parti catholique, au lieu d'y porter immédiate
ment un remède efficace, l'a laissé gangrèner, et aujour
d'hui il faut du temps pour guérir des maux, qui ont eu
des années pour s'étendre et se propager.
Dans notre dernier n°, l'omission d'un mot a entière
ment dénaturé le sens d'une phrase du 8' paragraphe de
la 3" colonne.
Il est imprimé enfinl'indemnité qu'il a droit de re
cevoir comme lieutenant adjudant-major est abandonnée
au profit des sous-officiers lisez au profit de l'instruction
des sous-officiers.
Il nous arrive de Gand, la nouvelle qu'un baril de pou
dre a fait explosion dans le laboratoire de la citadelle de
Gand, où se faisait la confection des cartouches. On assure
qu'il y a plusieurs morts et blessés.
AVIS.
L'article 25 de la loi du 8 Mai 1848, sur la Garde
civiqueporte
Les compagnies et subdivisions de compagnies sont
formées par le chef de la garde sur le contrôle de service.
L'art. 25 fixe la force d'une compagnie d'infanterie au
minimum de soixante hommes.
Attendu que les 1', 2" et 5" compagnies n'ont pas atteint,
depuis le dernier recensement, l'effectif déterminé par
la loi
Aucun garde incorporé dans les susdites compagnies
ne sera admis faire partie de la demi-batterie d'artil
lerie, jusqu'à ce que le conseil communal aura appelé en
activité le nombre de gardes nécessaires au complément
de ces compagnies.
le Major commandant
A" VANDEN BOGAERDE.
Ypres, le 18 janvier 1849.
Dimanche, 21 du courant, une rixe a eu lieu Nieuport
entre des militaires, l'estaminet de Bode, M. le capitaine
commandant la place Boonétant survenua reçu une
blessure au cou les uns prétendent que c'est par un ra
soir qu'un militaire aurait tiré de sa poitrine, les autres
disent que c'est un coup de sabre; le fait est que le com
mandant est dans un état très-souffrant.
On s'est ému depuis quelques joursen notre ville
des nouvelles arrivées de France par voie particulière.
bléeset une population innombrable se pressait autour
des murailles.
Les habitants des villes et des campagnes de vingt
lieues la ronde s'attroupaient sur la place aux Clercs,
située devant le bâtiment, et dans les rues adjacentes d'où
l'on pouvait l'apercevoir. Le beau temps qui régnait ces
jours-là et dorait les toitures pointues des maisonsles
terrasses d'orangers et toute la surface pittoresqne de
Valencefavorisait d'ailleurs ces longues stations.
Un matin un léger carosse se jeta impétueusement au
milieu de cette foule, en ouvrit de vive force les masses
compactes, et s'arrêta aux portes de la prison.
Il en descendit deux femmes élégantes qui parlèrent
aux guichetiers et entrèrent dans l'intérieur.
C'étaient les dames de charité de la paroisse qui, en ce
temps-là, comme aujourd'hui, se faisaient un pieux devoir
de visiter les prisonniers et de leur porter secours. Elles
venaient donc assister le célèbre accusé dont le procès
était près de commencer.
Ces deux bienfaitrices des pauvres et des affligés, étaient
madame la vicomtesse de Charlevilleet madame de Ro-
mieux, sa tante.
La première, jeune et jolie femme de vingt-cinq ans
faisait ondoyer les plumes de sa coiffure, et les légers plis
de sa robe de satin bouffantes dans les sombres défilés
de la prisonqu'elle traversait du même pas léger dont
Les révélations de l'Assemblée nationale ont commencé
par servir de base cette inquiétude. Nous recevons au
jourd'hui le Courrier de la Somme qui entre dans des
détails plus précis encore sur l'existence d'une vaste
conspiration républicaine.
Le Courrier de la Somme dénonce très-nettement un
complot qui a pour but de remplacer la république ac
tuelle par la vraie république démocratique et sociale que
se chargent d'organiser et de diriger les hommes qui ont
figuré sur les barricades du 24 février, qui ont envahi
l'assemblée le 15 maiqui ont reparu sur les barricades
le 23 juin. Le président, le maréchal Bugcaud, le général
Changarnierseraient les premières victimes offertes
cette grande œuvre de réparation républicaine et sociale.
On brûlerait quelques palais; on lèverait une contribution
d'un millard sur les riches, etc.
Tout cela est le comble de l'extravagance mais ce
n'est pas une raison pour que ce ne soit pas le but vers
lequel prétendent marcher des insensés et des ambitieux
que la sagesse de l'esprit public a si cruellement déçus
le 24 février. Nous n'avons pas voulu traiter ces bruits
légèrement, lorsque nous les avons vus reproduits par un
journal comme le Courrier de la Sommequi marche
juste titre au premier rang parmi les journaux de dépar
tements, en France.
M. Bareelsecrétaire général du ministère des travaux
publicsest de retour de sa mission Paris. D'après ce
qu'on assureil serait parvenu arrêter avec l'adminis
tration française les bases d'un arrangement postal qui
ferait disparaître les anomalies signalées dans ces der
niers temps et qui serait également avantageux aux rela
tions des deux pays. (Indépendance.)
La Chambre des représentants a continué samedi, en
séance publique, la discussion relative la demande en
naturalisation de M. le lieutenant-colonel Guillaumot. La
discussion s'est terminée par la prise en considération
une majorité de 42 voix sur 59 votants. D'autres deman
des portées sur le même feuilleton ont été admises, et
plusieurs autres ont été rejetées.
Au commencement de la séance, M. Cools a présenté
le rapport de la section centrale sur le projet de loi relatif
la réforme postale. La Chambre fixera mardi le jour de
la discussion.
Lundi, les sections s'occuperont du budget des travaux
publics. La séance a été renvoyée mardi pour la discus
sion du budget de l'intérieur.
elle fût entré au bal La seconde venait plus lentement;
sa démarche était appesantie par l'âge autant que par le
poids des sermons qu'elle méditait en route et prétendait
adresser au grand criminel qui allait paraître devant elle.
Cependantarrivées la porte du cachot où elles de
vaient entrer, toutes deux s'arrêtèrent saisiesd'une espèce
d'effroi, malgré la présence du geôlier qui les accompa
gnait, et des sentinelles qui montaient la garde dans les
corridors, malgré la certitude que le prisonnier avait les
fers aux pieds et aux mains; elles ne supportaient pas sans
terreur l'idée de se trouver en présence de ce monstre
impie, et dont on racontait tant d'actions épouvantables.
Si leur éducation les empêchait de croire ces fables
effrayantes, l'impression n'en existait pas moins en elles,
et suffisait pour les rendre tremblantes l'approche du
terrible brigand.
La porte du cachot s'ouvrit. Un large rayon de soleil
tombait de la fenêtre sur des nattes de paille. Dans cette
zone lumineuseun beau jeune homme était couché et
endormi sur son lit de prisonnier ses cheveux bruns
bouclés se déroulaient autour de son cou-, il portait un
habit noir bordé de liserés d'or qui dessinait la taille la
plus parfaite autour de lui la paille mêmefrappée par
les rayons du soleil, semblait resplendir.
Les deux dames le regardèrent quelques instants avec
admiration, puis, se tournant vers le geôlier, lui deman-