JOIRML D'ÏPRES ET RE L'ARRONDISSEMENT.
V 813. 8- Année.
DIina»(iic, 18 Février 1849.
Vires acquint eundo.
nriiHEiit.
Le capitalise .llaiidrin.
ABONNEMENTS: Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces, 4 francs.
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ILe PnocRÈs parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
ctre adressé a l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
YPRES, le 17 Février.
L'expérience et 1 histoire nous ont appris que
depuis plusieurs siècles déjà, le clergé avide
de pouvoir et de domination, ne reculait devant
aucun moyen pour atteindre le but et pour
hisser l'autel d'un Dieu qui a dit: mon royaume
n'est pasde cemonde, au-dessus des trônes des
empereurs et des rois. Cette vérité a été tra
duite en axiome et formulée par le trop célèbre
jésuite qui a écrit ces mots: la fin justifie les
moyens.
Aussi les moyens les plus odieuxles plus
barbares n'ont pas efFrayé les disciples d'un
Dieu de paix! les guerres de religion allumées
par le souffle sacré des prêtres du Seigneur
ont fait couler des flots de sang. Mais qu'im
porte la victoire assurait la domination du
clergé. L'inquisition a fait périr au milieu des
tortures les plus effroyables, des supplices les
plus raffinés, des milliers d'innocentes victimes,
dont des moines barbares inlerrogaienl les
palpitantes entrailles. Mais l'inquisition n'était
qu'un moyen d'assurer la domination, elle était
donc justifiée et sainte même aux yeux de ces
tigres qui usurpaient le nom d hommes. Au-
jourd hui l'indifférence née des abus que les
ministres de Dieu ont fait de la religion, ne
permettrait plus d'allumer des guerres cruelles
et la race humaine ne subirait plus les tortures
de l'inquisition. C'est par d'autres moyens qu'il
faut arriver aujourd'hui au but qui est toujours
le même, la domination.
Mais actuellement comme autrefois tous les
moyens sont bons. Ce qui se passe en notre
pays, le prouve.
Expulsé du pouvoir par la révolution paci
fique que la Belgique a faite en 1847, le clergé
songe déjà reconquérir sa position perdue,
tenter de Douveau poser l'autel sur le trône,
rétablir l'omnipotence du goupillon.... A
quels moyens a-t-il recours pour arriver ses
fins? La révolution de lfiifi a fait éclore des
systèmes de socialisme et de communisme qui
ont effrayé le monde. Ces systèmes de désordre
dont l'application bouleverserait l'ordre social,
n'ont pu manquer de flatter certaines classes
xv.— DAVID. {Suite.)
Mais bientôt Madeleine se releva d'elle-même, tenant la
main sur son sein meurtri, comme si elle eût sondé la
profondeur de sa blessure, et vint s'asseoir sur un billot
devant un creuset au bord duquel était placé une lampe.
Elle tint quelques instants un mouchoir appuyé sur son
visage. Quand elle le retira et releva la tête, ses traits
avaient une expression qui nous lit demeurer, son mari et
moi, pétrifiés d'étonnement.
Cette figure blanche et radieuse, placée sous la lueur
d une lampe, se détachait seule au milieu des ombres
lugubres; elle était calme, assurée, souriante, ses yeux
levés vers la voûte noire avaient un éclat de bonheur
indicible, comme si elle eut vu toutes les splendeurs du
ciel. Je n'ai jamais rien aperçu d clrangc et d'imposant
comme cette figure. Cette paix de l'âme, cette sérénité
parfaite, ce sourire de satisfaction au milieu d'une sccne
de violence et de fureur, dans une position désespérée,
inspiraient, avec l'étonncmcnt et le respect, une sorte de
terreur.
Madeleine dit avec le plus grand calme, qu'en effet elle
m'aimait depuis plusieurs années d'un amour coupable
et invincible. La pudeur que devait lui imposer ma pré-
de la société qui, trop peu instruites pour com
prendre les dangers qu'ils font naître, ne voient
que les avantages trompeurs que ces systèmes
fallacieux promettent. S'unir ceux qui préco
nisent ces utopies dangereuses, donner la main
aux hommes qui prêchent la guerre contre
ceux qui doivent leurs propres labeurs, aux
labeurs de leurs pères, les biens qu'ils possè
dent, appeler dans de violentes déclamations
ceux qui composent la classe aisée de la so
ciété tirie caste tyranniqueel oligarchique,....
des affamés d'ortels sont les moyens aux
quels ne rougissent pas d'avoir recours ceux
qui n hésiteraient pas détruire la société pour
régner ne fut-ce que sur c|es ruines.
Nous avons une grande confiance sans doute
dans le bon sens du peuple Belge, mais nous
ne pouvons nous le dissimuler, ces unions
monstrueuses peuvent avoir de terribles con
séquences dans les temps de troubles au
milieu desquels nous vivons. Ce qui se passe
est de nature ouvrir bien des yeux modi
fier bien d'anciennes convictions. Quelle con
fiance peut-on avoir encore en des hommes
qui s'imissenl des apôtres prêchant les doc
trines les plus dangereuses et qui pour atteindre
leur but de dominationconsentiraient se
coiffer du bonnet rouge pour danser avec leurs
nouveaux frères, la carmagnole autour de
l'arbre de la liberté
Le Journal des Bazilesde fanatique qu'il a
toujours été, est devenu frénétique. Il a des
rages de calomnier, de dénoncer, d'injurier,
qu'il ne peut miliger. Ces enragés modérés de
viennent de jour en jour plus furieux. Les
passions haineuses qui débordent chez les scri
bes de ce pieux journal doivent toucher une
crise, car jamais feuille n'a offert un spectacle
pareil. Jusqu'ici le Journal des Baziles culti
vait la calomnie avec amourmais ce genre de
culture ne lui ayant pas procuré des bénéfices,
il a entrepris l'exploitation en grand de la dé
nonciationnon pas ouverte au grand jour,
fi donc, des jésuites et des Baziles se compro
mettent-ils ce point? Mais la dénonciation
anonyme, les lâches insinuations qui, ayant l'air
de ne désigner personne, ne tombent pas sous
sencc, la crainte qu'aurait dû lui inspirer celle de son
mari, ne firent pas un instant baisser ses yeux ni trem
bler sa voix.... Elle, si faible, si timide, raconta hardi
ment devant nous comment cet amour était venu dans
son âme, déroula les secrets les plus intimes de cette
passion, et finit par dire qu'en effet elle descendait depuis
plusieurs nuits dans ces souterrains, pour y composer
d'après les secrets qu'elle avait trouvé dans un livre de
magie une liqueur nommée le philtre d'oubliet qui,
selon sa croyance, devait la guérir d'une passion malheu
reuse et insensée.
Ces révélations, qui auraient dû exaspérer mon oncle
au dernier dégré, eurent un effet contraire; il reprit son
visage de marbre, son silence impassible.
L'éclat naturel qui environnaiten ce moment Madeleine
lui imposait, par un pouvoir invincible, puis la persua
sion oû il avait été un instant d'avoir donné la mort sa
femme le faisait rentrer en lui-même, et le disposait
mieux pardonner enfin, le profond étonnement peint
sur mes traits, les aveux mêmes de Madeleine, lui prou
vaient que j'étais étranger ce funeste amour, et que le
cœur seul de sa femme l'avait trahi.
Ayant la certitude que Madeleine n'avait plus rien
craindre des violences de son marije m'arrêtai subite
ment au parti que me dictait mon devoir.
Je pris enfin la parole
l'application de la loi. Mais qu'importe ces
braves patriotes, la malignité publique saura
bien qui appliquer ces médisances, ces his
toires brodées et considérablement enjolivées.
Au besoin, sous le manteau de la dévotion, on
pourra confier le nom de celui qui il est fait
allusioncar notez bien que c'est un honnête
homme qu'il s'agit de déconsidérer, par cette
cauteleuse tactique.
Nous le disons avec honte pour notre cité,
un certain nombre de folliculaires sous le
voile de l'anonyme, se croient tout permis. Une
vie privée sans lâche n'est pas l'abri des mor
sures de ces cyniques gratte-papiers qui n'ose
raient avouer leurs écrits. Aucun des scribes
du Journal des Baziles ne se hasarderait de
signer les infâmies que ce journal publie deux
fois par semaine, de crainte de voir son nom
voué au mépris public.
Le parti clérical et son journal s'occupent
depuis quelque temps avec une méchanceté
toute dévote de l'école communale et de cer
tains faits blâmables qu'on imputesà un pro
fesseur de cet établissement. 11 est pris texte de
ces faits pour attaquer celte institution qui mar
che trop bien au gré du clergé, bien qu'un petit
abbé musqué y donne sa coopération moyennant
400 francs, pour y enseigner la religion. Mais
cause même de cet ecclésiastique qui devrait se
borner moraliser les élèves, des difficultés ont
eu lieu entre les professeurs car notez bien que
partout où un prêtre fourre son nez, que ce soit
dans une famille ou dans un établissement,
vous pouvez être certain que la discorde et la
désunion ne sont pas loin. Ainsi donc des me
naces ont été proférées par le susdit vicaire, qui
a prétendu qu'un des professeurs eut quitter
1 établissementnon pas celui qu'on dit avoir
une conduite peu convenable, mais un autre
qu'il n'a pu faire plier au gré de ses fantaisies,
et qu'il accuse de donner une instruction trop
étendue aux élèves.
Quoiqu il en soit, nous le répétons, des faits
blâmables peuvent être commis par un pro
fesseur, il peut même avoir eu une conduite
déréglée que l'établissement ne doit pas, par
ce fait seul, être un repaire de tous les vices et
Que ce moment, dis-je, en finisse avec tous vos
maux. Je sais ce que je vous dois tous deux, il est un
moyen de rendre la paix cette maison, et je l'emploie
rai.
A ces mots, je sortis précipitamment des caveaux, de
la maison, de la ville je gagnai Marseille, et je m'enga
geai dans le régiment qui partait pour rejoindre le quar
tier-général du maréchal Coigny, commandant en chef
da l'armée d'Italie.
Peu de jours avant le départ de l'armée, je me prome
nais sur le port; je vis un vaisseau prêt mettre la
voile pour l'Amérique.
Parmi les passagers que la chaloupe emmenait bord,
je reconnus mon oncle et son enfant.
Un habitant de Saint-Etienne, qui venait d'arriver et se
trouvait sur le port auprès de moi, m'apprit le sort de
mes parents.
Le lendemain de mon départ de la ville natale, ma
tante était morte subitement, sans que personne connût
le mal dont elle avait été atteint.
Mon oncle, après avoir fermé la pauvre masure qui
m'appartenait, était venu Marseille s'embarquer pour
les Indes occidentales.
A ces nouvelles, l'étrange scène des caveaux s'expli
qua pour moi; je vis que c'était lorsque Madeleine avait
senti sa blessure mortelle, avait vu le mouchoir appuyé