JOl'MAL D'APRES ET DE L ARBOADISSEMEXT.
V 818.
8f Année
Vires acquint eundo.
I.ATÉKlEtK.
Le capitaine Mandrin.
ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, francs 50 c. Provihces, 4 francs.
INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes.Réclames, la ligne 50 centimes.
Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
.être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
S2S
Y PRES, le 7 Mars.
Le budget de la guerre a été voté par 66
voix contre 32 et une abstention. Nous devons
le dire, le résultat du scrutin a lieu d étonner.
Les discours qu'on a prononcés et les motifs
qu'on a allégués pour obtenir une dimiuulion
sur le budget de la guerre, ne nous ont pas
paru si persuasifs, qu'une minorité de 33 voix
ait pu voter contre le budget, d'autant plus que
ce vole est parfaitement illogique. Car, en sup
posant que des membres de la Chambre veuil
lent tout hasard diminuer les dépenses de
notre étal militaire, ils n'auraient rien décidé
en rejetant le budget, c'est la loi sur l'organisa
tion de l'armée dont ils devraient poursuivre la
modification. Nous devons l'avouer, la Chambre
par ce vole ne nous a pas inspiré grande con
fiance dans son esprit de prévoyance, mais elle
nous a paru animée d'un engouement systéma
tique que nous pourrions payer plus tard. Au
jourd'hui ou dirait vraiment que toutes les nations
sont frappées d'un esprit de verlige et que l im-
pi voyance est l'ordre du jour. Jusque main
tenant nous avons heureusement échappés
l'orage politique qui a éclaté sur presque tous
les points du vieux continent il semble que
le fléau nous gagne et l'on remarque des symp
tômes de malaise fébril qui fait qu'on repousse
le bienpour courir après l'ombre du mieux.
M. L. Mulle par l'organe du journal des
Baziles, fait savoir au monde civilisé en général
et aux admirateurs du susdit journal en, parti
culier, qu'il (lui M. L. Mulle) est complètement
étranger la rédaction du Propagateur et qu'il
n'y a jamais coopérénon plus qu'à celle de
toute autre feuillesauf fournir quelques
notes relatives l'octroi sur les bières.
Que M. L. Mulle ait fourni des notes relatives
l'octroi sur les bières, nous le croyons sans
peine. Vous êtes brasseur, M. Mulle. Nous
devons même, pour rester dans le vrai, décla
rer que M. L. Mulle n'a jamais coopéré, en
quoique ce fut au Progrès qui a marché sans et
[Suite.)
XVII.— UNE HALTE EN VOYAGE.
Depuis l'arrestation de Mandrinla tristesse et le
découragement se faisaient sentir de tout leur poids au
Mont-Saint-André privé de son chef, le camp barbare
avait perdu sa force et son audace; la couronne était
tombée de sa tête. On travaillait encore, mais sans but,
sans espoir les chants qui accompagnaient naguère les
marteaux de l'enclume avaient cessé, le vin n'amenait
plus ni le rire ni la joie. C'était Fauster qui commandait
en l'absence du capitaine, mais il était plus sombre et plus
solitaire quejamais il n'apparaissait que pour donner des
ordres, et se retirait au fond de la fontaine ardente, sous
l'ombre noire des sapins, où on le voyait de loin se livrer
des méditations l'ort étranges parmi les bandits, et tirer
parfoisd'un tronc creux quelques objets de piétéun
livre, un chapelet, qu'il y recachait aussitôt.
Un drapeau noir flottait au sommet de la montagne.
Tout-à-coup, par un beau matin de septembre, Man
drin et ses braves compagnons reparurent au milieu de
leurs frères; ce furent des élans de joie effrénée, des
acclamations, des cris de triomphe, un enthousiasme indi
cible. Jamais l'attachement des contrebandiers pour leur
chef ne s'était montré avec des transports si passionnés;
tous l'entouraient, voulaient baiser ses mains et son man
teau, se roulaient ses pieds, et, en riant de bonheur,
malgré lui. Nous étions même disposé croire
l'affirmation vraie sous tous les rapports, quand
un abonné consciencieux du Propagateur nous
a fait observer qu'il y a entre le style de M. L
Mulle et celui de la rédaction du journal une
identité désolante. Eu effet, M. L. Mulle dit
dans sa lettre :je n'ajouterai pas un mot pour
relever les imputations injurieuses que la feuille
soi-disant progressive détache mon adresse.
Et dans l'article de fonds qui précède la sus
dite lettre signée L. Mulle, article qui émane
sans nul doute de la rédaction ordinaire du
journal, on lit: cela lui donne occasion de dé
tacher son adresse (de M. L. Mulle) quelques
imputations méchantes et injurieuses.
Nous savons fort bien que les grands génies
se rencontrent et par conséquent que M L.
Mulle peut dans ses écrits rencontrer les mêmes
expressions, détacher les mêmes périodes que
MM. les rédacteurs ordinaires du Propagateur.
Mais qu'il nous soit permis de donner un
petit conseil notre confrère. De nouveaux
articles, dites-vous, vous arrivent en abondance
pourquoi ne pas choisir de préférence ceux dont
le style est moins semblable la prose de M.
L. Mulle? Vous éviterez ainsi de jeter un cer
tain doute dans l'esprit de ceux qui pensent
avec un écrivain célèbre le style, c'est l'homme.
Du reste, nous félicitons M. L. Mulle d avoir
répudié avec énergie toute collaboration un
journal qui jouit depuis longtemps d'une estime
très-négative; noir hier, rouge aujourd'hui, il
a pour devise en tout temps diviser pour
régner.
Depuis quelque temps un correspondant du Propaga
teur publie les attaques les plus violentes contre l'école
communale de notre ville et les membres du corps ensei
gnant attachés cette institution.
Ce correspondant, pour se donner un certain air de
civisme local, s'est avisé d'usurper le titre d'Yrnois, nous
disons usurper, car nous sommes convaincus qu'il n'est
pas d'Yprois véritable, dont le cœur soit assez mal placé,
le jugement assez faux, le caractère assez bassement ran-
cuncux, pour sentir, penser et dire ce que sent, dit et
pense le correspondant du journal des Baziles.
pleuraient pour la première fois.
Mandrin redevint un moment l'homme d'autrefois; au
milieu de la chaleureuse effusion de ses braves, il se sentit
de nouveau leur roi, bien mieux encore, leur frère! et
son cœur de lion battit dans sa poitrine.
Bruncau eut aussi ses larmes de joie en entrant dans
le camp; il retrouva son petit bonhomme de dix-huit
mois, qui se roulait sur le gazon, et lui tendit les bras;
il le prit sous son manteau, en laissant passer sa jolie
tète blonde, et le garda ainsi jour et nuit sur son sein.
Cependant Mandrin n'était revenu la côte Saint-André
que pour lever son camp et emmener sa troupe. 11 avait
appris par les conlidences de David que le plan des che
mins inconnus qui conduisaient la montagne avait été
livré l'autorité, et il était assuré par-là qu'un traître
était près de lui, sans savoir sur qui arrêter ses soupçons.
Ce ne fut que quelques jours après son arrivée, et au
moment de descendre de la montagne, que Mandrin fit
part ses soldats de la direction qu'ils allaient prendre.
A cette nouvelle, la surprise et le mécontentement se
manifestèrent parmi les contrebandiers. En retrouvant
leur chef, ils avaient cru voir renaître de nouveaux com
bats, de nouvelles victoires, et cette ardente conviction
entrait pour quelque chose dans les marques d'attache
ment prodiguées leur capitaine.
Reteaus depuis longtemps dans le repos, ils avaient soif
de combats et de prises.
C'était le temps où de nombreuses marchandises arri-
Nous n'ignorons pas que le précepte de Don Bazilc
calomniez toujours, toujours il en reste quelque chose
peut produire parfois certains effets, mais le bon sens
public, Ypres surtout, est trop développé pour que la
vérité, par sa seule forcen'y parvienne être reconnue
et triompher.
Nous croyons donc devoir aujourd'hui, pour la dernière
fois, nous occuper de cette question.
A l'école communale l'enseignement de la religion est
donné par les soins exclusifs d'un ministre du culte, toute
latitude lui est laissée cet égard. Nous pensons donc
pouvoir nous abstenir de toute observation sur eette
partie de l'enseignement, dont la surveillance échappe
l'autorité civile.
Comme le correspondant du Propagateur, nous pensons
que dans l'école primaire, on doit avoir pour but de po-
liccr les mœurs de la jeunesse par l'éducation, de former
son cœur par la morale, dont l'évangile, disons-le haute
ment, formule les préceptes, enlin de donner un ensei
gnement spécial et approprié la carrière que l'élève doit
parcourir plus tard.
Tel est pour nous, le programme que le pouvoir laïque
doit suivre dans la direction des écoles primaires. Ce pro
gramme reçoit-il son développement? Nous croyons pou
voir répondre hardiment oui, et nous le prouvons.
Une institution doit être jugée par les conséquences
qu'elle produit. Voyons quelles sont, jusqu'à ce jour, les
conséquences de la création de l'école communale en notre
ville.
Il y a quelques années, une nuée d'enfants sales dé
guenillés, insolents, parcouraient les rues d'Ypres, dans
un état de sauvagerie qui faisait peine voir; aujour
d'hui, propres même sous les baillons de la misère, que la
bienfaisance officielle et privée sont impuissantes malheu
reusement faire disparaître, l'enfant pauvre que l'on
rencontre dans nos rues est respectueux et poli, de sa
petite main blanche, il ôte sa casquette trouée au prêtre,
au fonctionnaire ou au bourgeois qui passe ses côtés.
11 se montre heureux et reconnaissant, quand en échange
il reçoit un bienveillant coup d'œil. Sont-ce là oui ou
non, les conséquences de l'éducation civilisatrice donnée
l'école communale Que nos lecteurs jugent.
Mais enseigne-t-on la morale? Nous aurons répondre
victorieusement celte question, si nous prouvions que
les élèves de l'école communale en pratiquent mieux qu'au
trefois, les préceptes et les devoirs. Sommes-nous encore
vaient sur l'autre rive du Rhône les nuits commençaient
être longues. Tous leurs vœux se tournaient donc de ce
côté, et l'ordre de prendre une route opposée les exaspé
rait sourdement. Par le retour habituel des choses, ce fut
peu de temps après avoir donné leur chef des témoigna
ges du plus ardent enthousiasme qu'ils osèrent, pour la
première fois, élever la voix contre lui. Mais ils étaient
trop accoutumés l'obéissance pour que leur révolte allât
au-delà du murmure, et ils s'acheminèrent avec armes et
bagages dans la direction qui leur était imposée.
Alandrin n'ayant plus avec lui la jeune fille privée de
raison qui, depuis plusieurs années, s'était attachée ses
pas et l'avait suivi dans toutes ses courses guerrières.
Ayant l'intention de revenir seul, quand il aurait mis ses
compagnons en lieu de sûreté, sur le bord du Rhône, où
s'élevait le couvent des Urselines, et nourrissant dans son
âme de secrètes espérances, il avait écrit de nouveau
mademoiselle de Chavailles, et confié la lettre la petite
idiote, qui semblait trouver un instinct merveilleux poul
ie servir. Il avait donné Charlotte tout l'or qu'il lui fal
lait pour son voyage, en lui recommandant de l'attendre
dans les environs du couvent où elle allait se rendre, et
il était bien sur de la trouver là son arrivée.
La troupe vagabonde parcourait les parages où serpente
la Morgue, et qui s'étendent entre Voiron et l'antique
petite ville de Moirans. Là on voyageait des journées entiè
res, sans rencontrer une habitation humaine. Ces champs
aujourd'hui féconds, accidentés, couverts de fabriques