-V 820. 8* Année.
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Jeudi, 15 Mars 1SL9.
JOIKML D'YPRES ET DE I/ARR0\D1SSEME\T.
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ivriimm.
1PRE8, le 11 n\ns.
Souvent nous avons dit que le parti clérical
ne pourrait se faire l iilée de n'être plus pré-
potent en Belgique. Pendant tant de siècles, il y
a dominé sans partage, qu'il était imbu de l'idée
que jamais cet empire ne pouvait avoir une fin.
Nous prédisions que dans la minorité, il aurait
fait preuve d'une turbulence agressived'une
déloyauté inconnues jusqu'à ce jour. Nous ne
croyions pas alot's devoir être si bon prophètes,
mais ce qui se passe maintenant constate que
nous n'avons pas été au-delà de la vérité, en
annonçant le rôle que le parti catholique aurait
joué comme minorité.
Après les journées de février, il s'est effacé
et bien qu il ait eu l'air de faire un appel la
conciliation c'était la peur qui lui conseillait
de s annuller et de laisser passer l'orage qui, en
éclatant, n'aurait frappé que lui. Alors on sem
blait revenu aux premiers jours de la révolution
de 1H30, aux beaux jours de l'Union. Mais actuel
lement, comme celte époque, celle belle
fiction n'a pas aveuglé complètement le libéra
lisme et la presse cléricale s'est chargée de con
stater l'insuccès de la nouvelle duperie.
Les catholiques-politiques voyant l'horison
politique se rasséréner, ont recommencé la lutte
non plus sur le terrain des principes, leurs idées
n étaient pas populaires, mais avec les armes de
Bazile. C'est l 'aide de mensonges, de médisan
ces, de cancans de calomnies, qu'on attaque
l'opinion libérale dans les personnes de ses adhé
rents les plus actifs, les plus zélés et les plus in
flexibles. Tous les moyens ont été essayés pour
avoir raison de ce maudit parti libéral, elaucun
n'a réussi. Usons de ces armes déloyales et infâ
mes tirées de l'arsenal des jésuites, tâchons de le
désunir et nous finirons par le vaincre. Aussi
voyez ces modérés, ces saints personnages
l'œuvre, il n'y a d'invention si absurde, de dif
famation si notoire, qu'ils ne se passent. On
excite les inimitiés, on attise les rancunes, on
chauffe la discorde, on suit pas pas la tacti
que des rouges en France, qui sont parvenus
pervertir l'opinion publique et les sentiments
Le capitaine AlaïKiein.
XVIII.— VENGEANCE. [Suite.)
Le jour commençait paraître un coup de vent très-
vif enleva le chapeau de Mandrin et le jeta sur la route
David, machinalement, tourna les yeux de ce côté, et, en
revoyant la belle tête nue de Mandrin, éclairée par les
premières lueurs du soleil, une émotion plus douce revint
en lui il se souvintdeson amitié pour le baron d'Alvimar,
et la colère se fondit quelque peu dans son âme. Lorsque
Mandrin lui adressa de nouveau la parole, il répondit par
des expressions araères, mais qui renfermaient cependant
moins de haine que son âpre silence.
Quoi? dit Mandrin, sous cet habit de capitaine du
régiment d'ilarcourt, c'est vous, David, que je retrouve?
Oui, c'est moi moi, que vous avez étouffé, déchiré,
en jouant comme le serpent fait d'un faible oiseau... Oui,
en jouant, car vous avez dû rire du pauvre fou dont vous
veniez ravir, déshonorer la fiancée, dans la nuit même où
il courait au loin pour vous assassiner.
Il se tut un moment, frémissant cette pensée, et con
tinua
C'était un nouveau supplice inventé par vous, une
ironie atrocejointe au coup qui devait faire mourir len
tement la victime de honte et de désespoir.
N'accusez que la fatalité qui nous a rendus rivaux.
Oh j étais bien insenséen effetde perdre mon
du peuple, en excitant la haine entre les diver
ses classes de la 'société, et er. jetant des bran
dons de jalousie entre les prolétaires et ceux
qui les font vivre. Oui, c'est celle lactique qu'au
nom du parti moral par excellence, oui, c'est
ce plan de conduite que des soi-disant modérés
pratiquent et mettent en œuvre pour avoir
raison d'adversaires politiques qu'ils n'osent et
ne peuvent combattre loyalement. Mais nous
avons assez de confiance dans nos concitoyens
pour croire que des moyens aussi infâmes, des
manœuvres aussi déloyales, n'auront d'autre
effet que de déconsidérer ceux qui y ont recours.
Quant nous, leur cynisme n'égalera jamais
notre mépris.
La Chambre vient d'adopter définitivement
la réforme postale et la taxe uniforme de 10
centimes. Nous lavons déjà dit, c'est une ex
cellente mesure en elle-même et un véritable
bienfait. Mais en présence du déficit qui en sera
la conséquence, dans les revenus de l'état, nous
I avons crue inopportune, car on évalue la perle
par an, un million qu'on ne pourra faire ren
trer que difficilement dans les caisses publiques,
au moyen d un nouvel impôt. Mais elle est votée
et sera mise en vigueur le 1' juillet 11149. Es
pérons maintenant que l'impulsion que la di
minution de la taxe donnera aux relations
épislolairesrendra au bout de peu d'années
la perte du trésor insignifiante.
Dans la nuit du 10 au 11 de ce mois, un incendie a
réduit en cendres deux maisonnettes appartenant et occu
pées par les nommés J.-IL Dcvrière et Ch. Vlaminck,
journaliers, demeurant au Kruys-Eceke, commune de
Comincs.
La cause du sinistre est attribuée l'imprudence de
Dcvrière, et la perte totale est évaluée 155 francs.
Correspondance.
i'operinglie, 1k 12 mars 1849.
A Monsieur le rédacteur du Progrès,
En rendant compte, dans votre n° 804, de la séance
publique du conseil communal de Poperinghe, en date
du 12 Janvier dernier, ayant pour objet le règlement des
comptes communaux de l'exercice 1847 nous avons
appelé l'attention du public sur l'étrange assertion portée
temps détester, maudire ce chef de brigands comme
vglcur de nos biens, comme dévastateur de nos églises,
de nos provinces, quand je devais lui vouer une exécration
si profonde comme mon ennemi mortel quand il devait
me faire plus de mal moi seul qu'à tous les malheureux
tombés sous ses coups et foulés aux pieds de ses bandits.
Il était trop vrai, Mandrin garda le silence.
J'étais Saint-Laurentcontinua Davidla der
nière journée du singulier pélérinage que j'avais entrepris,
et j'attendais le retour de la nuit pour gagner la côte de
Saint-Andrélorsque la nouvelle qui remplissait tout le
Dauphiné parvint jusqu'à moi; j'appris alors par la voix
publique l'arrestation du fameux chef des contrebandiers,
et en même temps le vrai nom du baron d'Alvimar et la
perte de celle... 0 voleur de grands chemins le sort vous
livre la bourse et la vie des passants, mais la foudre ne
devait-elle pas tomber sur votre tête sacrilègequand
sous un faux nom et de fausses apparences, vous voliez
la noblesse, l'amitié, l'amour
Je vous écoute, dit Mandrin; continuez.
Ayant tout perdu en un instant, moi qui n'avais ja
mais eu que ma foi en Dieu et l'amour, je quittai pendant
la nuit le prêtre et les gens qui m'avaient accompagné
dans ma dangereuse excursion. J'errai dans ces campagnes
désertes, sans pain, sans asile, sans raison... fou, épci'du,
ne sachant où je dirigeais mes pas... Un soir, le gardien
de ce petit fort abandonné me trouva sans connaissance
dans cette réunion par notre bourgmestre que la situa
tion financière de la ville était plus satisfaisante que celle
d'aucune autre commune de la province. Quoique nous
crûmes avoir déjà suffisamment fait justice de cette pro
testation inconsidérée de la part de notre chef communal
par nos articles précédents, dans lesquels nous avions
montré combien d'abus l'indolence et l'impéritie de nos
administrateurs avaient donné naissance, et comment la
désorganisation des divers services publics notamment
celui de l'octroi, avait eu pour résultat la diminution ra
pide des revenus communaux, nous ressentîmes néan
moins le besoin ou plutôt le désir, de revenir encore sur
le chapitre de nos finances et de nous occuper plus spé
cialement de cette branche administrative dans notre
revue générale des actes de l'administration. Le déficit
que nous avons constaté en 1847, les ressources extraor
dinaires auxquelles on a dû avoir recours en 1848, furent
pour nous autant de motifs d'attendre avec impatience,
pour traiter celle matière fond, la présentation du bud
get de 1849, parce que la production de ce document,
tout en nous fournissant une belle occasion d'indiquer
les réformes exigées par celte marche rétrograde de nos
finances, nous met encore même de juger avec connais
sance de cause de la valeur administrative de nos gouver
nants communaux.
Jusqu'ici l'ancienne administration, quoique les reve
nus de la ville fussent depuis quelques années diminuées
de 30 p. °lo, avait toujours maintenu toutes les dépenses
habituelles, et si elle a cédé un moment la nécessité
d'opérer des économies sur quelques-unes de celles-ci,
ces économies ont exclusivement porté sur les crédits
ouverts pour les travaux publics et la voirie vicinale qui
par cela même se trouvent, dater de cette époque, dans
un étal d'abandon déplorable, tel point que la ville s'est
vue bientôt dans la nécessité de demander au gouverne,
ment des centimes additionnels extraordinaires sur la
contribution foncière. Or, l'administration aurait dû com
prendre que ces réductions nécessaires devaient plutôt
s'opérer sur les dépenses entièrement facultatives que
l'état prospère des finances d'autrefois avait alors permis
d'introduire dans le budget sans nuire aux intérêts de la
ville. Nous verrons si les hommes nouveaux que les der
nières élections ont introduits dans le Conseil, auront eu
le courage de proposer des réformes radicales, en dressant
un budget normal par lequell'aide des ressources
que l'administration a annuellement sa disposition, et
au moyen d'une sage et intelligente répartition de cel-
sur la pierre, au milieu des landes sauvages; il me se
courut, m'amena dans sa masure et m'y servit avec dé-
voùment. Je demeurai là, seul, misérable, ayant horreur
de la vue des hommes au point de fuir, de me cacher
chaque fois qu'un voyageur venait demander l'hospitalité
dans cette retraite... Oh dans les longs jours de ma pri
son, combien j'ai eu le temps de me rappeler cette voix
du ciel qui venait m'inspircr une résolution courageuse
Je croyais alors qu'il me fallait délivrer mon pays, anéantir
le fléau qui l'opprimait; c'était moi-même que j'aurais
sauvé, en frappant plus tôt mon exécrable ennemi
Votre ennemi, David, pour cela il eût fallu vous
haïr mon tour; et, loin de là, dès que je vous ai connu,
un attrait sympathique sembla me lier vous comme
un frère. Lors même que je recevais si bizarrement la
confidence de votre horreur pour Mandrin et de vos pro
jets d'assassinat sur lui, je ne faisais que vous plaindre et
vous aimer encore... Je voyais votre foi si vraie, votre
générosité si profonde, qu'elles vous relevaient encore
mes yeux... Oh sous cette charmille, où le regard en
flammé d'extase divine, vous me montriez le poignard
avec lequel vous vouliez percer le reprouvé, je me sentais
prêt dire:Tiens! malheureux jeune homme, celui
que tu cherches est là, sous ton poignard: frappe-le ici
du moins tu ne seras pas massacré après!..
David tressaillit ces accents du cœur, cette voix
qu'une émotiou grave et tendre rendait si mélodieuse il