.V 831. 8' innée. Dimanche, 22 Avril 1849.
JOIR.YIL D'ÏPRES ET l»E L'ARRO\DISSEME\T.
ivriEuirn.
L.c capitaine MasMlrSat.
ABONNEMENTS Yprès (franco), par trimestre, 5 francs 30 c. Prov:xces, 4 francs. Le Progrés parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
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l'PRES, le 51 Avril.
La Chambre des représentants vient de choisit
pour secrétaire, en remplacement de M. Troye,
démissionnaireM- Alph. Vanden l'eereboom
député de l'arrondissement d Ypres. C'est une
marque de sympathie que la Chamhre vient de
lui donner et qui doit le consoler de voir quel
ques folliculaires le poursuivre de leurs injures,
de leurs lâches insinuations, qui mettent nu
les basses rancunes et les envieuses passions dont
quelques scribes sont animés. Il doit être agré
able l arrondissement de voir son élu jouir de
la confiance et de l'estime de ses collègues, car
les fonctions de secrétaire sont plutôt un témoi
gnage de la conviction qu'a la Chamhre, de l'im
partialité de l'élu et deson indépendance, qu'un
poste qui demande beaucoup de travail. iNous
croyons devoir féliciter M. Vanden l'eerehoom
de la distinction dont il a été l'objet de la part
de ses collègues et nous espérons qu'il saura
acquériretconserverà la législature, l'influence
qui revient la capacité qu'on doit lui recon
naître.
Nous ne savons trop dans quel but, mais il
y a des personnes qui se sont présentées chez
plusieurs commerçants, en demandant échan
ger des billets de banque contre de l'argent.
Nous voulons appeler l'attention publique sur
ce fait, car il pourrait être défavorable au com
merce, de voir dégarnir la place de numéraire
et de ne plus pouvoir disposer dans un moment
donné pour opérer les transactions, que de
papier de banque.
La réforme postale telle qu'elle a été amen
dée par le Sénat, a été adoptée par la Chambre
sans discussion. Nous croyons qu'on a agi pru
demment, car il est hors de doute qu'on aurait
élargi le gouffre du déficit. La France qui a
admis la réforme postale au taux uniforme de
20 centimes, a eu sur celle branche du revenu
XXIII. —UN VOLEUR ET UN HONNÊTE HOMME. Suite
Fauster haletait, ses cheveux se mouillaient de la sueur
de son front, sa figure se creusait comme une tête de
mort, ses lèvres bleues s'agitaient; mais leur tremblement
ne laissait échapper aucune parole, sa poitrine ne pous
sait aucun cri.
Ce n'est pas tout, repris-je; tu crois avoir sauvé ton
âme, et moi qui suis près de mourir aussi, et que Dieu
inspire en ce moment, je te dis que tu es maudit.
Je disais ma pensée, et il fallait que ma voix eût un
terrible accent de véritécar Fauster en entendant ces
mots jeta un gémissement épouvantable.
Ouiajoutai-je, tu as été traître au sang des doua
niers, dont tu étais sorti, en restant quatre années avec
leurs ennemis tu as été traître tes compagnons en Mu
nissant a leurs bourreauxet il n'y a point de Dieu poul
ies traîtres c est le démon qui les possède et les torture
pendant 1 éternité.
Je dois rendre cette justice Fauster, qu'il ne m'avait
pas adresse une seule pnere pour me demander la vie;
mais maintenant c était pour son âme qu'il tremhlait
0 grâce! grâce! Bruneau si ce Juc tl déli vrai
laisse-moi voir un pretre avant de mourir... Au nom des
jours où nous avons combattu l'un près de l'autre An
nom de la tente ou nous avons dormi tous deux".' Au
nom du pain acheté de notre sang, et que nous avons
mangé ensemble, laisse-moi voir un prêtre!... un prêtre
avant de mourir!...
Non.
pendant le premier trimestre, un déficit d'un
sixième de l'évaluation du budget, ou environ
deux millions.
Dans noire dernier numéronous avons
cité comme un phénomène que la terre était
couverte de neige le 18 avril. Mais le 19, nous
avons eu une température bien autrement re
grettable. Pendant la journée du 18.1e thermo
mètre élait descendu zéro et dans la nuit du
lit au 19, une grande masse de neige est tom
bée accompagnée de rafales. Tous les champs
de colzat sont pour ainsi dire ravagés. Le poids
de la neige tombée sur la plante oléagineuse a
brisé la tige et il n'en reste sur dix pas plus de
trois debout. C'est une perte considérable, car
les apparences de celle cillture étaient ma
gnifiques et l'on peut dire que le produit en
sera nul.
Le receveur des contributions directes de la ville
d'Yprcs invite instamment les contribuables qui jusqu'ici
n'ont encore donné aucun à-compte sur les contributions
de 1 année courante, vouloir bien en payer les termes
échus endéans la huitaine. Des poursuites seront enta
mées, après ce délai, contre ceux qui ne répondraient
pointa cette invitation.
La Chambre des Représentants a tenu Mercredi une
courte séance, dans laquelle elle a nommé M. Alphonse
andenPeerehooin secrétaire, en remplacement de M.
Troye démissionnaire, et a adopté le projet de loi relatif
la convention avec l'Autrichela Grande-Bretagnela
Prusse et lu Russie pour l'accession de la Belgique au
traité relatif l'abolition de la traite des nègres.
A l'ouverture de la séance, M. Cans a déposé le rap
port de la section centrale concluant l'adoption des
amendements introduits par le Sénat dans le projet de
loi sur la réforme postale. Ce rapport a été mis l'ordre
du jour de Jeudi.
Entrée du goiirerneiir, Bruges.
Le temps, détestable toute la matinée, ne permettait
pas d'espérer une réception brillante. Cependantau
moment de l'arrivée du convoi, l'atmosphère s'éclaircit,
et quelques rayons de soleil vinrent égayer la fête. A
onze heures, M. le baron De Vrière descendit dans la
station, où l'attendaient les autorités civiles, qui le reçu
rent et le complimentèrent selon le cérémonial en usage.
Laisse-moi un jour pour prier.
Tu n'auras pas une minute... Tiens, serpent, va
mourir avec les serpents.
Je le saisis par les cheveux et par les jambes, et je le
jetai dans le gouffre.
Puis je regardai.
Une souche d'arbre jetait de grosses racines entre les
roches, quelques pieds du bord. Fauster, en tombant,
s'était accroché l'un de ces jets noueux; niais, au bout
d'une minute, la forte racine pliait déjà sous le poids de
son corps, l'écorce se déchirait et laissait-voir le bois qui
se rompait peu peu. Il serrait ce soutien avec tant de
force, que le sang jaillissait de ses mains... il tourna les
yeux et regarda au-dessous de lui l'horrible profondeur;
ses cheveux se dressèrent; il releva la tête, et ce fut moi
qu'il vit sur le bord. Il faut croire que j'étais plus épou
vantable encore pour lui que le fond de l'abîme, car il
ferma les yeux. La racine craquait toujours et achevait de
se briser. Il eut encore le temps de me crier trois fois
Grâce
Trois fois je lui répétai
Maudit
Et il roula dans le gouffre.
Pendant longtemps la vase s'agita, jaillit contre le roc
fit ondoyer ses flots noirs, ses reptiles ses vipères... et
j'attendis... Quand je me retirai, tout était immobile au
fond de l'abîme.
Mon affaire étant faite, j'enrageais seulement d'y avoir
j passé tant de jours et, depuis ce moment-là, j'ai fait deux
l lieues l'heure pour regagner le temps perdu.
Pour venir en prison! dit Mandrin.
M. le gouverneur répondit cet accueil par des paroles
généreuses et sympathiques du meilleur augure pour
l'avenir de la province. Puis il monta en voiture. Il se
forma une sorte de cortège: la compagnie deschasscurs-
éclaircurset la garde civique, ayant leur tête M. le ma
jor baron De Tilleghem, ouvraient la marche. Venaient
ensuite les principales sociétés de la ville et leurs dra
peaux Kunstliefde, Saint-Sébastien, Yver en Broeder-
min, la Renaissance, la Philharmonieles Chœurs,
Rurger-Welzyn, les autorités civiles, la commission de
l'Académie, enfin et fermant la lile, la voiture de M. le
gouverneur, accueilli sur son passage par de nombreuses
acclamations. Les troupes d'infanterie formaient la baie,
sur la Place, de la rue des Pierres la rue Philipstock,
et la musique du 7", au moment où le cortège traversait
la Place, fit entendre la Brabançonne.
La cavalerie s'était réunie sur la Place du Bourg. A
peine le nouveau gouverneur avait-il pris possession de
l'hôtel du gouvernement, que les réceptions commencè
rent. Elles furent nombreuses et se prolongèrent tard.
Pendant la soirée de brillantes sérénades furent données
dans la cour. Il y eut Une grande quantité d'illuminations
malheureusement, celles de la place et de toutes nos
grandes rues furent éteintes, peine allumées, par des
tourbillons de vent et de neige qui ne discontinuèrent pas
de toute la soirée.
On cite déjà, de notre nouveau gouverneur, une très-
belle réponse, faite lors des réceptions, qui serait la fois
un témoignage de reconnaissance et de sympathies pour
la ville de Bruges, eu même temps qu'une profession do
foi libérale pleine de franchise et de netteté.
Le sieur E.-R. Dufort, candidat-notaire Ledegbem,
est nommé notaire la résidence de cette commune
arrondissement de Courlrai, en remplacement de son
père, démissionnaire.
Un journal du Hainaut, a publié et plusieurs autres ont
répété naïvement, qu'une nouvelleCalifornie venaitd'être
découverte dans le charbonnage des Ardinoises, Gilly.
Cette Californie, dit le Journal de Charleroi, n'a jamais
existé que dans la tête de la susdite feuille, ou c'est un
canard qu'on lui a fait avaler. 11 faut savoir que la vente
des Ardinoises est annoncée pour le 22 de ce mois.
Intolérance.
M. Tinant, ancien directeur des contributions de la
province de Luxembourg est tombé mort, vendredi der
nier, frappé d'un coup d'apoplexie. 11 revenait d'un
voyage; en passant sur le seuil de la porte, il est tombé
foudroyé sans proférer une parole.
On conçoit que dans ces circonstances, M. Tinant n'a
pu recevoir les derniers secours de la religion, cependant
Oh je n'ai pas eu de peine obtenir mon entrée
ils m'ont ouvert la porte au grand large quand j'ai dit que
j'étais votre lieutenantet ils veulent bien me réunir
vous...
Sur l'échafaud
Mieux vaut encore cela que de vous quitter.
Tu veux mourir comme tu as vécu, mon digne ami.
Ton attachement a été grand, sublime... Mais, moi aussi,
je l'ai bien reconnu. Je ne t'ai jamais donné de grade,
jamais de butin je ne t'ai pas recompensé comme tes
compagnonsje t'ai aimé.
En ce momentun porte-clé vint les séparer, en disant
qu'un haut fonctionnaire voulait entretenir seul le chef
des contrebandiers; mais il renouvela Bruneau la pro
messe de le laisser revenir une heure le lendemain auprès
de sou capitaine.
Quand le vieux bandit se fut éloigné, le geôlier dit
Mandrin que c'était M. deMariltac, le fermier-général,
qui allait descendre près de lui, et le laissa seul.
Mandrin s'assit, croisa les bras, et sourit l'idée de
l'étrange visite qu'il allait recevoir.
Réellement, pensa-t-il, je suis curieux de voir cet
homme auquel ma mort tenait tant cœur.
Un instant après, la lourde porte du cabanon s'ouvrit,
et M. de Marillac entra de ce pas sec et lent qui lui était
habituel.
-En vérité, monsieur, dit Mandrin au fermier-général
qui s'approchait, je serai satisfait d'avoir l'honneur de
connaître un homme de qualité comme vous, qui voulait
bien s'occuper de moi pour me faire assassiner.
Le visiteur s'était avancé jusque sous les rayons de la