EiTÉRIFlR. sa famille avait en toute bâte fait mander un prêtre mais il était trop tard il ne trouva plus qu'un cadavre. M. le doyen de la ville a cru devoir refuser de le faire enterrer avec la pompe religieuse; la demande de la famille il en avait référé Monseigneur l'évêque de Namur, qui a maintenu l'interdit. A défaut du clergé, la population a fait dans cette cir constance une démonstration qui doit faire regretter l'in terdit qu'on a lancé contre M. Tinant, car elle a été significative. Tous les fonctionnaires sans exception, la garde civique dont M. Tinant avait été,en 1831, le lieutenant-colonel, la garnison, ayant l'une et l'autre leur musique en téte, des citoyens appartenant toutes les classes de la popu lation se sont rendus la maison mortuaire pour accom pagner le défunt sa dernière demeure. Les coins du poêle étaient portés par MM. les président et procureur du roi du tribunal, et les directeurs des contributions et de l'enregistrement le corps était porté par douze employés de la douane. Une escouade des mê mes employés a rendu au défunt les honneurs militaires. Le cortège a eu lieu avec un ordre et un recueillement parfaits. Lorsque le corps était dans la tombe, M. Jacquelart, le successeur de M. Tinant et son ancien collaborateur, a prononcé quelques paroles. Jusqu'ici nous avons été narrateurs fidèles que main tenant on nous permette une réflexion au sujet de faits qui ont produit parmi la population de la ville entière une sensation des plus pénibles. Le clergé vient de poser un acte d'intolérance qui a été l'objet d'un blâme général. Que le clergé refuse les secours de la religion un hom me qui, atteint de maladie, a eu le temps de se recueillir, de compter avec les nécessités d'un culte extérieur et de ses pratiques, sans y avoir recours, c'est ce que nous n'hésitons pas admettre; mais quand un homme tombe foudroyé comme un soldat emporté par un boulet sur le champ de bataille, rien n'autorise le prêtre dire que sa dernière pensée n'a pas été pour une religion dont il a méconnu les croyances et dont il aurait réclamé l'inter vention si la mort avait été moins rapide. Si nous étions aussi ennemis du clergé que parfois on s'est permis de le direnous ne pourrions que lui con seiller de persévérer dans une voie où en apprenant au public de se passer de lui, il ne peut que perdre de l'in fluence salutaire qu'il est en droit d'exercer. [Écho du Luxembourg.) Le nouveau gouverneur du Hainaut, M. Troyc, a prêté serment Mardi entre les mains du Roi. 11 prendra proba blement possession demain de son gouvernement. D'après ce qui transpire de l'instruction relative au complot du Prado, les charges seraient reconnues suffi santes, dès présent, pour provoquer le renvoi de presque tous les inculpés devant le jury; mais quelque célérité qu'on mette clore cette instruction passablement volu mineuse, l'affaire ne pourrait être jugée que dans la ses sion du trimestre prochaine'est-à-dire la dernière avant les vacances judiciaires. On lit dans la Revue de Namur: ■i On nous raconte que Lundi quatre jeunes tambours ont été assaillis par des bourgeois, abandonnés par le tambour-maitre qui les conduisait, puis battus. Nous es pérons bien que la justice sévira contre les lâches auteurs de semblables faits de manière faire perdre l'envie qui que ce soit de recommencer! Ne pourra-t-on enfin triompher de quelques mauvais sujets, en train de faire perdre notre ville, d'ordinaire si paisible, la réputation dont elle jouissait? lampe. Ah c'est vous, mon oncle, ajouta Mandrin après 1 avoir envisagé, je ne m'en étonne plus Moi-même. Jean Durand est devenu M. de Marillac. A quoi servirait de vivre, si ce n'était pour élever sa fortune, son crédit et même son nom Et vous teniez beaucoup m'envoyer dans l'autre monde votre manièresans attendre l'exécution de la justice. Cela est vrai. Vous y teniez tantque vous aviez choisi votre propre fils pour l'exécution de ce dessein. Oui, j'ai voulu vous faire assassiner, dit Marillac, sans que son visage de statue perdit rien de son immo bilité; je l'ai voulu de toute la force d'une résolution mûrie implacable et commandant tous les sacrifices; je l'ai voulu au point d'exposer les jours de mon fils pour arriver ce but. Et maintenant, vous venez ici pour me le dire moi-même. Je viens pour vous le dire, et rn même temps pour vous demander un service duquel dépend toute mon exis tence. les préliminaires sont excellents pour me disposer vos désirs veuillez poser votre demande. Ecoutez d'abord. Vous comprenez maintenant que je ne voulais pas vous voir livré la justice, pour me trouver face face avec vous, au milieu du tribunal, dans le cours d'un procès infamant. Sans doute, il vous plaisait peu qu'une touchante FRIXCE. Ptms. 17 Avril. L'agitation était grande Mardi dans le palais de l'Assemblée nationale de France. On savait que le gouvernement devait faire des communications importantes l'Assemblée, et les suppo sitions étaient nombreuses. La plus répandue était qu'il s'agissait de l'expédition projetée pour le rétablissement du Souverain-Pontife Rome. M. Odilon Barrot est effec tivement monté la tribunepour demander un crédit de douze cent mille francs, destiné subvenir aux frais de cette expédition, que le président du conseil a pré senté comme la conséquence du vote du 30 Mars, par lequel l'Assemblée a autorisé le gouvernement faire oc cuper par des troupes françaises un point quelconque de l'Italie, s'il le jugeait convenable aux intérêts delà France. On ne peut se dissimuler que cette interprétation ne soit un peu forcée il est probable que ce n'est pas dans ce sens là que beaucoup de membres qui ont voté l'ordre du jour du 50 Mars, entendaient l'occupation. Il nous semble donc que le cabinet aurait mieux fait de parler avec une entière franchise, et de ne pas se retrancher derrière le vote de l'Assemblée, pour motiver une intervention dont il pouvait défendre la nécessité et la convenance sans avoir recours ce moyen. M. le président du conseil a réclamé l'urgence, la dis cussion et le vote dans cette séance même. A deux heures et demie, l'Assemblée s'est retirée dans ses bureaux. A quatre heures moins un quartl'Assemblée est ren trée en séanceet le président a fait connaître les noms des quinze commissaires élus, qui se sont immédiatement réunis pour rédiger le rapport. Huit de ces commissaires approuvent, dit-on, l'intervention, sept la repoussent. La commission ayantdéclaréqu'elle ne pourrait présenter son rapport que le soir huit heures, l'Assemblée a dé cidé qu'elle tiendrait une séance de nuitpour résoudre la question d'urgence. Après la nomination de la commission l'Assemblée a repris la discussion du budget des finances mais elle était agitée, distraite, inattentive. Elle a admis deux réduc tions importantes de300,000 francs chacune, sur les trai tements et frais de service des receveurs généraux et particuliers. Il n'est pas sans intérêt de connaître les deux particu larités suivantes sur ce qui s'est passé dans les bureaux de l'Assemblée, propos du projet d'expédition en Italie M. le général Cavaignac présidait son bureau, et s'est abstenu de se prononcer en un sens quelconque. La dis cussion empruntait une importance toute particulière sa présence. Le général a cru devoir garder le silence. Dans le 10e bureau, M. de Corcelles qui a été envoyé en mission extraordinaire près du pape, tant sous le pou voir exécutif que sous le général Cavaignac, a dit que la république romaine ne pouvait, sans outrage pour la ré publique française, être comparée cette dernière. Les républicains de Rome ont débuté par l'assassinat. Us ont faussé le suffrage universel. Sur 70,000 électeurs inscrits dans le district de Rome, 23,000 seulement ont voté le surplus des électeurs ayant été tenus sous l'intimidation. M. le général Oudinot après avoir présidé au mariage de sa fille qui a eu lieu Mardiest partien poste quatre heures, pour se rendre Marseille, où il va pren dre le commandement du corps expéditionnaire qui doit débarquer Civitta-Vecehia. M. Maissial a fait aujourd'hui, propos du budget des eaux et forêts, une proposition des plus importantes. Il a demandé que l'on consacrât un certain capital ouvrir des routes dans les forêts de l'État. Déjà dit-illes tra vaux de ce genre qui ont été exécutés ont produit plus de 20 p. c. et il y a l'administration pour 9,000,000 de reconnaissance de famille eût lieu entre le neveu chef de brigands, et l'oncle, fermier-général. Et si je désirais que ce chef de brigands fût enseveli dans les cavernes de ses montagnes c'est que je ne vou lais pas voir le fils de ma sœur mourir sur i'échafaud. C'est-à-dire que vous ne vouliez pas avoir un sup plicié dans votre famille. La distinction est juste, j'en conviens. Et pour éviter ce procès, ce jugement encore in certain vous commenciez par vouloir faire assassiner ce fils de votre sœur... Vraiment, mon oncle c'était la voix du sang qui parlait en vous. Mandrin, dit monsieur de Marillac, en levant pour la première fois les yeux sur celui qui il parlait, je ne sais quel langage emplover avec toi, ni comment te fau;e comprendre ma situation et ce que tu étais pour inoi. Je ne puis te parler au nom de la fortune: tu n'as jamais connu que des richesses volées en un jour, et qu'on jette au vent pour en voler de nouvelles le lendemain tu ne sais pas quel attachement on porte une pure et noble fortune, dont chaque denier vous rappelle un instant de devoir accompliune privation de sommeil et de nourri ture soufferte pour l'acquérir. Ecoute, cependant. J'ai été jeuneet pas un instant pour jouir de l'air, du soleil, du plaisir, pour aspirer la vie n'a été arraché au travail. J'ai été dans les Indes, et dans ce climat de toutes les volontés, je n'ai vu que le devoir imposé, la route de labeurs tracée devant moi j'en ai rapporté une fortunefruit de mon courage et de ma loyauté. A mon retour mes biens con sidérables m'ont fait obtenir la place de fermier-général qui consolidait ma situation làj'ai tout fait pour y devis de ce genre. Ce serait un excellent instrument d as sistance publique. Ce sont des travaux qu'on peut exé cuter, sans apprentissage, dont le prix est presque ex clusivement employé en main-d'œuvre. La commission chargée de l'examen du projet de loi relatif au commandement double confié M. le général Changarniers'est encore ajournée demain pour en tendre M. le ministre de l'intérieur. Il résulte de chiffres dont l'authenticité nous parait très-convenablement prouvée, qu'à la soirée donnée par M. le préfet de la Seine aux 300 touristes anglaisil a été bu 8,000 verres de punch, et 800 bouteilles de vin de Champagne la marque Greno et Wibert. Il est juste de dire comme circonstance atténuante que 200 français en viron assistaient les 300 buveurs insulaires et que le Champagne était frappé de glace. Il a neigé ce matin et la nuit dernière, les toits por taient encore la trace de cet incident dans la deuxième moitié du mois d'avril. Une gelée assez piquante avait lieu d'ailleurs au moment où le neige tombait. Florence, 12 Avril. Le ministre de France M. le ministre des affaires étrangères. Une réaction en faveur du grand duc vient d'avoir lieu Florence. Toute la population s'est prononcée avec enthousiasme. M. Gurazzi est gardé vue. L'assemblée est dissoute. On envoie une députation Gaëte. C'est enfin hier soir, que l'Opféra a donné la première représentation du Prophète, cet opéra en 5 actes que M. Meyerbeer a fait attendre depuis 3 ou 4 ans au public pari sien. Il est impossible de relever une première audition toutes les merveilles de la musique de l'illustre maestro mais on a pu constater dès cette première représentation que le Prophète n'était pas au-dessous de la musique de Robert le Diable et des Huguenots. Le sujet est peut-être un peu sévère et les premiers actes sont froids. Il s'agit de la conspiration des anabaptistes qui eut lieu au 10® siècle Munster et qui avait pour chef Jean de Leyde qui se fit proclamer prophète et fils de Dieu. Jamais on n'avait vu l'opéra des décors aussi splen- dides. Les scènes des premiers actes, où l'on voit arriver au marché de Munster les paysans patineurs, ont produit beaucoup d'effet; mais ce qui est surtout magique, c'est la scène de l'incendie qui termine le 5® acte. Il est im possible de se faire une idée de la magnificence d'un pareil spectacle. Roger, qui jouait le rôle du Prophète, s'est acquitté de son rôle avec une véritable supériorité; sa voix a conservé jusqu'à la fin une fraîcheur qui rap pelait les plus beaux jours du malheureux Nourrit; il a été du reste, admirablement secondé par Mmo Viardot- Garcia, par Mm® Castellan et par Levasseur. ÀLS.Iîïî ACtNïE. On écrit d'Altona, le 14 Avril, la Gazette de Cologne Nous venons de recevoir la nouvelle que les Saxons et les Bavarois ont pris d'assaut le 13, les retranchements de Duppel, qui était l'unique point dans le Sundwitt où les Danois se tenaient encore depuis les derniers engage ments. On reçoit en même temps l'avis que les frontières du Jutland ont très-probablement été franchies aujourd'hui par la première brigade allemande. On est toujours sans nouvelles positives du théâtre de la guerre en Hongrie. La Gazette d'Augsbourg évalue les forces des insurgés 100,000 hommes. Ils ont une nombreuse cavalerie, dont un régiment de lanciers polonais et 4 régiments de hussards, puis un train d'artillerie et 80 canons leur in- joindre l'estime publique, le repos, l'honneur. J'ai tou jours été le même pas un de mes cheveux n'a blanchi hors de la tâche imposée; ma vie n'a été qu'une longue veille de labeur. Et en une minute, ta présence icimon nom prononcé par toi, ailait me faire perdre tout le ré sultat de cette vie. Mon existence passée restait absolu ment la même, et cependant telle est la loi du monde que notre parenté allait la flétrir jamais. En mourant sur la roue lu me léguais ta misère et ton infamie; mes biens étaient confisqués pour satisfaire la justice, ma tète vouée l'opprobre, l'exil. Comprends-tu maintenant que j'aie voulu te faire assassiner? En disant cela, les traits de Marillac étaient enfin ani més, la chaleur avait monté son front, ses yeux étaient brillants dans leur profond orbite. 11 y avait quelque chose de saisissant voir cette figure couverte jusque-là d'un silence de glace, et qui laissait enfin éclater tout le mystère de l'âme le marbre s'ani mait pour la première fois; il faisait entendre une parole dure et froide comme lui, mais imposante par sa force et son immutabilité. Mais pourquoi, dit Mandrin, avoir choisi votre propre fils pour en faire l'instrument du crime? Et quel autre qu'un enfant élevé dans les Indes, au milieu des nouveaux chrétiens encore rempli de toute la ferveur primitive, confié ensuite aux mains d'un prêtre exalté dans la solitude par la méditation et la prière, eût eu assez de foi, assez d'enthousiasme religieux pour tenter les dangers d'une telle entreprise, pour s'exposer la mortdans le but de délivrer la terre de l'ennemi de Dieu

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Le Progrès (1841-1914) | 1849 | | pagina 2