-V 832. 8e Année.
Jeudi. 2G Avril 1849.
JOIHWL D'YPRES ET DE L'ARROÏVDISSEMEYT.
Vires acquirit eundo.
IXTLKIEIK.
Le capifaîiic Alaiiririn.
ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50 c. Provinces, 4 francs.
INSERTIONS: Annonces, la ligne 45 centimes.Réclames, la ligne 30 centimes.
Le Procrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
VPKES, le 15 Avril.
Une question qui, chaque fois qu'elle se pré
sente, passionne les Chambres, sera agitée
bientôt. Nous voulons parler de la loi sur les
sucres. Bien souvent déjà, on a essayé de sou
mettre la production saccharine un régime
équitable au point de vue du trésor et en main
tenant la co-existence des deux sucres, celui de
la betterave et celui de la canne. Mais jusqu'ici
on n'a pas réussi. En 1843, nous avons eu la
première loi sur les sucres, son auteur était M.
Smils si nous ne nous trompons. Elle était
favorable au trésor, mais sous l'empire de celle
législation, les raffineries ont dû cesser de tra
vailler et la betterave profitait de tout ce que
perdait sa rivale, la canne. Le commerce a ré
clamé et a fait comprendre combien il était
déplorable de voir chômer nos raffineries et
exposé le tort que faisait aux relations commer
ciales etmarilimesdu pays, la ruined'une indus
trie autrefois prospère et indispensable l'exten
sion de la marine belge, qu'on voulait protéger
par des droits différentiels.
En 18-46, M. Jules Malou, de gouverneur
d'Anvers étant devenu ministre, on comprit la
nécessité de modifier la loi sur les sucres de M.
Smils. On exigeait pour le trésor un reveuu
de trois millions de francs et en outre la légis
lature se refusait sacrifier la betterave la
canne. Dans ces termes, la loi était difficile
faire. M. Malou soumit son projet, et crut
avoir trouvé le secret de satisfaire tous les in
térêts. Après de longues discussions, la loi fut
adoptée, telle qu'elle avait été proposée. Mais
dès la première anuée qu elle fut eu vigueur,
pne insuffisance de revenu d'environ un million
quatre cent mille francs fit comprendre qu'on
n'en avait pas encore fini avec cette question.
Cependant en 1848, le trésor de I état a perçu
les trois millions que l'accise sur les sucres de
vait lui rapporter. Les raffineries ont retrouvé
l'activité que la loi de M. Smits leur avait mo
mentanément enlevée. Mais une autre opinion
se fait jour maintenant. On prétend que celte
exportation de sucre, ce commerce, n'est que
factice, qu'il n'enrichit que le commerçant, et
qu'il se fait au dépens du pays qui paye des
primes énormes pour permettre nos raffine
ries de soutenir la concurrence avec les étran
gers. Il paraît constant que nos propres produits
se vendent sur les marchés allemands et du
Levant plus bas prix que nous ne pouvons les
acquérir sur place, déduction faite du droit de
consommation.
Quoiqu'il en soit, il en est des sucres sur une
grande échelle comme des bières sur une plus
petite. La législation qui réglemente celte bran
che de l'industrie est très compliquée, facile élu
der et mesure qu'il s'introduit une amélioration
dans la fabrication une nouvelle loi devient
nécessairesous peine de voir tomber le pro
duit de l'accise zéro. La restitution du droit
de consommation et la prime que la loi accorde
au sucre exporté sont extrêmement favorables au
raffineur. Aussi celte industrie est-elle satisfaite
de la loi de 1846. Mais s'il est vrai que le com
merce d'exportation ne soit possible qu'au
moyen des sacrifices que fait la Belgique et que la
nation doive s'imposer l'obligation de consom
mer le sucre plus cher, afin qu'ailleurs on
puisse le vendre plus bas prix nous disons
que c'est une immense duperie et qu'il importe
qu'on revienne au plutôt sur la loi de 1846,
qui ne favorise que quelques-uns, au dépens
de tous les consommateurs.
Les deux échevins de la commune de S' Jean
ont encore une fois donné leur démission Celte
commune est destinée être éternellement le
théâtre de la discorde et de risibles bisbilles,
l'ar arrêté royal du 21 avril 1849, les démis-
sions données par les sieurs Van Wonterghem et
De Bandt de leurs fonctions d'échevius de la
commune de S1 Jean, sont acceptées.
Par arrête royal, en date du 20 avrille sieur Car-
pentier (Jacques), avoué licencié près le tribunal de
première instance d'Ypres, est nommé juge suppléant
la justice de paix du premier canton de cette ville, en
remplacement du sieur Donny, déccdé.
La mesure qui a frappé M. Van Atsteina été com
mentée de différentes manières par la presse. Les jour
naux do l'opposition ont cherché en faire un grief au
ministère. Quant nous, après avoir lu la prétendue jus
tification de ce haut fonctionnaire, justification qui le
condamne suffisamment devant l'opinion publique, et les
explications données par le Moniteurnous ne pouvons
que féliciter le pouvoir de l'acte de justice qu'il vient de
poser, car ces explications témoignent de la ferme in
tention de l'administration libérale de ne plus tolérer
en aucune manière, que ceux qui, parleur position élevée,
doivent donner l'exemple de la probitése permettent
des actes que la loyauté repousse.
L'indulgence dont une certaine presse fait preuve
l'égard de M. Van Alstein, donnerait lieu de croire que le
fait qu'il s'est permis est très-innocent et qu'il est justifié
par l'habitude. Il est possible, en effet, que les choses se
XXIII. —VN VOLEDÎl ET ON HONNÊTE HOMME. (Suite
Non; il y a lâcheté renier un parent dans le der
nier degré du malheur, et je n'ai point de miséricorde
pour un sentiment lâche.
Qucdirais-je donc, juste ciel reprit Marillac, tandis
qu une larme brûlante coulait sur son visage creusé t'im-
plorerai-je au nom de Dieu, tu ne le connais pas... Oh
si cependant, car je vais te prier au nom de ce jeune
David qui est 1 image de Dieu sur terre, et que, pourtant,
tu as aimé.
De David
Oui, de ce jeune homme si tendre, si pur, qui ne
fut jamais coupable envers toi; car tout en voulant
anéantir Mandrin qui n'était pour lui qu'un objet imagi
naire, un fantôme horrible, il t'aimait, toi, sous ton nom
supposé, il t'aimait comme un frère. Et ce serait lui que
tu perdrais Après lui avoir déjà fait tant de mal, veux-tu
le condamner encore la hontela misèrela malé
diction du monde.
Le cœur de Mandrin s'émut ce nom il s'écria
Eh bien! pour David!..
Un jeune homme pâle, frémissant, s'élança du fond du
cachot, cl se jeta entre Marillac et le prisonnier.
Non, dit-il Mandrinne fais pas ce sacrifice pour
moi, je ne l'accepterai pas.
David
Tu étais là crièrent en même temps Mandrin et le
fermier-général.
Oui, répondit le jeune homme en montrant un point
du cachot de sa main tremblante, j'étais là, près de la
porte, derrière ce pilier... Je vous avais suivi, mon père
les gardiens m'ont cru avec vous, ils m'ont laissé passer
mais en entrant ici... un serrement de cœur... je n'ai pas
osé me montrer, et
Et de l'endroit où vous étiez caché, dit Marillac avec
une froide colèred'étranges révélations sont parvenues
jusqu'à vous?
Le regard de David se détournait de son père il savait
soient longtemps passées ainsi; mais, est-ce une raison,
parce que des abus semblables ont clé tolérés, parce que
de tels actes ont été impunis qu'il en soit toujours ainsi
et que les finances de l'état continuent être exploitées
et gaspillées sans délicatesse par des employés supérieurs,
quand les employés inférieurs sont punis sévèrement
pour la moindre faute?
Nous le répétons, M. Frère vient de poser un acte de
justice et de fermeté dont l'opinion publique lui sait gré
parce qu'il prouve que dorénavant le môme poids et la
même mesure seront employés pour les grands et pour
les petits. Journal de Bruges.
Un arrêté royal daté du 49 avril, approuve une dé
libération du conseil communal de Dixmudc, Flandre
occidentale, tendant obtenir l'autorisation d'emprunter,
au moyen de l'émission d'actions de cent francs, l'inté
rêt annuel de 4 p. une somme de 35,000 francs,
remboursable dans le terme de 35 ans et destinée cou
vrir la part de la ville dans les frais de construction de
la route pavée reliant celle de Dixmude Pervysc la
chaussée de Loo.
On lit dans YÉclaireur de Namur i
L'impôt sur le sucre fait sortir cinq millions des poches
des contribuables il peut en produire six sans inconvé
nient; mais que ce soit l'avantage de la communauté
nationale et non plus celui des consommateurs étrangers
de sucre raffiné.
Qu'avec les trois ou quatre millions que l'on percevra
en plus des recettes actuelles, on abaisse de 75 p. c. l'im
pôt sur le sel et dès l'année prochaine on sera même
de réaliser la réforme postale 10 centimes.
Que l'on songe que cette réduction sur le sel donnera
une grande activité aux raffineries de sel et que ces mêmes
villes d'Anvers et de Gand peuvent y trouver une com
pensation de ce qu'elles perdront sur le sucre.
Le sel est indispensable la saine alimentation de
l'homme et celle des animaux, il forme en même temps
une matière pour plusieurs industries qu'on en abaisse
le prix et une immense amélioration se trouvera réalisée.
Or, vous le pouvez, vous n'avez qu'à le vouloir; sup
primez radicalement les primes l'exportation des sucres.
Que ceux qui raffinent le sucre, se mettent en mesure de
raffiner le sel dont la consommation doublerait et tout le
monde y trouvera son compte.
Vous aurez fait acte de justice et de bonne et sage éco
nomie et par cela même vous aurez gagné une vraie et
durable popularité.
Un arrêté royal du 44 avril, accorde un subside de
3,000 fr. l'administration communale de Bruges, pour
l'aider continuer la distribution de soupes aux ouvriers
indigents de cette ville.
Par mesure d'économie, l'an dernier aucun corps de
l'armée ne s'est rendu au camp de Beverloo l'époque de
la période des grandes manœuvres. Il est positif qu'il n'en
sera pas ainsi cette année, et l'on désigne déjà le régiment
des guides et le régiment d'élite comme devant faire
partie du camp. Ce que nous avions annoncé, il y a quel
que temps déjà, du changement de garnison pour le régi
ment des guides, parait devoir se confirmer. Jde Bruges.)
maintenant qu'un féroce égoïsme s'était joué de lui et de
sa piété pour le pousser un crime intéressé en y don
nant l'apparence d'une mission céleste.
Il appuyait comme autrefois sa tète décolorée, mais si
expressive, si touchante, sur l'épaule de Mandrin. Il avait
tout oublié, leur rivalité passée, ses propres souffrances,
pour ne songer qu'au sort du prisonnier... Cette âme
tendre et généreuse était surtout portée se passionner
pour le malheur.
Non, dit-il Mandrintu ne feras pas ce sacrifice
de renoncer aux seuls parens que tu aies sur la terre
dans le moment affreux qui se prépare de rester seul
devant les souffrances de la mort... Et nous, nous ne vou
lons pas t'abandonner non plus nous serons là pour faire
au moins tout ce qui dépendra de nous: souffrir avec toi
Malheureux! s'écria Marillac, penses-tu qui tu
parles
Je parle au plus grand des criminels, répondit
David, dont les traits rayonnaient d'une splendeur divine.
A quoi servirait-il donc que le Christ fût descendu sur la