EXTÉRIEUR.
a
On écrit d'Ostende, en date du 22 avril:
Nous apprenons qu'un petit navire, appartenant au
port d'Ostende, s'est perdu dans la dernière tempête; un
homme s'est cassé la jambe.
Le navire anglais, échoué l'ouest du port, a été vendu
hier pour la modique somme de 450 francs.
La malle belge qui s'était réfugiée dans le port de
Boulogne n'était pas encore rentrée ce matin.
Hier soir est entré dans le port d'Ostende le sloop
belge Dart. Ce navire ayant'pour chargement vingt-deux
chevaux bord, avait quitté notre port vendredi dernier.
Arrivé la hauteur de Nicuport il a été assailli par la
tempête qui a occasionné tant d'autres désastres sur nos
côtes; il fut bientôt obligé de fermer les écoutilles, pour
empêcher le navire de couler. HierlcDarf débarquait vingt
chevaux morts, et deux autres encore vivants. C'était
un bien triste spectacle de voir ces malheureux animaux,
portant partout d'affreuses blessures qu'ils s'étaient
portées les uns aux autres dans leur terrible agonie.
C'étaient des chevaux de prix rien n'était assuré on
estime, la perte 14,000 fr., le propriétaire des chevaux
était bord. Le navire a également beaucoup souffert.
Un arrêté royal du 18 mars accorde chacun des offi
ciers généraux désignés ci-après, une pension annuelle
et viagère, savoir: baron Evain (L.-A.-F.lieutenant
général, 7,550 fr. Skrzynecki (J.-J.), lieutenant général
7,560 francs.
L'officier de l'état-civil de Liège a prononcé samedi
dernier le divorce qui avait été réclamé et obtenu par M.
Dupret, professeur l'université de Liège.
FRANCE. I*nos. 21 Avril. La discussion s'est
engagée hier, dans l'Assemblée nationale, sur le cau
tionnement des journaux. Le système du gouvernement
qui était la prorogation pure et simple du régime exis
tant, a fini par prévaloir après une lutte assez vive, mais
avec une modification qui a son importance.
M. Ledru-Rollin a eommencé par proposer la suppres
sion pure et simple-du cautionnement. Ce système a été
repoussé par 425 voix contre 226. Ensuite est venu le
système de la commissiontendant la réduction du
cautionnement moitié. 11 a été également repoussé par
532 voix contre 2!)1
Le projet du gouvernement ayant été adopté, l'oppo
sition a fait un dernier effort qui a réussi. Par 528 voix
contro 311, elle a fait passer l'article suivant
Pendant les 45 jours précédant lesdites élections
générales, tout citoyen pourra, sans avoir besoin d'au
cune autorisation municipale, afficher, crier, distribuer
et vendre tous les journauxfeuilles quotidiennes ou
périodiques, et tous autres écrits ou imprimés relatifs aux
élections. Ces écrits ou imprimés, autres que les journaux,
doivent être signés de leurs auteurs.
Ces écrits ou imprimés, autres que les journaux,
devront être déposés, dans chaque arrondissement, au
parquet du procureur de la république, avant qu'on
puisse les afficher, crier, vendre ou distribuer.
Les afficheurs, crieurs, vendeurs et distributeurs
feront connaître aux maires de leurs communes, leurs
noms, profession et domicile.
L'infraction aux dispositions des deux précédents
paragraphes sera punie d'une amende de seize deux
cents francs, et d'un emprisonnement de dix jours
un an.
L'assemblée nationale, émue delà désertion qui faisait
chaque jour des progrès sur ses bancs, s'est décidée hier
adopter un remède héroïque, et elle a décidé que les
congés ne seraient accordés qu'après un mur examen, par
une commission nommée par l'assemblée, et que les noms
de ceux qui, pendant trois jours, n'auraient pas pris part
aux scrutins de division et aux appels nominaux sans
justifier de leur absence devant la commissionseront
signalésau Moniteur comme irrégulièrementabsents. Ces
mesures auraient probablement suffi, il y a un mois, pour
arrêter l'envie des représentons, d'aller faire des voyages
dans leurs déparlemens. Mais comme le moment des élec
tions approeheetqu'il n'y a plus guère que trois semaines,
d'ici au 13 inai, il est très-probable que les mesures adop
tées hier par l'assemblée ne suffiront pas. On n'aura
bientôt plus aux séances que les membres qui sont cer
tains d'avance de ne pas pouvoir être réélus et qui n'ont
pas intérêt quitter Paris. Nous devons en conclure que
les premiers jours du mois prochain, l'assemblée, après
avoir terminé le budget et voté sur l'indemnité des colons,
se décidera d'elle-même s'ajourner.
On s'étonne que M. L. Faucher n'a pas fait de nou
velles tentatives pour décider l'assemblée nationale s'oc
cuper de la troisième délibération de la loi sur les clubs.
11 parait qu'il a été décidé dans le conseil, que l'on renon
cerait pour le moment cette loi, dont la présentation a
été une faute de la part du ministère. On attendra sans
doute la nouvelle chambre pour revenir sur cette question.
La nouvelle répandue par un journal, de la folie de
Rossini, est complètement'fausse. Nous avons eu sous les
yeux une lettre datée de Bologne, le 8 avrilécrite par
l'illustre eompositeur, un de ses amis de Paris et dans
laquelle il parle de sa santé qui est meilleure et de l'es
poir qu'il a de voir son pays prochainement purgé des
démolisseurs qui le ruinent et l'oppriment.
Le tribunal de police correctionnelle de la Seine (7e
chambre), présidé par M. Jourdain après avoir entendu
les conclusions de M. Auguste Marie, substitut du prési-
dentdela République, dans l'affaire de M.Eugène Raspail,
prévenu d'outrages et de violences envers M. Point, l'oc
casion de la déposition faite par ce dernier devant la
haute-cour de justiee séant Bourges, a prononcé aujour
d'hui en l'absence de M. E. Raspail.
Le tribunal a condamné Eugène Raspail deux ans de
prison, 1,000 francs d'amende et aux dépens.
On écrit de Toulon, la date du 17 avril:
Le plus grand mouvement règne sur rade et dans le
port. Les aides de camp sont sur pied du matin au soir
pour transmettre les ordres. On les voit bord des bâti
ments sous charge ou en réparation et dans les bureaux
des chefs de service, portant la parole au nom de l'amiral,
afin de presser par tous les moyens possibles les travaux
ordonnés.
On veut que l'expédition puisse quitter le port dans
quelques jours, et malheureusement les moyens d'action
sont insuffisants pour conduire cette opération avec toute
l'activité désirable.
n La division est attendue de Marseille, où elle est
allée prendre des troupes, et il est matériellement impos
sible, si elle n'y fait, comme on le dit, qu'un séjour de
quarante-hoit heures, qu'à son retour Toulon elle y
trouve les bâtiments-transports prêts recevoir la
remorque.
Il est très-vrai qu'il est fortement question de réar
mer le vaisseau l'Océanmais c'est pour le faire aller au
port de Brest, l'effet d'entrer en radoubs complet, at
tendu le mauvais état de ce trois-ponts.
Le vaisseau du même rang le Valmy, en armement
Brest, remplacera l'Océan Toulon.
Un grand nombre d'ouvriers de la direction des con
structions navales sont occupés aux installations des
transports la Provençale, la Perdrix et le Marsouin.
On suspend tous les autres travaux pour ne s'occuper
que de ces bâtiments.
Les deux vapeurs le Sanè, arrivé ce matin de Roche-
fort, et la Mouette font partie de cette expédition. La
Mouette prendra 600 hommes et du matériel.
On embarque une quantité considérable de vivres
sur les transports en partance. La boulangerie travaille
extraordinairement la nuit et le jour sans désemparer.
22 avril. On parle d'un contre-ordre qui retiendrait
dans nos ports l'expédition destinée pour Civita-Vecchia.
Nous ne savons si ce changement de front est du la
récente note remise par Tembassade anglaise, ou aux
nouvelles prétentions de Radetzki,quî sont probablement
de nature amener un conflit. Tout ce que nous pouvons
dire, c'est qu'un des membres de la députion romaine
vient de partir subitement pour Gaëte.
On apprend de Rome, la date du 11que M. Mer
cier, envoyé du gouvernement français, est parti pour
Gaëte, ayant échoué dans sa mission. Cette mission avait,
dit-on, pour but d'engager le triumvirat romain et l'As
semblée faciliter le retour du pape, pour éviter une
intervention autrichienne imminente, la France garan
tissant d'ailleurs au peuple romain toutes les libertés
constitutionnelles qu'il peut raisonnablement exiger.
PAYS-BAS. La Uite, 19 avril. Les héri
tiers de S. M. Guillaume II, font usage, par rapport la
succession de celui-ci, du bénéfice de l'art. 1070 du Code
civil, c'est-à-dire qu'ils acceptent l'héritage sous bénéfice
d'inventaire. La déclaration en a été faite mardi devant la
tribunal d'arrondissement de La Haye. En vertu de l'art.
1071 du même Code, les héritiers ont quatre mois pour
se prononcer.
il faut donc croire que la fortune du Roi défunt est
délabrée de telle manière que la famille royale n'ose s'y
aventurer tout d'abord car s'il ne s'agissait que d'un dé
ficit de un ou deux millions, nous pensons que, pour la
mémoire du père, les enfants passeraient outre.
Si la fortune de Guillaume II est anéantie, comme le
fait craindre la résolution delà famille, ce sera la bonté
de cœur de ce Roi que le désordre sera dû. Ce prince ne.
savait pas refuser; nous avons vu qu'il donnait de toutes
mains. Bien des gens se sont enrichis de ses libéralités.
On se dit ici que les héritiers ont des puissants motifs
pour adopter cette conduite. 11 paraît que le Roi donnait
légèrement sa signature qu'il créait des bons, qu'il les
remboursait sans retirer l'obligation. On craint que le
nombre de ces obligations éteintes réellement, mais non
détruites ni retirées, ne soient en très-grand nombre. On
assure qu'il se trouve Bruxelles seulement des obliga
tions de cette nature pour plusieurs millions de francs.
La confiance du Roi défunt dans les gens qui le servaient
était telle qu'il leur adressait purement et simplement des
sommes considérables pour remplir des engagements,
puis il ne pensait plus retirer sa signature, la laissant
ainsi en leurs mains comme en souffrance.
Cela étant, personne ne saurait blâmer les héritiers
de leur prudence. Mais comment distînguera-t-on les
obligations réelles des dettes soldées? La correspondance
sans doute aidera beaucoup découvrir la vérité. A la
commission précédemment nommée par le Roi actuel
pour examiner les affaires particulières de Guillaume II,
on vient d'adjoindre les avocats Fuber Van Riemsdyk et
Delprat, le notaire Eyssel et le procureur A. P. T. Eyssel.
Cette affaire occupe ici vivement le public. On savait
bien que le Roi décédé était généreux l'excès, mais per
sonne n'a pu s'attendre ce qu'une fortune que l'on doit
croire considérable, surtout depuis l'ouverture de la suc
cession de Guillaume l"r, put se trouver ainsi dépensée.
Cependant, la manie de bâtir, qui s'était emparée du Roi,
était fort coûteuse. A La Haye, les bâtiments qu'il a fait
construire sont considérables, et l'on dit que tout cela lui
coûtait infiniment plus qu'à tout autre propriétaire.
I1AI.IC. Rome, 11 avril. Le triumvirat a
décrété que tous ceux qui n'auront pas versé la première
partie de l'emprunt forcé devront l'avoir fait dans le délai
de 7 jours, sous peine de voir augmenter de 25 p.
leur taxe personnelle. Le Moniteur publiera les noms des
retardataires.
Une grande agitation régnait dans la ville. Une demi-
compagnie de cavalerie était en armes dans le préau du
palais de la Consulta, siège des triumvirs; des groupes
nombreux se formaient sur la place. Une fouledecitoyens,
la plupart portant la coiffure de la garde civique, parcou
raient les rues armés de fusils. On dit que les quartiers
Transtevcre et Monti ont manifesté des dispositions hos
tiles aux triumvirsv Plusieurs arrestations ont eu lieu.
Hier, six soldats de la ligne ont été amenés ici, accusés
d'avoir tenté de déserter leur poste sur la frontière de
Naples. Le 5, Mgr Giacomi Gallo, secrétaire de la con
grégation des indulgences et des sacrées reliques, avait
été arrêté.
Florence, 13 avril. La garde nationale de tous
les environs s'est réunie en ville. Il est arrivé des masses
de paysans, armés de bâtons, de haches et de faulx, et
précédés de bannières. Ils portaient l'écusson grand du
cal, et criaient: Vive Léopoldll! mort aux libéraux
Le soir, un Te Deum a été chanté dans la cathédrale
pour célébrer la restauration de Léopold II.
Pendant la journée, ki foule s'est portée aux bureaux
du journal l'Alba pour y commettre des violences. Il a
fallu employer les forces pour disperser les rassemble
ments. Les paysans qui sont entrés tumultueusementdans
le café Ferruccio et s'approchaient des tables, ont forcé
les consommateurs baiser les armes grand-ducales.
Un décret met fin la mission du professeur Monta-
neili, Londres et Paris. Livourne n'a pas encore
tout son empire sur lui-même et son flegme habituel.
Mandrindit-il je n'espère plus qu'en vous, mais
j ose maintenant compter sur votre générosité, car la ten
dresse même que vous montre ce jeune insensé doit vous
engager le sauver; ainsi, demain, au tribunal.
- Demain, monsieur, dit Mandrin avec un dédaigneux
souriredemain au tribunal j'aurai oublié votre nom et
vos traits.
Ensuite je reviendrai...
La veille de ma mort, n'est-ce pas? car vous en
craignez le lendemain.
Je reviendrai savoir si mon fils et moi nous devons
tomber en même temps que vous.
Le prisonnier inclina la tète devant M. de Marillac et
tendit les bras David, qui s'y précipita en répétant:
Mon frère
Suivez-moimon filsdit le fermier-général sur le
seuil du cachot.
J'obéisdit le jeune hommemais moi aussi je re
viendrai (La suite au prochain n°.)
terre, si le condamné n'y trouvait pas un frère?
Marillac, cette heure, souffrait cruellement de son
propre ouvrage il avait jeté son fils sur cette voie d'exal
tation religieuse, et maintenenl son fils l'écrasait, lui,
dans son élan sublime.
Mandrin ne pouvait que serrer son jeune parent dans
ses brasen répétant
David
Louis! dit le jeune homme, Louis! C'est ainsi que
je l appelais dans mon enfance, quand mes lèvres pou
vaient peine balbutier un nom, et que mon cœur savait
déjà t'aimer. Oh rends justice cette tendresse d'enfant
dis qu elle s est bien conservée dans mon cœur, malgré
1 absence et les changements de l'âge dis que dès que je
tai revu un instinct fraternel m'a entraîné vers toi!
Au nom du cielDaviddit son père en pâlissant
davantage, songez que cet homme est le héros des bri
gands et l'horreur du monde.
Le jeune homme saisit les deux mains du prisonnier,
es éleva comme pour en montrer les chaînes et jeta un
regard de reproche son père.
Le passé n'existe plus, dit-il d'une voix profonde.
Mandrin a laissé sa vie d'autrefois derrière lui: ces mu
railles le séparent de ses crimes comme des lieux sauvages
qui en furent le théâtre.
0 David cœur généreux, dit le prisonnier, tu es
seul me pardonner; mais tu me pardonnes, c'est assez.
Et Dieu, tu n'y penses donc pas Dieu aussi veut te
pardonner puisqu'il te purifie par le malheur et te fait
racheter tes fautes sur cette terre... Oh mais c'est vrai,
tu n'as jamais pensé Dieu toi tu ne l'a jamais cherché
dans les œuvres de la nature et dans le firmament d'é
toiles. Eh bien tant mieux que tu ne l'aies jamais connu,
car il t'apparaitra tout d'abord son plus haut degré de
grandeur; par delà tous les cieux, quand tu iras le re
joindre, il va se montrer toi tout de bonté et de misé
ricorde pour te bénir et te pardonner.
Tandis que le pieux délire du jeune homme s'exhalait
ainsi, l'âme du vieux Marillac était refoulée plus avant
dans l'intérêt matériel, le fermier-général avait repris