JOLRAAL D'APRES ET RE L'ARROMIISSEAIEXT.
Vires acquint eimdo.
.V S3 1. 0' Année.
.lundi3 Mai 181».
ATtONNEMENTS A'pues (franco), par trimestre, 3 francs 30 e. Provinces, 4 francs.
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Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit'
être adresse l'éditeur, Marché au Reurrc. On ne reçoit que les lettres affranchies.
IMÉltlElIl.
APRES, le 1 Mal.
Le journal le Progrès entre dans la neuvième
année de son existence. l'our une feuille qui a
contmencé sa carrière sous l'omnipotence du
parti catholique et qui n'a fait que gagner des
forces pendant la lutte active qu'elle a soutenue
contre ce partic'est quelque chose que de
vivre pendant neuf années, quaud on voit
tant de journaux paraître de nos jours et n'a
voir qu'une existence éphémère. Dévoué aux
principes d'un libéralisme sage et progressif,
voulant conserver les institutions politiques
telles qu'elles existentmais en les améliorant
progressivement, le Progrès n'a jamais varié
dansson langage. La lignede conduite qu'il a te
nue, il continuera la suivre, et professer celte
conviction que l'amélioration des institutions et
de la situation des peuples ne peut s'opérer
l'aide des révolutions. Voulant l'ordre légal
avant tout, parce que sans lui, il n'v a pas de
liberté possible, le journal le Progrès prêtera
toujours son concours pour le maintenir, l'au
torité quelle qu'elle soit et fera tous ses efforts
pour persuader que nul n'a gagner aux bou
leversements politiquesles classes ouvrières
moins que toutes autres.
Pendant quelque temps nos anciens adver
saires ont semblé revenir de meilleurs senti
ments et ne plus poursuivre la prédominance
du spirituel sur le temporel. Une catastrophe
survenue dans un pays voisin paraissait leur
avoir inspiré une peur salutaire et ils ont eu
l'air, pendant quelque temps, de s'affaisser. Le
parti clérical, car il faut bien l'appeler par son
véritable nom, n'en travaillait pas moins sour
dement. Ayant pour principale force, pour
solide point d'appui, une hiérarchie qui se re
nouvelle toujours, quoique toujours imbue du
même esprit, il revient sans cesse battre en
brèche le pouvoir laïc'qui représente la société
et peut-être finira—t—ilde guerre lasse, par res
saisir, si l'on n'y prend garde, une influence
prépondérante. 11 sent si bien que sa bannière
est antipathique 1 opinion publique, qu'il la
cache et se dissimule autant que possible sous
toute espèce de nom et de prétextes spécieux.
Le capitaine Mandrin.
XXtV. LES MOMENTS QU'ON NE PEUT PEINDRE. (Suite.)
Jusqu'à ce moment Mandrin avait été tenu dans l'iso
lement le plus completce ne fut qu'après le jugement
et le soir même de ce jour, que les membres du tribunal,
touchés du désespoir de mademoiselle de Chavailles, dont
les infortunes avaient pris une triste célébrité, lui permi
rent de pénétrer dans la prison du condamné.
Ce jour était aussi celui que M. deMarillac avait désigné
pour revoir son neveu et apprendre la volonté de celui
qui pouvait le livrer ou le soustraire au déshonneur.
C'était donc le 24 octobre 1751six heures du soir,
que Isaurc, enveloppée d une sombre mante et toujours
appuyée sur le père Gaspard, son fidèle soutien, franchis
sait la porte voûtée du terrible sanctuaire.
Ils marchaient tous deux dans le dédale des longs et
obscurs couloirs de la prison, éclairés de loin par des
réverbères dont la terne lueur se réfléchissait sur le fer
des baïonnetteset plongés dans un silence qui n'était
interrompu que par le pas des sentinelles.
Isaure était tremblante comme une feuille prête de se
détacher de sa tige pour tomber sur la terre. Le froid hu
mide de ce lieu souterrain pénétrait le trop délicat réseau
de sa frêle organisation, et se répandait jusqu'à son âme.
Ses genoux affaiblis se dérobaient sous elle, et cependant
Nous avons eu combattre les catholiques
qui, usés, se sont qualifiés cl honnêtes gens,
pouraprès devenir des modérés, qui enfin se
sont transformés en commerçants et indus
triels. Il est croire que ce ne sera pas leur
dernière métamorphose, car mesure que la
fausseté et la rouerie du parti clérical et de ses
banquisles seront appréciées, ou sentira le besoiu
de se mettre la recherche d'une nouvelle dé
nomination comme Jérôme Paturot la re
cherche d une position sociale. Nous ne parlons
pas des dupes qui se mettent la suite de ces
liaziles, et des fripons qui leur servent d'in
strument, il faut abandonner ces malheureux
leur aveuglement incurable. Contentons-nous
délablir qu ils servent souhait les desseins
des catholiques et qu ils méritent leur recon
naissance.
Libéral depuis sa naissance, le Progrès main
tient hautel fermesa bannière et la maintiendra
toujours. Il saura combattre avec une énergie
indomptable les intrigues cléricales, là où elles
apparaissent et les mauvaises passions, du mo
ment qu'elles oseront se révéler au public. Sans
peur et sans reproche, il se tiendra dans l'arène
prêt défendre la liberté légale, juste et rai
sonnable. Seule I opinion libérale peut se char
ger de celle noble mission, elle n'existe que par
la liberté, tandis que son adversaire, le parti
clérical, a pour base l'autoritéet par conséquent
plus d'affinité avec le despotisme.
Cest aujourd'hui le libéralisme qui doit sau
ver les sociétés modernes de l'anarchie et pré
sider leur transformation politique. Il est
conforme l'esprit du siècle, et malheur aux
pays constitutionnels qui refusent de lui confier
la direction de leurs destinées l'anarchie ou la
désorganisation sociale les atlendeut.
Que ceux cpii croient que le parti dalholique
est bien décidé se tenir l'écart des luttes
politiques, apprécient les tendancesde la presse
soudoyée par le clergé et qu'ils nous disent, si
c'est la conduite que devraient tenir ceux dont
le divin maître a dit mon royaume si est pas
de ce monde. La question de I enseignement se
présentera et le clergé ne défend plus depuis
longtemps en cette matière, la libertéc'est le
elle eut voulu avancer rapidement, car chaque minute de
retard était perdue pour le temps passer auprès de son
amant, pour les seuls instants qu'elle eût vivre encore.
Appuyez-vous sur moi, ma fille, disait le père Gas
pard. Hélas vos jneds sont meurtris par ces longues
courses dans les montagnes.
Oh! les pesantes voûtes! les sombres murailles de
sépulchre!... peut-on jeter ici des êtres vivants
Vous frisonnez Pauvre enfant, depuis hier vous
n'avez pris aucune nourriture.
Des chaînes! murmura Isaure qui sentit un fer glacé
contre la muraille où elle appuyait la main pour se sou
tenir. Des chaînes... ou des haches peut-être!
La malheureuse enfant portait un teil hagard dans la
profondeur des souterrains; elle croyait en voir sortir des
bourreaux armés de fers, souillés de sang. Ils avançaient
en silence. Des soldats l'arme au bras passèrent au fond
du corridor.
Ces hommes! dit Isaurc en tressaillant, mon Dieu,
que veulent ces hommes
Rien, mon enfant, c'est un poste qu'on relève; il
n'y a rien craindre...
Pour aujourd'huiachcva-t-elle avec le plus déchi
rant sourire.
Ils avaicut franchi l'escalier tortueux et étaient des
cendus dans les couloirs inférieurs, plus étoullés et plus
monopole qu'il s'est fait concéder et dont il de
mande le maintien, car l'instruction primaire
est sa dévotion il la régente en maîlre ab
solu, et l'état, la province, la commune n'ont
comme le voulait l'évêque de Liège, d'autre in
tervention exercer, que celle d'ouvrir la caisse
et de payer les frais. Encore si l'inslruclion que
le clergé fait donner, servait instruire la jeu
nesse, mais il s'agit bien de cela. Il a résolu le
problème d'instituer des écoles pour cultiver
l'ignorance, épaissir les ténèbres et nourrir les
préjugés. Tout homme de bonne foi qui ne
se laisse pas tromper par des semblants de li
béralisme et qui examine attentivement les res
sorts qu'on fait jouer en matière d'instruction,
ne pourra refuser l'aveu que de tous les ser
vices publics aucun n'est fondé sur des prin-
cipes'plusdétestables, que celui de l'instruction
primaire.
D'après des rapports que nous recevons de
tous les points de l'arrondissement, les dégâts
occasionnés par la neige et la rigueur de la
température que nous avons eues la fin du
mois d avrilseront beaucoup moindres qu'on
ne l'eut pu craindre au premier abord. Les
colzats ont été relevés et la végétation n'a pas
été interrompue. Les jeunes plants brisés ne
donneront aucun produit, mais ils sont en petit
nombre. Les tiges pour la plupart avaient flé
chies et les cultivateurs soigneux qui les ont
relevées immédiatement, ne subiront aucune
perle. Aujourd'hui nous jouissons d'une tem
pérature printanuièreles champs de colzats
sont magnifiques et on ne remarque plus de
traces de I aspect désolé que présentait celle
culture après le temps désastreux qui a signalé
le mois d'avril 1849.
Une commission d'examen pour l'école d'é-
quitalion a été nommée par M. le ministre de
la guerre qui l'a chargée d inspecter le cours
de faire subir un examen aux officiers et sous-
officiers détachés l'école et de lui faire un rap
port sur le résultat de sa mission. Composée de
MM. le général-major Duroyprésident, Du-
corroncolonel commandant le 2e chasseurs,
Dupont, colonel d'artillerie, Leurs, major d'ar
tillerie et Verheyen, inspecteur vétérinaire. La
obscurs encore què les autres.
Quelles ténèbres! dit Isaure, il n'y a pas d'heures
sous ces voûtes, pas de jours, pas de nuits rien que le
temps de la prison!... Oh! que ce temps doit être long!
Pas trop, ma petite dame, dit un soldat, qui l'avait
entendue; on n'y vit pas vieux, allez.
Et il se mit rire.
Un rire dans cet endroit c'était un coup de poignard.
Avançons mon Dieu avançons donc reprit Isaure
avec un mouvement frébile.
Oui, mais je me perds dans tous ces détours, répondit
le père Gaspardje uc sais par où nous devons prendre.
Ens'appiochantd'unesentinclle il lui montra son laisser
passer, afin que le fusilier lui indiquai la porte du cachot
qu'il cherchait.
Le cachot des condamnés mort, dit le soldat après
avoir lu: le corridor gauche, la porte au fond.
Isaure avait porté la main son cœur; une sueur froide
roulait de tout son corps; elle ne ]>ouvail plus se soutenir.
Le religieux la regarda avec une pitié désolée.
Ce n'est rien dit-elle.
Pauvre, pauvre enfant.
Je vous dis que ce n'est rien... Je ne veux pas mou
rir avant de l'avoir revu.
Enfin la porte du cachot s'ouvrit.
Mandrin était assis devant une petite table, et soutenant