-V 819. 9e Année.
Dimanche. 24 Juin 1S49
JOl'RXAL D'YPRES ET DE L'ARROXDISSEHEAIT.
Vues acquirit eundo.
Le neveu d'un Connétable.
ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50 c. Provinces, 4 francs.
INSERTIONS Annonces, la ligne 15 centimes.Réclames, la ligne 30 centimes.
Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
sentent, que ces dégoûtantes menées, dont les
ministres des autels se sont rendus coupables,
leur font perdre en respect et en autorité mo
rale, plus qu'ils ne pourront jamais gagner en
force.
YPRES, le 53 Jtnln.
L'élection du 19 Juin est une bataille gagnée
par le clergé; mais une de ces batailles qui
coûtent des pertes irréparables au vainqueur.
Les hommes dans le cœur desquels l'honneur
devrait se réfugier, s'il était banni de la terre,
ont fait bon marché des principes fondamen
taux de toute religion. Sincérité, probité et
délicatesse, tout a été foulé aux pieds. Oui, des
prêtres avides de ressaisir un pouvoir que l'é
vangile leur défend de revendiquer, ont eu re
cours aux plus viles intrigues pour assurer le
triomphe de leur parti. INi menaces, ni pro
messes, ni calomnies, n'ont été épargnées. On
a menacé les uns de la damnation éternelle
aux autres on a fait une condition de salut du
dépôt d'un bulletin électoral au plus grand
nombre on a dépeint le parti libéral constitu
tionnel que nous défendons, comme associé
aux démagogues de tous les pays, travaillant
la démolition des autels et des trônesenfin
comme donnant la main aux factieux qui ont
chassé le S1 Père et terrorisent la cité éternelle
pour les plus crédules, on a distribué un bul
letin rédigé en flamand dans lequel on attribue
l'élimination de M. Jules Malou tout le mal
qu'il a fait ou laissé faire notre cité et au pays,
pendant son passage au ministère. Faisant bon
marché des dates, îles faits et des résultats, on
a mis de côté toute pudeur et l'arme favorite
du jésuitisme cette arme dont une partie du
clergé a fait depuis quelque temps un si triste
abus dans ses journaux, a été, dans cette cir
constance encore, le principal auxiliaire auquel
il a eu recours.
Ces moyens, quelque déloyaux qu'ils soient,
peuvent avoir induit en erreur une population
ignorante et fanatique; mais tous ceux pour
qui la religion est une vérité et non un moyen,
ont déploré la conduite du clergé en celte cir
constance. Les gens réellement religieux ont
été dégoûtés du cynisme avec lequel les mi
nistres d un Dieu de paix ont été prêcher de
porte en porte la levée des boucliers contre le
ministère qui a sauvé la Belgique et la religion
au mois de Février 11348, et les plus judicieux
Suite.
II.—jehanne d'oist.
Nous prierons maintenant le lecteur de nous accom
pagner en face du Louvre, dans la maison devant laquelle
nous avons vu s'arrêter Clisson.
C'était le lendemain de la scène que nous avons fidèle
ment rapportée.
Rien au dehors de cette maison n'annonçait le luxe.
Elle était d'une simplicité qu'essayaient vainement de re
hausser quelques sculptures gothiques. La porte d'entrée,
étroite et basse, s'ouvrait sur un corridor au fond duquel
on apercevait l'escalier faiblement éclairé.
Arrivé au premier étage, on voyait se déployer peu
peu la richesse de quelques ornements, comme pour ae-
coutumer lentement la vue la splendeur.
Aussi parvenait-on la pièce qui faisait face sans être
surpris de son aspect la fois modeste et'grandiose; la
transition ayant été mesurée pour éviter la surprise.
En traversant celte première pièceon atteignait un
oratoire dont l'entrée était masquée par une élégante
tenture de velours vert fleurdelisé.
Dans cette salleornée avec l'apparat du quinzième
siècle, tout était silencieux et invitait au recueillement
le jour modéré n'y pénétrait que par des vitraux de cou-
Par arrêté de la Dcputation permanente du conseil
provincial, un subside de 100 francs est accordé cha
cune des communes de Becclaerc et de Gheluvelt, pour
les aider exécuter des mesures hygiéniques prescrites
1 occasion de la variole qui a régné dans ces communes.
Par arrêté royal du 23 mai, un subside de 200 francs
est accordé l'administration communale de NVulvergheni,
pour l'aider couvrir les frais d'amélioration du chemin
vicinal dit Keminel-stract, qui relie cette commune h la
chaussée d'Ypres Neuve-Église.
Par arrêté royal du 18 Juin, des subsides sont accordés,
savoir
A la commune de Passchendacle, 4,000 francs pour
achever l'empierrement de l'ancien chemin de Passehen-
dacle Roulcrs.
A Gheluvelt, 2,500 francs pour l'aider couvrir les
frais d'empierrement du chemin de Gheluvelt Zand-
voorde.
A Hollebeke, 600 francs pour mêmes travaux h exé
cuter l'ancien chemin d'Ypres Comincs. Ces travaux
feront suite ceux déjà exécutés par la commune de
Zillcbckc.
A Wytschaetc, 1,000 francs, pour divers travaux
d'amélioration la voirie vicinale.
A Poperinghe, 1,000 francs pour idem.
La Patrie doit être complètement rassurée sur la cou
leur politique des électeurs d'Ypres; elle les déclarait
avant-hier écarlate, aujourd'hui ils lui paraîtront sans
doute blanc comme neige car cette ville que la feuille
brugeoisc avait dépeinte comme renfermant les éléments
dont se compose la Montagne, a élu pour sénateur M.
Malou-Vanden Peercboompère de l'évêque de Bruges
et de M. Jules Malou, représentant élimine l'an dernier
par le même collège électoral.
Ce n'était vraiment pas la peine d'éliminer le fils au
quel malgré ses opinions arriérées, on ne peut refuser
beaucoup de talent, pour aller implanter une nouvelle
borne au sénat. (Journal de Bruges.
On écrit de Dixmude, 18 juin:
Dn déplorable accident vient d'avoir lieu, Dimanche
dernier, Dixmude. Entre huit et neuf heures du matin
et lors de la célébration du service divin dans la prin
cipale église du lieuune de ses étoiles qui ornent le
plafond de l'édifice, s'étant détachée et ayant fait du
bruit dans sa chute une terreur panique s'est emparée
des assistants et une bagarre terrible en est résultée.
leur. Sous une sorte de dais, cncourtiné de damas vert
fleurs d'or, on voyait une sainte Vierge sculptée tenant
entre les bras l'enfant Jésus.
L'ameublement se composait d'un grand fauteuil dont
les pieds tors simulaient, par le bas, des têtes de griffons;
d'un prie-Dieu bois dentelé, surmonté d'un porte-missel,
et enfin d'un escabeau recouvert d'étoffe aux crépines pen
dantes.
En ce momentune jeune femmeassise sur un fau
teuil, était complètement immobile, paraissant plongée
dans ses pensées, les yeux attachés sur la madone.
Cette jeune femme résumait le type de ces créations
divines dont le pinceau du Titien nous a laissé un aperçu.
Ses cheveux bloudsarrangés en grosses boucles garnies
de perles blanches, s'échappaient d'un chaperon d'azur
ouvert en cœur, selon la mode nouvelle: ses yeux veloutés
jetaient des rayons doux et carressants travers sa peau
fine et transparente, on voyait courir un réseau de petites
veines bleuissantes.
Ce qu'il y avait surtout de remarquable dans l'expres
sion de sa physionomie, c'était une bouche aux lèvres
délicatement rosées, laissant paraître une rangée de dents
d'une blancheur remarquable.
Son costume se composait d'une robe bleue étoilée
d'argentrecouverte d'un surcot de même couleurqui
mettait en relief sa taille mince et harmonieusement souple.
La foule s'est précipitée vers les portes, renversant tout
ce qui s'opposait elle. Un grand nombre de personnes
et surtout des femmes ont été foulées aux pieds. Plu
sieurs d'entr'elles ont reçu de graves contusions et une
femme vient même de succomber. Deux ou trois autres
se trouvent dans un état alarmantmais on espère les
sauver.
Ce malheureux événement a un moment jeté la con
sternation dans la ville, cependant les esprits, revenus
d'une première émotion, commencent se calmer.
Nous apprenons que mardi dernier, 19 de ce mois, vers
les 6 heures du matinuu incendie a réduit en cendres
la maison avec fournil et toit porcs d'une ferme
Cortcmarck, appartenant M. Edmond De Man, proprié
taire Bruges, et occupée par le sieur Charles Kaestecker,
et que le mobilier y renfermé a également été consumé
par les flammes.
COUR D'ASSISES DE LA FLANDRE OCCIDENTALE.
2e TRIMESTRE. 2e SERIE.
Présidence de M. Saney. Audience du 18 juin.
Les nommés 1° Ignace Vergote, fils de Pierre, âgé de
20 ans, filcur, né Ingelmunster et domicilié Oostroo-
sebeke; 2° Pierre Lefevere, fils de Jacques, Agé de 18
ans, ouvrier, né Ingelmunster et domicilié Oostroo-
sebeke, convaincus de vol avec circonstances aggravantes,
ont été condamnés: le premier cinq années et le second
six années de réclusion sans expositionet six années
de surveillance.
Audience du 19 juin.
1*Le nommé Edouard Ovacrc, âgé de 20 ans, né et
domicilié Vichte, ouvrier, convaincu de vol avec cir
constances aggravantesa été condamné cinq années
de réclusion, sans exposition, et six années de surveil
lance. Le co-accusé Charles Meyfroid a été acquitté.
2° Les nommés: 4° Donat Minne, Agé de 53 ans, ma
çon 2° Charles Sabbe, âgé de 45 ans, ouvrier 3" Ives
Duthoisfils d'IdcAgé de 26 ansfileur 4° Ives Van
Tieghcm, fils de Marthe, âgé de 53 ans, ouvrier 5' Jean
Van Tieghem, âgé de 25 ans, ouvrier, et 6° Ives Casier,
âgé de 50 ans, tisserand, tous nés et domiciliés Meule-
beke, convaincus de vol avec circonstances aggravantes
commis Pitthem au préjudice du cultivateur Persyn,
ont été condamnés: les premier et sixième chacun six
années de réclusion et les autres chacun cinq années
de la même peine, tous sans exposition, et rester, après
avoir subi leur peine, pendant cinq ans sous la surveil
lance de la police.
Audience du 20 juin.
Les nommés Augustin Callewaert, fils de François, âgé
de 19 ans, colporteur, né Gits et domicilié Lichter-
vclde, et Frédéric Callewaert, fils de François, âgé de 24
ans, colporteur, né Thourout et domicilié Lichter-
vcldeconvaincus de vol avec circonstances aggravantes
ont été condamnés: le premier cinq années de réclusion
sans exposition et cinq années de surveillanceet le se-
Elle portait au cou un carreau massif enrichi de fines
pierres.
Auprès d'elle était étendu, dans une pose admirable,
un grand levrier dont la pelure fauve était réhaussée par
le rouge d'un collier plaque d'argent.
La jeune femme oubliait parfois sa rêverie pour flatter
le superbe animal d'une de ses mains délicates.
Par moment, comme s'il eût été tenu en éveil, le levrier
se dressait sur ses pattes et écoutait avec attention en fai
sant jouer ses oreilles: mais bientôt il repoussait du bout
de son museau allongé le bras de la jeune fillecomme
pour lui demander encore un regard ou une caresse.
N'est-ce pas, Rapide, n'est-ce pas que tu me vaux
mieux, pour m'aunonccr une visite, que le gardien le
plus vigilant, lui disait la jeune femme en le flattant tou
jours de la main.
Et le levrier, comme s'il eût compris, bâlayait, en signe
d'assentiment, le tapis avec sa queue.
Oh mon Dieumurmurait ensuite la jeune femme
en reprenant son attitude réfléchie, comment a-t-il pu se
faire qu'après l'avoir tant aimé, mon amour ne soit main
tenant plus lui. Je devrais avoir du moins le courage d»
lui en faire l'aveu... oh ce que je fais est bien mal
Et elle éclatait en sanglots.
Aussi, reprenait-elle avec une voix tremblante:
quelle imprudence j'ai faite. Autrefois j'étais heureuse...