Quant ce qui touche d'autres produits de l'industrie manufacturière, pour lesquels on propose le maintien de la législation existante, il y a des raisons tout fait spé ciales. Nous pourrions porter atteinte des avantages que nous avons stipulés dans les traités. Ainsinous avons obtenu, par le traité de 1844 avec le Zollverein des avantages pour nos fontes et nos fers. Si nous per mettons le libre transit des fontes et des fers anglais, n'est-il pas craindre que les maîtres de forges de la Prusse, que les maîtres de forge des provinces rhénanes, qui ont pu ne pas redouter l'introduction de nos fontes et de nos fers en Prusse, vinssent tout coup s'émouvoir notablement de la concurrence que nous rendrions plus facile aux Anglais contre eux C'est un des motifs qui nous font maintenir le régime actuel en ce qui concerne les fers et les fontes. Hors de làil n'y aurait plus aucune espèce de raison pour maintenir le régime actuel en ce qui touche ces marchandises. Ainsi l'honorable membre reconnaîtra, je pense, que, sans nous exposer perdre ultérieurement les bénéfices qui nous sont assurés par le traité de 1844, il importe de maintenir la législation actuelle en ce qui concerne les matières auxquelles je fais allusion. Je persiste, messieurs, m'opposer l'amendement de l'honorable M. Vandenpeereboomsous-amcndé par l'honorable M. Manilius. C'est une véritable prohibition. Le droit que l'on propose d'établir n'est pas un droit de transit, c'est un obstacle absolu au transit. Je ne pense pas que la chambre puisse entrer, sans aucune espèce de raison, dans le système qui a été défendu par les hono rables membres. M. Toussaint.Messieurs, je n'entrerai pas dans la discussion de la loi des céréales qu'on semble vouloir rouvrir. Je n'entrerai pas non plus dans la discussion des principes de la prohibition d'une part et de la liberté d'autre part, en ce qui concerne le bétail, attendu qu'il ne s'en agit nullement. Je crois qu'un droit de 8 francs pour le gros bétail et de 3 4 francs pour le menu bétailn'est pas un droit prohibitif; je pense même qu'avec ce droit, les éleveurs hollandais auront encore un avantage faire transiter leur bétail par le chemin de fer, au lieu de le faire tran siter par les bateaux vapeur dont on a parlé et qui se dirigent vers le Havre et Dunkcrque. Il s'agit, messieurs, d'un point de fait. Il s'agit de sa voir si le droittel qu'on veut l'établir, sera réellement un droit prohibitif et j'invite les membres de la chambre qui connaissent la question, la débattre sur ce terrain. Quant moimessieurs, n'étant pas aussi versé dans ce qui concerne le commerce et la valeur du bétail et dans les faits agricoles que les honorables membres qui ont soulevé la question, je me bornerai démontrer que c'est pour être conséquent que nous devons établir un droit de transit sur le bétail. Nous avons un droit d'entrée sur le bétail hollandais, qui est de 4 5 fr. plus des additionnels, plus un timbre proportionnel, et on ne trouve pas que ce droit soit un droit prohibitif. Messieurs, lorsqu'il s'agit du marché intérieur nous rendons la concurrence légèrement plus désavantageuse pour les éleveurs étrangers. Eh bienpour être consé quents, nous ne devons pas avantager cette concurrence, lorsqu'il s'agit de marchés étrangers contigus notre frontière, alors surtout que nous n'avons pas un très- grand nombre de marchés sur lesquels nous puissions présenter notre bétail. M. le ministre des finances a parlé tantôt des conven tions diplomatiques. C'est spécialement ce point de vue que j'aipour ma part, appuyer la proposition de M. Vandenpeereboom, amendée par M. Manilius. Si nous établissons un droit de transit, et que plus tard nous ayons négocier avec la Hollande pour obtenir un traité général, l'abolition ou la diminution du droit de transit sur le bétail pourra nous faire accorder des compensa tions. Je m'emparerai de l'exemple invoqué par M. le ministre des finanees, quant aux produits de nos forges et aux fers expédiés en Allemagne, et je dirai que si nous voulons que le marché français nous reste ouvert et nous reste ouvert des conditions favorables pour notre bé tail, nous ne devons pas établir une liberté entière de transit vis vis d'un pays dont la production est presque, illimitée. Il ne faut pas que nous fassions une trop grande peur aux éleveurs français, de la concurrence belge aug mentée de celte concurrence si considérable des éleveurs hollandais. Je crois, messieurs, que les honorables députés d'Anvers ne doivent pas voir dans ce droit de 8 et de 4 fr. l'aboli tion de la navigation qui a lieu dans l'Escaut pour trans porter jusqu'à la Tète de Flandre le bétail destiné au marché français. Ainsi que je l'ai dit en commençant, ce droit de transit pourra modifier peut-être les prix de revient sur le marché de Lille et autres marchés françaisdu bétail hollandais en concurrence avec le nôtre, il pourra par suite nous laisser un léger avantage mais il ne suffira certainement pas pour empêcher le transit. D'ailleurs, messieurs, si c'est là l'intérêt qui préoccupe ces honorables membres, et je pense qu'il en est ainsi, alors je les engagerai pro poser une réduction sur le droit, pour arriver ce chiffre où il ne serait plus prohibitif. Puisqu'on admet un droit de transit pour les chevaux, je ne vois aucun motif de ne pas en admettre un pour le bétail dont il s'agit en ce moment je ne comprendrais pas qu'on fit une différence entre ces deux catégories, ou plutôt il me semble qu 'il faudrait de préférence appliquer la mesure au bétail destiné au marché françaisattendu que c'est un objet de production plus grande et de vente plus courante. Lorsqu'il s'agira d'établir, soit par les traités, soit par la loiun régime plus libéral en matière de comriterce, je serai du côté de ceux qui défendront la liberté; mais aussi longtemps qu'on tient un régime partiellement libéral, partiellement restrictif, je demanderai qu'on soit conséquent. En attendant, je crois qu'on est parfaitement logique lorsque, dans l'état de notre législation générale, on propose un droit de transit sur le bétail. .H. de Haerne. Messieursje suis d'accord avec l'honorable préopinant qui vient de se rasseoir: il faut établir dans nos lois de l'harmonie, il faut être conséquent dans les cas particuliers avec les principes que l'on admet en général. L'honorable M. Toussaint a très-bien démontré que, puisqu'il existe des droits sur d'autres articles, il n'y a pas le moindre motif pour ne pas établir aussi un droit raisonnable sur le bétail en transit. Toute la question est de savoir, comme il vient de le dire très-bien, si le droit proposé est prohibitif ou trop élevé. Pas plus que les autres membres qui ont défendu tout l'heure la liberté, pas plus qu'eux je ne veux un droit trop élevé je ne veux pas anéantir la concurrence, car il pourrait en ré sulter un certain froissement dans nos relations établies, et d'ailleurs la concurrence est un stimulant toujours nécessaire. Ainsi, messieurs, j'appuie le principe de l'amendement de l'honorable M. Vandenpeereboom, et je me rallie de préférence celui de l'honorable M. Manilius mais avant de dire de quelle manière je voudrais que le droit fut ap pliqué, je ferai quelques observations que je crois utiles, en réponse ce qui a été allégué tout l'heure dans un sens contraire mon opinion. Je viens répondre quelques objections de M. le minis tre des finanees. Je n'entrerai pas dans la discussion dans laquelle il est entré, au sujet de la liberté du com merce, dans ses applications aux céréales. Je ferai une seule observation. M. le ministre a cité l'exemple de la France. J'ai déjà déclaré plusieurs fois que l'exemple de la France est souvent très-mal invoqué en cette matière. On ne remarque pas que la France a considérablement augmenté sa production de céréales sous le régime d'une loi éminemment protectrice. Ce fait capital est constaté par la statistique agricole de France on n'en tient presque jamais compte dans cette discussion. lien est résulté, si vous voulez, un avilissement dans les prix mais ce que le cultivateur a pu perdre de ce côté, il l'a regagné par la quantité, et aussi en ce que ce produit est généralement plus avantageux pour le cultivateur que les autres. L'échelle mobile a mis l'agriculture française l'abri du danger d'une trop forte baisse, ce qui n'empêche pas que les prix des céréales, établis en moyenne sur un certain nombre d'années, aient été plus bas en France qu'en Belgique. Messieurs, j'en viens au transit. A cet égard, M. le ministre des finances a raisonné, je dois le dire, dans un sens dont je ne puis pas saisir la portée. Il m'a semblé dire que, dans cette matière, les droits protecteurs ne produisent pas l'effet désiré, qu'ils ne protègent pas, ou même qu'ils produisent un effet opposé celui qu'on en attend. Mais, messieurs, c'est là un renversement complet des idées que les hommes pratiques admettent en cette ma tière. Or, si le principe défendu par M. le ministre des finances était vrai, si l'effet protecteur était nul, dans ce cas même il faudrait encore établir des droits, ne fût-ce qu'au point de vue fiscal. Si les droits protecteurs doivent avoir l'effet que sem ble indiquer M. le ministre, pourquoi dès demain n'éta blirait-on pas un droit sur les céréales? il en résulterait au moins quelques millions pour le trésor. Mais M. le ministre va plus loin et semble vouloir éta blir, en principe, que les droits protecteurs, en matière de transit, diminuent nos exportations vers les marchés où nous rencontrons la concurrence des produits qui ont subi le droit de transit. Il a dit, l'appui de cette idée, qu'en 1844, il y a eu augmentation de nos exportations vers la Francealors que le transit était libre, tandis que nos exportations ont diminué vers ce pays en 1843, après le rétablissement du régime de protection l'honorable ministre en a conclu que la protection, en matière de transit, ne peut produire l'effet qu'on attend. L'honorable M. Coomans a très-bien répondu que si le transit libre n'avait pas existé en 1844, nous aurions exporté davantage. Qu'a répondu M. le ministre? Il a dit qu'il fallait suivre les faits je le veux bien les faits con statent les choses que vous voulez établir pour les années dont vous vous occupez mais vous ne connaissez pas toutes les circonstances qui ont concouru pendant ces années ces résultats. Il peut se présenter une foule de circonstances qui in fluent sur les prix, sur le mouvement des marchandises et qui viennent changer l'ordre des choses pour telle ou telle année mais il ne s'ensuit pas que ces faits doivent se présenter toujours. Ils sont l'effet de plusieurs causes réunies, qui ne se présentent pas toujours, et vous les attribuez une seule cause Pour expliquer comment une augmentation dans le transit peut amener une augmen tation dans nos propres exportions sur les mêmes mar chés étrangers, M. le ministre nous a dit: Par suite de l'affluence du bétail étranger, favorisée par le libre tran sit établi en Belgique, ce produit a considérablement augmenté sur le marché français il en est résulté qu'il s'est présenté beaucoup plus d'achetçurs et que par là même nous avons été dans le cas d'exporter une plus grande quantité de nos bestiaux vers le même marché, par suite de l'augmentation de la demande. Messieurs, si l'on peut pousser ce raisonnement jusqu'à ses dernières conséquences, il doit en résulter l'évi dence que si, sur le même marché, il y a eu une plus grande quantité de produits, les prix doivent en avoir été avilis, moins que vous supposiez que les besoins de la consommation ont augmenté en France en même temps, ce qui ne peut être admis. Je rétorque donc avec avantage contre M. le ministre des finances l'argument qu'il a fait valoir: car, si les prix ont dû être nécessairement avilis, c'est au détriment de notre agriculture que ce fait s'est présenté. Messieurs, j'appuie l'amendement de l'honorable M. Manilius, en y ajoutant cependant un correctif. On dit que dans les années dont il s'agit, lorsque la liberté du transit existait, il y a eu une augmentation d'exportation, tandis que sous le régime contraire, il y a eu diminution j'admets ce résultat pour ces annéesje reconnais qu'il peut se présenter encore; mais je dis qu'on ne peut pas l'admettre comme une règle dans la matière. Je crois que le gouvernement devrait être autorisé appliquer le droit dans une certaine mesure. Pour le gros bétail, le droit serait de 4 francs au moins et de 8 francs au plus pour le petit bétail, de 2 francs au moins et de 4 francs au plus. Cette modification l'amendement de l'honorable M. Manilius me paraît de nature obvier tous les inconvénients. Le gouvernement appliquera le minimum ou le maximum d'après les circonstances. Le sous-amendement de M. de Haerne est appuyé. M. Osy. Après ce que viennent de dire M. le mi nistre des finances et M. Loos, il me reste peu de chose ajouter pour combattre les propositions qui vous sont faites. Je commencerais par dire qu'Anvers est désinté ressé dans cette question. On ne propose le transit du bétail que par le chemin de fer le bétail vient par de petites embarcations Anvers, conduit par des Hollandais de la Zélande, qui vont directement le remettre au che min de fer. Nous plaidons pour augmenter les recettes du chemin de fer certes, nous ne le ferions pas si nous y voyions un détriment l'agriculture du pays. Les propositions des députés des Flandres sont un droit prohibitif. Avant la crise alimentaire, nous avions un droit d'entrée de 30 fr. depuis nous avons autorisé le gouvernement laisser entrer le bétail prix réduit le droit d'entrée pour le gros bétail a été réduit 13 francs; il n'y a eu aucune réclamation, malgré cette réduction de 35 francs. Un droit de transit de 6 fr. est encore un droit de 4 p. Avec un pareil droit vous n'aurez plus de transit du tout et la France ne reeevra pas moins de bétail étranger, car la Hollande continuera expédier son bé tail par Flessingue et Rotterdam, vei's Dunkerque en bateau vapeur. Le bétail, dit-on, souffre du voyage par mer mais la Hollande en expédie considérablement vers l'Angleterre depuis qu'on y a adopté le free-trade et on ne trouve pas grand inconvénient ce transport; cepen dant il y a plus loin de la Hollande pour se rendre en Angleterre que pour gagner Dunkerque. Si l'amendement le plus réduit était adopté, cela équi vaudrait l'interdiction du transit, car la Hollande re commencerait exporter de Rotterdam ou de Flessinguo vers Dunkerque; de manière que je ne puis donner mon assentiment aux amendements proposés par les honora bles membres. M. Duiuorticr. Les mots ont une grande in fluence, un grand prestige dans les assemblées délibéran tes c'est ainsi que le transit est souvent considéré comme une chose qu'on ne peut pas assez favoriser tant elle rapporte d'avantages pour le pays. Cependant ce n'est pas ainsi que l'entendaient nos devanciers. Quand dans le siècle dernier on a réglé les conditions du transit en Hollande, aucun des écrivains qui ont préconisé les avan tages du transit ne l'a entendu comme on l'entend, aujourd'hui, c'est-à-dire une espèce de passage en ballon sur le pays. On entendait par transit un commerce achat et revente, l'établissement d'un marché dans le pays, ce qui procurait des bénéfices considérables. Sous ce point de vue, c'était une chose éminemment avantageuse. Mais si nous considérons le transit comme le passage en courant sur notre territoire, je dirai que ce n'est pas une chose bien lucrative. A la vérité, le transit serait plus considérable, mais il donnerait moins de bé néfice. L'on devrait faire en sorte qu'il y eut le plus de transit possible. Il faudrait choisir celui qui s'effectuerait avec le moins de frais et le plus vite, c'est celui qui pour rait se faire en ballon. Je vous demande ce que cela lais serait au pays. Vous voulez rendre le transit excessivement commode par la voie du chemin de fer, réduire les frais de manière que tout le monde puisse en profiter qu'est-ce que le publie et le chemin de fer y gagneront? Rien, et vous créerez une concurrence vos producteurs vous ferez une chose mauvaise, en ce sens que les dépenses faites pour l'établissement du chemin de fer ne serviront pas au pays qui les a payées, mais 1 étranger qui vient faire concurrence nos produits. On veut faire transiter le bétail autant dire pour rien; quelle sera la conséquence de ce système? C'est que, les collègues députés comme moi des Flandres vous l'ont déjà dit, vous aurez sacrifié l'industrie agricole du pays l'industrie étrangère. On a parlé de l'industrie manufacturière. D'après M. le ministre des finances, il existe deux manières d exa miner la question du transit. Quand il s'agit des intérêts

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Le Progrès (1841-1914) | 1849 | | pagina 3