JOIRXAL D'YPRES ET DE L'VRROVDISSEUEVT.
JV 853. 0* Année.
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INTÉRIEUR.
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Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
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ÏPRES, le 7 Juillet.
ILS ONT RELEVÉ LELR BANNIÈRE.
A voir le train des choses d'ici-bas, on serait
tenté de poser en principe que la peur est le
souverain mobile de l'univers le méchant obéit
son seul empire; la bêle brute devient docile
sa voix, et la gent cléricale, naguère encore
si fière et si hautaine nous l'avons vue un
instant céder sa toute-puissante influence.
Qui ne se rappelle les voiles de nos adver
saires après les événements de Février leurs
appels l'unionles cajoleries qu'il prodi
guaient l'adresse de nos amis politiques?
Les ressorts qui fesaient mouvoir alors nos
Rodins n'étaient guère mystérieux, et cependant
nous avons applaudi l'élan qui les emportait,
parce qu'il était conforme nos vœux mais
sans avoir été un seul instant dupe de leurs
protestations, nous savions que le parti rétro
grade ne jouerait le mort que pour un temps.
On nous conviait passer l'éponge sur le
passé; en répudiant les hommes qu'on avait
étayés la veille, on avouait leur impopularité,
on remerciait la Providence d'avoir débarrassé
la Belgique des hommes du lr Avril, en un
mot, la faction s'accusait tout haut, et récitait
humblement son meâ culpâ.
Et tout cela était le résultat de la peur.
Le bonnet phrygien réapparaissait aux yeux
du monde effrayé, et devenu celte fois l'emblème
de la démocratie, du socialisme et du commu-<
nismeil menaçait de plonger la société dans
l'anarchie et le sang.
11 en fallait moins pour troubler nos braves
dans leur quiétude, et leurs craintes, nous en
conviendrons, n'étaient pas sans fondement,
car il a fallu le douloureux sacrifice du plus
pur sang de la France, pour conjurer la résur
rection de l'échafaud politique des proscrip
tions, et du hideux cortège des saturnales
de 93.
Voilà donc le secret de la feinte modération
de nos adversaires; aujourd'hui que la confiance
leur revient au cœur, ils en sont revenus leurs
premiers instincts, ils recommencent la croisade.
Ils ont oublié déjà que c'est aux hommes qui
111. LE LABORATOIRE DE MAITRE JACQUES MOULU. Suite.)
Comme si Jacques Moulu eut été vraiment sous la puis
sance d'une volonté infernale, sa figure dénota le délire
le plus réel, le plus profondément douloureux; son front
se plissa; ses doigts se tendirent; de grosses gouttes de
sueur coururent sur ses joues, glissèrent sur les veines
gonflées de son cou et allèrent se perdre dans son pourpoint.
Il était aussi oppressé que le somnambule soumis
1 influence magnétique. Sa respiration était brève; ses
yeux hagards et démesurément développés.
Eh bien? maître, demanda enfin Jehannc qui suivait
les mouvements de l'exorciste avec une fixité dévorante.
Eh bien?
Cette question resta sans réponse.
Cependant Jacques Moulu, reprenant lentement son
calmeredevenant peu peu froid et sévère, attira Je-
lianne lui, sans pour cela se déplacer; quand ils se
trouvèrent ainsi debout, côté l'un de l'autre, il lui dit
en lui montrant le foyer:
Voyez-vous cette flamme claire venue la première
qui domine cette autre flamme foncée
Oui, dit Jehanne.
Les voyez-vous qui s'enlacent, se pressent, se tor-
sont au pouvoir aujourd'hui que la Belgique
doit l'état de paix et de sécurité dont nous
jouissons dont nous n'avons cessé de jouir au
milieu de la tourmente qui a agité l'Europe
entière. Ils s'apprêtent ressaisir celle domina
tion qui ne peut que faire leur malheur et le
nôtre, ils relèvent leur bannière.
Ouil'élection du 19 Juin est un premier
jalou planté par le clergé dans la nouvelle voie
qu'il veut suivre. Un journal de cette ville, a
beau chercher, avec sa mauvaise foi habituelle,
atténuer l efiFet de la participation de l'évéehé
dans la lutte elle a été flagrante, et nous soute
nons sans crainte dèlre démenti par per
sonne, si ce n'est par des scribes dont les
dénégations sont de nulle valeur, nous soute
nons que jamais les électeurs de la partie rurale
de l'arrondissement n'ont été plus activement
obsédés, plus étroitement circonvenus que cette
fois-ci parce qu'il fallait faire réussir tout
prix la candidature du père de l'évêque.
Quant aux efforts de logique auxquels se
livre la béate feuille dont nous avons parlé,
pour décliner l'honneur qui revient ses pa
trons dans la journée du 19 Juin et jeter le paquet
sur un prétendu centre d'action qui aurait son
siégea Ypres, c'est tout simplement un tour
de force la façon d'Escobar c'est le singe
arrachant les marrons du feu au grand dom
mage des pattes du chat. Nous savons que
quelques transfuges du libéralisme sont allés
giossir les rangs de nos adversaires, nous
savons qu'ils ont fait des dupes mais ils n'ont
été acceptés qu'à titre d'auxiliaires, et nous qui
tenons rendre César ce qui appartient
Césarnous dirons que le clergé a ses motifs
pour ne pas être trop fanfaron d'abord la si
tuation lui paraît encore quelque peu entor
tillée, et puis que lui fait le dangereux honneur
de la journée, pourvu qu'il en ait le profit? Le
père de l'évéque siège bien au Sénat par lui et
pour lui. [Pour être continué.)
Mardi, 3 de ce mois, a eu lieu la séance d'ou
verture des états de la Flandre occidentale;
M. le gouverneur de la province a prononcé,
celte occasion un discours remarquable que
les limites restreintes de notre journal ne nous
permettent pas de reproduire.
dent, se nouent comme dans un épouvantable brasier?
Ouifit Jehanne dont le gosier devenait sec et brûlant.
Voyez-vous la flamme claire éteindre la flamme
foncée, comme pour l'anéantir?
Ouidit Jehanne moité morte d'anxiété.
Eh bien acheva Jacques Moulu avec un grincement
qui avait quelque chose d'infernalcela veut dire que le
plus âgé triomphera du plus jeune, comme la plus vieille
flamme a triomphé de la dernière née; cela veut dire que
celui qui est blond tuera celui qui est brun, de même
que la flamme argentée a étouffée la flamme noirâtre
dans la courbe de ses replis
La poitrine de Jehanne se dégonfla.
Et Archambaud du Donjon survivra Hugues de
Clisson demanda-t-elle en saisissant le bras de Jacques
Moulu.
Celui-ci dissimula une grimace qui ressemblait de la
jalousie.
Le blond triomphera du brun, le plus âgé tuera le
plus jeune répéta le magicien.
Merci! dit Jehanne en posant sa bourse sur une
table voisine.
Mais bientôt, comme si elle eut cédé l'empire d'une
pensée nouvelleelle se laissa tomber genoux, joignit
les mains et s'écria
CONSEIL PROVINCIAL.
Séance du 5 juillet.
A dix heures et demie, M. le gouverneur monte sur
l'estradeet prononce le discours d'ouverture de la ses
sion. La pureté et l'élégance du style de cette allocution
ont été remarquées. Les faits qui y sont consignés prou
vent que la situation de notre province s'est constamment
amélioréeet là où il régnait l'an passéun morne dé
sespoir, l'espérance commence renaître. Il termine par
une analyse rapide des principales questions qui figure
ront sur l'ordre du jour, et déclare, au nom du roila
session de 1849, ouverte.
M. le président d'âge, M. le vicomte de Croeser de
Berguesmonte au fauteuil et tire au sort les membres
d'une commission qui sera chargée de vérifier les pou
voirs du nouveau conseiller élu par les cantons d'Ypres,
M. Pierre Beke. Après une séance de quelques minutes,
le rapporteur propose l'admission de M. Beke dont l'élec
tion est validée.
On passe au choix d'un président, d'un vice-président et
de deux secrétaires, par scrutins successifs. M. le baron
Pecstcen de Lampreel est élu président; M. Aimé de
Knuydt vice-président; MM. Debbaudt-Beernaert et
Tydgat, secrétaires. Le bureau est le même que celui de
la session dernière.
Le conseil se retire dans les sections pour former les
quatre commissions, les propositions des rapporteurs des
quatre arrondissements sont admises avec une légère
modification. Il n'y a pas de changement dans les répar
titions des conseillers entre les quatre commissions. La
séance est levée.
Séance du 3 juillet. Présidence de Mle baron Pecsteen.
Après la lecture du procès-verbal et les rapports de
quelques commissions sur divers objets l'ordre du jour,
le conseil passe au scrutin pour la nomination d'un mem
bre de la députation permanente. Soixante trois membres
sont présents. M. Vramboudt obtient 60 suffrages; M.
Merghelynck, un M. De Wylge, un un billet blanc. M.
Vrambout est proclamé membre de la députation per
manente. Cette nomination est accueillie par d'unanimes
applaudissements.
M. Vramboudt se lève et remercie le Conseil des té
moignages de confiance et d'unanime sympathie qui vien
nent de lui être donnés. Il espère pouvoir répondre
la bienveillance de ses collègues par le zèle, le dévoue
ment la tâche qui lui a été confiée, et, dans une prochaine
élection, pouvoir invoquer des titresau lieu de sympathies.
Le Conseil passe la présentation de candidats pour la
place de président du tribunal de Courtrai. M. De Wylge,
obtient 37 voix; M. Landas 5; billet blanc. Pour la
deuxième place, M. Landas, obtient 49 voix; M. Valcke,
6; M. De Wylge1 billets blancs 7.
Pour la présentation de président du tribunal Furncs,
M. Vande Velde obtient 47 suffrages; M. De Cae, 9 M.
De Spot, C; un billet blanc. Comme deuxième candidat,
M. De Cae obtient 34 suffrages; M. De Ghelcke, avocat
Liège, 17 voix M. De Spot9.
Oh dites-moimaîtredites-moi que Clisson non
plus ne mourra pas. J'aime l'autre d'amour, j'aime celui-
là de reconnaissance... Ils vivront tous deux?., ils vivront
l'un pour la gloire, l'autre pour moi!., c'est pour moi
qu'ils se battent... c'est cause de moi qu'est venue leur
haine... s'il faut une mort que ce soit la mienne!., s'il
faut une victime... je me dévoue
Et elle se traînait aux pieds de Jacques Moulu, comme
s'il avait le pouvoir de changer une destinée.
Le tourmenteur-juré touché de compassion, pour la
première fois de sa vie peut-êtrejeta quelques imper
ceptibles atomes de poudre blanche sur les charbons du
brasier, sans que Jehanne s'en aperçut.
Une flamme opaqueincertaine et tremblante comme
un dernier adieuvint poindre la surface du fourneau.
Jacques Moulu étendant alors l'index pour la montrer
Jehanne, s'écria avec une sorte d'enthousiasme âpre:
Quoique chétive et tourmentée, la flamme noire
renaît.
D'un élan rapide Jehanne se retrouva sur pied.
Ouioui dit-elle avec extase.
Jacques Moulu reprit:
Après s'être presque éteint, après avoir longtemps
souffertcelui dont cette flamme est l'emblème renaîtra
la vie.
