LE
y gg0, 0 Aniîrr. Jeudi. 10 Juillel lSff).
Vires acquirit eundo.
L\IÉIÎIElit.
L,o neveu d'un Coiisiélalde.
ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50 c. Provinces, 4 francs. I Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
INSERTIONS Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames la ligue 30 centimes. être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
YPRES, le 18 Juillet.
Nous n'avons présenté dans notre dernier
numéro qu'une esquisse rapide des contrastes
qu'offre la conduite passée et la conduite actuelle
des libéraux qui ont renié la banière sous la
quelle ils ont combattu si longtemps avec nous.
Pour compléter notre œuvre, nous devons
reprendre les choses de plus haut.
Durant le malheureux hiver de 11117, l'auto
rité communale, fidèle la mission qu'elle avait
acceptée de veiller au bien-être de tous ses ad
ministrés, dirigea sa vigilance vers les souffrances
de la classe nécessiteuse. Un comilé de subsis
tances fut organisé, de forts achats de blé
furent faits, et, grâce la prévoyance des ma
gistrats, la cité traversa l'époque de la douleur
sans commotion.
Vous eussiez vu alors le malheureux bénir la
main généreuse qui lui donnait vil prix le
pain qui lui était nécessaire au maintien de son
existence et de celle de sa famille. Aussi tous
les partis se réunissant dans une effusion com
mune, firent-ils, après la crise, au Magistral
d'Ypres, une ovation dont le souvenir ne s'effa
cera jamais. Une médaille commémorative fut
frappée pour rappeler la date du bienfait, le
bienfait lui-même, et les noms des bienfaiteurs.
Si nous rapportons ces faits c'est pour ar
river un incident propre donner une haute
idée des meneurs dont nous avons peut-être
déjà suffisamment stygmatisé lesactes, les voici:
Nous nous souvenons parfaitementque parmi
les personnes qui organisèrent la fête civique
dont nous avons parlé, un grand nombre ap
partenait la faction des dissidents d'aujour
d'hui.
Eux aussi, étaient fiers alors de voir dans la
magistrature ces mêmes hommes qu'ils ont
voulu proscrire plus lard, et qu'ils s efforcent
de dépopulariser dans deux journaux de la lo
calité, l'un organe avoué et décrépit de la sa-
IV. COMBAT A OUTRANCE. Suite.)
Alors seulement, les clameurs de la foule s'arrêtèrent
comme fait un écho qui s'éteint dans la montagne.
Les combattants ayant pris leurs distances coururent
impétueusement l'un sur l'autre; on eût dit des statues
mouvantes la tète frontonnée d'acier, obéissant un
ressort secret et bondissant pour se briser dans un choc
terrible.
La multitude en suspens, immobile, silencieuse, re
tenait sa respiration comme un seul homme.
C'était affreux que ces deux chevaliersjeunes, nobles
et beaux, cherchant chacun l'endroit faible de l'armure
de l'autre; se rapprochant, s'entre-heurtant, se frappant
sans ménagement ni pitié; faisant tournoyer leurs armes
qui fendaient l'air en sifflant.
Ils revinrent trois fois la charge et toujours sans
succès. Leurs coups ne produisaient que le bruit du mar
teau sur l'enclume.
A la pesanteur mesurée de ces coupson eût vraiment
dit deux spectres d'un métal éprouvéjouant capricieu
sement leur vie dans un tournoi fantastique, sachant
d'avance que leur vie ne court aucun dangerle métal
qui la compose ne pouvant être entamé.
Le peuple qui s'accoutumait déjà cette anxiétécom
mençait désespérer d'une aussi longue attente On en
tendait un frémissement d'impatience le parcourir.
A un quatrième essai, Hugues de Clisson fit tourner
vigoureusement son destrier sur lui-même, avec une telle
adresse, une telle impétuosité calculée qu'il atteignit
Archambaud en pleine large. Sa lance se rompit, volant
crislie, l'autre, jeune encore, et qui a essayé de
faire son chemin dans le monde en se présen
tant d abord sous la livrée du libéralisme.
Ces faits ne sont pas les seuls que nous ayons
enregistrer.
La stagnation d'affaires qui fut la conséquence
de la révolution de Février fut un coup fatal
pour l'industrie belge; nos nombreuses fabri
ques, forcées de chômer, durent renvoyer leurs
ouvriers; une partie de la population se trouva
ainsi sans ouvrage, dans un moment où,
peine remise des souffrances des deux années
qu'elle venait de traverser, elle en ressentait
encore le funeste contre-coup. Le gouverne
ment dut alors s'imposer d'immenses sacrifices,
pour procurer du travail la classe ouvrière
et prévenir des excès qu'un désespoir légitime
aurait pu faire naître.
La ville d'Ypres fut comprise dans la sollici
tude gouvernementaleet, si nous ne nous
trompons, une somme de 60,000 francs fut
mise sa disposition, pour être employée oc
cuper les bras oisifs.
Quelques-uns de nos industriels, fabricants de
dentelles, fondirent, paraît-ilsur celle avance
du gouvernement, des espérances qui nesesont
pas réalisées, attendu que l'autorité communale
i'employa faire exécuter des travaux d'utilité
publique.
Il nous semble qu'elle agit en cela d'une ma
nière conforme au vœu général, car nous nous
souvenons très-bien de l'énergie avec laquelle
la bourgeoisie s'apprêtait protester contre
tout prêt qui aurait pu être fait des deniers des
contribuables une industrie particulière.
Nous l'avouons, nous sommes du nombre de
ceux qui n'eussent point vu d'un œil indifférent
entrer les deniers de l'ouvrier dans la caisse
de tel ou de tel fabricant, qui n'avait pas su
mener sa barque de manière la maintenir
flot au moment de l'orage.
Certes, l'industrie mérite toutes les sympa
thies, toute la protection des gouvernants,
I i i i
en éelats dix pieds en l'air. Le tronçon lui resta la
main.
Son cheval écumait sous le mors.
Archambaud rejeta loin de lui sa lance et détacha sa
masse d'arme et sa hache.
Ce mouvement fut répété par Clisson.
Par une habile manœuvre ils se rapprochèrent alors
au point qu'ils se touchaient.
Le duel acharné changea d'aspect il prit les dimensions
d'un combat corps-à-corps. Pendant cinq minutes on vit
jaillir des Ilots d'étincelles.
Presque debout sur leur selle; les deux ennemis se
frappaient des deux mainsde la masse d'arme et de la
hache.
Il y avait dans cette lutte quelque chose d'horrible
qui donnait le frisson.
Impatienté de voir la chance s'égaliser et se perpétuer
sans amener de résultat décisif, Hugues de Clisson dit
Archambaud, d'une voix assourdie par l'épaisse visière
qui le masquait:
Je propose la partie au découvert
Je la tiens! répondit Archambaud, en jetant son
casque aux mains d'un écuver.
Une sueur rouge dégouttait de son front et allait se
perdre sous sa cuirasse.
Hugues de Clisson ayant suivi l'exemple de son ennemi,
s'éloigna pour prendre du champ et augmenter la force
de ses coups de toute la vitesse de sa course.
C'est alors qu'on put voir l'expression de leurs traits,
quelle était la haine qui les animait haine profonde, qui
pour s'éteindre a besoin de sang qui veut pour s'as
souvir a utre chose qu'une mort calme, silencieuse, et qui
mais on ne peut admettre que l'industriel qui
subit quelque revers doive pouvoir puiser in
continent dans la bourse commune. Le com
merce a ses chances prospères et malheureuses,
et une maison dont la direction est assise sur
de bonnes bases, doit être en mesure de subir
les dernières, sans trop se détraquer.
C'est-pourtant la circonstance que nous ve
nons de signaler qui a soulevé contre nos ma
gistrats un mécontentement qui s'est manifesté
surtout dans le journal la Communeet qui a
été adroitement exploité par le parti d'Ignace,
lors de l'élection dn 19.
Disons deux mots encore ces hommes que
l'intérêt personnel a aveuglés au point d'en faire
des séides de la faction réactionnaire.
Nous pouvons accorder jusqu'à un certain
point, notre estime ceux que la bonne foi
retient dans les rangs de nos adversaires; il est
des hommes rétrogrades par principes, auxquels
les préjugés et l educalion empêchent de voir
dans la conduite de leurs pasteurs, autre chose
que l'intérêt de la religion, et qui n'aperçoi
vent pas le mobile politique qui les fait agir;
nous n'avons pas de haine contre ceux-là.
Mais nous ne pouvons nous empêcher de flétrir
énergiquement les menées ourdies par nos ex
libéraux, pour renverser l'œuvre de dix-sept
ans de lutte, de patience et de dévouement.
Nous avons soumis nos lecteurs quelques observa
tions relatives l'article de la loi sur l'enseignement su
périeur qui modifie le système des jurys d'examen; il
nous reste dire quelques mots concernant la disposition
qui a pour objet les bourses d'études.
D'après l'ancienne législation, le gouvernement pou
vait accorder C0 bourses d'études, de 400 francs; les
titulaires n'étaient pas astreints suivre les cours d'un
établissement déterminé.
D'après la nouvelle, le gouvernement peut décerner
les mêmes bourses mais elles sont attachées aux univer
sités de l'état.
Cette modification met-elle une entrave la liberté
d'enseignement, est-elle logique?
En droitla liberté d'enseignement n'est pas violée
car l'enseignement reste libre, tout citoyen conserve la
demande une agonie lente, prolongée.
Pour la sixième fois, ils s'élancèrent. Leurs chevaux se
rencontrèrent moitié distance et se heurtèrent de front
ils se cabrèrent une si prodigieuse hauteur que leurs
cavaliers en furent presque désarçonnés.
On ne vit plus rien pendant un moment qu'un mouve
ment impossible suivre.
Dans un dernier coup, frappé avec désespoir, la hache
d'Archambaudse fit jour travers l'articulation de l'é-
paulière de Clisson.
La tète de Hugues de Clisson pendit sur l'épaule droite
moitié détachée du tronc.
Et comme un cadavre, il roula pesamment terreet
tut broyé sous les quatre pieds de fer de son palefroi.
Les cent mille spectateursmuets de cette scènefré
mirent d'épouvante.
Cinq minutes après quand des varlets curent relevé
les débris du mourant, le comte Archambaud du Donjon,
entouré de nombreux amis, traversait triomphalement
la foule au pas de sou cheval.
Les femmes le regardaient et l'admiraient les hommes
le félicitaient hautement et l'enviaient tout bas.
Celte même foule de peuple, avide de sang, qui se
pressait .si compacte sur l'emplacement du Pré-aux-Clercs,
se porta d'un seul bloc vers le quai de la Mégisserie.
On pendait ce jour même messire François Bourcy,
con* aincu d avoir ouvertement manqué la haute no
blesse, en injuriant les seigneurs assemblés l'avant-vcillc
chez le comte Archambaud du Donjon.
Quarante-huit heures avaient suffi pour obtenir son
arrestation, son jugement et son exécution en place de
Greve« (La suite au prochain n°.)