JOIRML DTPRES ET RE L ARROXDFSSEMEYT. Dimanche, 20 Juillet 1S10. Vires acquirit eundo. INTÉRIEUR. Ec neveu d'ian Connétable. ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50 c. Provinces, 4 francs. I Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes.Réclames, la ligne 50 centimes. être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. YPRES, le 38 Juillet. Il ne suffit pas en politique de vouloir le bonheur de son pays et le bien-être du peuple, pour être compris et nicme d'exécuter les plans qu'on croit les plus propres atteindre ce but que doivent toujours avoir en vue les partis honnêtes et sérieux. Le parti libéral en fait aujour d'hui l'expérience. Certes, jamais opinion au pouvoir ne s'est trouvée dans une situation plus critique depuis la conquête de notre indépendance, que le libéralisme la suite de la révolution française. Il venait h peine de vain cre des adversaires puissants et qui avaient rêvé le retour des vieux abus en Belgique. A peine chargé de diri ger les destinées de la nation, le parti libéral s'est trouvé en face d'un cataclysme qui menaçait d'engloutir la Bel gique, son indépendance et sa nationulité et le jetait forcément dans une voie qu'il n'aurait peut-être pas prise immédiatement sans cette catastrophe politique. Comment le libéralisme, que pendant longtemps on s'est plu représenter comme incapable de gouverner, s'cst-il tiré de la position difficile en laquelle une révo lution imprévue l'avait placé. Comprenant que ce n'était pas en se laissant traîner la remorque qu'on pouvait guider le mouvement, le ministère libéral s'est placé hardiment la tête de ceux qui appelaient des réformes et, dans les limites de la Constitution, il a abaissé le cens électoral. La loi sur l'incompatibilité a été votée dans un sens très-étendu, contre le vœu du ministère qui avait prévu les inconvénients d'une proscription absolue des fonctionnaires. L'expérience n'a pas tardé donner raison aux ministres, qui avaient voulu que cette question fut résolue avec moins de chauvinisme et plus d'esprit pra tique. A l'intérieur, les difficultés n'étaient ni moins nom breuses, ni moins compliquées. La misère des Flandres, qu'aucun ministre catholique n'avaiteomprise et laquelle aucun n'a essayé de porter un remède efficace, était comme un gouffre béant prêt engloutir des capitaux immenses ou exiger en holocauste une partie de la population. Une dette flottante de 50 millions avait été laissée comme un héritage de malheur par le ministre des finances, Jules Malou, son successeur. Après que les sources du crédit fussent taries par la révolution française, il fallait pourvoir aux payements échelonnés des bons du trésor. Le ministère catholique en quittant n'avait laissé qu'un bilan frauduleux propre présenter la gestion de - 1 V. L'ALCHIMISTE. [Suite.) L alchimiste tira un flacon de son escarcelle et s'avança vers elle pour le lui faire respirer. La vie revint lentement sur les joues décolorées de Jehanne. Elle s'appuya d'abord sur une main, puis sur ses genoux; enfin elle se releva. Il me faut de l'air, dit-elle en faisant un pas vers la porte. Jacques Moulu se plaça devant elle pour l'empêcher de sortir. 11 me faut de l'air! répéta Jehanne épouvantée et les yeux hagards. aurez-vous jamais que de la pitié pour moima dame? demanda l'alchimiste. J aurai de la reconnaissance, bégaya Jehanne. f Ip dit'J °5 î1 essanlei et la reconnaissance trop froide, dit Jacques Moulu avec uno înfrv.-.r. Ouvrez-moi, maître! lnto""ation énergique. Moulu. 'aUl ln'eux flue tout cela, insista Jacques Maître, ouvrez-moi Ouifit ironiquement l'alchimistp laisser partir, et ce soir i vais vous de votre comte Archambaud e/dV G m°! CUtrC leS bras ccrez l'officier de police V l^a"1 X0US me dénon- P°"ce. Bien sur qu avec l'appui de certains financiers sous un jour favorable. Mais aucun fond n'était disponible pour payer les bons du trésor si imprudemment accumulés. Il fallait y faire honneur sans hésiter; de là les emprunts forcés dont l'origine et la res ponsabilité doivent remonter aux ministères catholiques qui se sont succédé depuis 17 ans. En outre, le contri buable, vexé d'être traité sans pitié ni merci par le pou voir occulte qui dirigeait les affaires en Belgique, se redressait et demandait plus d'économie dans la gestion des affaires de l'état. Ce vœu méritait d'être pris en con sidération et, sans jeter la désorganisation dans l'adminis tration, il y a été fait droit. Nous ne devons pas dire comment le ministère s'est tiré des difficultés qui naissaient chaque moment sous ses pas, nous croyons que l'oubli n'a pas encore eu le temps d'en effacer le souvenir. Disons en l'honneur de l'opinion libérale que la Belgique a traversé ce passage dangereux sans encombre et sans réaction. On aurait pu craindre, la vérité, qu'après une oppression de 17 ans, l'opinion publique n'eut réagi contre les auteurs du mé prisable système que le clergé, aidé de quelques ambitieux et d'autres adorateurs du teinps passé, avaient voulu fuire prévaloir. Le libéralisme a usé de sa victoire de manière prouver qu'il était digne de la remporter et, dans le succès, il a fait preuve de plus de modération que nos adversaires l'époque de leur omnipotence. Certes, l'opinion libérale a bien mérité du pays, et la preuve, c'est que ses adversaires ont convenu eux-mêmes que si elle n'avait pas été au pouvoir le 24 février 1848, les choses ne se seraient pas passées aussi bien. Et cepen dant la presse catholique continue ameuter les passions et les intérêts contre ce parti qui a sauvé l'opinion cléricale bien des déboires et n'appelle lui, pour gouverner, que la raison son secours. Disons-le avec amertume, dans les affaires humaines, c'est rarement la raison qui décide mais plus souvent la passion, les petites considérations d'intérêt de personnes. C'estainsi que le jésuitisme a toujours réussi exercer une action puissante sur la direction des affaires des pays où on avait admis les disciples d'Inigo,en exploitant les passions qu'ils savaientfaire naître, activer et éteindre leur gré et au plus grand profit des habiles qui se jouaient des hommes et des plus nobles sentiments d'un pays dans un but intéressé et digne de mépris. Actuellement le jésuitisme est l'œuvre, il s'agite sourdement partout et veut ressaisir les rênes du pouvoir. Qu'il réussisse et l'Europe, au lieu de se rasseoir, ne parviendra sortir de cet état d'anarchie en lequel elle se débat, que quand une votre noble seigneur, vous vous justifierez aisément d'être venu chez moi, et après demain, caria justice est prompte, le peuple viendra ricaner autour du gibet et envoyer des sarcasmes au corps pendu de son détesté torturcur!... Oh! non, maître, interrompit Jehanne enjoignant les mains: non votre souvenir me restera sacré j'aurai une place dans mes prières pour demander Dieu l'adou cissement de vos peines. Restez, dit Jacques Moulu cette fois d'un ton sup pliant: restez, et vous serez heureuse... et quand, après m'avoir un peu aimé, je vous gênerai, alors vous serez libre, Jehanne et le reste de ma vie se passera pleurer votre absenceregretter les instants de bonheur que vous m'avez accordés. Ouvrez-moi, maître dit une troisième fois Jehanne. Ah! vous insistez, fit Jacques Moulu devenu presque menaçanteh bien vous ne sortirez pas. Jehanne s'écria moitié folle: A moiArchambaud, moi! Ce nom produisitsur Jacques Moulul'effet d'un choc électrique. Appelez ce puissant seigneurdit-il avec colère appelez-le Il peutpar son créditfaire pendre en un jour assez de cagoux pour faire encombrer les estrapades de Montfaucon, mais il ne peut vous entendre. Ces murs étouffent la voix Jehanne chancela et s'évanouit de nouveau. misèrcunivcrscllcaura tari les sources du bien-être et que les populations seront retombées dans l'abrutissement. Est-ce calcul? Est-ce stupidité? Le libelle clérical revient encore sur la bourde qu'il nous a lancée propos d'une phrase qu'il a extraite d'un de nos articleset laquelle il a, en l'isolant, et en la dénaturant, attaché un sens qu'elle n'a paspour ensuite pouvoir la rétorquer contre nous. 11 faut que l'auteur de la billevesée laquelle nous ré pondons pour la dernière fois, peut-être, soit d'une stu pidité pyramidale, s'il n'est d'une mauvaise foi qui dépasse toutes les bornes. Dans le premier cas, nous le plaindrions sincèrement de n'avoir pas reçu de la providence sa part légitime dans la répartition des facultés mentales; dans le second nous lui dirons que sa tactique, si tactique il y aest des plus maladroites, car elle ne persuadera jamais personne, que le Progrès ait lancé un sarcasme toute une classe de citoyens dans le sein de laquelle il est fier de rencontrer des sympathies, et qui connait autant qu'elle apprécie, les cinq ou six industriels-brouillons, qui se sont enrôlés sous le drapeau de la faction du recul. Il est donc impossible que le lecteur se soit mépris sur la portée de nos allusionset s'il existait la moindre ar rière-pensée cet égardnous n'hésiterions pas ren voyer notre article, le reproduire même, en cas de besoin. C'est dire assez que nous sommes prêts opposer les faits des imputations malveillantes, et qui sortent du cercle ordinaire d'une polémique franche et conscien cieuse. La feuille cléricale se moque de ses lecteurs, en leur servant des contes-bleus du genre de celui auquel nous nous sommes décidés répondre encore une fois, malgré le dégoût que nous ressentons pour une discussion stérile, avec un adversaire qui, nous le répétons, nous fait l'effet d'un niais, ou d'un avocat de mauvaises causes, tout confit en chicane. Le parti clérical qui croyait probablement, en l'absence de tout concurrent, faire passer, l'égal d'une lettre la poste, M. D'Anelhan, comme sénateur de l'arrondisse ment de Thielt, se trouve surpris de voir surgir une can didature qui a beaucoup de chances de succès. M. Pec- steen-De Vrière, conseiller provincial du canton de Thourout et beau-frère de M. le gouverneur de la pro vince, accepte la candidature qui lui a été réellement offerte par des électeurs, tandis que la sacristie seule a été consultée sur la candidature de M. D'Anelhan. L'arrondissement de Thielt est un de ceux qui ont le plus souffert de l'incurie et l'ineptie catholiques. Nous allons voir maintenant, si les électeurs y seront assez bé névoles pour favoriser un parti dont l'aveuglement a été pour beaucoup dans les souffrances qu'il a endurées. Jacques Moulu la prit dans ses bras et la plaça dans la chaise longue. Quand Jehanne revint au sentiment de la vie, elle était seule, enfermée dans ce cachot qu'éclairait une lampe romaine suspendue la voûte. A côté d'elle avait été dressé un lit aux courtines de soie; plus loin était une table sur laquelle se trouvaient classés avec soin les objets les plus utiles l'usage d'une femme. Cette apparence de luxe dans ce caveau humide parais sait résulter d un calcul dérisoire plutôt que d'une pré voyance délicate. Jehanne en se soulevant demi de dessus sa chaise longue, fit tomber un papier qui avait été, pendant son évanouissement, placé sur ses genoux, de façon attirer les regards. Elle le ramassa et lut avidement ce qui suit: Madame, comme je ne veux rien obtenir de vous que par la persuasiou, j'attendrai avant d'oser violer votre sanctuaire, que vous m'ayez pardonné dem'être institué votre geôlier. J'espère, par mon abnégation et mou dé- vouement, désarmer un jour votre colère et gagner peut-être, force d'humble soumission, une place mé- ritée dans votre cœur. Jacques Moulu. Il est peut-être plus plaindre que je ne croyais, pensa Jehanne en accompagnant cette pensée d un soupir en l'honneur d'Archambaud. (La suite au prochain n'.

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Le Progrès (1841-1914) | 1849 | | pagina 1