Y près, le 27 Juillet 1849.
Monsieur le rédacteur du Progrès,
Ce serait un travail comparable celui de Pénélope
lue de faire la nomenclature des puérilités éditées chaque
«'maine par des adversaires, avec un sérieux qu'on s'ex-
Miquerait difficilement, si l'on ne songeait qu'ils s'adres-
^nt ou des adeptes passionnés et crédules, ou des
'feteurs ignorants et prévenus. Tout est si ridicule chez
'*Ux, qu'on serait tenté de ne pas y répondresi quel-
•lues bourgeois bénévoles n'avaient besoin d'être éclairés.
Malgré la résolution que j'avais prise, en vous envoyant
'Sa dernière correspondance, de mettre un terme toute
Mémique, un factum curieux plus d'un titre, me
Nisse m'occuper de nouveau de leurs infirmités dignes
compassion, s'ils n'étaient nuisibles. Le pauvre journal
"t bat continuellement les flancs pour nous prouver qu'il
S'a pas le sens commun il tient justifier l'épithète de
J'irrissepolitique. Rien de plus amusant que son embarras
il'aur concilier ce qu'il disait hier, avec ce qu'il veut au
jourd'hui; rien de plus amusant, mais aussi rien de plus
'Sstructif. Ces changements toujours si subits de tactique
'SI de mise en scène, font ressortir le malaise de la consei
llée et le sentiment d'une situation équivoque. Traqués
Par l'impitoyable logique jusques dans leurs derniers re-
l|mchements, ils s'abandonnent la colère; le désespoir
'(>ur fait perdre la tète et, ne sachant qui s'en prendre
'de leurs désappointements, ils se mettent intervertir les
'oies et porter contre leurs adversaires les accusations
•'ont ils sont eux-mêmes écrasés. De là un imbroglio des
l'Ius divertissants, une confusion ne plus s'y recon-
l'ditrc tout est embrouillé avec intentionsans doute
'!#ns l'espoir que le lecteur déroulé et perdu ne pourra
jfer ses conclusions. En vérité, c'est trop bouffon Ils
s achèvent par les efforts mêmes qu'ils tentent pour se
''"'lever.
Si quelques doutes existent encore chez le lecteur, dé-
J^cux de connaître la vérité par lui-même, qu'il veuille
Vire le résumé des débats avec moi, suivre pas pas les
Manœuvres usitées dans l'autre camp qu'il en examine
Hirtout le couronnement et nous ne croyons pas vraiment
iW'il y ait grande présomption de notre part nous dire
Hrfaitemcnt rassurés sur le jugement du public.
D'abord qui suis-je et quels sont-ils? Je n'ai pas l'hon-
[uïir de remplir les nobles fonctions d'un estimable
'Hératcur, qui je demande pardon d'être la cause invo-
7'itaire des allusions pleines de courtoisie qu'on fait deux
par semaine sa personne heureusement inatta-
ifoable. Je suis un enfant de la ville bourgeois fils de
'■'iirgeois témoin des intrigues ourdies, des propos mén
agers des insinuations perfides colportées au sein de
bourgeoisie; indigné de voir de soi-disants indépen-
'ats dans un langage ordurier, orné des peintures les
M'ts grossières, chercher non les moyens d'établir un
'''ingénient désiré par tous, mais le droit de renverser
''•'ix qui embarrassent leurs petites ambitions indivi-
"'■lles brillant par dessus tout du désir de démasquer
y>> faux apôtres du progrès, sans être pour cela en par-
''"te conformité de sentiments avec les dépositaires actuels
pouvoir, mais regardant de toutes les dominations
i nfime la plus intolérable, celle des parvenus, qui, part
t arrogance traditionnelle sont d'ordinaire des sujets
;'J|I préparés par leur éducation, leur instruction, leurs
/'^études, le genre de certaines professions et avant tout
j,lj'i grand nombre du moins) par leur médiocrité natu-
1 "e, en un mot de ces hommes que toutes les raisons du
bàide semblent river l'obscurité et l'oubli.
c J'ai donc abordé le champ des discussions publiques,
^''"vaincu qu'il n'y a pas de voie plus avantageuse pour
j1'" cause raisonnable et juste et que le jour et la contra
ction sont funestes seulement pour l'erreur et pour le
^1. De plus, on ne doit pas perdre de vue qu'on a beau
C avec ces positions qui, brouillées avec la logique et
'"irsuivies par ses lois implacables, se fourvoient et se
1 dent de plus en plus dans les nœuds inextricables des
j^htradictions et des absurdités: c'est qu'il est humaine-
J' ut impossible d'échapper aux nécessités de la situation
.."'i on s'est faite, qu'il faut qu'on suive la pente qu'une
jjongle obstination a fait aborder; c'est que toute pré-
fCse veut inexorablement sa conséquence quoi qu'on
jj^e. Voyons maintenant quel dernier expédient, tom-
de chute en chiite, ils en ont été réduits.
-Dans une première correspondance nous constatons
l'absence de raisons valables les force faire beau-
tj"'p de bruit; qu'à défaut de principes, ils n'ont pro-
^"ire que d'invectives déclamatoires et calomnieuses et
"iiscomparonsaux grenouilles delà fable,les maladroits
JJj'i, lasd'une domination imaginaire, de la part de leurs
'"fs électifs qui n'entreprennent rien sans les consulter,
l'intermédiaire d'un scrutin sincère et inviolable,
1 éfèrent une domination réelle de la part de deux tar-
y|''<'s, qu'on montre des doigts par toute la ville et dont
d^'le la condescendance se réduirait répéter les mots
"rdre venus, on ne saura jamais d'où ni comment. Que
j)'''is répondent-ils? Tâchent-ils de mettre au jour n'im-
'••te comment, quelque petit argument? Non, ilsrépon-
j 'it par des déclamations et toujours des déclamations
y/''' ce raisonnement-ci entr'autres: vous êtes des omni-
'dents, parce que vous êtes des omnipotents. Si c'est là
argument logique, nous leur en contestons le mérite
ptinvention.i "va quelque part un M. de Lapalisse qui
t ('Urrait le révendiquer. Voilà donc pour leur logique
d'un.
1 -ependant pressés de près, sommésdeproduireuneseule
^on qui ne soit une vaine clameur, après des hésitations
tîhificatives, après deslabeurs pénibles etsousune forme
qui cache mal leur embarras, ils régalent leurs lecteurs
d'une pièce de leur façon. Cette fois-ci il s'agit enfin de
faits mais des faits si artistement travailléssi pénible
ment échaffaudés, qu'ils ont bien de la peine se tenir
debout et auxquels il ne manque qu'un souffle pour s'é
crouler. Ce soufflec'est le témoignage d'une soixantaine de
personnes, toutes les plus respectables de la ville ce sont
des preuves écrites, constatées par les procès-verbaux des
séances de l'Association libérale. La doublure cléricale
aurait-elle par hasard la prétention de faire prendre ses
allégations au sérieux aux soixante-dix membres de l'As
sociation libérale présents la dernière séance et qui
doivent maintenant savoir quoi s'en tenir sur sa véra
cité? Disons donc que, mal inspirée encore une fois,
défaut de logique, elle a cru se sauver par le mensonge.
Voilà pour son honnêteté! Et de deux.
J'allais oublier qu'avec cette ingénuité qui n'a d'égale
que leur logique, et leur honnêteté, ils s'avisèrent de ne
pas comprendre le mot 'tartufe d'ambition néologisme
permis on non, que j'avais imaginé pour distinguer l'un
des deux importants personnages, porte-drapeaux du clé
ricalisme Yprois) et nous firent l'invitation amicale de
leur en donner une toute petite définition. Mieux vaut
un sage ennemi qu'un imprudent ami, dit le proverbe
aussi ne voulant pas être en reste de courtoisie avec des
gens qui nous honoraient ainsi d'une marque inattendue
de généreuse confiance, nous nous empressâmes d'obtem
pérer leurs prières. Répétons en passant qu'une fois
par semaine, ils s'étaient régalés, en guise de récréation
sans doute, de descriptions passablement grossières et ca
lomnieuses, assaisonnées de ces épithètes qu'ils s'étaient
donné la peine d'aller ramasser dans le bas-fond de cer
taine presse honnête. Loin de nous la déloyauté de la
contre-façon, loin de nous l'intention coupable de porter
une main spoliatrice sur ce qui, par la prescription et le
grand savoir-faire, est devenu pour eux quelque chose de
semblable au droit de propriété; eussions-nous eu le ta
lentle courage nous manquerait. Comme dit un autre
proverbe, nous les payâmes de même monnaie et puis
qu'il fallait un portrait, au lieu de choisir notre modèle
dans celte pléiade des champions de nos libertés pu
bliques dont le caractère et le talent se défendraient
d'ailleurs d'eux-mêmes, nous nous contentâmes de faire
poser un de ces personnages dont l'insignifiance et la
nullité reproduites avec fidélité et sans exagération, n'était
en rien capable d'effaroucher les consciences les plus ti
morées, les sentiments les plus délicats. Celui qui n'aura
pas suivi ces débats, sera sans doute curieux de savoir
comment fut accueilli le portrait du radieux Avorton.
Sans doute, se dira-t-il, si la peinture a été fausse et
mensongère, on en aura appelé au public qui connait
l'original si, au contraire, ce n'a été qu'une méchante
caricature destinée noircir un honnête homme que la
calomnie ne peut atteindre ils auront répondu, leur
tour, par le dédain et le mépris du silence? Vous n'y êtes
pas, cher lecteur apprenez donc que pour prouver que
nous n'avions pas touché juste, cet innocent croquis fut
immédiatement suivi d'un éclat de foudre, accompagné
d'un déluge d'imprécations. Inutile de rappeler ici les
douceurs qui nous furent administrés, votre journal les
ayant reproduites, afin qu'elles ne fussent point perdues
pour la postérité. Voilà, pour leur modération Et de trois.
Veut-on connaître un quatrième moyen et le plus in
génieux de tous, imaginé par nos adversaires, pour avoir
raison contre nous? La logique Lapalissiennele men
songe, la colère ne leur portant pas bonheur, quoi,
ces malheureux, pivotant sur eux-mêmes dans un cercle
sans issue, recourront-ils maintenant? Honteux des
transports de fureur et de rage qu'ils avaient laissé éclater
dans leur feuille, désespérés d'avoir frappé dans le vide,
voulant tout prix déchirer celte page de leur honte et
de leur faiblesse, avec une maladresse qui saute aux yeux
et qu'explique assez la difficulté de la tâche, ils s'efforcent
d'intervertir les rôles, de nous imputer leurs propres faits
et gestes, la face du public spectateur de nos luttes! et
(on ne le croirait pas!) de refaire contre nous, dans une
imitation burlesque, un article dont nous les avions écrasés.
On se rappelle que pour l'édification du bénévole lecteur
et afin de prouver qu'ils sont seulement forts sur l'injure
nous avions cité quelques gracieusetés telles qu'ils savent
en faire; eh bien! le croirait-on, c'est nous qui sommes
les maîtres dans l'injure, les monopoleurs des invectives
outrageantes et calomnieuses et ils le prouvent... par des
citations! Mais,demanderait-on,lehasard a-t-ilfaittomber
entre leurs mains quelque diatribe inédite, écrite en style
ordurier et signé R. Candide lecteur, êtes-vous aussi un
de ceux qui ne lisent pas le Progrès et n'avez-vous pas
rencontré,impriméesentoutes lettres, les marques ineffa
çables de notre honte et de notre défaite; empressez-vous
de lire attentivement mes précédentes correspondances
et vous serez convaincu que la condamnation de notre
parti est immanquableet qu'il ne nous reste plus qu'à
nous résigner au malheureux sort mérité par nos forfaits.
Seulement pour atténuer notre faute et concilier la clé
mence de nos juges, nous ferons une petite observation:
c'est que, sans doute par oubli, nos charitables accusa
teurs ont négligé de faire suivre les citations faites par
eux,de l'article où ils lesavaient puisées (nous leur avions
pourtant donné bon exemple) ce qui leur a valu l'insigne
avantage de donner des mots isolés le sens qu'ils n'ont
plus dans le corps de la phraseet cet autre bien grand
nos yeuxde pouvoir faire passer comme adressées
leurs radieuses excellences, les épithètes de monstre et
de vipère qui existent, nous l'avouons, dans nos écrits,
mais seulement titre de rappel, comme ayant été infligés
par eux-mêmes nous.
Décidément, messieurs les indépendants, vous mentez
vos statuts et surtout votre titre, non-seulement pour
la logique vous dépendez de M. de Lapalisse, pour 1 hon
nêteté, vous sacrifiez l'imposturepour la modération
vous êtes esclave de la colère; mais encore par vos
contre-façons, par vos singeries, phénomène de plus
constater dans la monomanie qu'on pourrait appeler
drpendancophobie) vous reconnaissez implicitement l'au
torité, la suprématie, le vasselage, la sujétion, la domi
nation,etc.,etc.,de celui qui en définitive, n'est que votre
très-humble et très-dévoué serviteur.
P. S. M. le rédacteur, quel sera le cinquième phé
nomène constater dans la monomanie dite (lependanco-
phobie. Espérons que nous ne perdrons rien attendre.
Correspondance.
PoPERUfGHE, le 27 Juillet 1849.
Monsieur le rédacteur du Progrès,
Parmi les différentes branches de l'administration com
munale sur lesquelles nous avons entrepris de porter de
temps en temps nos investigations tendantes éclairer le
public sur la situation administrative de notre ville, une
branche qui mérite d'être encore spécialement mentionnée
dans notre revue, c'est celle relative aux beaux-arts.
Placés sous la protection de l'autorité localec'est en
examinant les progrès qu'ont faits jusqu'ici les beaux-
arts Poperinghe, qu'on pourra de nouveau juger du
dégré d'aptitude et de la capacité administrative de nos
gouvernants communaux. Or, quelles sont les institu
tions dont pourrait se glorifier actuellement notre ville?
Quels sont les encouragements et l'appui donnés par
l'administration la culture des sciences et des arts? A
la honte de nos magistrats, force nous est de déclarer ici
que tous leurs efforts n'ont tendu qu'à en arrêter le dé
veloppement, en réduisant les subsides alloués et en res
treignant même le nombre dés institutions destinées
cette noble culture.
Depuis nombre d'années Poperinghe avait vu se former
successivement trois institutions de ce genre: une société
dramatique ditd des Victorins, une association musicale
et une académie de dessin et d'architecture. Nous ne
mentionnons ici que pour mémoire la première, laquelle,
faute d'encouragement et de protection suffisante de la
part de l'autorité communaleest aujourd'hui presque
éteinte et réduite depuis longtemps, l'exception de son
honorable doyen, un petit nombre d'artisans peu pro
pres maintenir son ancien éclat.
Mais que dire de notre société philharmonique encore
si florissante il y a quelques annéeset qui son tour
vient de subir le même sort? Cette société qui, pour ar
river la splendeur où elle était parvenue, a déjà coûté
près de 20,000 francs la ville, qui, répondant ces
larges sacrifices, a amplement justifié l'espoir qu'on avait
fondé sur elle, en remportant dans de nombreux con
cours des succès éclatants, ainsi que l'attestent la quantité
de médailles qui ornent sa bannière, cette société, disons-
nous, qui l'étranger faisait la gloire de Poperinghe, se
trouve aujourd'hui tristement réduite un assemblage
de jeunes apprentis, capables tout au plus d'anéantir to
talement son ancienne réputation. Cependant quels re
grets ne doit pas inspirer cette décadence ceux qui
savent apprécier tous les avantages de pareilles institu
tions si propres contribuer aux progrès de la civilisation
et développer parmi la jeunesse le goût des arts cultivés
avec tant de succès en Belgique N'est-il pas pénible que
cette musique qui jadis pouvait lutter si avantageusement
contre des villes de deuxième ordren'oserait plus se
mesurer avec des communes de dernier rang? Que cette
musique qui naguère encore, au dernier festival de Dun-
kerquea si dignement représenté la Belgique et y a
mérité les applaudissements et les éloges les plus flat
teurs, n'ose plus cette année où tant de concours sont
donnés dans des villes et des communes de l'arrondisse
ment, figurer parmi ses anciennes rivales?... Mais quelle
a pu être la cause de cette décadence si subite et si dé
plorable? Faut-il l'attribuer la situation précaire des
finances de la ville par laquelle nos gouvernants préten
dent justifier tous leurs abus? Assurément non. Pour
nous qui savons aller au fond des choses et qui connais
sons les tendances et la conduite rétrograde de notre chef
communal, nous nous expliquons très-facilement pour
quoi de protecteur ardent qu'il était de la musique, du
temps qu'il était libéral, il en est devenu aujourd'hui
l'ennemi déclaré. Cette société ne contribuc-t-eile pas
l'émancipation de la jeunesse, et dès lors n'est-il pas
craindre, en aidant au développement des beaux-arts
que cette bonne ville de Poperinghe n'abandonne bientôt
entièrement les lisières l'aide desquelles il lui a été
permis de marcher? Or, ne faut-il pas tout prix essayer
de la replonger dans cette obscure existence d'autrefois
qui faisait l'affaire de quelques-uns au grand détriment
de la généralité?... Na-t-on pas vu d'ailleurs que l'esprit
illibéral de ces quelques-uns s est opposé constamment
1 érection de toute société propre développer l'intelli
gence et mettre 1 esprit de nos habitants en harmonie
avec les idées du siècle? Témoins les sociétés littéraires
qu'on a tant de fois essayé d'organiser ici, et qui, par les
coups indirects qu'on leur a portés de tous côtés, ont fini
chaque fois par succomber et disparaître.
Quant l'académie de dessin et d'architecture, en
juger d'après le discours prononcé par notre chef com
munal, l'occasion de la distribution des prix de cette
année, sur les progrès de cet établissement, on serait
tenté d'y trouver un motif d'éloge pour la régence. A la