JOlltWL D'YPRES ET DE L'ARROADISSEMEXT.
-V 862. O Aimée.
Vires acquirit eundo.
INTÉRIEUR.
L,e neveu d'un Connétable.
ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces, 4 francs.
INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes.Réclames, la ligne 30 centimes.
Le Progrés parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
YPRES, le S Août.
Nous ignorons si les feuilles cléricales oseront
tenter de donner le change sur l'immixtion
effrontée du prêtre dans les luttes électorales
qui ont eu pour résultat d'envoyer MM. Malou
et d'Anéllian au Sénat, mais nous sommes au
torisés dire que jamais, du temps de l'évêque
Botissen, le clergé n'a intrigué d'une façon aussi
scandaleuse. 11 a pris pour prétexte les fonda
tions que M. le ministre de la justice, appli
quant les lois existantes, a voulu faire adminis
trer par les administrateurs légaux et celles
dont l'acceptation a été refusée, parce qu'à côté
des institutions légales il ne doit pas s'élever
des personnifications civiles particulières qui se
font concurrence. On ne peut qu'approuver la
conduite de M. De Haussy, car nous avons pu
voir ce que sont devenues certaines fondations
particulières dirigées, la plupart du temps
contre le vœu des bienfaiteurs, tandis que les
autorités établies par la loi offrent toute garan
tie que les bienfaits et dons légués seront honnê
tement administrés et la dernière volonté du
testateur loyalement exécutée. Les prétentions
du parti clérico-polilique ne tendent autre
chose qu'à se mettre au-dessus de la loi et exi
ger cpie ses caprices soient reconnues valides,
bien que contraires la législation existante;
en d'autres termes, le clergé revendique le droit
de faire des dispositions contraires la loi,
d attacher une donation des conditions illé
gales. Cela ne doit pas étonner, en dehors du
droit canon uue loi exisle-t-elle pour la caste
sacerdotale
Quoiqu il en soit, ce qui démontre au moins
clairvoyantl'impudente intrusion du prêtre
revêtu du caractère religieux, dans le domaine
politique, c'est que les mêmes électeurs qui,
abandonnés leur propre inspiration, oui
nommé des députés qui ne sont pas de la nu
ance de M. d'Anéthan, viennent d'élireaprès
une lutte énergique, Ihomme-lige du parti ca
tholique le plat défenseur de toutes ses exor
bitantes exigences. Quand le clergé s est abstenu,
non pas d exercer ses droits de citoyens, car aux
élections de 184(1, les prêtres sont venus voler
Suite.)
VII. les ee'cjx truands.
Environ une heure après, Goldussarina était de retour
l'hôtel du Donjon.
Eh bien? lui demanda Archambaud, lorsqu'il la vit
revenir.
Eli bien monseigneur; tout marche au mieux. Les
deux hommes nous attendent là-bas. Il est dix heures...
partons!
Archambaud la suivit.
Ils traversèrent ensemble la place des Innoccns, et
gagnèrent la rue de la grande Truanderie.
Ainsi que l'avait dit Goldussarina, il y avait deux sen
tinelles de garde la porte de Jacques Moulu. L'une avait
l'air de montrer une fausse plaie, l'autre, appuyé sur des
béquilles, tendait son escarcelle aux passants.
Quand Guldussarina fut assez rapprochée pour leur
parler, elle demanda:
Est-il sorti?
Oui, firent la fois les truands.
Ces quatre personnages entrèrent alors chez le nécro
mancien.
Goldussarina, qui marchait la première, tenait Archam
baud par sa main droite, pour le guider dans l'obscurité
et grand nombre ont été individuellement con
sultés, mais quand il s'est abstenu, par crainte,
litre d'autorité religieuse, comme corps,
comme caste, le résultat des élections a été tout
différent de ce qu'il a été aux élections de Thielt
et d'Ypres. En ces deux luttes le prêtre a été
constitué de par l'évêque, courtier électoral, et
si cela continue, il faudra, puisqu'on apprend
tant de choses aux séminaristesqu'ou leur
inculque les roueries politiques l'usage des
partis qui, pour dominer contre le gré des po
pulations, sont obligés d'entrer dans des voies
tortueuses, où l asluce et la ruse sont les armes
obligées.
Ce que nous tenons constater, c'est la dif
férence entre le résultat des élections de 1848,
sans l'intervenlion du clergé, tilre d'autorité
et les nominations des districts d'Ypres et de
i'hielt en 1849, où le prêtre a souillé sa robe et
dégradé son caractère religieux la première
fois par servilité pour l'évêque et la seconde
fois dans le but de pouvoir disposer des biens
d'une multitude de fondations quisous pré
texte decharilé, ne serventqu'à enrichir le clergé*
LA TIYNDAS.
La kermesse communale s'annonçait sous des
auspices favorables. Un beau temps paraissait
devoir favoriser les fêtes publiques et, sous
un beau ciel, les fêtes les moins brillantes de
viennent attrayantes. Un beau tirage avait été
organisé par les soins de la société royale de
S' Sébastien de riches prix avaient été donnés
par la ville qui n'avait pas oublié que cette an
tique confrérie avait servi anciennement de
milice municipaleet que, comme telle, elle avait
figuré avec honneur dans les ancienues luttes
communales. Aussi les exercices des archers
qui ne sont plus qu'un jeu d'adresse, étaient
autrefois très-sérieux. L'arc était alors une
arme de guerre. C'est peut-être pour cette
raison, que les tirages ont encore le privilège
de posséder les sympathies populaires.
l'eu d'archers se sont cependant présentés
au concours; 111 ont répondu l'appel et ja
mais, Yprestirage solennel S1 Sébastien
n'avait attiré aussi peu d amateurs. Un cortège
s'est formé l'hôtel-de-ville vers trois heures,
les deux truands les suivaient.
Après avoiravancé durant quelques minutes, au milieu
du plus religieux silence, Goldussarina lâcha la main du
comte, et fit jouer le ressort du bahut.
Une lumière qu'on eut cru échappée d'une fournaise
de l'enfer, vint inonder Archambaud et les truands qui
ne s'y attendaient pas.
Le laboratoire de Jacques Moulu avec son aspect sai
sissant, son étrangeté repoussante, était dans le même
état que nous l'avons déjà vu.
Une haute flamme qui se jouait aux alentours de l'a
lambic où étaient des métaux en fusion, donnait aux
squelettes des reflets mobiles qui paraissaient leur prêter
une vie factice. On eut dit que tout remuait, que tout
tremblait, les meubles comme la voûte, les murailles
comme le sol.
Archambaud courut vers le cachot; il eut le temps
de voir, parle trou du vasistas, tomber Jchannc de sai
sissement. N'obéissant qu'à sa première impulsion, il
poussa si vigoureusement le battant de chcne qu'il en
craqua.
Doucement! monseigneur, dirent l'unisson, les
deux hommes, cette besogne est la nôtre nous la reven
diquons. Et aussitôt s'avançant, ils prirent eux deux
une table dont ils se servirent habilement en guise de
madrier. Ils frappèrent tant et si fort sur la porte qu'elle
composé des confrères de S1 Sébastien pré
cédés de la musique des Sapeurs-Pompiers et
suivis des archers étrangers. Après venaient les
prix décernés par la ville aux plus adroits: ils
consistaient en trente et un beaux couverts et
trois médailles aux armes de la ville. Après
avoir passé par les rues de Dixmudede S1
Jacques, de Lille et au Beurre, le cortège est
arrivé sur l'Esplanade, lieu d'exercice des ar
chers, et le tir a commencé.
Un temps calme a favorisé les archers aussi
dès le premier jour du tirage, tous les oiseaux
supérieurs ont été abattus. M. De Wulf, de la
société de Bruges, a abattu le maître-oiseau;
M. Vanhille,de Poperinghe, le second; M. Van-
den Driessche, de Moorslede, le troisième; M.
Burgho, de la société de S' Sébastien d'Ypres
le quatrième; et le cinquième a été tiré par M.
Maesd Harlebeke.
A 7 heures et demie, il n'y avait plus que
cinq petits oiseaux sur la pyramideet treize seu
lement devaient y êlre remis pour le lendemain.
On a donc proposé de faire une mise supplé
mentaire d'un franc par tireur pour replacer
cinq oiseaux supérieurs sur la perche, de façou
animer le tir pendant la seconde partie. Celte
proposition a été unanimement admise et cinq
couverts ont été désignés pour servir de
prixla Société de S'-Sébastien s'engageant
payer la différence entre la valeur des mi
ses et le prix des cinq couverts. Ces prix ont
été gagnés par M. Casier, de la société du Cerf,
de Brielen Van Tomme, de Deerlyk Samyn,
de la société de l'Hoekje Verhille et Burgho,
de la société de S'-Sébastien d'Ypres. La so
ciété de S'-Sébastien de Bruges est celle qui a
animé le tirage; dix-huit confrères de cette
antique société qui, avec celle d'Ypres, sont en
core les véritables modèles des anciens serments
de la Flandre y ont assisté. Aussia-t-on reconnu
un témoignage de bonne entente entre ces deux
sociétés, quand il a été décidé que la société
de S'-Sébastien avait mérité les trois médailles
décernées la société la plus éloignée, la plus
nombreuse et celle qui s'était présentée avec le
plus d'appareil. La plus franche gaîté a con
stamment embelli cette fête qui rappelle encore
tomba pièce pièce, entraînant avec elle, dans sa chute,
la barre de fer transversale qui la maintenait.
Nous n'essaierons pas de raconter la scène qui se passa
alors scène attendrissante dans laquelle Archambaud et
Jchannc se prodiguèrent mutuellement mille consolations,
mille paroles de joie, de bonheur.
Lorsque Goldussarina eut compris que c'était assez de
temps perdu, elle dit Archambaud:
Rappelez-vous votre parole! monseigneur. Aussitôt
Archambaud prit Jehanne dans ses bras et sortit.
Un quart d'heure environ s'était écoulé pendant lequel
Goldussarina avait débattu les conditions avec les truands
et payé le prix de leur assistance, lorsqu'un craquement
sec, qui ne laissait aucun doute sur la cause qui le faisait
naître, résonna dans les échos du corridor, et on entendit
distinctement une voix inâle frédonnant un vieux virelav.
Le bahut glissa dans sa coulisse, et Jacques Mouïu
entra reculons pour refermer sur lui l'ouverture secrète.
A un signe de Goldussarina, les deux hommes se pré
cipitèrent sur lui, et lui lièrent étroitement les bras.
Jacques Moulu comprit tout d'un coup d'œil rapide
et sur.
Or, ça, Guillaume Grétry, dit-elle, porte-lui sur la
chaise longue. Toi, Francis, prends cet escabeau que lu
poseras tout auprès.
Jacques Moulu sentit l'impuissance de ses efforts. 11