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Dimanche. 2C> Août 1849.
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Vires acquirit eunùo.
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ÎAILISIEUS.
ABONNEMENTS: Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50 c.Provinces,4francs.
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Le Proches parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
C YPRE», le Août.
Les dernières élections ont fait naitre une singulière
espèce d'électeurs. Ce sont ceux qui votent avec le clergé,
sous son impulsion, tout en se disant libéraux. Ils émet
tent un vote en opposition avec le parti auquel ils disent
appartenirde conviction,et se fâchent quand ou veut leur
démontrer que cette façon d'agir est absurde. Si l'on est
du parti catholique, si l'on approuve ses doctrines, si l'on
cstintolérant et que l'on gémitdevoir l'inquisition abolie,
nous concevons très-bien que l'on vote avec les adhérents
du parti clérical. Mais que l'on se dise libéral et que l'on
donne son suffrage a un ennemi politique contre l'intérêt
de l'opinion soi-disant la vôtre, voilà, nous parait-il, une
manière d'agir tellement inqualifiable que l'on peut croire
que celui qui agit ainsi, ne jouit pas entièrement de l'in
tégrité de ses facultés intellectuelles, moins qu'il n'y
ait un autre calcul qui fasse agir ces singuliers libéraux,
celui qu'on a précisé en ces termes: ôte-toi de là que je
m'y mette.
Pendant longues années l'opinion libérale, et alors il
n'était pas question de personnes, a lutté avec énergie
pour avoir la majorité au conseil communal, au conseil
provincial et enfin la chambre. A Ypres, la plupart de
ceux qui ont abandonné l'ancienne bannière luttaient
dans les rangs des libéraux. Mais au moment où le libé
ralisme atteignait le but auquel il aspirait depuis si long
temps, des ambitions habilement excitées, des passions
échauffées ont produit une diversion, en faveur du parti
catholique tombé dans l'impuissance finale, si des trans
fuges libéraux n'étaient venus son secours. Alors il a
relevé la tête et grâce cet appui, il s'est présenté de
nouveau dans la lice. Une coalition s'est formée de ca
tholiques purs et de transfuges du libéralisme, de mé
contents omnicolores, contre l'opinion libérale, et ce sont
ces individus qui ont été fortifier les phalanges ennemies,
qui se prétendent libéraux, qui osent se proclamer atta
ches au libéralisme! Mais ils sont moins honorables
qu'un catholique pur qui profïsse de conviction des opj.
nions politiques rétrogrades, détestables, mais qui au
moins a pour lui la pureté de ses croyances et de ses in
tentions.
Mercredi dernier comme nous l'avions annoncé
M. l'évêque de Bruges, après avoir été conduit proces-
sionnellement l'église S'-Martin, y a conféré le sacre
ment de la confirmation. A cette occasion, M. le doyen a
donné un diner auquel ont été invités plusieurs autorités
civiles et militaires. Le soir, une brillante illumination a
terminé la première journée du séjour de M. Malou, en
nos murs. Le lendemain, ce haut dignitaire ecclésiastique
a conféré le sacrement de la confirmation en l'église de
S'-Pierre le matin, et l'après-dincr, en l'église S'-Jacqucs.
M. le bourgmestre de la ville a offert, M. l'évêque, un
diner qui réunissait l'autorité communale et plusieurs
ecclésiastiques. M. l'évêque a visité l'hôpital,les hospices,
la maison des aliénés, les écoles, l'école communale, enfin
tous les établissements publics, et tous les couvents de la
ville.Vendredi, il a confirmé la jeunesse des deux sexes en
l'église S'-Nicolas et a fini sa journée en rendant quel
ques visites particulières des membres de sa famille. Il
a quitté la ville aujourd'hui, pour se rendre au chcf-lieu
diocésain.
M. Dominique Vercruysse, pour témoigner son res
pect Monseigneur Malou a arboré le vieux drapeau
révolutionnaire de 1789. Cette réexhibition des couleurs
de Vandcrnootaurait-elle une signification? Nous pen
sons plutôt que le descendant de l'ancien colonel des pa
triotes courlraisiens de 89 n'a voulu que secouer un peu
la poussière qui ternissait les nobles couleurs de cet in
signe insurrectionnel belge. Chronique de Courtrai.)
On nous écrit de Roulcrs:
Le bruit qui circulait sur le changement du personnel
du petit séminaire vient de se confirmer. Le supérieur
M. Nachtegacleest remplacé par M. Faict, et l'économe
du même séminaire, M. Van llovc, par M. Bcthunc, fils
du bourgmestre de Courtrai.
On dit que les professeurs et surveillants seront égale
ment remplacés; ainsi donc plus tard le récit complet
de cette révolution.
Ce matin, huit heures etdemic, le Roi est allé rendre,
M. le ministre de la guerre, la visite qu'il lui avait fait
promettre, mais que des circonstances imprévues avaient
empêchée.
S. M. était seule, et s'est entretenue pendant plus
d'une demi heure avec M. le général Chazal.
A 9 heures, le Roi et les princes sont partis pour le
camp de Beverloo. S. M. est attendue au camp vers 3
heures.
M. le lieutenant-général Prisse, gouverneur militaire
de la province, aidc-dc-camp du Roi; M. le colonel de
Lannoy, gouverneur des princes, cl M. le major de Meurs,
ocuyer supérieur de la maison du Roi, accompagnent Sa
Majesté.
L'ouverture de la chasse est fixée, dans la province de
la Flandre occidentale, au 26 Août.
i_
[Suite.)
IX. LE TRIPLE EMBRASSEMENT.
En quittant la duègne, l'homme la houppelande s'était
dirigé vers l'endroit où il avait attaché le levrier.
Rapide, voyant revenir son maître, se dressa sur ses
pattes, en lui témoignant, par les battements précipités
de sa queue, le plaisir que lui faisait éprouver son retour.
Sans prendre garde ces manifestations d'amitié, l'in
connu s'appuva contre le troue d'un vieux chêneet là
dans l'altitude de l'impatience, il ramena en abat-jour
ses deux mains sur ses yeuxcomme pour mieux distin
guer au loin.
Enfin, au bout d'un quart-d'heure de cette muette ob
servation, on entendit sa respiration devenir bruyante.
Le corps penché en avant, il regarda avec fixité deux
ombres qui traversaient la prairie et s'avançaient vers le
château.
Le chien fit entendre un petit cri aussitôt comprimé.
Tais-toi Rapide, dit la voix fortement émue de l'é
tranger; tais-toi
Quand les deux ombres furent entrées dans la cour
seigueuriale du Donjon, l'homme la houppelande dé
tacha le levrier. Faisant alors un grand détour pour
éviter les parties éclairéesil se rendit au pavillon que
Toutefois, la chasse aux chiens courants et aux lévriers
n'est permise qu'à dater du 15" jour après les diverses
époques fixées par l'article précédent.
Toute espèce de chasse en plaine est provisoirement
suspendue dans les communes dont le territoire sera cou
vert de neige.
Le parti du général Cavaignac est parvenu réunir
deux cent mille francs, qui sont déposés chez un notaire
de la rue de la Paix et qui sont destinés la publication
du journal le Constituant, que doit rédiger M. Armand
Marrast, ancien président de l'Assemblée constituante et
ancien rédacteur en chef du National. Le Constituant
paraîtra le 1er Octobre.
nécrologie. M. le général Michiels, qui s'est illustré
aux Indes Hollandaises et qui vient de mourir glorieuse
ment dans l'expédition de Dali, était d'origine belge. Son
père était de Grammont sa mère, qui vit encore, habite
Liège.
Le général Michiels avait fait ses études au lycée de
Liège et il était sous-liculenant dans un bataillon belge
qui avait assisté la bataille de Waterloo, lorsque en
1816 il prit le parti d'aller servir Javadans l'armée
coloniale. Depuis cette époque, il n'est pas revenu en
Europe.
venaient de quitter Archambaud et Jchannc.
Parvenu dans la pièce unique, encore éclairée il s'y
enferma.
Alors il se débarrassa de son manteau, en poussant un
soupir qui renfermait mille douleurs ou mille joies.
C'était Hugues de Clissonainsi que le lecteur l'a déjà
sans doute deviné. Non plus Clisson ce fougueux jeune
homme, la figure insouciante et gaie, mais Clisson
I vieilli de dix ans, Clisson les traits saillants, le front sil
lonné de rides précocesle teint hâve et plombé. Une
cicatrice qui prenait'au menton et allait se perdre dans la
fraise de son collet achevait de le rendre méconnaissable.
Le hasard avait poussé tel point l'étrangeté que lui
aussi était vêtu comme la première fois qu'il nous est
apparu.
II portait le même élégant pourpoint de brocard d'or,
serré la taille par une ceinture en mailles d'acier la
quelle était suspendue son épée. Une chaîne était passée
autour de son cou et s'arrondissait sur sa poitrine comme
un carcan massif. Au milieu de son chapeau de velours
violet on voyait scintiller un seul diamant. Son pantalon
collant de velours violet disparaissait, par le bas, dans
des bottes ornées d'éperons.
Hugues de Clisson, après avoir promené autour de lui
des regards effarés, prit le guéridon du milieu sur lequel
taient les restes du souper et le porta da ns un aDgle de
FRANCE. Paris, 22 Août. M. Lcdru-Rollin,
qui était Paris depuis huit joursvient de repartir sur
les instances de ses amis. Le chef de la Montagne voulait
se présenter devant la haute-cour de justice, afin que son
témoignage fut de quelque secours ceux de ses amis qui
ne sont coupables qu'en apparence.
Dans un conseil qui a été tenuil y a deux joursles
montagnards les plus influons lui ont fait, dit-on com
prendre qu'il pourrait ne pas s'agir seulement d'une dé
tention, mais bien d'une déportation outre-mer. Il a fini
par céder leurs conseils.
Il est de nouveau question d'un voyage Dreux que
feraient certains membres de la famille d'Orléans. Ce qui
est positif, c'est qu'on a fait ces jours-ci des préparatifs
inaccoutumés au château de Dreux et de la Chapelle.
Un journal étranger contient les détails suivons sur un
diner qui a eu lieu mercredi l'Elysée. Se départant
de ses habitudes de réserve extrême, M. Louis-Napoléon
Bonaparte, aurait exprimé longuement et hautement son
opinion sur la politique qu'il croit la plus avantageuse
aujourd'hui au tempérament et aux blessures de la
France, et il aurait prononcé ces paroles:
Je ne suis pas le seul dont la politique ait été com
promise par les imputations calomnieuses des uns et
le zèle excessif des autres... S'il m'est donné, comme je
l'espère bien, de fournir ma carrière présidentielle; mon
la salle. En ce moment, on entendit des pas sur le tapis
de verdure qui entourait le pavillon.
Rapide, fidèle cette rancune instinctive qui ne l'avait
jamais abandonné, regarda son maître avec des yeux
larmoyants.
Archambaud entra, la bouche souriante ignorant en
core qui il avait faire; il referma la porte sur lui.
Clisson s'approcha pour le recevoir.
A sa vue, les traits d'Archambaud prirent un ton de
surprise mêlé d'effroi.
Il pâlit et chancela comme un homme ivre qui sent
le besoin d'un point d'appui.
Certes, Archambaud n'était pas accessible la peur il
était de cette trempe, pure comme l'acier, que rien n'en
tame; mais il croyait sincèrement avoir tué son ennemi
lequel, du reste, avait fait répandre lui-même le bruit de
sa mort.
Et comme chacun le sait, le moyen-âge ne pouvait dé
pouiller entièrement ses idées de superstition, et croyait
avec foi aux sorciers, la providence, aux miracles.
Telle était la cause de la frayeur involontaire que nous
avons remarquée sur le visage d'Archambaud.
Sans avancer ui reculer, il fixait toujours Clisson avec
une obstination magnétique. Son regard tombait d'a
plomb sur luidans un doute dévorant. Il se croyait
sous l'influence d'un rêve.