saires d'arrondissement de Furnes et d Ypres,
MM. les membres de la commission médicale
provinciale, quelques conseillers provinciaux,
enfin tous les habitants notables de Dixmude et
les riches fermiers du Veurne-ambacht. Une
table bien servie, des vios excellents et des mets
exquis ont prolongé le banquet jusque vers
huit heures du soir. Des toasts ont été proposés
par M. Woets, président de la société d agri
culture au Roi et la famille royale! par M.
De Brevnereprésentant et bourgmestre, M.
le ministre de 1 intérieur, qui a longuement
répondu avec cet âme et ces nobles sentiments
qui ne font jamais défaut M. Rogier, dans sa
carrière politique. M. Woets, au nom de la
société d'agriculture, a remercié MM. les minis
tres et le gouverneur, par une allocution bien
dite et bien pensée. 11 a eu un véritable succès
oratoire et tout le monde était heureux d avoir
rencontré un interprêle aussi digne des senti
ments que chacun partageait. M. le ministre
des travaux publics, qui M. le sénateur \an
Woumen avait porté un toast, a répondu en
flamand et il a fait d'autant plus de plaisir que
rarement il arrive qu on entende des accents
flamands dans des occasions officielles. Le der
nier toast a été porté M. le gouverneur, qui
a répondu avec celle facilité et cet à-propos
qu'on se plait lui reconnaître.
Au dessert et avant les toastune ode com
posée par Mrae Van Ackere, née Doolaeghe, a
été déclamée par M. Feys, sous le titre modeste
de Dichtreyelen. Ces strophes qui sont aussi
remarquables par la beauté du style que par
l'élévation des idéessont dues un poëte
peine connu dans notre Flandre, mais apprécié
l'étranger et surtout en Hollande, où l'on
s'arrache les poésies de MmB Van Ackere. Consta
tons que plusieurs fois des applaudissements
unanimes ont accueilli des passages de cette
pièce de vers qui, bien que composée rapide
ment, est digne de figurer parmi les œuvres de
cette femme remarquable.
Après le banquet a eu lieu le bal, dans les
salons de l'hôlel-de-ville et les personnages
distingués que la ville de Dixmude avait ac
cueillis avec tant de cordialitéont paru la
fête dansante organisée l'oecasiondu concours
agricole. Mais ils n'y sont pas restés longtemps,
une journée bien remplie lésa forcés de prendre
du repos. Le lendemain MM. Rogier et Rolin
sont partis pour Oudenbourg, accompagnés de
M. le gouverneur, elle soir ils étaient de retour
Bruxelles.
II parait que les Caméléons devenus néo-catholiques
sont d'une intolérance qui dépasse de cent coudées celle
de leurs aînés. Non-seulement ils veulent qu'on s'amuse
par ordre, mais encore ils trouvent mauvais qu'on n'illu
mine pas pour leur fétiche et la famille du fétiche, qui
probablement saura trouver le moyen de payer les bas
sesses de ces paillasses du clergé. Il serait difficile de
rencontrer un aussi méprisable crétinisme que celui de
ces soi-disant industriels et de leur journal, qui non-
seulement sont genoux devant leur idole, mais s'indi
gnent de ce que d'autres refusent de s'abaisser et d'adorer
le génie malfaisant au nom duquel on se plait les
insulter.
En ce moment un nuage gagna l'orbe arrondi de la
lune, et l'obstrua complètement.
Parvenue au bord du chenalJehannc sauta avec lé
gèreté dans le bac, et alla prendre place sur l'avanten
disant d'une voix essoufflée par la rapidité de sa course:
Tu ne crains donc plus, mon Archambaud, de com
promettre notre bonheur?
Clissonalors occupé dénouer la chaîneput se dis
penser de répondre sans que son silence fut remarqué.
D'un coup d'aile, la barque glissa au large comme une
mouette effarée. Le vent qui fraîchissait l'eut bientôt
portée la pleine mer.
Jehanne tout en laissant errer ses regards distraits
dans l'espace, crut apercevoir derrière eux, une dis
tance éloignée, un objet qui surnageait; de temps en
temps cet objet se montrait sur l'arrête d'un flot, puis
retombait pour reparaître de nouveau.
Le nuage qui avait momentanément intercepté les
rayons de lumière, s'éloigna en se traînant vers le nord.
Le disque nacré de la lune brilla d'un nouvel éclat.
L'œil toujours tendu au loinJehanne suivait avec
anxiété les mouvementsde l'objet qu'elle avait remarqué.
Elle comprit au jaillissement de l'eau, que c'était un être
animé se débattant avec des efforts inouïs.
Un carré de papier qui ne se pique pas de Gdélilé dans
les comptes-rendus quïl se plait arranger sa guise, a
cru devoir s'occuper d une décision prise par la Société
S'-Sébastien d'assister comme confrérie au cortège de
Tévêque. Cette décision n'a pas été prise unanimement
ainsi que le susdit journal le remarque fort bien. Une
observation a été faite par M. Merghelynck qui a cru
devoir faire remarquer que Tévêque n était, d après la
Constitution, qu'un haut dignitaire ecclésiastique et rien
de plus; que dans l'ordre civil, il n'avait plus ni rang ni
préséance, et que par conséquent les seuls honneurs
qu'on put logiquement lui rendre, devaient être reli
gieux. La question décider était celle de savoir, si la
société y serait représentée avec ses insignes, et du mo
ment quela majoritéétait de eet avis, les membresqui ont
toujours eu un certain faible pour les processions étaient
entièrement libres de se livrer leur goût favori.
Les paroles ehaleureuses de M. Merghelynck se sont
bornées ces remarques bien simples, et nous devons
croire qu'elles étaient justes puisqu'aucun des plats adu
lateurs de Tévêque n'a jugé devoir répondre une syllabe. Ils
ont pu hausser les épaules, c'est possible, c'est la ré
ponse de ceux qui ne savent que dire.
La partie amusante de cet article bête, bien qu'il ait la
pi'étention d'être méchant, c'est le paragraphe concernant
les lunettes bleues que portait M. Merghelynck et qui
doivent avoir offusqué legratte-papier delà feuille des dif
famateurs patentés. Du reste, il a trouvé une jolie explica
tion des motifs qui ont engagé M. Merghelynck porter
lunettes et nous en convenons, ce sont des observations
qui doivent grandement intéresser le public.
Nous ayons trouvé une" lettre dans le Journal des Ru-
ziles, en réponse un petit article concernant un artilleur,
inséré dans le Progrès. Elle attaque d'une manière aussi
stupide que méchante, un homme totalement étranger
l'insertion et la confection de cet article, qui en est
innocent et que sur de simples suppositions, on tâche de
couvrir de boue, parccqu'il a été soupçonné seulement
d'avoir écrit cet article. 11 faut en convenir, nos scribes
religieux et les éditeurs des journaux catholiques ont
perdu toute retenue. Us mentent impudemment, calom
nient dire d'experts, diffament tort et travers, le
tout au nom de la religiondes ministres d'un Dieu de
paix. Cela ne durera plus longtemps, sans que le clergé
qui soutient ces feuilles et les auteurs des infamies qu'elles
propagent, ne soit rendu moralement responsable des
énormités qu'on débite soi-disant dans son intérêt. Quand
la personne si maltraitée gratuitement dans cette lettre,
nous le répétonselle est étrangère cet article et nous
croyons que de la façon dont elle s'est toujours prêtée
dans le but d'être utile la ville et ses habitants, elle
méritait d'être traitée avec plus d'égards et en termes
plus convenables, si Ton croyait devoir l'attaquer.
Le stygmate que nous avons eru devoir imprimer aux
gestes d'un individu qui cherche ostensiblement rompre
la bonne harmonie qui règne dans la compagnie des ar
tilleurs de la garde civique a porté juste; la bête s'est
redressée, mais, en animal rétif, elle a rué sous le fouet.
Pour parler sans interlocutions, le malencontreux garde,
auteur de la réclame, relative la convocation de la bat
terie d'artillerie, se fait écrire, pour sa justification une
lettre aussi distinguée par la forme, que pour le fond.
Illustre et valeureux guerrier, mais fort disgracieux
soldat, pas n'était nécessaire de recourir la ruse, et de
nous mettre en présence d'un champion étranger ou ima
ginaire. Nous admettons volontiers que vous n'êtes pas le
rédacteur immédiat de votre factum, et nous ne chicane
rons pas là-dessus; un fabliau Ta dit, les plus gros clercs
ne sont pas toujours les plus fins; ainsi, que votre som
meil, sÉBiiNAXT tllI.OKO POI'f! ne souffre pas
d'interruption l'idée de passer pour écrivain nous sa
vons que vous n'êtes qu'un homme lettres, et nous nous
reprocherions toute notre vie d'avoir fait peser sur vous
le soupçon d'un méfait dans lequel vous êtes aussi inno
cent que l'enfant qui vient de naître.
Nous abandonnons donc volontiers quelqu'un de vos
avocats patelins, voir même quelqu'industriel manne
quin de cette bonne Commune, une solidarité de rédac-
Regarde là-bas, Archambaud, dit-elle en étendant
son doigt vers le point qu'elle examinait avec une inquié
tude croissantequelque chose se débat au milieu de la
lame
Elle avait peine formulé cette pensée, qu'un cri
plaintif se fit entendre: un autre plus déchirant lui suc
céda, et ce fut tout.
L'objet qui flottait disparut pour ne plus se montrer.
Jehanne d'Oisy qui ne pouvait s'expliquer la singularité
de cette apparition, leva ses paupières sur celui qu'elle
croyait être Archambaudpour lui en demander l'expli
cation.
Elle poussa un cri d'angoisse.
Pâledéfaitestupide de frayeur et d'émotion elle
tomba deux genoux aux pieds du mât, comme la Ma
deleine au pied delà croix. Ses yeux démesurément ou
verts, s'attachèrent sur Clisson, sa bouche resta demi
béante.
Hugues abandonnant alorsaux caprices du courant
la direction du gouvernail, se leva, fit un pas vers Jehanne
et lui dit d une voix entrecoupée:
Il y a cinq mois peineje t'aimais en perdre
la fois mes souvenirs de gloire et d'ambition Cet amour
tion dans laquelle, malgré votre air méchant, et vos
allures de boule-dogue vous êtes, nous le répétons, blanc
comme neige.
Dieu nous garde de l'idée de consumer notre temps et
nos loisirs épilogucr sur le contenu de votre duplique
qui, il fautètre Iranc, ne vaut pas une discussion sérieuse.
Je vous dirai cependant, pour terminer, que vous n'a
vez pas touché juste en attribuant mon article de samedi
un de mes camarades qui n'y est pour rien, et qui fera
bien, s'il veut suivre mes conseils, de ne pas engager avec
vous une polémique oiseuse, ce que je me propose de
faire désormais moi-même, pour ne pas user inutilement
mon encre, mes plumes et mon papier, que par paren
thèse je me propose de ne plus prendre l'avenir dans
la boutique du sieur L. .YltMM'IER-WQA'STIlE.
On nous prie d'insérer la lettre suivante:
Monsieur l'éditeur du Progrès,
Un journal de cette ville, en tête d'un article, dit: Le
choléra a décidément fait invasion dans notre ville. i>
Bien qu'il ajoute quelques cas se sont présentés et l'on
ne peut prévoir si le fléau s'arrêtera làetc. La nou
velle de l'invasion du choléra, Ypres, peut jeter de
l'anxiété parmi notre population et donner des inquié
tudes aux personnes étrangères qui ont des parents ou
amis en notre ville, surtout parce que le même journal,
en insérant le mouvement de l'état-civil, enregistre seize
décès, chiffre qui dépasse la moyenne hebdomadaire et
que le lecteur ne remarquera peut-être pas que ce mou
vement se rapporte deux semaines, du 11 au 2b Août
inclus, et non pas une seule.
Permettez-moi de fournir quelques renseignements sur
la situation hygiénique de notre ville, afin de tranquilliser
le public. Voici la vérité:
Depuis quinze jours environ, aucun cas de choléra n'a
été constaté. Avant cette époque, le nombre s'en était
élevé cinq, dont quatre importés et un contracté en
ville ceci est d'autant plus étonnant que d'ordinaire la
maladie prend un certain développement après la célé
bration de fêtes publiques et, sous ce rapport, notre ville,
depuis vingtjours, n'aeurien envier d'autres localités.
Ce qui prouve encore combien est excellent jusqu'ici
l'état hygiénique de notre ville, c'est que durant la der
nière semaine (du 19 au 2b inclus) il n'a été enregistré
que cinq décès la moyenne est de huit neuf) savoir
de deux enfants au-dessous de sept ans et de trois per
sonnes adultes dont une était âgée de Gb, l'autre de 82
ans. Ce n'est là, du reste, que la continuation de la bonne
situation sanitaire qui a été plusieurs fois constatée depuis
le commencement de cette année. En effet, depuis le 1er
Janvier jusqu'au 26 août, 550 naissances et bl 7 décès
ont été inscrits en 1847, 559 naissances et 573 décès en
1848, et enfin 5b0 naissances et 54G décès en 1849 soit,
en 1849,1 1 naissances de plus et 27 décès de moins qu'en
1848, et 20 naissances de plus et 171 décès de moins-
qu'en 1847.
Je livre avec plaisir ces chiffres l'appréciation du
public.
Je crois devoir faire remarquer encore que dans toutes
les villes du pays, les journaux, n'importe leur couleur,
n'ont donné qu'avec une extrême réserve les nouvelles
relatives au fléau, parce que la peur et l'inquiétude sont
des causes de sa propagation. J'espère qu'à Ypres on au
rait, le cas échéant, la même prudence.
Je saisis cette occasion, pour exprimer Tétonnement
qu'a fait éprouver la publication d'une lettre confiden
tielle adressée aux médecins de la ville et qui était la-
réproduction littérale des instructions données par l'au
torité supérieure. Le comité de salubrité avait désiré que
cette lettre ne fut pas rendue publique, afin de ne pas.
préoccuper les habitants de la ville de l'idée si nuisible
de l'invasion de la maladie, l'envoi de la dite lettre aux
journaux est un acte peu honorable pourcelui qui Ta posé
et qui a trahi ainsi la confiance que l'on avait placée en lui.
Agréez, etc.
un membre du comité de salubrité tublique
de la ville d'ïpres.
Nous recevons quelques nouvelles d'Oudenbourg con
cernant la fête inaugurale de l'école d'agriculture Les
est encore debout, corrosif, impétueux comme cette houle
qui nous emporte
La jeune femme anéantie, sans larmes, car de pareilles
secousses n'en ont pas, écoutait parler Clisson avec éga
rement.
Oui... je t'aime encore, Jehanne! continua Clisson.
C'est pour cela que je veux encore compter les batte
ments de ton seinc'est pour cela que je veux encore
entrelacer tes bras dans les miensainsi qu'au temps
évanoui de notre bonheur!., c'est pour cela que nous
allons mourir comme deux amants qui se sont toujours
appartenus, et s'appartiendront toujours
Depuis un instant le vent qui s'était engouffré dans les
plis de la voile, imprimait a la barque un tournoiement
pareil celui que provoque le passage d'une trombe.
Jehanne trouvant une énergie factice dans l'horreur
même de sa situation, s'écria en joignant les mains
Où est Archambaud?
Demande-moi plutôt ce que j'en ai fait de ton noble
seigneur fît Hugues dont la haine réveillée rendait les
accents terribles.
Où est Archambaud? répéta une seconde fois Je
hanne.
Clisson allongea les bras vers la houppelande