Dimanche un garde-convoi employé au chemin de fer
de Lille Paris, est tombé au moment où il voulait passer
de l'une voiture l'autre. Il a eu les deux bras cassés
et on devra lui en faire l'amputation. Afin de prévenir
de pareils malheurs n'y aurait-il pas moyen de faire en
sorte que, pendant la marche du convoi, les gardes ne
doivent point p.asser d'une voiture l'autre?
On écrit d'Anvers, 5 septembre
Il est des gens qui semblent prédestinés au malheur;
une lettre de Zoerseleu date de ce matin trois heures
nous annoocequ'une nouvelle et terrible catastrophe vient
d'atteindre M. Desforges, en butte, il y a deux ans, au
pillage et aux mauvais traitements de la trop célèbre
bande de voleursditede Zoersel. On saitque M. Desforges
subit presque cette époque le supplice familier aux an
ciennes bandes de chauffeurs. La nouvelle calamité qui
vient d'atteindre M. Desforges est un incendie: presque
tous les bâtiments de M. Desforges, nous écrit-on habi
tation granges greniers récoltes provisions, une no
table partie de bétail, meubles, bibliothèque, effets
mobiliers, etc., sont en ce moment dévorés par un hor
rible incendie dont on n'a pu se rendre maîtremalgré
des efforts inouis pour le combattre. Les bâtiments seuls
sont assurés par la compagnie d'assurances générales. On
nous promet plus tard les détails. La justice ne peut
manquer de se livrer de sévères investigations sur les
causes de cet incendie, car sans rien préjuger cet égard,
il ne serait pas impossible qu'il soit le résultat de quel-
qu'infernale machination, inspirée par la vengeance un
des anciens membres de la bande de Zoersel.
i:\Ti'its3:ns.
FRANCE. I'mmm, 5 Septembre. Le conseil des
ministres s'est réuni aujourd'hui au palais de l'Elysée.
Les questions extérieures ont été, ce qu'il parait,
laissées cette fois de côté. On s'est préoccupé surtout de
la question financière et, ce sujet on est entré dans
une longue discussion touchant le rétablissement de l'im
pôt sur les boissons, dont les conseils généraux deman
dent généralement le rétablissement, mais dont le mode
de perception entraîne souvent des gênes et des compli
cations.
Le procès devant la haute-cour de Versailles préoccupe
vivement le parti Montagnard. On assure, que les moyens
dont se serviront principalement les accusés du 13 juin,
consisteront prouver que les événements dont cette
journée a été le théâtre, sont dus l'intervention de la
police, qui aurait joué le rôle d'agent provocateur.
C'est le 3 de ce mois, qu'on a signifié aux accusés dans
l'affaire du 13 juin, l'arrêt de la chambre d'accusation de
la cour d'appel de Paris. Cet arrêt est du 9 août 1849
on a mis par conséquent vingt-cinq jours pour faire con
naître aux accusés le résumé sommaire des charges qui
pèsent sur eux et qui ont motivé leur renvoi devant la
haute-cour. 11 y a là une lenteur qu'il était du devoir et
de la dignité de la justice d'abréger.
Voici, d'après le Siècle, les diverses catégories dans
lesquelles l'accusation a divisé les prévenus
«t Le nombre des prévenus était de 73 7 ont été
élargis pr.r suite d'un arrêt de non lieu 66 dont 27 dé
tenus et 39 contumacessont renvoyés devant la haute-
cour ils sont divisés en six catégories: la première, dite
de la commission des vingt-cinqcomprend quatorze in
dividus; la deuxième, dite du comité de la presse, en
comprend sept, dont cinq journalistes la troisième caté
gorie comprend quatre noms seulement de citoyens ayant
fait partie, du comité des écolesla quatrième, dite des
représentants, comprend trente-trois représentants du
peuple, dont onze seulement sont détenus la cinquième
catégorie, sous le titre de Manifestation, embrasse trois
noms seulementparmi lesquels est celui de M. Etienne
Arago la sixième catégorie, enfin, relative aux artilleurs
et autres, comprend douze personnes parmi lesquelles
nous remarquons les noms de MM. Guinard, Forestier,
Kersausie, etc. Les charges qui pèsent sur ces diverses
catégories d'accusés sont peu près les mêmes.
C'est tort que plusieurs journaux ont annoncé la mort
de l'honorable M. Ravex, représentant de la Gironde, qui
était allé assister la session du conseil général de la
Gironde.
D'après une lettre reçue ce matin par un représen
tant, M. Ravez était dans une situation grave, mais ses
médecins espéraient encore le sauver, et conserver au
pays un de ses plus illustres jurisconsultes.
La Réforme dément le fait, annoncé par la Patrie, que
MM. Ledru-Rollin, Considérant, Félix Pvat, lioichot,
Rattier et autres impliqués dans l'attentat du 13 juin,
venaient d'être invités, par une décision du comité démo
cratique-socialiste, se constituer prisonniers Versailles
au moment de l'ouverture des débats devant la haute-
cour de justice.
La Réforme fait observer que le comité démocratique-
socialiste étant dissous, cette nouvelle ne peut avoir au
cune espèce de fondement.
Il est question d'un projet qui aurait pour but de faire
correspondre entre elles les différentes lignes de chemins
de fer. Ces correspondances établies, comme celles des
omnibus, mais sur une vaste, échelle, auraient pour effet
d'augmenter d'une manière notable la circulation sur les
chemins de fer.
L'emprunt du département de la Seine a été accordé
MM. Rougemontet Seilliores, au prix de 1,040 fr. par
obligation.
Quelques représentants de la Montagne assuraient au
jourd'hui l'assemblée que MM. Ledru-Rollin Félix
Pyat, Boichot, Rattier, Considérant et autres représen
tants impliqués dans l'affaire du 13 juin, avaient été
invités, par une décision du comité démocratique socia
liste, se rendre devant la haute-cour de justice qui doit
bientôt siéger Versailles pour procéder leur jugement.
Les représentants de la Montagne auraient répondu
qu'ils exécuteraient la décision du comité, et qu'ils se
rendraient tous, jour fixe, devant la haute-cour.
Quelques personnes, également bien informées, assu
rent que deux représentants non impliqués dans l'affaire
sont partis, l'un pour Londres, l'autre pour Genève, afin
de détourner leurs amis de ce projet, qui ne peut aboutir,
en définitive, qu'à la confiscation de leur liberté indivi
duelle.
M. le ministre de l'intérieur paraît avoir déjà déféré
la demande qui lui avait été adressée au moyen du télé
graphe électrique par divers conseils généraux, de leur
accorder soit une prolongation de session, soit une ses
sion extraordinaire, pour pouvoir examiner loisir le
projet de loi sur l'organisation départementale. Mais
en même temps, il a émis la crainte que l'opinion des
conseils généraux, sur les questions contenues dans la
circulaire ministérielle n'arrive trop tardivement, attendu
que le conseil d'état, saisi depuis deux mois déjà de ces
questions, aura, selon toute probabilité, terminé son
travail avant que les conseils généraux aient pu formuler
leur opinion, s'ils attendent, pour le faire, leur session
extraordinaire.
Faits divers.
On lit dans le Journal du Havre:
Le capitaine Rochefort commandant la Rose, récem
ment arrivé de Londres Dublin, raconte dans son rap
port de mer que, dimanche dernier, vers deux heures, il
a fait rencontre d'une énorme baleine, 7 milles sud-
ouest du cap Lizard. Cette baleine était engagée dans un
rude combat contre deux ennemis bien connus de sa race,
l'espadon et le loup de mer. Ces deux derniers poissons
voyagent généralement de conserve toujours prêts se
liguer contre les baleines. Le capitaine et son équipage
ont, pendant trois quarts d'heure, assisté au combat, sans
en attendre l'issue qui paraissait devoir être fatale au cé-
tacé; car l'espadon lui avait, diverses reprises, plongé
son arme terrible dans le corps. Le loup de mer bondis
sait sur son dos et l'on entendait distinctement les coups
évolutions qu'avant le 8 Juin 1847. Seulement alors elle
faisait tous ses efforts pour conserver le pouvoir, aujour
d'hui elle essaie de le ressaisir, et le journal libéral
dévoile parfaitement les déguisements successifs par
lesquels elle croit pouvoir tromper le pays sur ses ten
dances et ses projets:
Nous prions dos lecloors de se rappeler qu'il y a quatre mois
ruviroa la JounuU historien* dr Liège, nue des feuille» oat boliques
les plus frénétique^ prit une altitude menaçante dans le débat sou
levé par la loi sur 1 euseiguetaent supérieur. Les passages de sa
catiiiuaiie que nous a. us reproduits a cette époque, exprimaient
des idée, fort peu eoustît'ilinonelles, fort peu conformes aux prin
cipes de l'ordre et de ta légalité. Les socialistes français, Proudhon
eu tète, avaient dit, dau. leur programme électoral, que les onuo-
rités étaient an dessus des majorités, et proclamé par ces mots la
légitimité de tontes les révolutions. Le puhlioute liégeois défendit
oette opinion avec une violence extrême. Il fit un appel aux catlro-
linoes.et déclara sans détour qu'ils n'auraient bientôt plus d'autre
recours contre l'oppression des libéraux... qu'une révolution.
Qu'est-il donc survenu detiuis quatre mois dans le parti réac
tionnaire? Ceux qui s'associaient alors aux idées subversives des
socialistes, et professaient des doctrines révolutionnaires si larges,
sont maintenant absolutistes forcenés. Le priucipe révolution-
naire est bou pour détruire, dit le Journal historique, mais il n'est
pas bon pour construire et pour gouveruer. Cent fois on a pu
remarquer que lorsque des individus ou un parli sont parvenus au
pouvoir l'aide de cette doctrine, ils sont forcés a l'instant d'agir
a d'après des doctrines toutes différentes,
Nous avons pour notre part, suffisamment prouvé que nous ne
vouous pas aux révolutions un culte immodéré. Un grand nombre
de révolutions sont le résultat de passions mauvaises et cellea-là
sont fatalement suivies d'une série d'événements désastreux pour
les pays où elles s'accomplissent. Il y a des révolutions impies, qui
sont suscitées par des ambitieux coutre l'iutérêt moral et matériel
des nations. Mais nous ne -avons oublier que la Belgique indépen
dante, que sa Constitution libérale, que sou calme actuel, sont nés
d'une révolution 1 Nous gardons souvenance de plusieurs siècles de
dominai ion étrangère, cl de ces vexations systématiques qui précé
dèrent 1850, et ne pouvaient avoir de terme que par les conces
sions d'au gouvernement qui usurpait toujours, ou par la destruc
tion de ce gouvernement 1
Ces souveuirs devaient aussi reste? iuefTaçables pour le parti clé
rical et pour le Journal historique en particulier. A l'époque que
nous venons de rsppeler, les desseins de ce parti étaient-ils moiu
fermes, son action moins énergique, ses plaintes moins aroères,
son impatieuce moins grande que ceux du parti libéral? Quand les
deux partis fondèrent oette union qui s'est brisée jamais, peu
d'années après notre aflranchissemeul national, pour qui lle cause
nos adversaires actuels combattaient-ils dans nos rsugs N'était-ce
pas pour la liberté Etaient-ils, eu ce temps-la des partisans de
l'absolu lis me
Nous savons bien que ceux qui veulent dominer sans s'inquiéter
si les moyens sont purs et honorables, ont pour devise Autres
temps, autres principes! Mais peuvent-ils sans impudeur, invoquer
des principes, et reproener a leurs antagonistes de n'avoir ni prin
cipes, ni oouviction Voyez ce qu'ils ont fait depuis 1850.
A peine étaient-ils en possession de leurs dioits constitutionnels,
qu'ils u'ont tendu qu'à la confiscation des droits des autres. Leur
pol itique s'est révélée dans toute sa crudité. Dans l'oppression, vive
la liberté Quand un danger suprême éclata oôté de nous, ils tâ
chèrent de renouer l'ancienne union. Le danger s'évanouit il»
redeviennent tusolenls et menaçants. Le parti lilté-al respecte leurs
libertés constitutionnelles, mais supprime les privilèges qu'ils s'é
taient donnés ils crient au despotisme, et ne craignent pas de me
nacer le pays d'une révolution.
Ils n'avaient pas eucore mesuré leurs forces quand le Journal
histoiique poussait le cri d'alarme. Depuis lors ils se -ont comptes,
et ont Oit Nous sommes assez forts. Deux succès électoraux les ont
enhardis; et ils espèrent bien occuper, l'anuée prochaine, la majo
rité parlementaire. Voilà pourquoi leurs priucipes ont subi une
suétamurphirse subite. Arrivés a ce pouvoir qu'ils ne désespéreront
jamais de reconquérir, les idées de liberté et d'iudépeuiiance ne
seraient pas les armes qu'il leur faut. Quand on vent gouverner par
la réaction, le» doctrine» réactionnaires sout de rigueur. Voila ce
que le parli clérical appelle du libéralisme et de la moralité Dieu
nou» eu préserve
Par arrêté royal du 3 septembre, le sieur Jean Pernccl,
docteur en droit et agronome Bruges, est nommé se
crétaire de la commission provinciale d'agriculture de la
Flandre occidentale, en remplacement du sieur DeSmcdt,
déccdé.
On écrit de Gand, 5 septembre
La foudre est tombée avant-hier soir sur la maison d'un
petit cultivateur, nommé Rottiers, demeurant Melselc
(Waes). L'habitation et une petite étable ont été dé
truites. La seule vache que Rottiers possédait, n'a pu
être sauvée. 11 parait que tout était assuré.
I.
voir ne va pas jusqu'à vous faire rendre la liberté.
Eh mon Dieuce n'est point ma liberté que je re
grette, et ce que je vous disais tout l'heure, miss, n'a
vait rapport qu'à mes compagnons d'esclavage. Quels que
soient ici mou abaissement, mon humiliation, ma souf
france ne croyez pas que je puisse être plus heureux
ailleurs; esclave ou libre, je suis désormais attaché celte
terre, tout autre pays deviendrait un lieu d'exil pour moi,
quand même ce serait le pays de ma famille.
Une vive rougeur colora subitement les joues de Mary.
Je ne veux pas, interrompit-elle d'une voix émue
chercher pénétrer vos secrets; mais la conduite de mon
oncle m'a fait un devoir de vous témoigner l'intérêt que
vous m'inspirez; si je ne puis mettre un terme votre
malheur, il se présentera quelque circonstance où je
pourrai du moins en adoucir l'amertume; venez moi
avec confiance, je me ferai un plaisir de ne laisser échap
per aucune occasion d'être utile un compatriote.
D. Gaspar la regarda avec surprise.
N"éles-vous pas Espagnol? reprit-elle en soupirant.
Sans doute; mais vous, la nièce de monsieur
Stevens
Si je suis Anglaise par mon père, répliqua Mary
je suis Espagnole par ma mère et par le cœur. Ah con-
linua-t-elle en s'aniuiant, il y a entre votre situation et
la mienne plus de rapprochement que vous ne pensez.
Comme vousma mère fut arrachée violemment son
pays, sa famille; comme vous, elle fut esclave. Le frère
de M. Stevens conçut pour elle un amour dont elle re
poussa 1 aveu avec indignation. Emporté par la force de
ses sentiments, il lui offrit, après deux années de. lutte,
de lui rendre sa liberté et de l'épouser; ma mère con
sentit. Mais bientôt commença pour elle une existence
remplie d'amertume et de larmes. Mon père mourut
quelques mois après ma naissance, et monsieur Stevens
demeura l'unique arbitre du sort de sa belle-sœur et de
sa nièce. La dureté, les mauvais traitements de cet
homme cruel couduisicent en peu d'années ma mère au
tombeau elle expira en me léguant son amour pour son
pays et sa haine pour les Anglais. Depuis ce momentle
séjour de la Jamaïque m est devenu insupportable; je
m'y regarde comme une captive entourée de geôliers;
mes yeux chaque matin, se tournent vers le nord ma
pensée me transporte Cuba dans cette chère patrie de
ma mère où j ai sans doute des parents qui m'aimeraient
et me rendraient heureuse.
0 miss, s'écria D. Gaspar, vous ne sauriez com
prendre tout ce qu'il y a de bonheur pour moi dans la
révélation que vous -venez de me faire!.. Une question
eucore? Quelle ville habitaient les parents de votre mère?
La ville de Santiago.
Santiago C'est là que je suis né.
Est-il possible!.. Le nom de votre famille?
Ce nom, missest honorable, et je l'ai cachéjus
qu'ici parce que je n'ai pas voulu que la bouche d'un
Anglais le souillât en appelant son esclave.
Je ne m'étais pas trompée; votre langage, vos ma
nières m'avaient fait pressentir que vous aviez une noble
origine.
A vous seule, miss, je le ferai connaître, mon père
se nommait don Augustin de Herrera.
Herrera dites-vous, Herrera! c'était aussi le nom
de ma mère.
Qu entends-je Mais en effet, je me rappelle... Oui,
j ai souvent entendu mon père déplorer le sort d'une
sœur chérie que des pirates avaient enlevée sa ten
dresse.
Le nom de cette sœur?
Elle s'appelait Elvire.
Elvire c'était ma mère!
Grand Dieu! tant de bonheur!.. Ce moment me
lait oublier toutes les tortures de ma captivité.
Et moi, dit Mary en lui tendant la main, depuis le
jour où le ciel m'a fait orpheline, voici la première joie
qui soit entrée dans mon cœur. Je ne serai donc plu*