Tous les jésuites sont éminents en doctrine et en sa-
gesse.
C'est la compagnie des parfaits.
Ils sont des lions des aigles, des héros, des foudres
de guerre; ils naissent tous le casque en tète; chacun
vaut une armée.
S' Ignace est au-dessus de Moïse et des apôtres.
I.es supérieurs de l'ordre sont les égaux des cnipe-
reurs et des princes de la terre, etc., etc.
Que l'on mette en présence de ces pompeuses exagé
rations, l'astuce, l'hypocrisie, l'insatiable cupidité de la
secte, son intolérance extrême, le profond relâchement
d'un grand nombre de ses membres, ses complots éternels
contre la société, et on comprendra que des hommes émi
nemment religieux se soient élevés contre elle et aient
préparé la catastrophe qui l'a atteinte dans le siècle der
nier.
C'est, on ne peut se le dissimuler, elle que s'adres
sent ces, paroles prophétiques de l'apètrc Saint Pau!:
Or -sachez qu'il viendra des temps fàeheux
Car il y aura des hommes amoureux d'eux-mêmes
avaresglorieux, superbes', médisants etc., sans foi et
sans parole,-calomniateurs, plus amateurs d'eux-mêmes
que de Dieu qui auront une apparence de piété mais
qui en ruineront la vertu et l'esprit.
Fuyez ces hommes.
Ils sont corrompus dans l'espritet pervertis dans
la foi
ii Mais le progrès qu'ils feront aura ses bornes car
leur folie sera connue de tout le monde, comme le fut
celle des-magiciens Jaunes et Membres.
Je vous aurais prié plutôt, Monsieur l'éditeur, d'ac
corder, dans votre journal, une place ces lignes, si
j'avais eu connaissance de l'article du Propagateur du 8
de ce mois; mais comme ce journal vient seulement de
me tomber sous la main par hasard, j'ai cru que, pour
-être tardives, mes réilexious n'en seraient pas moins
.utiles.
Je vous prie, en conséjjuencedc vouloir bien les insérer.
Agréez, etc.
Nous apprenons que le Iloi vient de prendre sous son
patronage particulier la publication que la Société roun
l'émancipation intellectuelle va cditcr.cn 125 volumes
illustrés.
Ce royal encouragement, d'un heureux augure pour
les travaux tic la société, est en même temps une haute
approbation qui indique surabondamment l'importance
et l'intérêt de l'entreprise.
Correspondance.
Pofici le 14 scplcmlire 1840.
A Monsieur le rédacteur du Proches
An fur et mesure que nous avançons dans notre
examen sur la situation de nos affaires communales
toujours nous rencontrons de nouvelles preuves du mou
vement rétrograde dans lequel se trouve engagée notre
ville. C'est ainsi quelorsqu'on porte son attention sur
l'état du commerce H de ('industrie» Poperinghe, on
éprouve un sentiment pénible de voir.l'abandon où l'on
y a constamment laissé ces- deux sources du bien-être
public. tu croit communément ici que, parce que l'agri
culture est depuis longtemps la seule branchc'industriclle
qui soit- cultivée avec succès en cette ville, il n'y a pas
Jieu de s'occuper de commerce ou de quelque outre in
dustrie,-cl que tous les efforts faits pour en favoriser le
développement manqueraient nécessairement leur but.
Nous, au contraire, nous pensons que c'est précisément
je l'avoue., de trouver des larmes dans vos yeux quand
je devais m'atlendrc y voir briller la joie et la reconnais
sance.
Monsieur, écoutez-moije. vous en supplie!
C'est inutile, interrompit Stevcns en se versant lui-
même une dernière tasse de thé; les réflexions que vous
allez faire cette nuit vous donneront demain une tout
autre manière d'envisager les choses, et je compte que
vons'daignerez apporter une physionomie plus riante la
cérémonie de notre mariage je vous accorde deux jours
pour faire vos préparatifs.
En ce momentMary se levajeta un cri perçant et
courut se réfugier dans un coin du salon avec tous les
signes d'une-grande terreur.
Ce n'étaient point les paroles de Stevens qui avaient
provoqué ce mouvement uu autre objet avait occasionné
l'effroi de la jeune créole.
A la vue d'une ombre dessinée toul-à-conp sur le
lambris, Mary s'était retournée vivement du côté de la
fenêtre; elle avait aperçue se détachant en noir sur le
ciel bleu et cramponné au balcon, un homme dont la tete
s'avançait curieusement pour épier ce qui se passait
Fintérieur.
Au cri que poussa Mary, cet homme s'élança dans
rajiparlemenl un second le suivit, puis un troisième;
Stevens avait peine eu le temps de se lever qu'il était
parce que l'industrie et le commerce n'ont jamais trouvé
de protectiou suffisante près de l'autorité locale, et parce
que jamais aucun sacrifice n'a été tenté en leur faveur,
(contrairement ce qui se pratique actuellement avec
tant de succès en d'autres localités des Flandres), que
tant d'habitants de la ville, pour se créer une existence,
s'adonnent l'agriculture-, et produisent ainsi, par la
concurrence qu'ils font aux fermiers pour la location des
terres renchérissement indéfini des baux au détriment
d'un grand nombre de petits cultivateurs.
Loin de nous de prétendre que Poperinghe, dans son
état actuel, puisse se créer un commerce étendu, ou voir
surgir dans son sein de grands établissements industriels.
Nous savons que l'absence de communications faciles la
proximité des douanes françaises et la situation topogra
phique de la ville, eu égard d'autres localités mieux
favorisées sous ce rapport, rendent très-difficile toute
concurrence avec ces dernières mais nous pensons qii'il
ne serait pas impossible d'imprimer plus d'activité au
commerce local, ne lùl-ce qu'en favorisant nos marchés
et nos foires annuelles. r
D'où vient-il, en effet, que'Poperinghe, ville centrale
d'agriculture, ait un marché si médiocre et-si peu en
rapport avec sa population? A quoi tient-il que les fer
miers et les marchands désertent notre marché et se ren
dent de préférence des villes plus éloignées? Pourquoi
les cultivateurs même de Poperinghe préfèrent-ils vendre
leurs denrées domicile, plutôt que de les exposer en
•vente sur nos marchés et nos foires qui perdent d'année
en année de leur importance? Certes, il-y a là, des .causes
qu'il faudrait rechercher et faire disparaître. Les princi
pales résident, selon nous, d'une part dans le mauvais
état où sont laissés constamment ici nos chemins vici
naux qui, impraticables pendant la plus grande partie de
l'année, rendent impossible ou 'difficile le transport des
marchandises et des denrées vers notre ville, et d'autre
part dans l'inobservation ou l'imperfection des règlements
de police qui entravent la liberté des vendeurs et des
acheteurs.
Sans parler du peu de surveillance qu'exerce la police
sur notre marché aux grains, en y tolérant des rassem
blements menaçants et désœuvrés qui crient l'accapa
reur, dès qu'un marchand se montrene conviendrait-il
pas de réviser les règlements swr la matière, dans Je but
de faire disparaître toutes les entraves qui pourraient
éloigner les-vendeurs et.les ae.hetcups, telles que les droits
de pluce sur tous les objets indistinctement,-et les condi
tions imposées aux marchands étrangers de ne pouvoir
acheter qu'à des heures déterminées, etc.? En un mot
n'y aurait-il pas lieu d'examiner si l'établissement d'un
marché franc n'apporterait, pas plus d'avantages la ville
que l'état actuel des choses? C'est, d'après nous, une
question d'un examen sérieux de la part de l'autorité
compétente. On pourrait nous objecter que Poperinghe
ne fait ici (pie suivre les usages adoptés en beaucoup
d'autres villes où, nonobstant ces mesures, les marchés
sont très-fréquentés mais nous croyons que ceux-ci sont
favorisés sous d'autres rapports qui viennent compenser
largement les charges que nous mentionnons., et nous
connaissons tellespetites villes où la liberté la plus grande
est laissée au commerce et dont le marché franc ue doit
son importance et sa réputation qu'à celte-facilité accordée
aux transactions commerciales. C'est donc surtout dans les
localités où de nombreux obstacles matériels préexistent
déjà l'établissement d'un bon marché, tels que l'accès
difficile la ville ou la situation défavorable de celle-ci
par rapport aux marchés environnants, qu'il importe,
pour attirer les vendeurs et les marchands, de leur ac
corder tous Ira avantages possibles et de leur assurer
toute la liberté compatible avec le maintien de l'ordre.
Pour ce qui regarde nos quatre foires annuelles jadis
si renomméestout le monde conviendra qu'elles ont
beaucoup perdu aujourd'hui de leur importance. Sans
vouloir en imputer totalement la cause notre adminis
tration, nous dirons.néanmoins qu'elle doit être peu sou
cieuse de notre bien-être pour ne pas se préoccupcr-dc
cette-décadence graduelle. Qu'on observe ce qui se pra
tique en d'autres villes. Dans quels buts sont institués
cerné par une vingtaine de nègres.
Yambo se trouvait au milieu des assaillants et,paraissait
les commander.
Quelques secondes 'leur suffirent pour s'emparer du
planteur et de sa nièce, les bâillonner avec des mouchoirs
et leur lier les mains derrière le dos. Ils enlevèrent en
suite sur leurs bras et lireut glisser sur le balcon Stevens
qui fut reçu par une g.oupe d'esclaves restés dans le
jardin puis ils franchirent de nouveau la feuêlre par la
quelle ils étaient entrés.
Yamboqui sortit le dernier, dit Mary avant de se
retirer:
Ne tremble pas ainsi, jeune blanche; le nègre ne se
venge que de ceux qui luiontfait du mal; il n'oublie point
que tu as visité sa case, pansé ses blessures, soulagé ses
misères; quand viendra jour lui le jour de la délivrance,
il se rappellera ta bonté, ta douceur, il le rendra bien
faits pour bienfaits, protection pour protection.
Mary n'entendit poinl cet adieu de Y'arnbo; elle était
sans connaissance dans Ii fauteuil où on l'avait attachée.
Lorsqu'elle reprit ses sent, le,plus profond silence régnait
dans la maison et aux alentours. D'abord elle crut sortir
d'un songe pénible. Le r.ouchoir qui comprimait ses lè
vres, les cordes qui seraient ses poignets délicats la
rappelèrent bientôt au sentiment de la réalité. Elle porta
ses regards avec anxiété eut autour d'elle la solitude où
ces concours de bestiaux qui parfois, comme cela vient
d'avoir lieu tout récemment Dixinudc, deviennent l'oc
casion de fêtes brillantes et attirent ainsi un grand nombre
d'étrangers? A quoi tendent ces primes accordées aux éle
veurs et aux marchands quipendant l'année, amènent
la ville le plus grand nombre de bêtes cornes, si ce
n'est augmenter l'importance des foires par l'appât de
récompenses soit honorifiques ou pécuniaires? Ici rien
de pareil n'est tenté. La régence, loin de songer pro
poser de pareilles questions au conseil communalné
glige même jusqu'aux moyens les plus simples et les plus
vulgaires, non pour relever nos foires, niais pour les pré
server d'une décadence plus profonde. C'est ainsi que
pour ne citer qu'un seul fait qui parait peu important en
lui-même, mais qui a eu néanmoins une influence très-
désavantageuse sur notre foire d'Avrilc'est ainsidisons-
nous que, lorsqu'il s'est agi, il y a quatre ans, de reculer
le jour de celte foire, Padministration n'a pris aucun
soin pour donner ce changement de date toute la pu
blicité nécessaire. Il en est résulté que chaque année une
foule de vendeurs, se guidant d'ordinaire d'après l'alraa-
naeh qui est, pour ainsi dire, F unique journal des campa
gnards et qui continue indiquer l'ancienne date (tandis
qu'il eût été si facile l'administration d'y faire effectuer
cette rectification), se présentent au marché le jour ordi
naire pour ne plus y revenir une seconde fois.
Quant aux antres branches de commerce ou d'industrie
qui se sont encore maintenues Poperinghe, telles que le
eoinmorce-dc .houblon, celui des tabàos et la fabrication
des dentelles, il serait impossible de supposer que l'aulo-
torité communale n'ait éprouvé pour elles aucune sollici
tude, parce que d'une part le houblon a toujours été une
des principales ressources du canton, et que d'autre part
les manufactures de tabac et l'industrie dentellière pro
eurent du travail de nombreuses familles ouvrières;
niais cette sollicitude., qui chez elle ne s'est jamais tra
duite eu actes est toujours restée slérileet sans le moindre
effet/Cependant, si notre administration avait jamais eu
quelque infiueuce au-delà des limites de'la ville, si elle
eut renfermé dans son-sein quelque homme politique de
valeur, aurait-elle-été réduite cette (impuissance? N'y
a-t-il donc pas obtenir-de la part du gouvernement
quelque faveur pour l'industrie,poperinghoise? Maintes
fois nous avons entendu des plaintes sur les droits exor
bitants dont le'hoiiblon est frappe l'entrée en France:
Eh! bien, si nous avions quelque personnage influent
près du ministère.,.ne pourrait-on pas lui persuader que
cette mesure est très-nuisible noire culture, et l'engager
essayer si,par les voies diplomatiques il n'y aurait pas
moyeu de porter un remède- cette situation défavorable-
D'un autre côté, nos industries ne trouveraient-elles
pas de l'avantage ctre représentées par un négociant de
Poperinghe soit àlaehambre de commerce, soit au con
seil des prudbûiiiincs de l'arrondissement d Ypres? N'est-
ce pas encore la même cause qu'il faut attribuer eetle
exclusion, l'incurie de notre conseil communal et la
nullité et l'impuissance, complète de notre représentant
qui depuis qu'il est aux Chambres, loin d'y songer dé
fendre nos intérêts, esquive les débats et -s'absente la
plupart du temps sans congé pour des niaiseries et des
lùliiilés sans nom qui jusqu'ici n'a encore rien fait en
faveur de l'arrondissement, puisque sa tâche ne s'est
bornée qu'à émettre, dans un but de parti, des votes hos
tiles au ministère et qui nous priveront encore longtemps
des avantages que la présence aux Chambres d'un de nos
concitoyens a pu nous faire espérer.
Mais, dira-t-on,'à quoi bon insister autant sur ces idées
de commerce? Poperinghe a toujours été et sera toujours
une ville exclusivement-agricole. A-t-on donc oublié qu'il
n'y a pas bien longtemps, la ville possédait de nombreuses
manufactures de laine, de rubanneries, des blanchisseries
pour le fil écru et quelques grands établissements de lil-
teries? Qu'on interroge seulement les vieillards, et tous
vous repondront qu'un grand nombre de familles hono
rables de cette-ville ont acquis jadis leur fortune dans ces
différents commerces. Il est vrai, toutccla-n disparu, non
pas tant cause de l'introduction des machines dans l'in
dustrie moderne, car cette cause a été la même pour tout
'elle se vit ne fit qu'accroître son effroi. Ses yeux parcou
rurent le jardin dont toute l'étendue était alors éclairée
par la lune; pas le moindre bruit, pas le plus léger mou
vement. Cependant son cœur battit tout-à-eoup avec
force: c'était bien une créature humaine qu'elle venait
d apercevoir au loindroite, immobile, les bras croisés
•sur la |)oitrine, et le visage tourné vers la maison. A
mesure qu'elle cherchait démêler les traits de ce visage,
son agitation devenait plus violente; dans le brusque
mouvement qu'elle fit pour se lever, un des liens qui la
retenaient au fauteuil se rompit, elle parvint alors, après
des efforts inouïs, dégager ses mains elle arracha plutôt
qu'elle ne dénoua le mouchoir qui la suffoquait et cria le
nom de D. Gaspar.
Le cœur de Mary ne s'était point trompé D. Gaspar,
c'était bien lui, accourut aussitôt sous le balcon.
Est-ce vous Mary, vous qui m'avez appelé.? dois-jc
croire a tant de bonheur? je ne voulais que contempler
de loin le toit sous lequel vous reposiez, et c'est vous-
même que je vois, et vous daignez m'appelcr près de
vous
Mais la jeune fille l'interrompit brusquement:
Don Gaspar je ne sais ce qui se passe autour de
nous un affreux péril nous meoace il s'agit de la vie de
mou oncle, de la mienne peut-être soyez notre sauveur 1
(La suite au prochain u°.)