flf° 878. 9e Année
Jeudi, 4 Octobre 1849.
JOIMAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Vires acquiril euado.
IXTÉKBIXII.
Yambo.
ABONNEMENTS: Yprf.s (franco), par trimestre, 3 francs 50c. Provinces,4francs.
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Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
APRES, le 3 Octobre.
BAL DE LA GARDE CIVIQUE.
Qu'on dise encore qu'à Ypres, on n'aime pas la
danse? Les Halles, ce bâtiment témoin du génie in
dustrieux de nos ancêtres, ont servi de local une
fête dansante comme nous u'en avons eu une de
longtemps. Quelques gardes et sous-officiers de no
tre milice citoyenne ont eu l'idée de célébrer le iq"
anniversaire de notre indépendance nationale par
une fête brillante, et immédiatement ils ont fait
circuler des listes pour essayer, si ce projet pouvait
s'exécuter. La presqu'unanimité des gardes et le
cadre des sous-officiers se sont empressés de prêter
leur concours, et l'administration communale est
intervenue pour une certaine somme dans les frais.
Un comité s'est formé sous la présidence du sergent-
major Baert, pour diriger i'orgauisatiou de cette
fête.
11 s'agissait de décorer un vaste local tout fait
nu et d'un aspect sombre. M. Bolim a mis la main
l'oeuvre et, en fort peu de temps, il est parvenu
par des médaillons, des encadrements, des décors de
tout genre, faire de cette place immense, une salle
de bal élégamment ornée et de façon ce que ceux
qui l'ont vue, ne reconnaissaient plus le bâtiment
construit pour la foire aux draps de l'époque pros
père des anciennes communes flamandes. Le coup
d'œil était téérique et cet essai démontre comment
on pourrait utiliser notre monument communal
dans une occasion donnée. Malgré l'immensité de
celte nef, on était parvenu l'éclairer d'une façon
très-convenable, non sans peine toutefois, caries
rayons lumineux se perdaient dans l'élévation des
combles.
Vers neuf heures, sont arrivées les autorités ci
viles et militaires, M. le Bourgmestre en tête. Le
président du comité organisateur du bal a adressé
un compliment au premier magistrat, terminé par
lecri de Mioele Roi M. le Bourgmestre l'a remercié
en quelques mots. Alors la musique de la garde
civique a joué la Brabançonne et immédiatement
après les danses ont commencé.
Rarement il y a eu, en notre ville, un bal aussi
nombreux quatre vingts couples, au moins, se 11
vraient la danse avec un entrain qu'on ne songeait
pas dissimuler. Uue joie franche, un air de satis
faction se lisaient sur toutes les figures et, en se mê
lant aux groupes, on comprenait que tous n'étaient
animés que du désir de s'amuser. Aussi une cordia-
(Suite.)
y.
Le détachement envoyé par Stevens la poursuite de
ses esclaves avait exploré sans résultat une partie de la
forêt; il n'en pouvait être autrement: tandis que les sol
dats marchaient en troupe, suivaient, en longeant la
plaine, les sentiers battus et se gardaient bien de s'aven
turer sur les hauteurs où ils n'eussent trouvé ni chemins
ni points de reconnaissance, les noirs, au contraire, évi
tant tout ce qui pouvait avoir l'apparence d'une route
tracée, se séparaient, se glissaient travers les boutures
des mangliers, sautaient lestement d'un rocher l'autre,
ge laissaient rouler jusqu'au fond des ravins dont ils fran
chissaient ensuite le bord opposé avec une agilité mer
veilleuse, se retrouvaient sur des plateaux dont la position
leur était connue et reprenaient leur course, toujours en
montant et en s'éloignant de la plaine.
Les Anglais, pesamment armés, revenaient donc, ha
rassés de fatigue, et d'autant plus mécontents de leur
expédition qu'on leur avait promis une guinée par tête
d'esclave arrêté, lorsque le hasard les conduisit sur le
petit plateau qu'occupaient nos fugitifs. La prise était de
nature les dédommager amplement; Slevens ne pouvait
manquer de se montrer généreux ceux qui lui ramè
neraient sa nièce.
lité parfaite n'a cessé de régner parmi la foule qui
encombrait la moitié des Halles, et quatre heures
et demie du malin seulement, le bal s'est terminé
non saris regret, car on paraissait, voir l'ardeur qui
animait les danseurs et danseuses, ne vouloir cesser
qu'au point du jour.
Disons un mol de l'orchestre du bal qui était ex
cellent et nombreux et qui devait l'être pour se
faireentendredansce local assez défavorable au point
de vue de l'acoustique. La commission qui a pris la res
ponsabilité de diriger une fête aussi brillante, s'est
acquittée très-honorablement et avec succès de la
charge qu'elle avait assumée. Nous espérons bien
que la fête de Dimanche dernier ne sera qu'un essai
et que ce bal ne sera pas le dernier de ce genre
que nous aurons.
RI. Félix Geurts, ancien élève du collège com
munal, vient de subir avec succès, devant le jury de
l'université de Gand, son examen de l'épreuve pré
paratoire au diplôme de candidat en sciences.
A Monsieur l'éditeur du journal le Progrès.
Monsieur,
Il y a quelques jours un article parrait-il se serait
trouvé inséré duns la Gazette médicale belge, traitant
d'un accouchement laborieux qui aurait été fait Lan-
gemarck par le médecin II de la dite commune, assisté
du chirurgien L de cette ville dans le quel accouchement
on accuse ces MAI. de n'avoir pas pratiqué une opération
césariennealors que celle-ci était venu succomber
entre leurs mains par suite d'une hcmorrhagic.
Un article ilu dernier n"dcvôtre journal semblevouloir
regarder comme les auteurs de l'article de la Gazette médi
cale MM. les docteurs C...et D...d'après ce qui s'y trouve
ils seraient le vrai cauchcmardc certaines personnes, qui
ont lh manie de regarder comme émanant d'eux tout ce
qui leur revient en mal, et cela tort car je déclare pa
reille imputation fausse et defie l'auteur de cet épitre de
me prouver le contraire.
Ceci admis, si dans l'avenir et cela dans quelques jours
peut cire la même Gazette médicale venait relater dans
ses colonnes une opération césarienne, qui la semaine
passée a été pratiquée dans la incinc commune sur la
femme Berthier par le docteur Hammclrathcomme il a
été dit dans vôtre avant dernier il", (tandisque dans le
cas du chirurgien il s'agissait de la femme Vierens) et que
l'on y vienne dire que la femme et l'enfant ont été vic
times de la dite opération: pourqu'on ne se trompe de
nouveau j'en décline d'avance toute responsabilité.
Je n'aurai pas cru devoir repondre si on ne m'avait
attaqué directement sur deux points dilîerents et d'une
manière ce que l'identité de ma personne ne laisse aucun
doute ou équivoque, et que dès lors je tenais fortement
me justifier sur ces mêmes points.
Mais un cri aigu, poussé par Yambo et qui retentit au
loin dans les profondeurs de la forêt, changea proiupte-
incnt en une vive inquiétude la joie des Anglais; ce cri,
signe ordinaire de ralliement chez les nègres, ils avaient
eu plus d'une fois occasion de l'entendre, et ils compri
rent bien vite qu'ils allaient avoir affaire forte partie,
Sans perdre de temps délibérer, ils se formèrent en
cercle autour de leurs prisonniers, présentant la face
l'extérieur, et le doigt sur la détente du fusil, prêts faire
feu sur l'ennemi dès qu'il se montrerait. Ils ne l'attendi
rent pas longtemps.
Une cinquantaine de noirs accoururent de différents
côtés et se jetèrent avec impétuosité sur les Anglais; dix
ou douze des assaillants tombèrent aussitôt, atteints par
une décharge qu'avait favorisée le clair de la lune. Mais,
au lieu de s'enfuir, selon leur manière ordinaire de com
battre, ce qui eût donné aux Anglais le temps de re
charger leurs armes pour repousser un second chocles
nègres, brandissant leurs bâtons, continuèrent l'attaque
avec acharnement et parvinrent rompre le cercle il y
eut alors une horrible mêlée; noirs et blancs tombaient
les uns sur les antres, ceux-ci assommés, ceux-là percés
de coups de baïonnettes. D. Gaspar et Yambo ne restaient
point inactifs. Yambo surtout semblait être la fois sur
tous les points, animant les siens de la voix et du geste,
et maniant avec une adresse surprenante un sabre dont il
était parvenu s'emparer. Les Anglais, surpris d'une opi-
L'on m'y accuse.
1° D'avoir envoyé l'académie de médecine un ou
vrage qui n'aurait pas été trop goûté.
A pareille allégation je n'aurais qu'a répondre par des
faits, faits positifs irréfutables et peremptoireset l'im
prudent ou maladroit anonyme n'aurait certes pas avancé
pareille chose s'il avait su ou pu prévoir, que dans la
séance du 24 juin 1848 des rémcrcimcnts m'ont été votés
par l'académie de médecine pour ce même ouvrage
comme preuve de ce que j'avance je mets la disposition
de vôtre journal la lettre émanant du bureau de l'aca
démie, qui sous le n° 3229 m'a été adressée pour cet
objet portant pareille décision ma connaissancesi
l'ouvrage n'avait pas eu le mérite d'être bon et digne de
ce corps savant il m'aurait été renvoyé comme cela se
fait dans pareille circonstance.
2° D'avoir méconnu une grossesse chez une fille.
Comme c'est tout particulièrement pour cette accusa
tion que j'ai pris la plumecroyant une réponse indis
pensable, je tiens honneur d'en donner un narré sue-
cint.
Une servante de cabaret étant venu me consulter, sa
2" visite je lui fis part des soupçons que j'avais sur son
état de grossesse, et par la suite lui déclarais formelle
ment et cela plusieurs reprises'que je ne désistais pas
de ma manière de voir ce sujet; pareille affirmation
elle ne me répondit jamais que par une négative absolue
semblant jèter bien loin pareille chose, et voulut mais
inutilement me convaincre en me disant qu'elle avait 58
ans et que toujours elle avait marché dans le chemin de
la vertu.
Ce que j'avance ici je le déclare sur l'honneur et la
personne elle même se tient prête faire pareille décla
ration en ma présence, et dans celle de l'anonyme s'il
avait la franchise de se luire connaître, ce dont je doute.
Si celui qui prétend aussi gratuitement et cela sans
aucune donnée certaine, que j'aurais fait une erreur de
Diagnostic était médecin, ce que je ne puis supposer; il
devrait connaître la responsabilité, la délicatesse et le mu
tisme qui doit être incrant pareille fonction et présider
tous ses actes, il saurait qu'il n'est pas permis au mé
decin, et que l'honneur même le lui defend de divulguer
les sécrèts dont il est le dépositaire ou les soupçons fon
dés sur la science qu'il possédé.
Pour ce qui me concerne je comprends si bien pareille
responsabilitépareille délicatesseque je préférerais
subir toutes les conséquences aussi désagréables qu'el
les puissent être, plutôt que de rendre public soit un
soupçon soit un secret: j'ai toujours préféré et préfére
rais toujours de sauvegarder l'honneur et les intérêts des
malades qui se confient mes soins, et cela quant bien
même j'aurais l'assurance d'avance de devoir rester pen
dant quelques jours sous le poids d'une fausse accusation
comme c'est le cas dans cette circonstance.
Si j'ai laissé ébruiter par la dite fille qu'elle était hy
dropique sans contrarier son dire dans le public, soit en
dévoilant un sécrèt soit en faisant part de mes soupçons
niâtreté dont ils n'avaient point vu d'exemple jusqu'alors
chez les nègres, ne tardèrent pas reconnaître que tout
le secret de cette vigueur était dans la présence de Yambo;
on eût diten effetque le son de sa voix était un talis
man; les blessés eux-mêmes se relevaient son comman
dement et semblaient y puiser des forces nouvelles. Tous
les efforts se réunirent donc contre lui il devint le centre
d un combat désespéré dans lequel il se tint constamment
la hauteur de son rôle, déployant une vigueur extraor
dinaire, un sangfroid héroïque. Mais un moment son
étoile parut 1abandonner comme il s'élançait sur un
soldat occupé charger son fusil, son pied heurta le corps
d un nègre blessé, et il tomba; le soldat, jetant aussitôt
sa cartouche, se précipita sur lui, la baïonnette au bout
du iusil. C'en était fait de Yambo si D. Gaspar, accouru
avec la promptitude de l'éclair, n'avait saisi le fusil prêt
le percer. Alors s'engageaentre l'Anglais et l'Espagnol,
une lutte pendant laquelle Yambo parvint se relever'
puis, se jetant, par un mouvement rapide, entre les deux
combattants, il plongea son sabre tout entier dans la poi-
tiine de I Anglais qui tomba mort, laissant son arme au
pouvoir de D. Gaspar.
Cependant les nègresmoins bien armés que les An
glais, ne portaient pas comme eux des coups décisifs et
n atteignaient d ailleurs 1 ennemi qu'avec beaucoup de
difficulté chaque coup de baïonnette abattait un des
leurstandis que les Anglais en étaient quittes le plus