iV 881. f)' Année.
Dimanche, 14 Octobre 1819.
JOIIÎML D'YPRES ET DE L'AISItO\D!SSEMEi\T.
Vires acquirit eunio.
INTÉRIEUR.
Yambo.
A RONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces, 4 francs.
INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne: 30 centimes.
Le Progrés parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
APRES, le 13 Octobre.
L'une des tactiques les plus habituelles des
feuilles cléricales c'est d'accuser leurs adver
saires des vices honteux dont ils sont eux-mêmes
infectés et des basses passions qui dévorent leur
propre âme Le dernier factum que le Journal
des Baziles et des Jésuites lance contre nous,
en est une preuve. Il suffit de changer quelques
mots, pour que ce f.ictuiri soit un portrait fidèle
de cette feuille méprisée et du parti qui ac
cepte son vil patronage Qu'on lise plutôt
Certes, s'il est un cachet éminemment dis-
tinctif d'un clergé la hauteur de la confiance
publique, c'est bien celle noble abnégation des
choses d ici bas, qui s'appuyant sur ses œuvres
saintes ne doit point s'étayer des passions sub
versives. pour sauvegarder sa domination. Il
n'est personne, croyons-nous, pour qui l'exac
titude de cette assertion puisse paraître dou
teuse. Pourtant qu'avons-nous vu depuis trop
longtemps dans notre cité?
Un pamphlet ordurier qui se nomme le Pro
pagateur semble avoir pris tâche de poursuivre
de ses traits, les plus illustres et les plus digues
de nos concitoyens. Jamais le mérite rehaussé
de I éclat des vertus ne trouva grâce devant sa
haine. Champion né du jésuite escohardien
jamais il ne manque de couvrir de sou égide
les projets rétrogrades sous le masque de la li
berté et de la religion, s'infillranl dans les
masses l'aide de dialogues cyniques et d'hy
pocrites clameurs ['encontre de prétendus
abus.
Il semble ces traits que nous venions de
dépeindre le digne organe d'un club de rats
d'église en goguettes, et cependant (elle est la
feuille dont le haut patronage ne fait pas rougir
le clergé. Ne serait-il pas déjà assez compro
mettant pour tout parti qui se respecte, de
VI. (Suite.)
La partie était trop inégale pour qu'il fût possible au
capitaine de songer la gagner; c'eût été inarcher une
perte assurée; obéissant donc regret la triste loi de la
nécessité, il laissa s'accomplir cette boucherie et ne s'oc
cupa que des moyens d'assurer le salut du reste de sa
troupe. Il en forma une colonne serrée la tète de la
quelle il mit le lieutenant Edinunds et qu'il fit rentrer
sans hésitation dans la gorge qu'il avait parcourue en
arrivant; quant lui, il prit le commandement d'un pe
loton d'arrière-garde qui, marchant reculons, tenait
l'ennemi en respect et, par de continuelles décharges
tempérait l'ardeur de sa poursuite.
Peu expérimentés encore dans l'art de la guerre, satis
faits d'ailleurs de la victoire qu'ils venaient d'obtenir, les
nègres ne tardèrent pas s'arrêter, et notre brave capi
taine parvint sauver les débris de sa compagnie. Ce ne
fut pas toutefois sans essuyer quelques pertes; son mou
vement rétrograde lui coûta cinq ou six hommes atteints
par le feu de l'ennemi; il eut lui-même le bras traversé
par une balle, ce qui ne l'empêcha pas de rester au poste
périlleux qu'il s'était assignéjusqu'au moment où par
venu au pied de la montagne, il put faire halte l'abri de
tout nouveau danger.
Voilà une fâcheuse journée capitaine, lui dit alors
le lieutenant Edmundsqui était venu avec empressement
s'informer de l'état de sa blessure; je crains qu'elle ne
jette le découragement parmi les troupes de la colonie,
en même temps qu'elle accroîtra l'audace des rebelles tout
fiers de nous avoir vus fuir devant eux.
Je suis désolé, répondit le capitaine en se redres
sant, de voir un brave officier se méprendre de la sorte
subir l'encens impur d un journal de cet aca
bit Fallait-il encore rechercher ses louanges?
Le payer de retour, en faire l'objet de ses com
plaisances? Le Propagateur, en un mot. n'est-il
pas le bras droit et le Moniteur officie! de noire
clergé:' Ainsi la même plume qui n'a qu'ou
trages et mépris pour tout ce que l'honnête
homme doit respecter, abaisse en réalité, par
ses élogesle minisire de Dieu qui sacrifie
I autel. Ainsi la même feuille brutale et rétro
grade a I égard des autorités civiles se trouve
être le défenseur quand même, l'expression
menteuse mais impunie d'un clergé qui se
targue de modération, de respect des droits
de lousr
Ltrange anomalie aux yeux de l'observateur
superficiel. Conséquence directe et naturelle
pour quiconque veut bien reconnaître les abus
d une coterie rétrograde. On sait les armes
perfides qu'elle fit sans cesse valoir au profit
de son ambition Longtemps la brigue, la me
nace, le mensonge et le confessionnal pesèrent
sur le scrutin électoral et les corps électifs se
trouvèrent obsédés des plus ardents affidés et
des plus serviles instruments de la caste jésui
tique, quelle liberté d'initiative re.stait-il alors
aux mannequins dont les superbes patrons en
soutane faisaient mouvoir les ressorts dociles
Mais aujourd bui la Belgique a secoué ses chaî
nes aussi la feuille pamphlétaire, reflet fidèle
des pensées de la cabale cléricale, reste le Mo
niteur qbligé et insoient de ses protégés vain
cus. Déjà le mépris public où ses excès l'ont
conduit, s e<l imprimé en stigmate indélébile
au front du Propagateur Des prêtres trop dé
bonnaires n'ont pas encore su s'affranchir d'un
odieux vasselage et l'habitant qu'indigne celle
honteuse solidarité, se rappelle l'ancien adage:
Dis moi qui tu hantesje te dirai qui lu es.
Par arrêté royal en date du 3 Octobre un
subside de -4,000 francs est accordé au conseil
sur la portée des expressions le mol fuite me parait assez
mal choisi pour désigner le mouvement que nous venons
d'opérer.
Les nègres ne manqueront pas de l'appeler ainsi,
capitaine.
C'est possible; les nègres ne sont pas tenus d'être
versés dans la connaissance des termes techniques mais
nous autres hommes de guerre, nous ne devons pas nous
permettre d'appliquer ce mot fuite ce qui est après tout
une retraite fort honorable. Ce sont, monsieur, deux
choses essentiellement distinctes.
Cependant Stevcns, resté seul avec Mary sous la tente,
ne paraissait prendre garde ni au bruit qui se faisait
l'extérieur, ui la pâleur mortelle dont l'effroi couvrait
le visage de sa nièee. Il en était sa seconde bouteille de
rhum qu'il pressait amoureusement de ses lèvres des
intervalles de plus en plus rapprochés. Ses traits aupara
vant refrognés s'épanouissaient; ses yeux verts flam
boyaient; sa bouche était souriante. Si c'était l'oubli du
passé qu'il cherchait dans ces eopieuscs et fréquentes li
bations on peut croire qu'il avait complètement atteint
son but, car une idée toute actuelle paraissait posséder
son esprit, et son regard se fixait d'une façon étrange sur j
Mary, chaque fois que sa main laissait retomber la bou
teille sur la pierre.
Parvenu enfin au plus haut degré de l'exaltation, il se
leva en s'écriant:
Non non tu ne m'échapperas pas
Et il fit en chanchelani deux ou trois pas vers la jeune
fille.
Cette exclamation et ce mouvement attirèrent soudain
l'attention de Mary sur son oncle saisie d'horreur, éperdue
l'aspect de cet homme privé de raison, qui venait elle
les bras ouverts, elle voulait fuir; Stevcns l'en empêcha
tJe fabrique de l'église S'-Martio, Ypres, pour
la restauration de ce beau monument.
On écrit de Gand, 10 octobre
On parle beaucoup en ville du testament excentrique
laissé par l'avocat De Souter. Ce document débute par
engager les habitants des faubourgs continuer leur sys
tème d'opposition contre la conduite que tient la régence
leur égard, et il lègue leur chef-homme le portrait de
M. De Souter.
Viennent ensuite les vœux émis par le défunt. A la ville
de Gand il souhaite un bourgmestre taillé en Adonis
la régence un secrétaire de cinq pieds.
Il lègue au Musée de Gand sa robe d'avocat, son bon
net rouge de 1830 et ses insignes de chef de l'ex-comité
de sûreté publique; la ville d'Ypres, la maison qu'il
habite, condition qu'elle restera toujours meublée com
me elle l'est, et qu'elle soit habitée par un ancien mili
taire né Ypres.
Les hospices de la dite ville reçoivent la donation des
propriétés que M. De Souter possédait hors la porte de
Courtraicondition de servir une rente annuelle sa
sœur.
M. le ministre de l'intérieur a consulté le collège échc-
vinal de Bruxelles sur un projet de loi qu'il a l'intention
de soumettre aux Chambres, voici ce que le rapport
en dit:
D'après ce projet, lors de l'exécution des travaux
d'utilité publique, les propriétaires dépossédés d'une
partie de leurs immeubles, auraient l'option d'en laisser
la totalité, moyennant une juste indemnité, ou de payer,
soit la commune, soit aux concessionnaires de l'entre
prise, la plus value que les immeubles contigus, dans un
rayon déterminer, auraient acquise dire d'experts un
an après l'achèvement des travaux. Cette proposition a
reçu de la part du comité de salubrité publique comme
de notre part, l'adhésion la plus entière. Armé d'une loi
pareille, le pouvoir n'aura plus redouter la résistance
des intérêts privés. Le mobile égoïste, qui trop souvent
porte les propriétaires entraver l'exécution des travaux
d'utilité publique, les portera dorénavant seconder l'ad-
en lui jetant ses bras autour de la taille trop faible pour
essayer de lutter, Mary se laissa glisser genoux:
Monsieur, fit-elle d'une voix déchirante, au nom de
ma mère, ayez pitié de moi
Mary, tu es belle
Je fais le serment de vous suivre de ne plus cher
cher vousquitter je serai votre servante, votre esclave
grâce grâce je vous en conjure!
Mary, je t'aime 1
Vous ne serez pas insensible mes larmes, mon
désespoir, vous le frère de mon pèrevous qui devriez
être mon appui, mon protecteur!
Mary, j'ai juré que tu serais moi
O mon Dieura'abandonnerez-vous, me laisserez-
vous sans défense?
Et comme si Dieu s'était empressé de répondre l'appel
de la pauvre enfant, un homme parut tout-à-coup l'entrée
de la tente.
Cet homme, c'était Yambo.
Au même instant, Mary, rassemblant toutes ses forces
dans un dernier effort, parvenait s'arracher des bras de
Slevens celui-ci fit un pas pour ressaisir sa victime mais
il s'arrêta aussitôt serré la gorge par la main de fer du
nègre.
Lâche! s'écria Yambo, voilà les adversaires qu'il te
faut tu n'as de courage qu'avec les femmes
La figure de Stevens, de pourpre qu'elle était, devint
bleue, puis noire ;sesjambes fléchirent, et quand le nègre,
ouvrant la main, le lâcha en lui disant:
Suis-nous!
Il tomba de toute sa hauteur sans pousser un cri, sans
faire un mouvement l'apoplexie l'avait foudroyé.
[La suite au prochain h'.