J%° d' Année. Dimanche, 4 Aovembt'f 1840. JOUI VIL D'ÏPRES ET DE L'AKHOXDISSEMEXT. Vires acquirit eundo. Yambo. ABONNEMENTS: Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces,4francs. INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne: 30 centimes. Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. ITRES, le 3 Novembre. La politique intérieure de la France vient d'entrer dans une nouvelle phase. Un ministère composé de membres de l'ancien centre gau che ou opposition dynastique et du tiers-parti a élé renvoyé par le président et remplacé par un cabinet formé d hommes très-honorables, mais peu connus au point de vue politique Un message adressé l'assemblée législative annonçant cette révolution ministériellene laisse aucun doute sur les motifs qui ont guidé Louis-Napoléon. Il fait entendre clairement que, malgré son abnégation, le ministère, com posé d'éléments diversn'avait point celle unité de vues et d'intentions, et n'avait produit qu'une neutralisation de forces. C'est donc une politique personnelle que le ministère nouveau sera appelé mettre en œuvre, et nous avons peine croire que cette marche imprimée la politique de la France soit acceptée par la ma jorité de I assemblée législatif En résumé, c'est un ministère Bonapartiste et qui sera con traint, par son origine, ne servir que d'agent unsyslèmegouvernemental basésur uneabsur- dilé de la Constitution qui déclare le président responsable. Louis-Napoléon, qui ne jouit pasde la prérogative royale de l'inviolabilité et de l'irresponsabilité, s'est fatigué d'être traîné la remorque par la majorité. 11 essayera de lui imposer ses idées et un conflit entre les deux pouvoirs devient inévitable C'est une nouvelle expérience politique dont la France payera les frais, et il est souhaiter qu'elle n'en sorte pas aussi aplatie qu'après les journées de Février. C'est demain, 4 courant, qu'aura lieu Gand la distribution solenuelle des récompenses dé cernées la suite des expositions industrielle et agricole des deux Flandres, aux fabricants et agriculteurs qui ont pris part ces exhibitions, ainsi qu'aux ouvriers et ouvrières qui se sont distingués par leur aptitude au travail et leur moralité. Bien que le nombre des exposants Yprois ait élé très-restreintnous apprenons avec le plus grand plaisir, qu'il n'en est pas de même des récompenses, puisque des médailles en or, ver meil et argent, et même, dit-on, une ou deux décorations spéciales, ont élé décernées ceux de nos industriels qui oui exposé des produits de leur industrie, ainsi qu'à leurs meilleurs ouvriers ou ouvrières. L'administration communale de notre ville qui, quoiqu'on disent plusieurs de ses adver saires, s'est toujours montrée heureuse de pouvoir encourager, honorer et récompenser l'industrie et le tiavail, a décidé, nous assure- t-on d organiser une fête de famille, l occa sion des succès remportés par ses administrés et de rémunérer autant qu'il est en elle, les efforts qu'ils ne cessent de faire pour maintenir florissantes et faire progresser nos industries locales si utiles et si importantes. IX. (Suite.) Après un récit détaillé que nous nous abstenons de reproduire, le colonel ajouta: Je dois au reste rendre justice nos ennemis; l'af faire terminéeils se sont comportés envers nous au^si convenablement que l'eussent pu faire des hommes civi lisés, et avec tous les égards que Ton se doit entre hom mes de guerre. Dans la disposition d'esprit où se trouvait le gouver neur, par suite des bruits alarmants qui circulaient depuis deux jours, ce fut pour lui une agréable surprise d'ap prendre que quinze cents Anglais avaient survécu au dé sastre Je m'explique maintenant la présence de ce nègre, dit-il au colonel il vient sans doute nous proposer le ra chat des prisonniers. \ambo, qui jusque-là s'était tenu silencieusement quelque distance de M. Trelaunay, se rapprocha de lui le regarda d'un œil assuré, niais sans arrogance et lui dit d'nn ton calme et digne: Je viens offrir la paix aux blancs s'ils veulent être ustes et bonsou leur déclarer une guerre outrance Il paraît que Y Association libérale et Y Union Constitutionnelle, de Bruxelles out jeté les yeux sur M. Fontaiuas, pour candidat la re présentation nationale, en remplacement de M Henri De Brouckere. Ce doit être l'élu de tous les véritables libéraux. M. Boussel, du moment qu'il se laisse patronner par le Politique et Y Emancipation sans protester, est suspect aux veux du vrai libéralisme. Le Journal de Brux elles en reproduisant la circulaire de l'ancien meneur de l'Alliance devenue société républi caine, est censé appuyer sa candidature, sur tout après que les journaux ont dévoilé la coalition formée entre les catholiques-politi ques et les radicaux. Le moment est suprême. Les élections géné rales de Juin ne sont plus éloignées et le choix des électeurs de Bruxelles de la capitale, aura une portée énorme sur le résultat des élections qui suivront. Les nominations de MM. Malou et D'Anethan ont favorisé une recrudescence d'arrogance chez les rétrogrades de toute cou leur. Il importe d'arrêter cette jactance. Le parti catholique ne pouvait espérer faire élire un candidat de sa couleur, Bruxelles. Ou essaye si le radical pourrait être goûté. Ce serait un ennemi de l'opinion libérale de plus la chambre, l'our le moment, celte tactique dût-elle être avoir pour conséquence l'anarchie, est celle du parti des honnêtes gens, des défen seurs patentés et soldés de la morale et de la religion. s'ils persistent être aveugles et méchants. Qu'un noir osât s'exprimer ainsi, surtout lorsqu'il s'a dressait la première autorité de la colonie, c'était une chose inouïe, incompréhensible. M. Trelaunay, oubliant que, dans les circonstances présentes les rôles se trou vaient pour ainsi dire intervertis, ne put entendre sans indignation les paroles d'Yambo: Depuis quand, s"écria-t-il en lançant sur le nègre un regard courroucé, les esclaves ont-ils l'audace de parler aux maîtres avec cette insolence? Si je me laissais enivrer par l'orgueil du succès, je pourrais te renvoyer ta questionet peut-être serait-elle mieux placée dans ma bouche que dans la tienne. M. Trelaunay, dans son premier mouvement, s'était laissé emporter par l'habitude; mais en homme de sens, il comprit bien vite qu'il s'était mis dans son tort et que, pour se donner des airs de hauteur, il avait mal choisi son momentforce lui fut donc de se résigner se laisser traiter d'égal égal. Ce ne fut pas toutefois sans faire un grand effort sur lui-même; et, disputant le terrain pied pied, il s'attacha soigneusement éviter tout ce qui pouvait compromettre sa dignité, ou laisser par trop découvert le côté faible de sa situation. Après avoir invité du geste le colonel et le nègre s'as- On lit dans la correspondance du Journal de Liège: Depuis assez longtemps, le gouvernement avait aperçu les inconvénients de la loi du 4 mars 1848. Au lieu do servir les intérêts du commerce et de la circulation, le cours forcé des souverains était dégénéré en spéculation. On en achetait, Paris, 25-30 ou 25-35, et on venait les débiter en Belgique au taux du cours légal, 25-50. Cela pouvait aller loin, et la préoccupation du gou vernement était de parer cet inconvénient. Aussi le ministre des finances a-t-il guetté avec sollicitude le mo ment où il pourrait opérer l'échange sans dommage pour le trésor public. Vers le 1er du mois d'octobre, voyant le cours du change favorable et le trésor public suffisamment garni pour opérer la démonétisation, il en ordonna l'exécution. La mesure fut arrêtée le samedi, et le Moniteur annonça le dimanche que l'échange commencerait le lundi pour finir le mercredi. Le ministre des finances ne croyait nullement de son devoir, même de politesse, d'informer la Société générale de sa décision. Il avait, sans doute, de bonnes raisons pour cela, quoiqu'il sût parfaitement que cette société était elle-même, et pour son compte, en possession de 6 8 millions de souverains. La Société générale,' depuis que le gouvernement lui a imposé de nouveaux devoirs, a vu son personnel consi dérablement modifié. Vous savez que M. Malou est devenu un de ses direc teurs, et, connaissant le caractère de M. Malou, ajoutez hardiment un de ses despotes. M. Malou est donc aujourd'hui l'œil de la Société géné rale c'est le pivot autour duquel les autres directeurs tournent, et le gouverneur, quelque peu ébranlé par la tempête qui a passé sur l'établissement, a consenti, en rechignant, subir lui-même cette domination. Bref, l'ancien ministre des finances est devenu le véri table capitaine, le reste manœuvre ou rame. Cela dit, vous devez comprendre que M. Malou, l'ad versaire juré de M. Frère, car entre ces deux hommes, c'est une guerre rude l'un ayant détrôné l'autre en tout vous devez comprendre, dis-je, que M. Malou a pris feu. Comment ose-t-on faire une semblable opération sans nous consulter C'est indécent, c'est d'une audace incroyable. Aiguisons notre glaive. La Société générale se récrie donc, et l'Émancipation se prépare fulminer les colères de M. Malou. Mais le coup était porté; la démonétisation était un fait accompli. On opère l'échange dans tout le pays avec faci lité car, je le répète, les mesures avaient été parfaitement seoir, il reprit lui-même la place qu'il occupait son bu reau parut ne plus songer l'incident qui venait de se produire et renoua l'entretien avec le ton posé d'un homme d état qui va entamer une négociation imposante. Ainsi, dit-il Yambo, tu viens, au nom des tiens, nous témoigner le désir d'un rapprochement et solliciter l'oubli du passé? L oubli du passé, c'est nous de l'accorder; quant notre désir de cesser les hostilités, j'espère que tu n'y verras point un indice de craintemais seulement une preuve de notre modération. Soit laissons de côté les récriminations et ne dis putons point sur les mots je compte que tu me sauras aussi quelque gré de ma condescendance. Quelles sont j les clauses du traité qu'on t'a chargé de me soumettre? Elles sont simples, naturelles et justes. Tu recon- naîtras par un acte officiel l'indépendance de tous les noirs qui se sont réfugiés dans les montagnes M. irelaunify fit une exclamation Yambo n'y prit pas garde et poursuivit: Les plaines de la Jamaïque sont vastes et fertiles; peine les blancs parviennent-ils en employer la moitié I il y a donc place pour nous. Tu nous concéderas un ter- ntoire suffisant que nous serons libres de cultiver comme

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Le Progrès (1841-1914) | 1849 | | pagina 1