I¥a 89?. 9* Année,
Dimanche, 9 Décembre 1819.
JOURNAL D'YPRES ET i)E L'ARRONDISSEMENT.
Vires atqiiirit eundo.
INTÉRIEUR.
Venise et l'Archipel*
ABONNEMENTS: Ypres (francs), par trimestre, 3 francs 30c. Provinces,4francs.
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Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
ê.tre adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
YPRES, le 8 Décembre.
Peu de jours après la remise des récompen
ses méritées par les exposants les ouvriers et
ouvrières, la suite de la dernière exposition
industrielle des Flandres, le conseil communal
d'Ypres avait décidé qu'une médaille commé-
moralive serait offerte aux fabricants et tra
vailleurs de notre ville qui y avaient obtenu des
distinctions et, qu'à cette occasion, une fêle
serait organisée par les soins de l'autorité com
munale.
Le temps qu'il a fallu pour faire frapper les
médailles et y graver ensuite les inscriptions
commémoratives, ainsi que les noms des per
sonnes couronnées, n'a pas permis d'exécuter
immédiatement cette résolution.
Nous apprenons que la fête aura lieu défini
tivement le dimanche, 16 de ce mois il eut été
difficile de trouver un jour mieux choisi. Le
16 décembre est en effet le jour anniversaire de
la naissance de notre Roi, de ce monarque
dont la main habile sut guider naguère avec
prévoyance et sagesse, le vaisseau de l'état au
milieu des écueils et malgré les tempêtes que
FEurope révolutionnée avait fait naître de tou
tes parts, de ce prince enfin qui la Belgique
confie, avec la sécurité la plus entière, ses inté
rêts intellectuels et moraux, commerciaux et
industriels.
C'est donc le 16 décembre, midi et demi,
immédiatement après la grande revue, qu'aura
lieu, la Halle, la remise solennelle des médail
les commémoratives. Toutes les autorités se
ront invitées cette fête qui sera suivie d'un
banquet offert par MM. les membres du conseil
communal aux fabricants, ouvriers et ouvrières
couronnés. Ce banquet aura lieu dans les sa
lons de l'Hôtel-de-Ville. Plusieurs personnes,
amis véritables de l'industrie et du commerce,
désireront, nous n'en doutons pas. prendre part
cette fête, et donner ainsi un témoignage de
leur sympathie des fabricants et des tra
vailleurs qui, par leur industrie et leur travail,
ont fait apprécier plus que jamais dans la capi
tale des Flandres la valeur des produits re
marquables de nos fabrications locales.
Lu organisant cette fêle, en réunissant au
tour d'eux, au palais de la commune, et en^y
faisant asseoir la même table, magistrats,
fabricants, travailleurs et ouvriers, nos conseil
lers communaux donneront une belle et noble
réponse ceux qui les accusent de haïr l'in
dustrie, de mépriser le commerce et de n'avoir
nulle sollicitude pour les classes ouvrières, car
ils prouveront que mieux que d'autres, ils com
prennent combien le travail relève et anoblit
l liomme, et combien méritent d'être encoura
gés dans leurs efforts louables, les travailleurs
actifs, intelligents et probes, que la ville d'Ypres
doit être fière de compter en grand nombre
dans les rangs de sa population ouvrière.
Après la lecture de cette lettre j'étais calme; toute
mon intelligence et toute mon âme étaient concentrées
sur un point. Je sentais mon énergie s'éveiller et mon
activité renaître. Mon père avait placé près de moi un
homme de confiance d'un âge déjà mûr, fidèle, actif,
dévoué Lausanne je le fis venir.
J'ai besoin de vous, lui dis-je; j'ai toujours estimé
votre probité, votre activité. C'est la première fois que je
vais les mettre l'épreuve mais il s'agit d'une circon
stance importante, d'un événement majeur dans ma vie.
Réussissez, servez-moi et toute domesticité cessera pour
vous, vous serez mon ami. La signora Contarini, a quitté
Venise subitement, sa demeure est un secret je veux la
connaître.
Rien n'est plus facile, répondit Lausanne en sou
riant; Venise n'a pas de secret pour ceux qui paient.
Très-bien; faites ce que vous voudrez, Lausanne;
disposez de ma bourse; mais sachez avec quelle impa
tience je vous attends ici, et combien les nouvelles que
vous m'apporterez sont importantes pour moi.
Deux heures se passèrent; Lausanne revint.
La signora est partie pour la villa ûelfini, me dit-il,
voilà tout ce que j'ai pu apprendre.
Mes gondoliers! mes gondoliers!... Lausanne, j'ai
besoin d'un prêtre, d'un homme accommodant, qui ré
pète la hâte les prières nuptiales et n'exige pas de lon
gues formalités. Informez-vous quels sont les vaisseaux
prêts faire voile si je suis longtemps absent, dites que
je suis Trieste.
Nous avons annoncé dans un de nos précé
dents nos,' que l'atelier de Passchendaele avait
été inspecté par un employé du gouvernement,
et qu'il avait été trouvé l'un des mieux orga
nisés de la province.
Un journal de celle ville y-est plu contester
ce fait et donner sur cet établissement des
renseignements dont mieux que nous, il con
naissait l'inexactitude. Cômme ces allégations
ont pour but évident d'égarer l'opinion pu
blique sur l'utilité d'une institution qui aujour-
d hui est justifiée par l'expérience nous avons
cru devoir prendre des renseignements authen
tiques et nous les publions en réponse aux in
sinuations malveillantes de la feuille cléricale.
L'atelier de Passchendaele s'est ouvert le 15
Août dernier; dès le 30 du même mois, 14
métiers y étaient en pleine activité, et depuis
cette époque, 12 autres métiers y ont été suc
cessivement placés et livrés au travail.
Dans ce court intervalle, dix élèves sont
sortis de l'établissement où ils ont été rem-
La gondole m'emporta rapide et silencieuse bientôt
nous atteignîmes Fusina. Les postillons, largement payés,
firent inarcher leurs chevaux avec une rapidité bien peu
commune en Italie; et en quatre heures nous nous trou-
vaines près de la villa Delfini. Le soleil se couchait. Je
quittai la voiture et m'introduisis dans un grand parc
dont aucune baie ne formait l'enceinte. Point de lumière
dans l'édifice. Un profond silence régnait sur la villa tout
entière. Je marchais doucement et d'un pas léger; enfin
je parvins une petite chapelle qui se trouvait située
l'extrémité orientale du palais; un seul cierge y brûlait.
Debout auprès d'un pilier sur lequel elle était appuyée,
Alceste Contarini lisait attentivement. J'ouvris la porte
sans bruit et m'approchai d'elle.
Alceste, lui dis-je, vous êtes moi.
Elle étendit les brus et tomba comme inanimée; ses
yeux se fermèrent. Je l'emportai évanouie et presque
mourante sur un banc de gazon, et je contemplai long
temps avec un mélange d'anxiété et de passion ces yeux
qui s'étaient fermés. ELle respirait, cependant, elle res
pirait! Ses grands yeux s'ouvrirent et la lumière jaillit
de nouveau de leurs prunelles noires. Elle regarda au
tour d'elle comme étonnée: puis un sourire se joua sur
ses lèvres; ses membres parurent se délier ensuite; elle
étendit ses bras comme pour ressaisir l'existence et s'as
surer de la vie. Contàrini s'écria-t-elle, et ses bras
m'enlacèrent. Quelque temps nous restâmes en silence,
silence admirable et délicieux qui uçfît de la plénitude de
la joie et du bonheur. Mais la crainte d etre surpris me
fit précipiter notre départ; je la plaçai dans la voiture
auprès de moi, et nous revînmes Venise. Sur les dé
grés du palais se trouvait Lausanne, qui me donna les
placés par d'autres, et les premiers ont reçu
chacun un métier pour travailler domicile,
de sorte que dans l'espace de trois mois en
viron, 34 métiers ont été mis eu activité dans
celle seule commune.
Les renseignements que donne le même
journal sur la nature des marchandises fabri
quées Passchendaele, sont tout aussi erro
nés; depuis la création de l'atelier, 108 pièces
y ont été fabriquées dont 19 de toiles dites
Bussias pour compte de la commission de S'
Bernard et 89 pièces" de serviettes, étoffes de
pantalon, coutils, toiles damassées et autres,
pour compte de divers fabricants de Thielt
Roulers et Gand.
Nouspouvons ajouter qu'avant quinze jours
vingt nouveaux métiers seront en activité;
voilà l'exacte vérité. Nous voulons bien n'y
voir aucun chef-d'œuvre, mais au moins nous
pouvions espérer que nos adversaires n'y ver
raient pas malière critique; il en est autre
ment, et nous y trouvons une nouvelle preuve
que celte feuille ne peut avoir que des paroles
malveillantes pour toute institution qui est
due l'initiative du gouvernement.
Nos lecteurs apprécieront du reste où il y a
plus d'intelligence et de mérite, chez ceux, «qui
en moins de quatre mois, auront su organiser
plus de cinquante métiers, où chez ceux qui
passé dix-huit mois, en ont acheté quarante
qu'ils out été impuissants d'utiliser jusqu'à ce
jour. Au surplus, lejournalen question a ura beau
faire des efforts pour paralyser l'action bien
faisante du Gouvernement, nous lui prédisons
quïl échouera devant l'énergie et l'activité du
fonctionnaire qui a entrepris la tache de réor
ganiser l'industrie linière dans une partie de
notre arrondissement.
Nous avons reproduit d'après le Moniteur
partie des Annales parlementairesle compte-
rendu officiel de la présentation du rapport
fait sur la pétition du sieur Smaelen avocat,
renseignements que je désirais. Aucun vaisseau n'était
prêt faire voile; mais le matin même, un navire frété
pour Candie avait quitté le port, et ce vaisseau se trou
vait encore peu de distance. Le capitaine, avec lequel
Lausanne s'était entretenu, voulait bien recevoir des
passagersmais il exigeait qu'on vint le trouver son
bord. Cet arrangement me convenait. Le capitaine avait
promis.de rester l'ancre jusqu'au lendemain matin. Un
prêtre nous attendait.
Je fis part de ces dispositions Alceste Contarini, qui
les approuva; et, deux heures avant minuit, le prêtre,
auquel Lausanne s'était confié, m'unit, selon le rituel
de l'église catholique, Alceste Contarini, ma parente
éloignée, héritière d'un des plus grands noms de l'Europe
et d'une fortune qui, dans sa ruine même, était encore
digne de ce nom. Deux domestiques furent les seuls té
moins de cet acte, qui, selon elle, mettait en péril le
salut éternel de son âme et qui devait avoir sur sa des
tinée en ce monde une influence fatale.
Dès le point du jour Lausanne m'éveilla et me dit que
j le vent était favorable et qu'il fallait partir. Je jetai les
I yeux sur ma femme endormie, dont la lumière matinale
colorait le charmant visage. J'aurais tout donné pour
rester Venise avec elle dans une parfaite tranquillité;
j mais trop d'obstacles s'opposaient la réalisation de ce
désir. Pour la dernière fois nous montâmes dans une
j gondole. Les flots grisâtres de la mer étaient devant
nous, et bientôt une forte brise nous emporta loin des
lagunes. En peu d'heures, cette Venise si brillante,
dont les coupoles et les tourelles m'avaient attiré par
leur magie; cette Venise qui^n'avait coûté ma fortune et
l'affection de mon père; cetfe ville atix beaux palais, où