neutralité de la Suisse fut violée par les grandes puissances, parce que cette république se fiant sur les traités, n'avait pas rassemblé une armée sur ses frontières Ces exemples prouvent que la neutralité n'est une vérité qu'aussi longtemps qu'elle peut être défendue. Nous le disons avec amertume, nos amis po litiques n'ont guère de tactique: Sous prétexte d'économie et la voix de quelques hommes dont les intentions ne laissent pas que d inspirer la défiance, on a poursuivi une réforme qui n'en sera pas'une, comme quelques change ments qu'on a volés et qui n'ont pas tenu ce qu'ils avaient promis. On démolira ce qui est toujours très-facile, mais sans savoir comment reconstruire, car qu'on veuille se rappeler ce que nous prédisons icion semble d accord pour modifier ce qui existe, mais on ne pourra s'entendre sur ce qu'il faut pour le remplacer. Il semble que le budget de la guerre soit actuellement le seul obstacle la félicité de la Belgique, et en 11148, si l'on avait demandé pour l'armée un crédit de trente millions, au cune voix ne se serait élevée pour le combattre. On croyait alors que l armée aurait pu sauver la nationalité de la Belgique, car on ne pouvait prévoir celte époque, ce que l'avenir nous ré servait. A peine sortis de ce mauvais pas et, nous le disons, grâee notre état militaire, oublieux des leçons de l'expérience, nous sem- blons désirer l'annihilation de ce qui nous a sauvés. C'est de l'ingratitude, pour ne pas don ner un sentiment que nous ne pouvons par tager, un autre nom. Bien que la majorité de la section centrale semble être contraire l'organisation actuelle de l'armée et essayera de faire repousser le budget pour forcer le ministère présenter une nouvelle loi d'organisation nous espérons toujours que la majorité de la Cbanabre ne voudra pas suivre la voie qui lui est ouverte par quelques casse-couqui sans discipline, sans réflexion, s'acharnent la réalisation de la première idée venue. En tout état de cause, j opinion libérale devrait répudier la responsa bilité qu'on veut lui imposer, d avoir sanctionné la désorganisation de l'armée et quoiqu'on en dise, c'est là qu'on arrivera de gré ou de force. C'est nos yeux une question nationale et qui mérite d'être traitée avec calme et en ne l exa- minant pas seulement au point de vue de I é- conomie car la nation qui réduirait toutes les questions les plus vitales une affaire d argent, n inspirerait aucune estime et finirait par alié ner son indépendance comme trop coûteuse. Le rôle de l'armée a été depuis trente ans très-secondaire, mais nul ne peut dire quelle sera l'influence qu'elle sera appelée exercer dans les complications qu'ont fait surgir les révolutions qui ont si profondément remué l'Europe continentale. Le Conseil d'instruction de l'Ecole d'équita- tion, présidé par M. le L'-colonel Ablay, coin- mandant de cette école, vient de procéder ment en moment tout change; des ombres gracieuses, des ombres mobiles passent et disparaissent la surface des eaux ;-un arc léger, peine perceptible, étincelle dans le firmament; un croissant d'une blancheur éblouissante, derrière lequel une étoile solitaire semble s'avancer. A mesure que la nuit tombe, ces deux points lumineux ac quièrent de la force et'gagnent de l'éclat. Une vieille mandore, léguée sans doute aux habitants de l'île par quelque Vénitien qui l'avait habilée, accom pagnait les chants d'Alceste. Je,lui disais les espérances de ma jeunesse, les rêves de mon enfance, tout, jusqu'à «ne- vagues désirs, jusqu'à mes prétentions de poète, et elle m'écoulait, et toujours sa voix si douce me disait: Continue. Ah! e'était un heau songe que notre vie! L'a venir, le monde, les choses positives avaient disparu. Le Nord que nous avions quitté nous semblait vulgaire. A peine laissions-nous errer notre pensée sur un passé qui contrastait si malheoreusemeiitavecla poésie vivante, riante, fantastique de noire existence actuelle. Ceux qui n'ont pas vu l'Orient ne peuvent s'en faire aucune idée. L'analyse, les sensations, la recherche de plaisirs factices, les mille bésoins de la vanité dominent l'Européen et l'enchaineut; l'Asiatique seul sait jouir, seul il-sait vivre. Nous nousplaisions voyager dans les montagnes, montés sur nos petits chevaux candiotes. Tour-à-lour jardiniers, pâtres, collecteurs d'antiquités ou de curiosités natu relles, nous amusions nos journées de ces milles rien l'examen de sortie annuelle de MMles officiers- élèves. Les travaux du conseil d'instruction ont duré dix jours, et nous ne douions pas qu'il ait constaté d'heureux résultats, dûs tant l'application studieuse des élèves, qu'au savoir, au zèle actif et l'assiduité des professeurs et des officiers instructeurs chargés de l'enseigne ment des diverses branches d'instruction et de service qu'embrasse cette institution. Nous n'avons pas faire ressortir ici^ l'in contestable importance militaire de l'École d'é- quitation il nous suffit de dire, que M. le Ministre de la guerre, qui l'a fondée lui voue la sollicitude la plus éclairée et la plus efficace. Nous croyons également superflu de faire ap précier les services que cette,institution est appelée rendre l'armée: mais si nos éloges, en pareille matière, pouvaient avoir quelque valeur, nous serions heureux de saisir oette occasion, pour rendre justice l'habileté et au mérite éminent de M. le Commandant de l'É cole d'éqoitation, sous la haute direction du quel cet utile établissement tend revêtir un caractère de distinctionqui promet de lui faire prendre rang parmi les écoles de cavalerie les plus justement renommées. L'on sait avec quel taleul et quelle judicieuse entente y est dirigée, 1 equitalion, dont est spé cialement chargé le savant écuyer M. le major Max. Lugers. Le Journal des Bazites nous pose une ques tion laquelle nous nous empressons de répondre. A l'occasion de la publication du rapport sur l'enseignement moyen, en donnant la liste des établissements qui sont sous la main du cleTgé, nous avons fait remarguer ses astu cieux empiétements et son âpre appétit de monopole, en matière d'enseignement. Ce jour nal lui est stupéfait, mais on ne «iévinefait pas de quoi? Quelle naïveté parmi ces scribes pieux qui croient que parce quïls sont borgnes, tous doivent être aveugles et que, sous prétexte de religion, tout le monde doit s'empresser d'accepter la férule cléricale. Aussi sa stupéfac- tion provient-elle de ce que l'autorité commu nale n'ait pas appelé uii directeur ecclésiasti que et n'ait pas abdiqué entre les mains de l'évêque Aussi, nous croyons cette stupéfac tion bien motivée pour un fanatique de cet ordre, on ne pouvait s'attendre moins Mais nous désirons bien savoir pourquoi on subsidierait de# institutions d enseignement moyen sous les'auspices ecclésiastiques, où on n'apprend rien d'où les élèves sortent sans pouvoir satisfaire aux épreuves que la loi leur impose II ne suffit pas, Bazu.e. de dire conve nablement ses patenôtres il faut autre chose, et c'est là ce qui vous manque. Avairt de don ner l'instruction aux antres, tâchez donc de vous instruire vous-mêmes. Quant aux prêtres qui mènent une vie exem plaire, nous nous plaisons croire qu'il y en a beaucoup, mais qu'on nous permette de vous faire ressouvenir que quelques-uns se sont frivoles, et, ne cherchant que des plaisirs d'enfant, nous trouvions le bonheur. Alceste avait pour favorite cette jeuue gazelle africaine que nous avions vue endormie sur le coussin écarlate, dans la eour de notre vice-consul. Nul animal n'est doué d'une forme plus élégante et ne rappelle de souvenirs plus poétiques; mais aucun n'est plus complètement dénué d'instinct et d'adresse: jamais on ne parvient l'apprivoiseret l'attention la plus per sévérante ne dompte pas son caraclère la fois sauvage et slupide. Quelle que soit la beauté de ses grands yeux noirs, remplis d'une flamme liquide, et bien que son nom retentisse dans tous les poèmes orientaux je lui préfère le chien de race anglaise, serviteur fidèleavee ses for mes agrestes et pittoresques, son admirable instinct et sa noble fidélité. Huit mois se passèrent ainsi dans l'île de Candie. Par lez, si vous voulez, de renommée, de gloire et de génie non, non, tous leurs lauriers, tous leurs triomphes, tous leurs délices, ne valent pas une heure, une seule heure de volupté domestique. 0 quelles matinées! quelles belles soirées c'étaient pour nous! quel charme quand, après la promenade, nous venions nous reposer sur nos divans! qu'on allumait la vaste lampe! que le fidèle Lausanne m'apportait ma pipe turque, sans cesse renversée par les bonds maladroits de la gazelle: quand le gondolier véni tien Ti*a, auquel celte vie convenait fort, nous présentai; le café! quand ma chère Alceste commençait quelqu'une distingués parla, débauché, non pas comme des personnages laies, mais d'une façbn plus scan daleuse. Du reste, Bazile attaque toujours la moralité d'aulrui et c'est le cas de lui citer le passage de l'évangile, de l'individu qui voyait une paille dans l'œil d'aulrui, sans remarquer la poutre qui lui gênait la vue. Nous avons été assez étonné de trouver dans un journal de pelle ville qui se dit conserva teurdes insinuations contre le budget de la guerre. Il parle de libérâtres (qualification ca tholique confite de charité) qui firent la pro messe de faire subir l'armée de notables di minutions dans son budget de dépenses Mais il nous semble que ces libérâtres ont assez bien tenu leurs promesses puisque le ministre de la guerre actuel, M. le général Chazala réduit le budget de 1849, de plus de deux millions, 26,792.000 fr.tandis que le dernier budget, de la guérre, sons le ministère catholique, s'é levait fr. 29,405,100. Une diminution de deux millions et demi de francs mérite quelque considération. Cela prouve toute la mauvaise foi de la feuille catholique qui approuvait fort la dépense de vingt neuf millions et demi, quand ses patrons gouvernaient, et aujourd'hui voudrait avoir une armée gratis, parce que les évêques ne sont plus les dominateurs de la Belgique. En 1847, tout était pour le mieux, son fétiche, Jules Malou, était ministre et rançonnait le pays. Actuellement on ne fait rien qui vaille, quoi que les dépenses soient moindres. Les feuilles cléricales jouent depuis quelque temps un rôle méprisable qui aura pour leur parti de fâcheux résultats, car, mesure qu'elles dévoilent leur tactique l'opinion publique peut acquérir la conviction de sa profonde immoralité. On écrit de Gand, 8 décembre: Nous apprenons de bonne source que sous peu de jours, M. Delehaye sera nommé bourgmestre de la ville de Gand. Nous apprenons que M. le lieutenant-général baron Prisse, gouverneur militaire, aide-de-camp du roi, est nommé définitivement gouverneur de LL. AA. RR. le duc de Brabant et le comte d» Flandre. Cet officier supérieur remplissait déjà ces fonctions depuis quelque temps. La cour d'assises de la Flandre orientale, a con damné le nommé Pierre-Liévin Van Laere, âgé de 17 ans, cordonnier, né Lokeren et domicilié VVelteren, la peine capitale, comme coupable d'homicide commis volontairement et avec prémé ditation, le 18 juillet dernier, dans la commune de Wetteren snr la personne du nommé Gustave Matthys, âgé de 12 ans. Voici les principaux laits tels qu'ils résultent de l'acte d'accusation L'accusé, dès sa plus tendre enfance, se fit remar quer par son caractère dur,, violent et emporté. La police le signale comme un paresseux et un vaurien frappant ses parents et prenant plaisir maltraiter sans raison desenfants moins âgés et moins robustes que lu.i. de ces mélodies vénitiennes si languissantes qui bercent l'âme, et qui ressemblent au bruit de la rame sur les la gunes Tout ce bonheur devait bientôt être couronné d'un bonheur plus grand dans peu de jours j'allais être père. Un médecin italien qui habitait la capitale de l'île était averti, et bien que la santé d'Alceste ne fut pas complè tement satisfaisante, nous étions pleins d'espérance et de joie. Le médecin lui avait recommandé beaucoup de repos. Elle s'était endormie un soir; je m'esquivai de peur de la troubler, et j'allai me promener sur le bord de la mer. Quels devoirs nouveaux ma nouvelle situation allait-elle mïmposer? Cette idée s'empara de mon imagi nation et en devint maîtresse je ne songeai plus qu'à ces rapports délicats et profonds qui existenl entre un père et un fils; je me rappelai, non sans douleur, mon père que j'avais quitté, et dont la volonté opposée la mienne, condamnait mon voyage, mes rêveries et mon genre de vie. Des larmes sillonnèrent mes joues; mille pensées pieuses et sévères s'agitèrent en moi: je rêvai un fils qui eût de la gloire et qui honorât mon nom. Cependant les heures s'écoulèrent, le crépuscule enveloppait la terre de son ombre. Comme je marchais lentement sur le rivage, rl me sembla qu'Aleeste me faisait un signe, et que, de bout devant moi, mais une distance considérable, elle m'appelait vers elle; j'étais surpris, alarmé, mécontent. Pourquoi, dans la situation où elle se trouvait, exposait-

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Le Progrès (1841-1914) | 1849 | | pagina 2