JOIK.YAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
1.008. 10e Année.
Mercredi, 1er Janvier 1831
Vires «mit eundo.
INTÉRIEUR.
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IS
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dire adressé l'éditeur, Marché au llcnrro. On ne reçoit que les lettres affranchies
Yp*e«, 31 Décembre.
L'opposition cléricale.
Si le parti catholique ne regagne pas le ter
rain perdu, c'est que le bon sens public ne
trouve pas dans la nouvelle opposition une
raison d'abandonner la politique nouvelle.
Cette opposition est maladroite, impopulaire
et irritante.
Elle est maladroite, pour ne pas dire déloyale.
Quand elle croit accuser ses adversaires, c'est
son propre passé qu'elle met sur la sellette.
Mous avons vu que lorsque le parti était aux
affaires il votait des deux mains tous les tripo
tages et les profusions du chemin de fer; sa
majorité a toujours fait avorter les enquêtes
qui pouvaient mettre un frein aux gaspillages.
Eh bien le parti jette actuellement la téle de
la politique nouvelle tous les faits et gestes
accomplis dans celte administration par la po
litique ancienne.
Aujourd'hui il reproche la politique libérale
les 37 millions de l'emprunt forcé. Niais qui, eu
répandant la panique dans le pays, a rendu les
7 millions de 11148 inévitables C'est surtout
la politique ancienne. Qui avait laissé la
charge de ses successeurs 35 millions de bons
du trésor, auxquels l'emprunt forcé devait en
partie faire face? La politique ancienne, lté
sorte que celle politique dénonce les actes
dont elle est seule l'auteur, qu'elle ne trouve
reprocher aux autres que ses propres fautes,
qu'elle se décerne elle-même un brevet de
mauvais gérant des deniers publics. El vous
voulez que l'opinion publique prenne au
sérieux votre sollicitude posthume pour les
contribuables Mais pcrmellez-noiis une expres
sion proverbiale: Vous crachez en l'air.
Votre opposition est impopulaire. Vos griefs
sont précisément des litres la popularité
Vous accusez la politique nouvelle de sauve
garder le patrimoine des pauvres, mais c'est
précisément un titre électoral. Vous accusez la
politique nouvelle d'avoir développé et fortifié
l'instruction publique, mais c'est le conlrepied
de cette politique dont l'opinion ne veut plus.
Cette opposition est irritante. Le (on de votre
polémique, c'est l'insulte l'opinion des trois
quarts du pays; son moyen c'est la calomnie.
Il est impossible d'écrire une ligne sans que
vous n'y rapprochiez des mots isolés ou que
vous n'isolez la partie d'un tout de manière
donner l'article le plus irréprochable un tra
vestissement o lieux. Si le pub'ic n'écoulait
que vous, comme Barllioln ii écoulait que
Bazile, la calomnie pourrait vous saDvir: mais
comme il lit la partie calomnié*, vos falsificati
ons paraissent ab»nrdes, et vous recueillez non
les profils tels quels, mais les inconvénients de
vos contre-vérités. Quant aux injiues. com
ment les qualifier? C'est faire douter «lu
savoir-vivre et de l'esprit de ceux dont vous
êtes l'expression, et dont cependant toute la
puissance réside dans la vénération publique.
Maintenant celte opposition est un singulier
programme pour regagner une majorité. Vous
ne pouvez fias faire de l'opposition financière
saus que votre passé ne promette un avenir de
gaspillages. Vous ne pouvez pas blAincr la poli
tique libérale sans faire comprendre que vous
reviendriez avec le monopole du clergé et I ir
responsabilité des administrateurs des pauvres.
Vous ne pouvez pas refuler sans calomnie, vous
passionner pour votre cause, sans envelopper le
pays dans vus convulsives injures.
Tonte opposition est un programme cl votre
programme coiili'nit tout cc que le pays re
pousse. Pourquoi donc dire que vos adversaires
doivent leur succès I intimidation ce succès
voire opposition suffit.
Les questions soulevées par le rapport de M.
de Monlalembcrt sont de celles qui occupent
longtemps les esprits. A l'appui dea conclusions
qu'il avait soutenir sur l'observation des di
manches, l'honorable rapporteur n'a pas man
qué de mentionner l'opinion du célèbre Portails,
ministre des cultes sons l'empire.
A celle opinion l'Ordre eu oppose une autre
qui, dit-il, aux yeux de la France entière, sera
ptobabletnenl d'un aussi grand poids, cl que,
par celle raison peut-être M. de Nlonlalemberl
a cru devoir laisser dans l'oubli c'est celle de
Napoléon. L'eui|iereur était a Oslcrode, dans le
royaume de Hanovre, quand il reçut le rapport
de M. Portalis. Voici sa ré|»onscécrite sut la
feuille même qui servait d'enveloppe au docu
ment qu'on venait de lui lire
Il est uiilroireau droit divin dVmpêcher l'homme
qui a drs besoins le dimanche comme leaaulres jours
de I» semaine, de travailler le dimanche |»our gagner
sou pain. Logouvernement ne pourrait imposer mie
telle loi quu s'il donnait gratis du pain ceux qui
n'en ont pas. D'ailleurs le défaut des peuples en
©2RNJSR3 KiEillVEftl.
(suite.)
l'abandon.
L'aube s'étendait insensiblement des sommets des
coteaux de la plaine; le château de Kcrven apparaissait
comme une ombre gigantesque, et le plus profond silence
l'enveloppait encore avec les derniers voiles de la nuit.
A l'exception des gardes, postes de distance en distance,
nul ne semblait veiller. Cependant un homme qui, par
son attitude immobile, ressemblait plutôt une statue
qua un éirc anime, était adosse au fanal de vigie. Le
comte de Kcrven, car c'était lui, après avoir conservé
quelque temps encore cette position, étendit ses bras
dans la direction de Villedicu, il s'écria d'une voix sourde
et sanglotante:
J'ai donc assez vécu pour assister cette désertion,
et le ciel, pour dernier châtiment, me gardait une telle
infamie! Que me reste-l-ilncn. où est l'enfant
que j'admirais, que j'adorais, la chair de ma chair, l'es
poir de mon dernier soupir?... parti Quand le rever-
rai-jc?... jamais!... Et sur mon affreux malheur, sur
cet abandon, sur celle ruine de mon dernier amour, sur
ma mort enfin, voilà l'attrc souverain qui s'élève radieux
cl la nature qui s'éveille en chantant. 01» inou Dieu
donnez-moi le courage de ne rien maudire; faites taire
mes entrailles qui se révoltent; ayez pitié de ma pauvre
âme qui se sent prête blasphêm.T, ayez pitié
En achevant ces mots, le vieillard tomba la face contre
terre, et demeura sans mouvement, sans parole; il n' n-
tendit que le bruit que faisait, en montant l'escalier, son
vieux compagnon, le sire de Lainnrge; et, quand cc der
nier apparut sur la terrasse, il s'arrêta brusquement, par
surprise autant que par respect.
Voyant son maître sans mouvement, l'intendant s'ap
procha de lui cl le loucha, s'écriaat
Dieu 1 Monseigneur, qu'avez-vous
Le comte s'arrêta et regarda fixement et silencieuse
ment le seul ami qui lui restait.
De grâce, rc|>ondrz, mon hon maître. Mon visage
est-il calme Messire J'y vois une froideur qui m'é
pouvante Rien de plus Rien mon maitre.
Merci, mon Dieu s'écria le comte avec dignité, merci,
Fiance n'est pas do trop travailler. La police et le
gouvernement n'ont donc rien h faire là dessus.
Les saints Pères mêmes ne prescrivent lo repos le
dimanche qu'aux hommes qui ont assez, d'aisance ou
qui sont dans h-cas de mettre assez dVcoiiomio dans
leur travail de lo semaine pour pouvoir passer le di
manche sans travailler. Cela est si vrai qu'il était
dons l'usage de tous les pays chrétiens qu'avec la
|ieriuissiou do ('ét'Aque ou du curé ou pouvait tra
vailler le dijnarn lie.
Serait-ce l'évêque, sernit-eo nnx magistrats,
qu'appartiendrait le droit de donner celte per-
•u iaaion
Du n vu de nos jours la force publique employée
J parcourir les villes et les campagnes pour con
traindre A célébrer la décade et h travailler le di
manche. On doit bien garder de se mettre dans la
nécessité d'employer un jour les gendarmes em
pêcher l'homme qui a besoin de sou travail pour
assurer sa subsistance de travailler lo dimanche.
Dans l'un et l'autre cas, il y a, de la part de
l'autorité >ii|>erstitiou soit politique, «oit religieuse.
Dieu a fait aux hommes une obligation du travail,
puisqu'il n'a |ias permit qu'aucun des fruits de la
terre leur fût accordé sans travail. Il a voulu qu'ils
travaillassent chaque jour, puisqu'il leur a donné
des besoins qui reiiuisseut tous les jours.
Il faut distinguer, dans ce qui est prescrit par le
clergé, 1rs lois véi ilahlionent religieuses el Ut ohli-
(fuliont t/ui n'ont ili imayinéet que dans ta vue
if tendre l'autorité' det mi nit tret du culteLn loi
religieuse veut que les catholiques aillent les diman
ches i la inesse, et le clergé, pour étendre son
autorité, u voulu qu'aucun chrétien no pût, sans sa
|ierniis»ioii, travailler lu dimanche.
Cette permission, il l'accordait ou la refusait son
gré pour constater son pouvoir, et l'on sait que dans
beaucoup de pays on l'obtenait avec de l'argent.
Encore une fois, ces pratiques étaient supersti
tieuses et plus faites pour nuire la véritable reli
gion que |>our la servir. N'est-ce pas Uossuel qui
disait Manges un bœuf «t soyez chrétien.
L'observance di. maigre le vendredi et celle du repos
le jour du dinianrhu ne sont que des règles secon
daires el très-insignifiante*.
Ce qui touche essentiellement aux commande-
monts de l'Eglise, c'est de nu pas nuire l'ordre
sociul, c'est de ne pas faire de mal son prochain,
c'est de ne |>as abuser de sa liberté. Il ne faut pas
raisonner, mais il faut se moquer des prêtres qui
demandent de tels règlements. Je ne les oblige pas
donner malgré eux l'absolution, je ne veux pas non
plus qu'ils m'obligent faire jeter dans le séjour du
crime, le paysan qui travaille quelque jour de la
semaine que ne soit, pour assurer sa subsistance ot
celle de sa famille.
vous m'avez entendu. Eh quoi n'avez-vous donc
plut d'amitié pour votre vieil écuycr? vous refusez de
me parler vous ingrat I pourral-je le croire Ingrat?
reprit vivement le sire de Kcrven; écoule, tu veux savoir
ce que je suis venu faire ici de si bonne heure, et saus
loi? Oui, murmura l'intendant avec timidité. J'ai
voulu, pour l'honncui de mon sang, pour mon orgueil
de [tère, pour ina consolation, s'il en cal une, être seul
le voir partir j'ai voulu que ces yeux, affaiblis par les
années el par les impuretés qu'ils ont contemplées,
fussent seuls ici lo saiuer j'ai voulu que ce coeur, où
tout est mort aujourd'hui, fut seul le bénir encore,
malgré son crime; j'ai voulu que mon oreille entendit
son dernier bruit, et que ma voix fût la dernière prier
j»our lui. Que le dirai-je j'ai voulu jouir d'ici, par tous
mes sens ot mon insu, de sa dernière présence Je l'ai
vu s'éloigner lentement; je l'ai vu s'arrêter, tourner la
tête et repartir; j'ai le dernier touché sa main; j'ai reçu
son dernier gage; j'ai entendu sa dernière parole. Oh!
qua j'ai souffert Un fol espoir m'animait encore;
chaque foi» qu'il s'arrêtait je croyais qu'il allait revenir.
J'ouvrais la bouche pour l'appèler, les bras pour le re-