1,01&. 1 Oe Année.
Dimanche, 19 Janvier 1851.
JOHiV.lL D'ÏPRES ET DE 1/1RR0.\RI SSEMKXT.
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Vires acquint eundo.
LE BUDGET DE L A.RMÉE.
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ABONNEMENTS Ypiïes (franco), par .trimestre, 3 francs bO c. —Provinces,4 francs. Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
INSERTIONS Annon«c/:s, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne 50 centimes. etre adresse a 1 éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
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liTËKIEUR.
Vpues, 18 Janvier.
iDepuis trois ans. Fa Belgique assiste, chaque
fois que revient .l'examen du budget du dépar
lement de la guerre, un triste et déplorable
spectacle. Sous:prélexle d'économie, on procède
un travail de désorganisation qui ne peut
manquer de porter plus tard des fruits amers.
Depuis trois ans, le vole du budget de l'armée
est un incident qui représente le .pays sous des
couleurs peu brillantes aux yeux de 1 étranger.
La Belgique semble barder la dépense qui doit
au besoin pourvqir la défense de son indé
pendance. C'est pour une nation qui a le sen
timent de sa dignité e.t qui veut maintenir sa
nationalité, une situation intolérable et qui
doit cesser au plutôt.
Que veulent ces partisans des économies
quand même, qui ne semblent voir qu'une ques
tion de finances dans une question de dignité
Ne veulent-ils plus d'armée, sous prétexte qu'il
n'y aura plus de guerre C'est là uue thèse qu on
a soutenue dans des congrès, où se réunissaient
un certain nombre d'utopistes très-respectables.
Mais aussi longtemps que la nature de l homme
ne sera pas changée, des guerres seront proba
bles et devront entrer dans les prévisions des
événements possibles. Si l'on ne veut, dans ces
circonstances, être la proie du premier venu,
un système de défense doit être élaboré et,
comme conséquence nécessaire, une force per
manente, qu'on pourra étendre ou dimiuuer a
son gré, devra être organisée pour obvier a
toutes les éventualités. Est-on d'avis qu on peut
avoir une armée nombreuse ou peu forte eu
nombre, mais très-aguerrie? C'est une question
qu'on pourra examiner, bien que notre étal de
guerre doive êlre plus ou moins établi d après
les systèmes admis par les pays qui nous en
tourent, d'après la configuration topographique
de notre territoire et la populatiou qui 1 habite.
Sous ce point de_vue, nous ne pouvons, nous,
LIS QgRBUSIRS DŒftVgM.
LES DEUX MARGUERITES.
Le 15 juin, lendemain de l'arrivée de la reine d'An
gleterre Auiboisc, vers deux heures du soir, tous les
leux de la façade du château étaient éteints, et le plus
profond silence, entourait la demeure royale.- Cependant,
l'une des fenêtres du premier étage de la tour du
Nord, qui donnait sur la Loire et sur l'île Verte, ou
voyait briller une lumière, et la silhouette du corps d'une
femme se dessinait sur les rideaux.
C'était dans cette chambre que se tenait Marguerite
d'Anjou, surnommée la Grande Reine. Elle n'avait de
mandé qu'un jour pour se reposer des fatigues. de son
long voyage et pour se préparer aux émolious terribles
qui l'attendaient. Couronnée reine de France et d'An
gleterre, tille de roi, femme de roi, taille de roi, elle se
trouvait sans sceptre, pl réfugiée la pour u'un prince
dont la politique lui était suspecte juste titre. Elle y
était abritée sous le même toit que son plus grand en
nemi, ce fameux comte de Warwick, qui lui avait arra
ché sa couronne, et avait fait enfermer, depuis plus de
cinq ans, dans la tour de Londres, l'infortuné Iienri VI,
son époux.
La reine était alors dans sa quarante-troisième année,
et encore dans toute sa beauté. Sqs chagrins, ses mal
heurs avaient assailli sa grande âme sans avoir en rien
flétri son adpi.jrablc visage. L/hisloire parie d'elle comme
d'un type de.noblesse et de grâce, comme d'une femme
qui régna surles çœurs de ses sujets, et charma tous les
puissance neutre d'après les traités, nous créer
un système qui nous soit propre.
Pourquoi, dira-l on? Eh! mon Dieu, la force
n a pas encore perdu la toute-puissance, du
moment que seule elle est invoquée, et l'unique
moyen de n'avoir pas regretter son impré
voyance, c'est de faire ce qu'il est possible et
de ne pas attacher peut-être le salut du pays
dans un moment donné, une augmentation
de charges de 50 centimes ou d'un franc par
habitant. En outre, il y a certaines règles qu'il
faut observer de loftte nécessité, eu organisant
la force publique, vous n'êtes pas libfe de
arranger votre gré. Les hommes spéciaux
pourraient cet égard donner des explications
peu connues et surtout indispensables ceux
qui sont chargés de se prononcer sur la ques
tion des institutions militaires.
Jusqu'ici on a beaucoup critiqué l'organisa
tion actuelle de l'armée, mais il ne suffit pas de
blâmer, il faut, avant de renverser, offrir un
plan meilleur. Hors jusqu'ici, toute ce qu'on
a dit la Chambre, n'a pas avancé la solution
de celte question d'une ligne. Ce sont, depuis
trois ans des discussions bâtons rompus,
Le cabinet offre l'occasion aux opposants du
budget de la guerre de pouvoir honorablement
voter le chiffre qui est demandé, s'ils veulent
être conciliants et ne pas préjuger la question
de l'organisation de l'armée. Elle serait tranchée,
si l'on admettait en principe, qu'elle ne pourrait
exiger qu'une dépense de 25 millions.
Nous le disons regret mais de toutes les
questions qui ont été agitées au parlement, au
cune nesemble avoir été moins étudiée que celle
de l'a rmée par les députés appelés régler ses
destinées. Quelques membres de la chambre
ont examiné notre organisation militaire, mais
nous ne pouvons nous empêcher de le croire,
avec l'idée préconçue de tout blâmer et de tout
refaire. En fait d'institution de ce genre, on
n'improvise rien et c'est pour ce motif que le
ministère s'engage lui-même soumettre notre
système militaire un nouvel examen. C'est
dans une commission seulement qu'on peut
faire un travail sérieux et non la chambre, où
les grands principes doivent être débattus
mais où les questions de détails ne peuvent être
résolues. Nous approuvons de tout point cette
conduite des ministres. Elle donne satisfaction
sans compter qu il arrive des députés davan- au pays, qui veut une armée forte, susceptible
de rendre des services réels, mais qui d'un autre
côté, veut qu'elle soit organisée sur un pied
convenable, mais sans prodigalité. Pour les op
posants au budget de l'armée, ils doivent cesser
leur opposition, car il serait ridicule d'élever
la prétention de faire admettre leurs idées sur
I organisation militaire, sans leur avoir fait subir
un examen approfondi.
cer des naïvetés qui ont une fraîcheur toute
primitive.
Nous le disons avec tristesse, le pays assiste
une démoralisante discussion et qui est d autant
plus regrettableque sont nos amis politi
ques qui, par un entêtement iuopporluu, ont
suscité ces difficultés.. Déjà, aux précédents
Votes du budget, le parti clérical est venu au
secours du ministère libéral dans celle ques
tion, et pour faire passer le budget, il fallait
sinon son concours, au moins sa neutralité.
Mais quelques nouveaux députés de ce parti et
entre autres M. Malou,onl avisé qu'on pouvait,
de celte question, se faire une arme contre le
ministère, et il ne faudrait pas selonner s'ils
étaient occupés tendre la majorité un de ces
pièges perfides, qu'il lui sera facile d'éviter
toutefois avec de lenleiile et de la discipline.
Près tle la fenêtre, et derrière la reine, une jeune
femme se tenait immobile et pensive, debuutla tète
penchée dans sa main droite elle bras droit soutenu par
la main gauche. Ou aurait cru qu'elle sommeillait, tant
il y avait d'affaissement gracieux dans sa pose.
On entendait couler la Loire sous les arches, et le ciel
cmailiait le fleuve de ses millions d'étoiles.
La reine tourna lentement la leic derrière son fau
teuil, et sa voix pure prononça ce seul mot
Margaret l
A ce nom, qui était le sien, la jcuuc femme, dont nous
avons parlé, fit quelques pas sur le tapis, et vint s'age
nouiller aux pieds de sa maîtresse en lui disant
Me voilà, marraine.
Marguerite d'Anjou lit un sourire mélancolique, et,
passant une piain sur son front, elle caressa sou visage
de vierge avec uue bonté toute maternelle
Ma fille, depuis quatre mois ton visage beaucoup
pâli tes traits ont maigri, tes yeux sont devenus lan
guissants, la voix tremble, qu'as-lu Je souflïe
madame je soulfre autant que vous! Autant que
moi s'écria Marguerite d'Anjou... Ah pauvre enfant
El elle lit asseoir sa lilleule sur un labourel ses pieds.
Parle, ouvre-moi ton cœur, ajouta-1—elle en s'em-
parant de ses deux mains. Ah ma bonne maîtresse,
dit Margaret avec effort, depuis six mois bientôt
Elle s'arrêta brusquement. Un chant se faisait enten
dre au-dehors...
Attends, écoutons, dit doucement la reine.
Une voix fraîche et sonore chantait, sur un air mé
lancolique, des stances inconnues. Celte voix partait du
fleuve qui baignait les murs de la tour. La reine tout
Dans la séance de jeudi dernier, la Chambre s'est
trouvée sous le poids d'une émotion extrême. Le
bruit s'est répandu que M. Thiéfry avait été pro
voqué par M. le général Chazal. La Chambre s'est
constituée en comité secret; après une vive discus
sion on a remis au lendemain la continuation du
huis-clos, après, avoir décidé que M. le général
Chazal serait appelé par M. le président, dans son
cabinet, pour fournir quelques explications et ter
miner, s'il y a moyen, cet incident parla conciliation.
*r._
en prêtant l'oreille, regardait attentivement le visage de
sa lilleule, qui, devenu rose tout-à-coup, reprit bientôt
sa pâleur habituelle. Tant que dura le chant, Margaret
suspendit sa respiration... Ses yeux étineelaient.
Je sais toutmaintenant, dit la reine.
Margaret baissa la tête en soupirant.
Son nom Oh pas encore pas encore s'écria
la pauvre lille en tremblant.
La reine prit la tête de sa filleule dans ses mains, la
souleva, et, fixant son regard sur les beaux yeux de
mademoiselle de Rosières, elle lui dit
Je te donne jusqu'à demain pour te confier moi.
Oui, marraine, demain vous saurez tout.
Marguerite d'Anjou agita une sonnette d'argent placée
sur son prie-dieu. Ange de Lainorgc entra.
Votre service est fini pour aujourd'hui, monsieur
de Lamorge. Demain, midi, vous viendrez prendre nos
ordres.
Ange s'inclina respectueusement et se retira. La reine
donna sa main baiser sa filleule, qui sortit après lui.
Arrivéeàsa porte par le corridor qui conduisait chez elle,
mademoiselle de Rosières trouva le joli page qui, lou
chant son mouchoir du bout des doigts, lui dit voix
basse i
J'ai vous parler, vite, bien vite.
Margaret le regarda avec surprise.
Que me voulez-vous Monsieur. Un mot, un
nom, et vous me comprendrez. Quel nom Henri
deKerven. Silence! murmura Margaret... Suivez-moi.
La porte du corridor se referma sur eux.
(La suite au prochain Ar°.)
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