M" 1,015. 10e Aimée.
Dimanche, 20 Janvier 1851.
JOIMAL DYPHES ET l>E L'ARItORiDISSElIERiT.
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cire adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Tpues, 25 Jtauvicr.
Tout en n'ayant aucune sympathie pour les
doctrines cléricales, il y a une justice qu'il faut
savoir rendre ses adversaires, en faisant admi
rer l'extrême machiavélisme de leur tactique.
La plus petite fissure devient, par leurs soins, une
brèche, et le plus léjjer dissentiment, du moment
qu'ils peuvent souffler le froid et le chaud,
devient une rupture. Nous en ayons un exem
ple dans les derniers débats de la Chambre des
représentants. La discussion de la loi sur l'en
seignement moyen avait laissé un levain de
rancune dans l'opposition, et le budget de la
guerre devait ofFrir l'occasion de faire payer,
au ministère, le peu d'égard qu'il avait eu pour
les anlipathies des catholiques l'endroit de la
loi sur l'enseignement moyen.
Aussi s'était-on préptré faire expier le
grave méfait d'avoir pu fiire passer une loi sur
i'enseijjnement, sans allei humblement invoquer
l'appui de la prélature. Une malheureuse di
vergence d'opinion sur le budget de la guerre,
entre deux fractions de l'opinion libérale, offrait
l'occasion de pouvoi/" porter un coup de jarnac
au cabinet libéral et parconséquenl au libéra
lisme. Le piège a été découvert et des mesures
ont été prises pour donner satisfaction une
fraction de la majorité qui, tort ou raison,
votait coptre le budget de la guerre. Sans vou
loir rien mettre en question, le ministère a
déclaré que, puisqu'une partie de ses amis dés
approuvait le budget de l'armée il fallait
faire finir ce désaccord, en faisant examiner de
nouveau cette question par des hommes com
pétents et impartiaux.
Celle transaction admise, le désappointement
a été grand dans les rangs des cléricaux. L'ar
mée pour laquelle ils professaient de si beaux
sentiments, n'était entre leurs mains, qu'une
machine de guerre pour battre le cabinet libé
ral. Aussi les plus belles protestations de sym
pathie en faveur de nos institutions militaires
s'arrêtent devant la nécessité de créer de riou-
le serment.
(scitg.)
Ange tira son sein un rouleau de soie; il le déroula
tgur le .tapis, et, saisissant l'anneau qui terminait l'un
des bouts de la corde nouée, il le fixa un crochet qui
.servait arrêter la fenêtre au-dedans, et jeta l'autre bout
;dans le fleuve.
Jamais jamais s'écria la comtesse effrayée. La
distance est trop grande, cette corde trop fragile
L'enfant l'arrêta d'une main, et lui montrant, de
l'autre, la çqrde déjà tqndue, il lui djt avec calme
II n'est plustçqips, ma sœur; pensez-vous que je
-Voudrais l'exposer, moi Rassurez-vous, cette corde nous
soutiendrait tous les trois.
Margarct, tremhlnpte, mit Jcs mains sur son visage.
Le page se pencha vers ia fenêtre et dit voix basse
Courage courqgc
On entendait déjà le fmlemçnt d'qp corps le long de la
-muraille. Margaret ouvrit les yeux, voulut crier aussi,
mais ne poussa qu'un soupir çt.s'affais.sa sur elle-même...
Henri de Kerven était devant elle...
Ange, content de lui-même, s'adossa contre l'angle de
;la fenêtre, et saisissait le lqqg .rifjeffUjde damas rouge,
.il en drapa tout son ,coji;ps, .ne piootrapt, au milieu des
plis soyeux de l'étoffe, quesatète mignonne, son teint de
jose et gon sfmyjrç adjOTple.fSikncieqsc et ravie, cette
velles ressources. Cependant st les sentiments
d'affection des catholiques pour l'armée étaient
si vifs, il nous semble qu ils ne devraient pas
s'arrêter devant la question financière et alors
qu'ils s'empresseraient de voler les ressources
indispensables pour exécuter pleinement Ja loi
sur l'organisation de 1843.
Toutes les belles phrases des orateurs catho
diques ne peuvent pas faire oublier que ce sont
les hommes de leur parti qui ont créé la situa
tion financière déplorable dont nous avons peine
nous tirer. Au lieu de prononcer des paroles
flatteuses pour l'année, mieux aurait valu ne
pas se servir d'elle pour faire la guerre au mi
nistère. Celle lactique eut été plus louable et
plps favorable l'armée, car si le cabinet n'eut
pas prévu l'intrigue, celle question pouvait
être décidée au hasard et sans élude préalable,
et alors le parti cjérjcal se serait arrangé pour
rejeter sur d'autres, la responsabilité des con
séquences d'actes qui eussent été amenés par
son profond machiavélisme.
Par arrêté royal en date du 22 Janvier 1831,
le Ijeiitenanl-gégéral baron Chazal, est mis en
disponibilité.
cico«m»ji
On nous écrit de Poperinghe, 2 janvier
La Société de S'-Sébastien de celte ville, a
célébré cette année, avec un éclat nouveau, sa
fête patronale. Celle antique confrérie, jadis si
florissante se trouvait depuis quelque temps
par la perte de son chef-homme et la vacature
des places de greffier et de trésorier, dans un
état de souffrance pour ne pas dire de déca
dence, et ne se soutenait plus que par les efforts
et la constante assiduité de quelques amateurs
zélés. Cet état précaire vient de cesser, la
grande satisfaction de tous les membres de la
société, par la nomination, la presqu'unani-
milé, de M. Auguste Cauwelier, comme chef-
homme, et de MM F. Rommens et P. De
Grendel, comme greffier et trésorier. A cette
occasion, un banquet a eu lieu lundi dernier,
la Cour de S'-Sébastien, auquel tous les so
ciétaires, peu d'exceptions près, se sont em
pressés de prendre part. Différents toasts ont
été portés aux nouveaux élus, et la réunion,
laquelle n'a pas cessé de présider la plus fran
che cordialité, s'est prolongée jusque bien
avant dans la nuit.
On parle quelquefois des époques anciennes,
mais pour les louer aux dépens de l'époque
actuelle. Sous le rapport du bien-être général
il n'y a pas de comparaison faire. Un écono
miste de talent, M. Michel-Chevalier, a traité
celle question.
Voici comment il s'exprime
Comparons l'existence matérielle des hommes telle
qu'elle est aujourd'hui ce qu'elle était dans les sociétés
primitives. Si nous trouvons que les hommes se soient
constamment avancés dans la voie du bien-être, le cbo
ni in qui a déjà été parcouru nous donnera la mesure de
celui que nous pourrons faire encore l'aide de n ni
veaux efforts. Pour terme; de comparaison placer en
regard l'un de l'autre, je prendrai l'artisan de nos cités,
et, pour le passé, non pas l'hoinme qui en était le pareil
ou l'analogue, je ne trouverais mettre en scène
qu'un misérable esclave, mais bien une personne du
rang le plus élçvé. Je ferai comparai.rc devant vous rien
moins que le roi des rois, Agamemnon.
Or, si je prends, par le menu, la vie du roi de Myec-
nes, il me sera facile de prouver, sans paradoxe, qu'elle
était matériellement moins raffinée, inoins assa:so:inée
de bien-être que celle du modeste artisan de nos jours.
Agamemnon habitait une maison où il n'y avait pas de
.mètres, où pendant l'hiver il fallait grcloter de froid ou
être enfumé (on ne savait pas faire une bonne cheminée
en ce temps-là), où, une fois le soleil couché, on n'avait
de lumière que celle d'un lampion grossier (les lampes
courant d'air intérieur sont d'invention toute moderne;
Louis XIV lui-même, dans sa splendeur, n'en possé
dait pas.)
C'est peine si les portes principales de son palais,
je parle d'Agamcmnon, avaient des gonds, et
certainement elles n'avaient pas de serrure. Son trône du
haut duquel il recevait fièrement les envoyés de Prima
ne valait pas un fauteuil rembourré ressorts comme
les moindres fortunes en trouvent aujourd'hui au fau-
I n.
petite créature, ainsi posée, ressemblait une apparition
céleste. Henri et Margarct semblaient être sous le regard
de leur ange gardien.
Mademoiselle de Rosières avait mis ses deux mains
dans celles du chevalier sa tête reposait sur le front
de son ami. Aucun des trois acteurs de cette scène n'avait
encore dit Un mot, et cependant leurs trois cœurs bat
taient avec violence Enfin Margarct se redressa, et
regardant Henri avec amour, elle lui fit un sourire plein
de douceur et lui dit
Henri, est-ce bien vous? Pauvre Margaret...
que tu es belle, répondit Henri.
La comtesse de Rosières, en voyant ses pieds celui
qu'elle appelait dans tous ses rêves, celui qu'elle aimait
plus que la vie, s'était sentie saisie d'un frémissement de
joie qui avait ébranlé toute sa nature. Mais une pensée
pudique succéda bientôt cette émotion; elle se vit
coupable, et livrée, en quelque sorte, la discrétion de
son ami. Ses principes, sa dignité, sa fierté en souf
frirent... Une lutte courte, mais terrible, s'engagea dans
son cœur entre le devoir et la passion. Ctoyant céder In
vertu, elle ouvrit la bouche pour supplier; sa bouche se
ferma sur le front du chevalier, qu'elle pressa convulsi
vement dans ses mains.
Henri, dit-elle, je suis heureuse, oh! que ne puis-je
te garder toujours là, près de moi, te souriant, t'écou-
tant, te bénissant... Ces beaux jours viendront, sois-en
sùr. Aie confiance en ta sœur, ta Marguerite, ta fiancée,
ton épouse devant Dieu. Mais jusque là, Henri, tu vou-
bourg S'-Antoine. Pour se couvrirlui et les siens
n'avaient ni le drap qui est moderne, ni les tissus moel
leux et chauds do coton qu'on vend dans nos magasins
50 centimes le mètre.
H ignorait le luxe si hygiénique et si agréable d'une
chemise de toile ou de calicot, dont chacun chez nous,
même dans les classes peu aisées, ciiangc au moins une
fois par semaine; même durant les ardeurs de l'été son
dras être le premier de tous la respecter, l'honorer,
comme le seul l'aimer, en cire aimé. Son défenseur,
son chevalier sans peur, son époux bientôt, tu la défen
dras, n'est-ce pas, contre toi-même, son plus grand cnnein?
Moi, ton ennemi, pauvre petite, moi, ton plus grand
ennemi? Oui, puisque je l'aime en devenir folle
Henri baisa l'écharpc Ûeurdelysée de sa fiuncéa, et
lui dit avec des larmes dans la voix
Je ne peux plus toucher que tes vêtements, ma
Margarct adorée. Toutes tes pensées sont des pensées di
vines, etje ne suis digne que de me mettre tes pieds.
Mon beau mailre, reprit la charmante jeune fille, je de
viens folle quand je te vois, je deviens folle quand je
m'appuie sur ton bras, et si tu n'étais le plus loyal des
hommes, cette folie me rendrait la plus malheureuse des
femmes. Tu le vois, je m'accuse plains-moi soutiens-
moi, défends-moi je t'aime trop.
En achevant ces mots, Margaret regarda le chevalier
avec un si triste abandon, que celui-ci baissa les yeux, ne
pouvant maîtriser son trouble, et vouant son amie au
tant de vénération que d'amour.
Tous deux gardèrent le silence, tous deux marchèrent
petits pas, lentement, sans oser relever les yeux,
caressant l'iin et l'autre, au fond du cœur, une pensée
d'amour, d'estime et de dévoùment. Les deux amis, après
avoir fait ainsi le tour de l'appartement, arrivèrent devant
la fenêtre où se tenait le page, toujours immobile, toujours
silencieux.
Il faut bientôt partir, Monseigneur, dit le cher