JOURNAL D'YPKES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
M* 1,016- 10e Année
Jeudi, 30 Janvier 1851.
Vires acquirit eundo.
INTÉRIEUR.
LUS ®iilRNIEiR$ KËIRViSNI.
ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces, 4 francs. I Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
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Tpbes, 29 Janvier.
CONCERT-BALan profit des indigents, don
né en la salle de la Société royale de
S* Sébastien.
Il y a quelques années, la confrérie royale
avait l'habitude de donner, par souscription,
un concert-bal au profit des pauvres, qui avait
beaucoup de succès. Les événements politiques
et la perte du chef-homme ont été un obstacle
pendant plusieurs années. On a songé repren
dre l'ancienne habitude et dimanche -dernier le
concert-bal a eu lieu, au milieu d'une salle
remplie d'une foule compacte'et brillante.
M. Keyzer, que depuis longtemps nous
n'avions vu armé du bâton de chef d orchestre
dirigeait l'exécution des ouvertures de Robin-
des-boiset de le Trompette de t)lle prince
C'est avec plaisir que nous avons pu nous con
vaincre que l'âge n'avait pas glacé les facultés
musicales de M. Keyzer, et il a mené son
orchestre avec une verve et une énergie dignes
de lui et de sa réputation.
La Société des Chœurs, comme d'ordinaire,
a prêté son concours l'exécution d'une œuvre
philanthropique et elle a enlevé, avec son suc
cès habituel, deux chœurs qui ont fait grand
plaisir. Deux dames ont bien voulu coopérer,
par l'exécution de quelques morceaux de chant,
au charme de celle soirée. Un duo a été chanté
par Meet M. Delbeke, avec une précision
et une expression ravissantes. Mllea dit
une romance et exécuté I Ode la charité
avec tout le talent d'une cantatrice consommée
Après ce morceau, une quête a été faite dans la
salle; elle a produit environ 143 francs. Après
quelques chansonnettes qui ont été chantées
par un amateur, le bal a commencé et l'on
nous a assuré, qu'il a duré jusque vers trois
heures du malin.
Voici pour le plaisir; arrivons la bonne
œuvre Un nombre de dix-huit cents pains
pourra être distribué aux indigents et quand
tout en s'amusanl, on fait la part du malheur,
on peut «lire qu'on n'a pas perdu sa journée.
Nous devons, sous ce point de vue, des remer-
cîpients aux chefs et confrères de la Société de
S'-rSé bas tien, d'avoir bien voulu organiser celle
fête brillante.
Un des vieux débris des anciennes légions de
l'Empire vient d'être enlevé par une mort ino
pinée M le major Brasseur, qui a habité pen
dant quelque temps notre ville, vient dedécéder
Uccle près Bruxelles, I âge de 62 ans. Depuis
plusieurs années M. Brasseur avait demandé et
obtenu sa retraite, qu'il avait bien gagnée,
puisqu'il était entré au service sous 1 Empire.
Un jeune homme nommé Édouard Yer-
bruggen, vient d'être écroué enla maison d'arrêt
accusé d'abus de confiance nu préjudice de son
maître M. Bôhm, artiste-peintre en celle ville.
Il détournait l'argent qui lui était confié et ne
payait pas les fournitures qu'il était chargé
d acheter. Celte filouterie ayant été découverte,
Verbruggen a quitté son maître, mais la police
l'a arrêté ehez ses parents et l'on dit qu'il est
eu aveu.
Mardi dernier, est décédé en cette ville, M.
Van Gutryve, curé de la paroisse de S'-Nicolas.
un âge peu avancé. Depuis longtemps il était
malade et ce n'est qu'après de longues souf
frances, qu'il a vu arriver le terme de son
existence.
M. Van Oulryve a attaché son nom la con
struction de la nouvelle église de S'-Nicolas.
Sans sa persévérance et son énergique volonté,
jamais peut-être celle nouvelle église n'eut été
construite. Sous ce rapport, ses paroissiens
conserveront longtemps lesouvenir de son nom
Au point de vue de son ministère, c'était un
prêtre tolérant et charitable et qui, s'il lui était
imposé de
ié au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
politique avait soin de ne pas trop exposer son
caractère sacré aux froissements des luttes
électorales.
Séance de la Chambre.
Avant de poursuivre la discussion du budget
de la guerre, la Chambre des Représentants a
été appelée délibérer sur une proposition dont
le résultat devait être une marque de confiance
ou de défiance, selon que le vote serait affir-
matifou négatif.
Il y en avait deux l'une présentée par M.
Jullien, l'autre par MM. Verhaegen, Delfosse,
Delehaye et Dolez. Mais la première ayant été
en quelque sorte abandonnée par son auteur,
après quelques explications, c'est la seconde qui
a été l'objet des débats. Elle est ainsi conçue
La Chambre, s'associant avec confiance
la résolution prise par le gouvernement
d'examiner, avant la discussion du budget
de 1832, les diverses questions relatives
notre établissement militaire et de s'entourer
des lumières d'une commission qu'il nom-
mera, passe la discussion des articles.
Elle a été adoptée une très-forte majorité,
malgré les efforts suprêmes qu'ont faits plusieurs
orateurs du parti catholique le nombre des
votants était rie87. Il y en a cinquante-six qui
ont accordé ce véritable vole de confiance au
ministère. Vingt-cinq seulement le lui ont réfusé.
Six se sont abstenus.
Pont sur l'Escaut.
La demande en concession pour la construc
tion d'un pont sur l'Escaut, Anvers, est en ce
moment soumise l'enquête préalable, exigée
par la loi.
L'idée de relier les deux provinces d'Anvers
et de Flandre par un pont jeté sur l'Escaut,
n'est pas neuve. Napoléon en avait conçu l'idée
et certes, sans la chute de l'empire, il y a long
temps qu'il existerait et que l'on aurait vu les
marais de la Tète de
e Flandre transformés en
mêler le religieux au profane, en une belle et riante cité.
le serment.
(scitk.j
Le soleil remplissait la chambre de ses rayons et faisait
briller l'or et l'argent des meubles. La belle paresseuse
rêvait toujours. On frappa doucement la porte... elle
se réveilla en sursaut, passa ses doigts effilés sur son
front, regarda autour d'elle avec étonnement, puis, sou
riant tout-à-coup aux souvenirs qui lui revenaient en
foule, elle courut, légère et ravie, la porte de sa femme
de service et lui ouvrit.
Déjà parée, mademoiselle, s'écria la fille en en
trant. Ma bonne Pauline, je ne me suis pas couchée.
Vous vous tuerez de veilles. Ne crains rien. Qu'ap
portes-tu là? Une lettre remise votre nom. Par
qui Un homme que je ne connais pas.
Margaret ouvrit le papier il n'était pas signé. Elle
tomba évanouie.
Paujine jeta les yeux sur l'écrit et lut ces mots
J ai passé la nuit sur la Loire j'ai tout vu. je me
vengerai car je vous aime et je le hais.
Le palais d Arnboise était en grande rumeur; toutes
-les livrées s agitaient dès le matin, les escaliers étaient
parcourus sans relâche par des gens qui se hâtaient d'un
air fort affaire les postes militaires étaient doublés, et
les gentilshommes de la cour arrivaient de toutes parts,
vêtus de leuR plus riches costumes. Les bons bourgeois
du pays, quoiquo familiarisés avec le luxe roval qu'ils
admiraient fréquemment, grâce aux visites de leur sou
verain, se pressaient en foule ce jour-là, pour assister
tant bien que mal la fameuse réconciliation de la reine.
Marguerite et du comte de Warwiek.
La façade du château était habitée par le roi, la reine-
et leur suite. L'aile du Nord avait été cédée la reine
d'Angleterre, et les tours du Sud, avec les pavillons
qui en dépendaient, avaient été réservées au comte de
Warwiek et au duc de Clareilce, frère d'Édnuard IV.
Ces trois maisons représentant trois partis, séparés d'in
térêts jusqu'alors, offraient uu spectacle saisissant, au
moment de s'unir et de se fondre en une seule puissance.
Les serviteurs fidèles des trois chefs se pressaient autour
d'eux, attendant avec impatience l'heure solennelle où
toute discorde devait s'éteindre dans la religion du
serment.
Ange de Lamorge, vers midi, entra chez la reine.
Marguerite d'Anjou était assise dans un haut fauteuil,
et placée en face de la portière que venait de franchir
son page. Une double haie de courtisans en grand cos
tume bordait le chemin qu'elle avait suivre jusqu'au
vestibule des gardes et quand le jeune de
entra, toutes les têtes tournèrent de son côté,
s'inclina respectueusement devant la reine, et, obéissant
au signe qu'elle lui fit, il s'approcha d'elle et mit un genou
sur le lapis.
Vous arrivez un peu tard, dit Marguerite; doréna
vant, mettons moins de temps nos rubans.
Puis, se tournant vers sa filleule qui était appuyée
son fauteuil, elle ajouta
Mettez-vous là, de ce côté, Monsieur.
Toute la galerie admira ces deux beaux enfants posés
au-dessus de la tête de la grande reine, comme deuxj
Lamorge
Ange
rayons de lumière répandant l'éclat de leur jeunesse et
de leur fraîcheur sur le visage grave, triste et fier de la
souveraine exilée. Chacun admira leur grâce, leur modeste
maintien, leur mise élégante et tout ce que Dieu leur
avait donné de beauté.
Le lord Wenlock et Henri de Kerven le suivaient; ces
deux gentilshommes s'avancèrent pour saluer la reine.
Le roi est en marche, Madatne, dit le chevalier.
Et le comte de Warwiek demanda la reine. Sa sei
gneurie est déjà sous la tente. Priez Dieu qu'il con
serve votre reine le courage qui l'anime, seigneurs et
milords.
Toute la compagnie s'inclina; Henri se mit l'écart et
salua gracieusement Margaret, en passant près d'elle de
manière toucher sa robe. La comtesse le regarda d'un
air radieux ses yeux n'avaient plus de larmes... sur son
front brillaient la confiance et l'amour.
Les deux tapisseries qui fermaient la grande porte de
l'appartement furent la fois écartées un huissier
s'avança tête nue et annonça le roi. La reine se leva, tous
les seigneurs observèrent un respectueux silence.
Madame, dit le roi avec un sourire mielleux, j'ai
voulu vous donner la main dans cette grande circonstance,
afin de gagner quelque chose vos mérites. Je tiens
tout de vos bontés, Sire, aussi est-ce vous que Dieu
rendra l'assistance que vous m'accordez. Le pardon
des injures et l'oubli du mal sont des vertus que vous
allez nous enseigner, ma belle et gracieuse parente, ajouta
le roi je remercie Notre-Dame et le grand Saint-Michel,
de l'exemple qu ils me donnent en vous. Dans un
royaume aussi beau que le vôtre, mon neveu, on n'a
que des grâces accorder.