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Cependant la politique ne combat pas seulement
dans nos assemblées délibérantes ou populaires, elle
s'agite encore dans une autre arène, ouverte par la presse
et d'une manière d'autant plus compromettanted'autant
plus hasardeuseque la lutte s'y renouvelle tous les jours,
est souvent sans règle comme sans modération. Là, dans
ce combat, dans cette mélée des opinions humajnes, tout
semble confondu, le bien et le mal, le vrai et le faux, les
pensées utiles et les pensées funestes, l'aliment salutaire
des esprits et le poison des âmes quelquefois vous
croyez y sentir le souffle de Dieu et quelquefois le souffle
de Satan.
Que la robe du prêtre ne paraisse point dans cette
arène.
Et non-seulement il ne doit pas prendre part direc
tement ces débats, mais quelquefois aussi, il doit
craindre que la couleur trop prononcée d'un journal, au
quel il travaillerait dans l'intérêt de la religion, se réflé-
tant sur ses articles, n'en altère l'intention par une sorte
de solidarité inévitable, et ne nuise ainsi sa collabora
tion dans la partie purement religieuse.
D'ailleurs, nos très-chers coopérateursla défense
de la religion peut rarement se faire avec avantage sur
ce terrain. La position principale étant occupée par la
politique, qui dispose les matières de sa polémique de
chaque jour selon un certain ordre de bataille, la religion,
quand elle intervient, est exposée rester en seconde
ligne', comme un auxiliaire la solde du parti qui l'em
ploie suivant les besoins de la lutte, suivant les chances
du combat, et alors la moindre honte qu'elle aura subir,
sera de paraître protégée par ce parti même.
Nous pourrions confirmer celte doctrine par
les témoignages et les exemples de la sainte antiquité.
L'empire romain, dès les premiers siècles de l'Église,
était aussi livré aux factions, divisé par les partis. Que
disait, ce sujet Tertullien, dans son immortelle Apolo
gétique, aux empereurs païens? D'où sont donc sortis,
je vous prie, les Cassins, les Niger, les Albinus? s'é-
criait-il. Si je ne me trompe, tous ces gens-là étaient Ro-
mains, c'est-à-dire n'étaient pas chrétiens. Examinez ce
qui se passe parmi nous, disait-il encore au proconsul
Scapula, vous n'y trouverez ni Albiniens, ni Nigriens,
ni Cassiens. Le disciple du Christ n'entre dans aucune
faction, il n'est d'aucun parti, parce qu'il n'est l'ennemi
de personne.
Mais voici un monument unique, dans les fastes du
christianisme comme dans l'histoire du monde, qui nous
dispense de citer d'autres témoignages, parce qu'ilrésume
en lui la plus grande autorité possible, celle de près de
douze millions de fidèles, égorgés dans le cours des trois
premiers siècles, pour croire en Dieu et l'Évangile, pour
refuser d'offrir de l'encens aux idoles, mais jamais pour
avoir appartenu, de près ou de loin, une faction ou
un parti. Lisez ces magnifiques interrogatoires connus
sous le nom d'Actes des Martyrset vous verrez que les
opinions et les intérêts de la politique humaine, les intri
gues et les luttes, les conspirations, les émeutes, les ré
voltes n'ont pu fournir aucun fondement probable aux
plus habiles accusations, aucun motif même apparent
aux persécutions les plus violentes.
Ils auraient craint, ces héros du christianisme, d'ar
rêter les progrès de la religion d'amour, en faisant de
leurs adversaires politiques autant d'ennemis de l'Église.
Aussi chacun pouvait-il dire comme l'apôtre saint l'aul,
répondant ses accusateurs devant le tribunal de Félix
On ne m'a point trouvé disputant avec qui que ce soit,
n ou ameutant le peuple par mes discours car je veille
garder toujours ma conscience sans reproche devant
Dieu et devant les hommes.
n Or, si tel est l'esprit du christianisme, cette règle de
conduite, tracée dès le commencement même aux simples
fidèles, est incontestablement aujourd'hui un devoir ri
goureux pour les prêtres cause des circonstances diffi-
pratiquées dans toutes les directions et aboutissaient
des rendez-vous où se postaient les chasseurs.
En arrivant l'entrée du bois, le roi dit Marguerite
d'Anjou quelques mots voix basse, puis il appela près
de lui le comte de Dammartin et lui parla de la même
façon. Le grand-maître de l'hôtel s'arrêta ainsi que toute
sa suite. Le roi, la reine et le comte de Warwick conti
nuèrent de marcher côte côte, escortés, mais grande
distance, du grand louvetier, du grand veneur, du Tris
tan el d'un soldat des francs archers, qu'à sa balafre et
sa taille colossale, le lecteur reconnaîtra facilement pour
le brave Kilderkin, l'hôte de maître Gaspard et l'ombre
obligée de sa souveraine.
L'ardentejeunesse qui composait la suite du roi s'élança
dans toutes les directions, excepté celle qu'avait choisie
le roi. En un clin d'oeil, on vit les élégants gentilshommes
accouplés deux deux, quatre quatre, avec les gra
cieuses beautés qui marchaient naguère les yeux baissés.
Dans une petite allée couverte d'un dôme de feuilles
et bordée de halliers remplis de fleurs agrestes, Margarct
de Rosières, Milady Jeanne de Courtenay et Ange de
Lamorgc s'étaient élancés au petit galop de chasse, mo
dérant l'ardeur de leurs chevaux, les caressant de la
voix et de la main, faisant flotter au vent leurs longues
amazones et leurs rubans, tournant quelquefois la tête
pour regarder si on ne les suivait pas. Le comte dè
Clarence et le lord Wenlock s'étaient arrêtés dans l'allée
principale et semblaient attendre quelque incident pour
choisir le but 'de leur promenade. Dès qu'ils virent Mar
garct s'éloigner, ils prirent la même traverse qu'elle, et,
cilcs, passionnées, où nous vivons, et de la situation de
l'Église au milieu de l'effervescence des partis et de
l'instabilité des pouvoirs humains.
Au nom de Dieu et de l'Église, au nom de la dignité
de votre sacerdoce, éloignez-vous donc du théâtre où se
joue, pour le malheur des nations, la terrible tragédie
dont les scènes se précipitent, nous ne savons vers quel
dénouement. Contemplez, mais distance, de la hauteur
de votre foi, le spectacle de ces luttes ardentes des partis,
en répandant sur tous la pitié et le pardon que l'erreur
el la faiblesse humaine réclament. Ne descendez de la
montagne sacrée dans la plaine que pour y remplir votre
ministère de réconciliation et d'amour, que pour calmer
les haines, que pour bénir, que pour aimer. Durant les
conflits de la politique humaine, parmi lcschoses violentes
du pouvoir el de la liberté, au milieu du bruit des
révolulions, dans l'écroulement des trônes et la rnine des
empires, que la voix du Pontife, la voix du prêtre ne se
fasse entendre que pour rappeler, comme Amboise
Théodose, les lois de la clémence et de la justice, du
répentir et de l'expiation que pour plaider, comme
Flavien auprès de l'empereur courroucé, la cause de
l'humanité en faveur d'une ville condamnée périr ou
comme ce grand Pape, courant sans armes au-devant de
ce terrible conquérant appelé le fléau de Dieu, pour ar
rêter les flots de la barbarie; ou enfin, comme l'immortel
archevêque de Paris, notre prédécesseur de glorieuse
mémoire, se précipitant, avec des paroles de paix, travers
le feu de la guerre civile, pour arrêter une lutte fratri
cide, et éteignant par l'effusion de son sang, qu'il offre
Dieu en sacrifice.
Jeudi dernier, ont eu lieu, avec la plus grande
solennité, les obsèques de AI. Liévin Van Outryve,
curé de la paroisse S1 Nicolas, depuis 1824, décédé
l'âge de 58 ans.
Un immense concours de monde assistait cette
triste cérémonie. Comme le défunt était aumônier
de l'infi rmerie militaire, tous les officiers de la gar
nison ont assisté au service funèbre, et la musique
militaire du 12® régiment précédait le cortège qui a
conduit les dépouilles mortelles de cet honorable
ecclésiastique au champ du repos.
Nous trouvons dans la Reoue de Namurun bruit
qui doit avoir acquis quelque consistance, puisque
le Journal de Huy, le mentionne également. 11 serait
question d'appeler le colonel Berten, notre conci
toyen, commandant le 2" lanciers, au ministère de
la guerre. Nous ignorons ce qu'il peut y avoir de
fondé dans cette nouvelle.
On écrit de Namur
Il s'est déroulé samedi, devant le tribunal
correctionnel de notre ville une affaire d'es
croquerie offrant des particularités singulières,
et dout nous croyons devoir rendre compte
nos lecteurs.
Une jeune fille du faubourg de la Plante,
étant allée consulter une diseuse de bonne aven
ture sur le sort de son amant alors eu Afrique;
cette femme lui déclara voir, dans les cartes,
qu'un jeu ne homme de bon ne famille et fort riche
la rechercherait bientôten mariage; que ce jeune
homme atteint du mal caduc voulait faire le
bonheur d'une pauvre fille, et qu'il avait jeté
son dévoulu sur elle.
La devineresse, aidée de son mari, bâtit sur
celle fable toute une intrigue qui dura plus de
quand ils lui crurent une avance considérable, ils se
mirent sur ses traces, sans allonger leur galop l'escorte
était donc dispersée, éparpillée dans les bois.
Margaret et sa compagne continuaient de courir sans
parler, se regardant souvent, et tournant quelquefois la
tête vers le page qui les suivait. Ange doubla l'allure de
son cheval, arriva près de mademoiselle de Rosièreset
lui dit
Ne causerons-nous pas un peu du pauvre exilé
Margaret arrêta court, et la marquise de Courtenay
l'imita.
Quelle admirable journée dit aussitôt la marquise.
Elle est de bon augure pour la reine. Dans ces
fleurs, cette verdure, ce beau ciel, il ne tient qu'à elle
de lire un riant avenir.
C'était la première fois que ces deux femmes charman
tes s'adressaient quelques paroles en tête tète, paroles
sans portée, qui devaient bientôt conduire aux plus
intimes épancheincnls deux cœurs destinés s'entendre.
Les amis de la reine, continua la marquise, s'in
spirent de ce qu'ils lisent sur son auguste visage quand
il exprime l'espoir, le bonheur pénètre aussi dans nos
âmes... Pourquoi donc la vôtre, Mademoiselle, semhlc-
t—elle, au milieu de la joie commune, en proie la tris
tesse A la tristesse interrompit Margaret, et elle
baissa subitement les yeux qu'elle avait levés sur la
marquise. Oui, reprit en riant celle-ci j'ai suivi la
direction de vos regards au moment du départ du roi je
les ai vus attachés sur un brave gentilhomme dont le nom
est fort connu; et s'il était ma place, près de vous, vos
deux années l'aide d'une correspondance qui
ne contient pas moins de â50 lettres.
Toutes ceslettres sont remplies de protestati
ons d'amour, de projetsde mariage et d'établisse
ment confortable de la part de l'amant imagi
naire. Il y est aussi souvent question d'entrevues
qui toutes, pour une raison ou pour l'autre,
viennent manquer el pour cause. Le portrait de
1 amant fut remis a la future, et reconnu ensuite
pour une mauvaise lithographie, fond de maga
sin de l'un de nos marchands d'estampes.
La mère de la jeune fille, également séduite
par la brillante perspective offerte son amour
maternelprêta les mains tout ce que les
fripons exigèrent d'elle, et il résulta de tout
cela l'escroquerie son préjudice d'une somme
de 1,068 fr., pour ports de lettres timbrées
l'aide d'une bobine de fil, tartes et pâtés man
gés par le soi-disant amant, qui ne trouvait
rien de bon s'il ne provenait des mains de sa
future, argent prêté, pour qu'il put, l'insu
de ses parents qui s'opposaient au mariage,
faire faire le trousseau de sa fiancée, etc., etc.
Les intrigants auteurs de cette comédie, se
voyant sur le point d'être découverts, souscri
virent, pour arrêter les poursuites, une obliga
tion de 1,068 fr. au profit de leurs victimes
payable partiellement. Or le mari de la
sybille, alors qu'il 11e restait plus dû que 1,005
fr., apporte un soir 5 fr. compte la mère
de la jeune fille et lui fit signer une quittance
qu'il est accusé d'avoir falsifié, en y ajoutant le
mot mille pour former le solde de l'obligation.
L'obligation elle-même fut ensuite soustraite
par farce dans la poche de la mère de la jeune
fille
Tels sont les faits singuliers qui se sont dé
roulés devant le tribunal, par l audilion d'une
vingtaine de témoins dont plusieurs sont en
contradiction flagrante les uns avec les autres.
Les prévenus sont, un ancien sous-officier du
régiment de lanciers el sa femme, et un jeune
homme de Velaine nommé Marrée, qui lent.» de
poursuivre la mystification après la découverte
de la première intrigue et est même vivement
soupçonné d'avoir trempé dans cela.
Le siège est composé de MM. de Garcia, pré
sident, Slevarl de Blockhauseii et Wasseige,
juges les fonctions de ministère public sont
remplies par M. de Monge, substitut. Les avo
cats des prévenus sont MVI. Lelièvre, Braas et
Bayet.
Les débats de celte affaire, qui^prometlént
d'être intéressants et dont nous tiendrons nos
lecteurs au courant, sont fixés au 21 février
prochain.
Les lignes télégraphiques de Bruxelles,
Anvers et Ostende Verviers, ne sont pas en
voie d'achèvement, comme le disent la plupart
des journaux de notre vdle; elles sont achevées,
du moins en ce qui concerne les relations entre
beaux yeux ne chercheraient pas, je gage, cacher des
larmes que vous avez peine refouler. Je ne vous demande
aucun secret, aucune confidence. Je sais que les cœurs
souffrants hésitent s'ouvrir mais je veux vous tendre
la main, vous gronder de ce chagrin qui vous va mat.
N'étes-vous pas jeune et libre Libre oh non m ur
inera faiblement Margaret.
La marquise se tut.
A près un silence que mademoiselle de Rosières trouvait
trop long, car la douce voix de sa nouvelle amie avait
éveillé dans son oœur ses pensées les plus chéries, Jeanne
reprit
Ne le verrez-vous pas
Margaret n'osa pas répondre elle secoua la tête.
Non, dites-vous Je suis bien persuadée du con
traire, et j'offre une gageure M. de Lamorge...
Vous perdriez, madame, répondit le page. Et ne
scriez-vous pas assez galant pour désirer de me gagner.
Ange regarda la fille du lord avec une douceur telle
ment pénétrante, que Margaret en remarqua l'effet.
Je parie votre rose rouge contre la mienne, répliqua
le page avec un sourire charmant. J'accepte, répondit
la marquise en lui tendant la main, selon la coutume
anglaise le page lui livra la sienne sans regarder et
Margaret, laissant tomber sa main blanche et potelée
sur celles de ses amis, leur dit avec un accent où triom
phait l'amour Je récompenserai noblement le
perdant.
{La suite au prochain .Y".)