M0 1.019- 10e Année. Dimanche, 9 Février 1851. JOURNAL DTPRES ET DE L'AKROiX UfSSEMEWT. Vires acquint eundo. INTÉRIEUR. Nous ne savons trop quelle mouche pique M. Jules M ilou, mais homme le plus impartial doit convenir que l'opposition qu'il fait au mi nistère et l'opinion libérale, est loin d'être toujours heureuse et surtout convenable. La séance de la Chambre, du 6 février, en offre une Aiouvellepreuve Souvent les journaux cléricaux ont signalé la soi-disant pétulance de la mino rité libérale, quand le parti catholique était aux affaires; mais, de mémoire de représentant, rien n'est semblable au caractère agressif et in sultant de la minorité catholique d aujourd'hui. On peut en dire autant de la presse de cette couleur, car qu'on se donne la peine de par courir les feuilles épiscopales et l'on ne trouvera nulle part, même dans les journaux libéraux les plus avancés d'avant 1847 et qui font ac tuellement cause commune avec leurs anciens ennemis, on ne trouvera, disons-nous, aucun exemple d'un style aussi ordurier, aucune po lémique d'aussi mauvaise foi, d'imputations plus niaises et plus calomnieuses en même, temps. Nous avons prédit que le parti catho lique en minorité dépasserait toutes les bornes de la turbulence et de la mutinerie. Revenons la séance de la Chambre. Il s'agis sait du compte des crédits extraordinaires al loués en I8i7 et 1848, pour secourir l'industrie des Flandres et activer le travail national. La minorité catholique proposait le renvoi la commission des finances de la Chambre. Comme les ministres n'ont pas pris part au vole qui ordonnait ce renvoi. M. Jules Malou a cru pouvoir se permettre de dire que le ministère refusait de rendre ses comptes. Ces paroles ont été prononcées par lui, bien qu'il les ail rétrac tées depuis. Grande rumeur dans l'enceinte de la Chambre. Jamais imputation de plus mauvaise foi uavait été risquée dans une séance de la Chambre législative, surtout après que le rbi- tiislère s'était montré très-indifférent sur le point deconnaître quellecommission aurait étécon- fiée l'examen de ses comptes. Il faut, depuis que M Jules Malou se trouve assis dans les rangs de la minorité, qu'il soit devenu d'une incandescence, d'une irritabilité extrême, pour perdre, dans ces graves discussions, non-seu lement toute tenue, mais aussi toute réserve. Aussi le châtiment ne s'est-il pas fait atten dre. Il est difficile de concevoir,comment M Jules Malou n'écoute pas un tantinet plus les conseils de la prudence, surtout que sa car rière ministérielle, quoique courte, n'a pas été vierge de peccadilles M. Frère s'est hâté de lui servir un plat de sa façon. M. Jules Malou avait peine lâohé celte injurieuse apostrophe l'adresse du ministère, qu il a senti son impru dence. Il a voulu donner un autre sens ses paroles, changer une partie de la phrase, mais des membres de la Chambre ont énergique- ment témoigné qu'il lui était échappé celte as sertion Qu'il eut voulu voir ceux qui ne veu lent pas rendre leurs comptesvoter le renvoi des nôtres (ceux du ministère de 1846) la com mission des finances. Alors M. Frère a rappelé un acte du ministère dont M. Malou faisait partie. Peu de temps avant les élections du mois de Juin 1817, un crédit d'un million a été ouvert par le gouver nement au profit des industriels de la ville de Gautl. Le cabinet avait pris cette mesure sous explications n'ont pas été plus satisfaisantes. Il y a déjà quelque temps que le parti catholi que parle vaguement de malversation, sans indiquer les coupables, ses journaux crient au gaspillage; nous sommes curieux de voir ce qu'ils diront de ce fail|de leur fameux finan cier, de leur administrateur modèle, de celui qu'ils disent susceptible d'élever la prospérité de la Belgique la troisième puissance, par le prestige de son désintéressement et de sa renom mée mirobolante. Nous donnerons, dans notre prochain nu méro, le compte-rendu de la séance publique du Conseil communal du 6 Février 1851. Dans la partie de la séance du Conseil com munal qui a eu lieu huis-clos, VI. De Ghelcke, Auguste, a été réélu membre du Bureau de bienfaisance. M. Mayeur-Vergeelzoonea été choisi pour remplacer M De Beaucourl, en qualité d'administrateur de la l'e section S' Pierre. M. Clement-Froidure, a été nommé en confiée ses soins. remplacement de M. Ivveins, démissionnaire sa responsabilité et sans l'intervention de la l'administration de la section S1 Nicolas sera législature. On se rappellera que dans cette électiên partielle la candidature du fameux Léandre Desmaisièresgouverneur de la Flandre orientale, était gravement menacée. Uneeornip- lion gouvernementale avait été pratiquée sur une large échelle et un million avait été mis la disposition de l'industrie gantoise Ce méfait du ministère catholique n'était pas ignoré, mais on ne s'en était guère occupé après sa défaite. Cependant lavènemenl du cabinet libéral, celte mesure avait été rapportée, après qu'on avait fait emploi toutefois, d'une somme de deux cent mille francs. Pour un puritain comme VI. Vlalou, prêter les mains une irrégularité aussi grave, sans des motifs puissants, actuels, ur gents, c'est s'exposer des reproches mérités, et alors il ne déviait pas se montrer tort si agressif l'endroit de ses successeurs. Au reste, M. Malou a succombé sous le poids de l'accusation qui lui a été adressée eu pleine Chambre, d'avoir disposé d'un million sans au torisation législative. Il a balbutié et toute sa fou gue si ardente un moment auparavant, est tombée comme un feu de paille, quand VI. Frère lui a rappelé cet acte.de son ministère. M. de Theux a dû venir son secours et ses LIS SIRNUSIRS KËRVËIN. Dans la même séance, le Conseil a approuvé, aux termes du 2e du n° 5 de l'art. 84, de la loi communale, la nomination de M. Anloiue Pouparl, docteur en médecine, en qualité de second médecin de la salle syphilitique. Par arrêté royal du 4 Février, le sieur Ernest De Gheus, membre sortant, est nommé membre de la commission administrative de l'instit ution royale de Messines et président de celle commission. Le colonel commandant du Cours d'équitation et MM. les officiers qui sont attachés l'école ont envoyé en don, au Musée de la ville, la belle collec tion de fers qui ont été envoyés l'exposition provinciale de Bruges et pour laquelle uue médaille en vermeil a été décernée. Nous devons, au nom de la ville, des remerclments MM. les chefs et offi ciers du Cours d'équilalion, d'avoir bien voulu enrichir le Musée d'objels qui témoignent qu'au jourd'hui la maréchalerie a fait de notables progrès. Un ne se borne plus appliquer l'aveugle routine l'art de ferrer le cheval. La théorie a éclairé la pratique. Dans cette collection donnée au Musée, non-seulement on y tiouve les fers ordinaires dont l'usage est de protéger l'ongle de l'usure, mais en ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50c. Provinces,4 francs, f Le Pis INSERTIONS Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne: 30 centimes. être adr Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit essé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. YPRES, 8 FéTrier. Là CAVALCADE. (scitb.) Appuyé contre le corps du cheval, le sanglier faisait tête ses trois adversaires, en poussant des grognements sourds et aflreux. Le duc et le lord, plus prudents que te page, se contentaient de tenir bon sans attaquer mais Je brave enfantvoyant tomber Jeanne et Marguerite, enfonça ses épérons aux flancs de son cheval, et lui donna de la main une secousse tellement désespérée, que tous deux culbutèrent la fois sur le monstre. A cette vue, le prince et le lord Wenloek poussèrent un cri déchirant, et s avancèrent avec résolution au secours de leur com pagnon. Le sanglier, surpris de cette attaque nouvelle, se jeta de coté. Ce mouvement donna du page le temps de se relever, tout couvert de sang, et de se remettre en selle. Alors le galop d'un cheval se fit entendre dans 1 allee; les cavaliers poussèrent de grands cris, et Ange, reconnaissant Henri de Kerven, cria de toutes ces forces: A moi, mon frère mon frère Le chevalier arrivait toute bride, sans dire un mot,| sans changer de visage; il tomba dans le cercle que for- trois fois on vit la main du sire de Kerven se plonger inaient les combattants, et, s'armant d'un large couteau dans les entrailles de l'horrible bête, qui expirait sur son de chasse qu'il portait au côté, il attaqua le sanglier en vainqueur. homme, habitué ces sortes de luttes. A la vue de ce; Le prince, le lord Wenloek, le page, muets d'horreur nouvel adversaire, la bêle se précipita sous le ventre du et d'épouvante, contemplaient cette scène, qui ne "dura cheval de Henri mais le brave animal, obéissant avec que quelques instants. Le ehevalier se releva ses vête- agilité son maître, se présenta au flanc de l'ennemi en ments, mis en lambeaux, étaient souillés de sang, de bave bondissant avec une courbette; et, avant que le sanglier et de poussière; il tendit la main Margaret, qui revenait eût pu se retourner, Henri lui enfonça son couteau dans elle, et couvrit de vingt-baisers les joues, le front, les la gorge. Ce coup, porté d'une main ferme et hardie, cheveux d'Ange de Laraorge, qui tenait ses genoux avait été si précipité, le cavalier, pour atteindre son but, embrassés. Le duc avait pris la bride du cheval de Henri, avait été obligé de se pencher si près de terre, et la et le superbe coursier flairait le sanglier avec une sorte retraite, après ce tour de force et d'adresse, était si dan- de dédain. Le lord Wenloek tenait les chevaux du page gereuse,que, pourécliapperà un coup de boutoir mortel, et de la marquise le premier saignait au poitrail. Déla- Ilenri fut obligé d'abandonner son arme dans la blessure cher les rénes qui liaient Margaret, et baiser son. gant qu'elle avait faite. Le sanglier, plus furieux que jamais, avec respect en mettant un genou en terre devant elle, recula, déchira la terre pour assouvir sa rage aveugle, et telles furent les seules et douces récompenses que Henri alla tomber sur Jeanne et Margaret, lorsque Henri, qui crut avoir méritées. Cependant Jeanne regardait Margaret s'était jeté bas de son cheval, sauta sur lui, et arracha et le désordre qui régnait autour d'elle. Quel tableau son couteau pour l'en refrapper entre les deux épaules. Si le bonheur peut réfléchir sur nos traits son image, oh A ce coup, le monstre fit briller l'ivoire de ses défenses, combien les traits de la belle comtesse devaient dire la et, poussant un mugissement sourd, se rua sur le eheva-j joie de son cœur Elle revoyait son chevalier elle lui lier. Tous deux roulèrent trois fois dans la poussière [devait la vie; il s'était conduit comme le plus vaillant du

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