JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
1.093 - tO' Année.
Dimanche, 23 Février 1851.
Vires acquint eundo.
INTÉRIEUR.
BERNOEIl®
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Ypres, 22 Février.
Nous recommandons le passage suivant du
mandement de Mgr. Sibourl'attention du
clergé de notre ville et surtout des rédacteurs-
prêtres et laïcs du Propagateur qui nous
adressent chaque jour les injures les plus gros
sières, les moins chrétiennes, qui nous accusaient
dernièrement encore de grimacer d'un air dc-
votieuxde friser par nos allures la fourbe du
Tartufe et les jongleries du Janséniste
Ecoutez sérieusement, avec sincérité, ceux qui
ne partagent pas votre sentiment, et alors vous
qui parfois vous montrez si injuste envers vos
adversaires, si dur pour ceux qui n'ont pas votre
manière de voir, vous finirez par croire qu'on
peut être de bonne fui et honnête homme en ne
pensant pas comme vous; alors celle maxime si
sage que nous foulons, hélas trop souvent aux
m pieds et qui est cependant celle de l'église, de-
viendra notre devise tous: in necessariis unit ai
indubiisliberlas, inomnibus charitas.La patience,
la mansuétude et la charité qui ne cherche pas sou
propre intérêt, dit S'-Paul, et sait tout endurer,
m prendront la place de cet emportement, de cette
rudesse, de celte fougue d'opinion qui est un
grand mal dans un simple fidèle, mais qui peut
devenir un crime, aux yeux de Dieu, dans un
prêtre.
Quelle leçon pour certains écrivains catho
liques Combien ce passage ne doil-il pas faire
rougir certains ministres des autels
Dans son dernier N°, le Propagateur, en
défendant un acte posé eu 1847, par Mr Malou,
nous décoche, en son joli style ordinaire, une
accusation de servilisme en due forme la
diatribe du Progrèsdit-il, se trouve entiè
rement calquée sur les sornettes de ses chefs de
file et puis, pour prouver que lui n'est jamais
coupable de copier ses chefs de file, il copie
littéralement un article, en trois colonnes, du
Journal de Bruxelles. Quelle logique!
terie qui ont eu lieu sur la frontière belge et
française Des perquisitions ont été ordonnées
qui ont fait découvrir une assez grande quantité
d'argenterie volée. A la suite de plusieurs des
centes de la justice en plusieurs maisons de cette
ville, quelques prévenus ont été arrêtés, et la
justice poursuit activement ses investigations.
Mercredi dernier, la troupe de M. Ponnet a
donné une représentation, la quatrième et der
nière de l'abonnement.L'affiche, bien composée,
avait attiré beaucoup de moude, mais au moment
de la représentation, un changement dans l'ordre
du spectacle a été annoncé, au grand regret des
spectateurs au lieu du Moulin joli et d'Une
Fille terriblele foréador a été donné d'une
manière très-louable, précédé d'une pièce inti
tulée: Le doigt dans l'œil et suivie de Ma femme
et mon parapluie dont il est fait abus, noire
avis, car c'est la troisième fois qu'on la donne
si nous ne nous trompons. Celte modification
dans le choix des pièces a été peu agréable aux
habitués du spectacle et, nous devons l'avouer,
il ne faudrait que peu d incidents de ce genre
pour faire déserter la salle au lieu d'y atlirei\|
du monde. La faute n'en est pas, dit-on, M.
Ponnet, mais ce que nous devrons ajouter, c'est
que M. Ponnet en supporterait les dommages
si le fait se .répétait.
Il paraît que la police judiciaire est sur les
traces des auteurs des vols d'église et d'argen-
[suite. J
le rosaire.
Margaret, accompagnée du comte, avait traversé le
jardin d'un pas rapide la main délicate de la jeune fille
tremblait, agitée comme par un frisson de froid ou de
fièvre. Mille pensées confuses se heurtaient dans son
esprit, et de cette confusion ressortait une pensée souve
raine, celle du chevalier, l'ami, l'amant, le sauveur.
Mademoisellede Rosières, pour accomplir l'acte de dévoù-
nient qu'elle avait résolu, avait eu surmonter tous ses
scrupules. Elle avait choisi sans hésiter l'intermédiaire
du moine, parce que le hasard qui le lui avait offert
n'était pas un hasard pour elle, et que sa piété un peu
superstitieuse lui montrait ce saint homme amené sur son
chemin comme par la volonté cfu Tout-Puissant. Égarée
par sa passion, par ses dangers, par la sévérité de la reine,
par les menaces anonymes dont elle était entourée, trou
blée enfin par la crainte du départ de Henri et par des
pressentiments invincibles, elle n'en ava,it pas moins
conservé assez de raison pour juger de la témérité de ses
démarches. Elle ne se dissimulait pas que son intérêt
pour le chevalier n'était qu'insuffisamment expliqué par
la reconnaissance; qu'elle se compromettait aux yeux du
protecteur inconnu qui la tenait par 1? main, et se livrait,
peut-être, la méchancheté jalouse de tous ses envieux.
Mais son imagination exaltée la poussait en avant elle
courait-à son salut ou sa perte avec cette aveugle con-
On lit dans la Reçue de l'Escaut:
ATELIERS-MODÈLES DANS LES FLANDRES.
A propos du dépôt fait, par M. le ministre de
l'intérieur, du compte d'emploi des fonds qui ont
été mis sa disposition par la législature, pour venir
en aide la classe ouvrière, les journaux de l'oppo
sition se livrent des critiques et des récrimina
tions dont nous tenous démontrer le peu de
fondement.
Nous avons déjà eu l'occasion de le dire, l'institu
tion des aleliers-modèlesdes Flandres,inattaquable
comme principe bienfaisant, forme le sujet d'une
série d'attaques de détail, qui tendent jeter du
disciédit sur des établissements auxquels les Flandres
doivent, en résumé, uue grande partie de leur bien-
être actuel.
Le gouvernement a érigé dans les deux Flan
dres près de quatre-vingts ateliers-modèles de tout
genre. Sur ce nombre, il en est quelques-uns, on
eu cite deux jusqu'ici, qui, tout en ayant rendu des
services émiuents, n'ont pas répondu complètement
l'espoir qu'on s'en était formé: l'atelier d'Alost
pour la teinture et l'apprêt des soieries celui de
fleveren près d'Audenarde, pour la fabrication de la
batiste, ont suspendu leurs travaux, et, pour ces
faits isolés, accidentels, il n'est pas de reproche
qu'on n'invente, afin d'amoindrir la création des
ateliers-modèles en général. 11 est si facile, aujour
d'hui que la vie et l'air sont revenus aux popu-
lations jadis si misérables des Flandres, aujourd'hui
~ue, grâce aux efforts de tous les instants, ces pro-
inces se trouvent placées dans une voie nouvelle,
il est si facile de perdre de vue les moments horri
bles que nous avons eu traverser, de méconnaître
les difficultés qu'on a eu surmonter et de faire des
griefs incalculables, d'incidents qui ne sont cepen
dant que naturels.
Nous avons eu occasion de nous rendre compte,
sur les lieux mêmes, pour la plupart des principaux
ateliers-modèles, de la portée réelle, de la somme
d'intervention du gouvernement dans chaque éta
blissement et en même temps de l'étendue des exi
gences, en ce qui concerne chacun d'eux; nous
n'hésitons pas dire et les ièces officielles en
feront foi, qu'en général des résultats immenses
ont été obteuus avec des secours relativement mi
nimes.
Les critiques qu'on ne cesse de formuler ne nous
inquiètent que sous un seul rapport nous crai
gnons que le gouvernement n'y puise des raisons
d'une rigueur qui serpit fatale aux institutions qu'ii
a lait naître comme par enchantement et qui ont
rendu et qui continuent rendi e des services signa
lés aux Flandres. Dans plus d'une localité, nous en
avonsdes preuves incontestables, cesétablissemeuts
ont déjà lutter contre trop de difficultés, contre
trop d'obstacles que, ici l'esprit de parti, là d'étroi
tes questions personnelles opposent leur marche,
pour que nous ne redoutions, comme très-funeste,
un redoublement de sévérité de la part de l'Etat.
fiance, ce courage intrépide qui ont toujours leurs prin
cipes dans la vertu.
Le comte suivait Margaret sans parler, sans s'arrêter,
sans lui résister il marchait tête baissée, livré des
pensées fatales qui l'éblouissaienl parfois et le faisaient
frissonner. Arrivés au château travers de longues
avenues, ils franchissent le seuil, traversent la grande
salle des gardes, atteignent l'escalier d'honneur, montent
au premier étage, parcourent les corridors de la reine,
et se glissent enfin sans avoir rencontré personne jusqu'à
la porte d'une chambre déjà connue du lecteur. Cette
porte s'ouvrit et se referma sur eux, la comtesse souleva
une portière de damas, et ce fut alors seulement que, se
retournant vers son grave compagnon, elle le regarda
non sans une sorte d'inquiétude indiquant plus de pudeur
que de crainte.
Le comte de Kerven, pâle, immobile, silencieux, laissa
errer des regards distraits et sombres sur ce qui l'en
tourait; la chambre élégante de la jeune femme était
éclairée par une lampe de vermeil quatre becs, repré
sentant des basilics qui jetaient la lumière par leurs dards
enflammés; un reflet majestueux tombait sur les vitraux
taillés eu lozanges, et venait mourir sur les pans de
tapisserie qui les bordaient.
Vous in'accusez sans doute, mon père, dit humble
ment la jeune fille; votre silence est un reproche.
Le comte leva les yeux au ciel avec un brusque mou
vement de tête, qui fit tomber son capuce jusqu'aux
épaules, et mit nu ses cheveux blancs, .retenus en
arrière par un cercle d'acier. Les traits contractés du
Dans la séance de la chambre des représentants
d'avant-hier, MM. Rogier, Frère et Delfosse ont en
déjouer un calcul clérical, consistant ouvrir la
porte aux personnifications civiles en faveur des
vieillard apparaissant ainsi dans une clarté douteuse, eu
regard du front virgiual de mademoiselle de Rosières,
offraient un contraste la fois imposant et pénible. Mar
garet s'était approchée de la lampe, qui pendait sur sa
table écrire elle se tourna vers le moine au moment
mcine où celui-ci ramenait ses yeux sur elle, et s'appro
chait... Il s'arrêta.
Je ne veux pas vous retenir, mon père, permettez-
moi de tracer quelques lignes, et je n'aurai plus qu'à
baiser vos mains en leur demandant de me bénir.
Écrivez, répondit le comte.
Margaret se plaça la table et se mit écrire, la téte
penchée sur son papier et le dos tourné au sire de Kerven.
Alors le cointe fit deux pas eu avant, plongea la main sous
sa robeducôlédu cœur, s'inclina surl'épaule de la pauvre
fille... ettombaà genoux en étouffant un cri de surprise...
A ce bruit, Margaret se retourna si vivement, que les
longues boucles de ses cheveux effleurèrent le visage du
vieux seigneur; elle lui dit d'une voix fraîche et naïve
Vous m'avez fait peur J'ai bronché en me
courbant pour mieux voir ce chapelet merveilleux, ré
pondit le comte. Ah! le chapelet de ma tendre mère,
dit la jeune fille, en saisissant sur la table un rosaire eu
corail et perles fines où pendait un morceau de la vraie
croix, dans un reliquaire de cristal c'est ce que j'ai de
plus précieux au monde! Je crois avoir vu ce chapelet
entre,le., mains d'un chevalier, il y a longtemps, reprit le
comte. Je ne sais, répliqua Margaret, mais ma mère
me le donna en mourant, et m'ordonna de ne m'en
jamais séparer; vous voyez que c'est ma sauvegarde, (by