JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Vires acquirit eundo.
JemlS, 13 Mars 1851.
M» 1.088 - 10e Année.
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Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adresse l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
INTÉRIEUR.
Ypues, 12 mars.
Tous les journaux du parti clérical ont reçu
pour mot d'ordre de hurler la tyrannie, de
crier au despotisme, de poser en victimes leurs
adhérents. Ils ne laissent jamais passer une oc
casion de qualifier de tyrans et de despotes les
ministres, de faire grand bruit de soi-disant
persécutions subies par les adversaires du parti
libéral. On dirait vraiment que l'instrument des
niveleursse trouve en permanence sur la place
publique et que l'époque où florissaient les tor
tures et les in-pace des moines inquisiteurs,
soit revenue.
Jusqu'ici le bon sens public a fait justice de
ces oiseaux de mauvais augure et de leurs jé
rémiades de commande. L'opinion publique ne
s'est guère émue de toutes ces déclamations,
songeant que la liberté devait être entière, puis
qu'il était loisible des gens qui n'osaient se
faire connaître, qui se cachaient dans l'ombre,
d'insulter au gouvernement, de dénigrer les
hommes les plus recommaudables et de saper
le principe d'autorité.
INou-seulement c'est une ignoble comédie
que les feuilles soudoyées par les évêques jou
ent, mais encore, cest le contraire qui se pra
tique. Les exemples sont faciles citer. Le
Moniteur nous a fait connaître la faveur qu'on
a uccoidée ta ville de Poperinghe, qui certes
ne peut être accusée de trop de libéralisme, ni
son honorable député, M. Van lleliynghede
trop de zèle ministériel, puisqu'il vote systé
matiquement avec les Malou, les de Theux et
autres coryphées du parti clérical. Le gouver
nement a donc permis la libre entrée, sans
payement de droits de douanes, de dix milles
hectolitres de chaux. C'est un bienfait pour
l'agriculture, et le ministère, pour pouvoir
octroyer celle faveur, a dû froisser des intérêts
privés très-respectables.
Celte conduite est d'autant plus méritoire
que M. Van Renynghe, certes, se comporleà la
Chambre comme un des mannequins serviles
du clergé, opinant du bonnet, comme il lui est
enjoint de le faire. La faveur que le ministère
vient d'octroyer la ville de Poperinghe, est
entièrement gratuite, car il lui est impossible
même d'attendre quelque reconnaissance de la
part de cette localité, dont la grande majorité
des habitants profiteront du bienfait, sans se
soucier même de la main qui le donne.
Si maintenant nous voulons comparer cette
manière d'agir du ministère libéral avec la ta
quinerie du cabinet De Theux-Malou, l'égard
de la ville d'Ypres, il ne nous serait pas difficile
de montrer de quel côté se trouvent les tyrans,
les despotes, les inquisiteurs. On se rappellera
qu'en III46, notre garnison de cavalerie nous
fut retirée, sous le règne bienheureux du minis
tère clérical, avec le fameux M. Jules Malou,
frère del evêque, comme ministre des finances
Pour comble d'effronterie, l'illustre Journal
des Bazilvs nous fit connaître m agistralement
que c'était pour punir la ville d'Ypres de ses
opinions libérales Ain,si, en 1Î546, sous un cabi
net jésuite, mais pieux, on fit du tort une ville
cause de ses sentiments politiques; en lllal,
sous un ministère libéral, on accorde des faveurs
une ville, dont le corps électoral vote peu
près comme un seul homme contre les can
didats libéraux.
El cependant ce sont les défenseursles
grands prôneurs du cabinet de 1846, du fa
meux M. Malou. qui crient l'inquisiteur,
aux tyrans, au despotisme, nouvelle preuve que
le clergé est l'ennemi juré de tous les gouver
nements quelsqu'ils puissent être, du moment
qu'il n'inspire pas le pouvoir et qu'il-n'ait la
haute main sur le domaine public. Le prêtre
veut gouverner, maîtriser le pouvoir matériel,
et la séparation du temporel et du spirituel
n'a été pour lui qu'un moyen caché d'arriver
la domination suprême.
M. Pecsteen-De Vrière est nommé sénateur.
Celui dont le collège électoral de Thielt n'a pas
voulu pour lui préférer le casuisle M. D'Anethan,
est élu par deux districts et sans que le clergé
et M. Malou, l'évêque, aient trouvé un individu
qui ail voulu du patronage clérical, pour entrer
en lutte avec M. Pecsteen-De Vrière.
L'arrondissement de Furnes lui a donné 30 i
votes sur 310 votants; celui d'Ostende 438
voix sur 448 suffrages déposés.
cendie ont été découverts et heureusement on
a pu étouffer le feu, avant que les pertes aient
pu être considérables. On attribue ces méfaits
la malveillance et l'on ajoute même que le
prévenu qui est en fuite, a déjà été, en 11123,
condamné pour crime d'incendie, mais qu'alors
la Cour avait jugé qu'il avait agi sans discerne
ment.
VILLE D'YPRES. conseil communiai..
Séance publique fixée au Jeudi15 Mars i85i,
trois heures de relevée.
LIS ©imis&s ra
{suite.)
LE DÉPART.
Le jour des séparations était arrivé. Toute la ville
d'Aïuboise était en grande rumeur. Les soldats anglais,
français et lorrains qui devaient accompagner le comte
de\Yarwick,buvaientdanstes tavernes le coup de l'étrier.
Dès le matin, Ange de Lamorge avait été réveillé en
sursaut par le bruit qui courait la ville et le château. Il
a vait questionné son frère, et celui-ci, pour toute réponse,
s'était levé et l'avait embrassé.
-— Tu es donc guéri, demanda le page. A peu près,
et je peux me mettre en route. Que voulez-vous dire?
monseigneur. Que le comte de NVarwick part ce matin
pour les côtes; qu'il doit s'embarquer au premier vent
favorable, et que je suis en état de l'accompagner.
Et moi, mon Dieu et moi dit le pauvre enfant tout en
larmes. Toi, tu ne peux quitter la reine; tu es de sa
maison particulière; puis tu ne pourrais lui rendre aucun
service; tu resteras donc ici. Nous nous écrirons souvent;
jete tiendrai au courant de nos marches, de nos batailles,
Dimanche, vers une deux heures du malin,
un incendie a eu lieu Gils. Une grange et
une étable vaches ont été consumées par les
flammes. Le dégât est estimé environ quatre
mille francs. Deux autres commencements d'irt-
de nos vicloires, de nos succès. De ton côté, tu parleras
de moi Margaret... la reine nous a fiancés. Adieu
nous nous retrouverons Londres. Mon frère, mon
bon frère comment te quitter On me traitera donc
comme un enfant? Écoute, Henri, écoutez, monseigneur:
sois bien prudent; ne t'expose pas trop; songe moi,
Margaret; ne te jette pas dans des dangers inutiles. Je te
connais tu vas te faire tuer dès le premier jour...
Sois tranquille, pour te faire plaisir, je serai bien poltron...
Qui te parle de cela méchant. S'il în'arrivait mal
heur mon petit frère, tu donnerais celte écharpe
Margaret, et tu enverrais ces cheveux... A votre père,
I ouimonseigneur... Voulez-vous emporter mon beau
poignard il vous défendra bien c'est celui que vous
m'avez donné vous ine le rendrez, n'est-ce pas Plus
-, ORDRE DU JOUR PUBLIC t
i* Communication de pièces.
i° Arrêter le rôle pour le recouvrement de la laxe
provinciale et communale sur les chiens, pour l'an
née i S 5 i
3" Émettre un avis sur une requête adressée la
députation permanente du conseil provincial, afin
de pouvoir établir .une fabrique de chandelles sur le
terrain de la maison rue de Lille, n" a3.
4* Approuver, s'il y a lieu, le projet de délimi
tation entre la grande et la petite voirie.
5" Émettre un avis sur le cahier des charges et
conditions pour la location de plusieurs propriétés
rurales appartenant la fabrique de l'église S'
Nicolas.
6° Délibérer sur une nouvelle proposition du
Bureau de bienfaisance, concernant le rachat de la
fondation Du Buus de Beaulieu.
7* Emettre un avis sur une délibération des Hos
pices, tendant être autorisés vendre aux quatre
fabriques d'église de cette ville, une parcelle de
terre contigue au cimetière.
8* Délibérer sur la demande en autorisation for
mée par les quatre fabriques d'église, pour l'acqui
sition de ce terrain.
9" Délibérer sur le projet de route d'Ypres vers
Bailleul par Reningbelst et (.ocre.
io*Terminer la discussion du règlement orga
nique du Monl-de-piélé.
11® Statuer sur deux demandes d'avance sur les
fonds institués pour encouragement de la construc
tion des façades en bois.
12° Émettre un avis sur un projet d'acquisition
par l'administration des Hospices, pour l'agrandis
sement de la maison des aliénés.
i3° Délibérer sur l'autorisation demandée par la
dite administration, afin de pouvoir purement et
simplement renoncer au legs qui lui est fait par le
sieur L. Desouter.
heureux que moii il vous aura été utile!... La tête du
gracieux enfant s'inclina et se mil pleurer. Courage!
cher- Ange, courage si tu pleures, tu me porteras
malheur
Ange baisa le chevalier sur les deux joues et lui dit
Aidez-moi m'habiller, puis mettez-moi cette
j fenêtre elle donne sur le péristyle, je pourrai voir de
loin.
Cette prière fut exaucée; Kilderkin et Henri placèrent
le page selon ses désirs.
Allons, enfants, dit le vieux soldat, encore une
embrassade et séparez-vous, le comte va monter cheval.
Henri couvrit de caresses son petit ami, et s'échappa
sans oser tourner la tète. La reine et le prince Édouard
parurent sur le péristyle; le duc de.Clarencc et Warwick
vinrent plier le genou devant eux, et reçurent leurs
épées des mains du prince de Galles.
Le comte et le duc baisèrent les mains de la reine,
puis Warwick se retourna vers la foule qui garnissait
les avenues du château, et, avant de prendre des mains
de sou écuyer son casque de bataille, il montra aux gen
tilshommes le large front qui, si souvent, avait bravé la
mort, et s'écria de cette voix puissante qui dominait dans
les mêlées
Longue vie la reine Marguerite au roi Henri
d'Angleterre au roi Louis de France loz Lancastre
Ce cri, répété de toutes parts, était encore dans quel
ques bouches, lorsque le comte et le prince Georges
montèrent cheval. Ce n'était plus, comme la veille, une
réunion de jeunes gens impatients de plaisirs; ce nctait
plus cette foule rieuse, chamarrée d'or et de soie; toute