JOURNAL D'ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N° 1.020- tOe Année.
Dimanche, 16 Mars 1651.
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être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Tpbes, 15 Mars.
Nos lecteurs ont pu se convaincre que, dans
la controverse soutenue par nous, l'occasion
du mandement de Mgr. Sibour, nous avons
discuté avec calme et produit d'irréfutables ar
guments. Nos adversaires nous ont répondu
par des subtilités dignes d'un casuisle du seizième
siècle et par de grossières injures, seuls argu
ments de ceux qui n'en ont pas.
Le public a prononcé son verdict, verdict qui
condamne, sans appel, nos imprudents adver
saires soi-disant catholiquesCependant quel
ques petites feuilles, arrières-gardes du parti
rétrograde, continuent délayer les arguments
produits par leurs chefs de file et si victorieu
sement réfutés par leurs adversaires libéraux
comme le digne Archevêque de Paris. C'est
ainsi que le Propayaieur sert, ses lecteurs
bénévoles, un article en trois colonnes.
Nous nous garderons bien de répondre
celle phraséologie creuse et vide, où nous ne
trouvons pas une idée, pas une raison, pas un
argument Du reste, le but que notre adversaire
veut atteindre est facile entrevoir que veut-il
Convaincre les hommes qui raisonnent? Eh!
mon Dieu, non! Il sait trop bien qu'il est con
damné par eux. Ce qu'il veut, c'est avoir le
dernier mot,- car il pense que c'est le seul
moyen d'agir sur l'esprit de ses lecteurs qu'il
gratifie si gracieusement delà qualification flat
teuse de yens simples et dépourvus de culture
intellectuelle. Nous lui laisserons celle satisfac
tion, seulement en terminant cette controverse,
nous poserons les questions suivantes
L'orthodoxie des décrets d'un concile, régu
lièrement assemblé, est-elle contestable
Le mandement de 1 archevêque de Paris, a-t-il.
oui ou non. été donné pour développer et con
firmer le décret du concile de Paris, relatif
l'intervention du clergé dans les affaires politi
ques
L'unité de l'église catholique et de ses doc
trines peut-elle être mise en doute?
Et soutenir que ces doctrines varient suivant I
les temps, les lieux et les circonstances, n'est-ce j
pas porter une grave atteinte l'unité de l'église
et fournir un terrible argument ses ennemis?
Des deux choses l'une, ou Mgr. Sibour est
dans le vrai avec le concile, dans ce cas. la doc
trine qu'il défend est une vérité pour tout
l'univers catholiqueou bien il se trompe et
le concile de Paris aussi; mais avant de confes
ser que cette hypothèse est admissible, il faut
qu'on nous prouve que les théoligiens habiles,
les casuistes célèbres qui rédigent le Propayaieur
ont et le droit canonique et une dose suffisante
de science pour condamner le concile de Paris
et le digne et saint Archevêque qui a su mériter
l'estime et la vénération de tous les hommes,
,que l'esprit étroit de parti et le fanatisme le
plus obscur n'ont pas complètement aveuglés.
Au bon temps de la restauration Voltaire
et Rousseau étaient rendus responsables, par
certaines gens, de tous les événements fâeheu x,
de tous les malheurs qui arrivaient en France.
Béranger a flagellé, par le ridicule, les sots pro
pagateurs de celle plaisante assertion.
Il paraît qu'à Ypres, deux ou trois de nos
compatriotes ont le malheur d'être atteints
d'une monomanie analogue; une idée fixe a voilé
l'intelligence que la providence pouvait leur
avoir donnée. On reconnaît facilement ces in
fortunés, car-ilss'en vont répétant sans cesse et
toujours, ces mots C'est la pacte de la Régerce.
Dernièrement encore un deux disait: si sur
les 37 ou 40 fabricants de dentelles de notre
ville 3 seulement ont envoyé des produits de
leur industrie [exposition de Londres C'est
la faute de la régence.
Dominé par son idée fixe, il avait oublié que
les administrations communales n'ont eu se
mêler en i ien de celte affaire, que le soin d'en
gager les industriels exposer avait été confié
aux chambres de commerce et que si la respon-
jsabililé de celte abstention fâcheuse doit re-
itomber sur une autorité quelconque, ce n'est
coup sûr fias sur l'autorité communale.
LSS DSRNIflglRS DilIRWEIKl,
I «urre.)
la mer.
Une révolution soudaine venait d'éclater en Angleterre;
l'épée du comte de Warwick avait reconquis le trône du
souverain captif; l'inconstance du peuple avait brisé les
fers du malheureux Henri VI et replacé la couronne sur
sa tête. Quinze jours avaient suffi au faiseur de rois pour
opérer cette restauration. Edouard IV était en luile; la
rose rouge triomphait; l'Europe était stupéfaite; te grand
•nom du conquérant retentissait partout, et l'éclat dont il
jouissait faisait pâlir la gloire des princes contemporains.
Quand la nouvelle de cette révolution parvint la
cour de France, le roi Louis ordonna des réjouissances
publiques, appela Marguerite d'Anjou Paris, et lui fit
décerner dans cette capitale tous les honneurs réservés
la reine.
L année 1470 s'acheva dans les fêtes. L'hôtel Saint-
Paul était continuellement illuminé; la France, enthou
siaste et généreuse, battait des mains la victoire du plus
faible, et Marguerite d'Anjou se mit en route pour la
Normandie, où I attendait la flotte qui devait la trans
porter en triomphe dans son royaume reconquis.
La flotte d honneur, commandée par le grand-prieur
de Saint-Jean, attendait depuis plus de huit jours l'ordre
d'appareiffer dans le port de Honfleur. Enfin, toutohstacle
surmonte, les équipages furent prévenus de se tenir
prêts pour le lendemain, et cette nouvelle fit éclater la
joie des marins, des soldats, des chevaliers. Le 38 mars,
Nous pouvons ajouter que notre conseil
communal, bien que par la marche suivie pour
tout le pays, il n'avait pas s'occuper de l'ex
position de Londres, a témoigné en celte cir
constance les dispositions les plus bienveillantes
pour la principale de nos industries.
Si nos renseignements sont exacts, le conseil
ne s'est pas même contenté d'une sympathie
stérile il a fait des offres de coopération effi
cace et s'est déclaré disposé couvrir une
pallie des frais généraux. Ces offres n'ont pas
été acceptées.
Nous aimons croire que les fabricants de
dentelles ont eu connaissance des dispositions
de l'autorité communale nous faisons donc
appel leurs souvenirs et au besoin ceux des
membres de la chambre de commerce qui, nous
assure-l-on. a remercié l'autorité communale
pour son offre de coucours sympathique. Nous
aimons croire que les uns et les autres diront
avec nous si seulement trois de nos fabricants
de dentelles prennent part l'exposition de
Londres, Ce n'est pas la faute de la Régencb.
On se demande partout, pourquoi le secré
taire de notre chambre de commerce n'a pu se
vlécider envoyer de ses dentelles l'exposition
de Londres.
L'abstention de ce fabricant-fonctionnaire
doune lieu toutes sortes de suppositions.
Jeudi dernier, une réunion du Conseil com
munal a eu lieu, mais comme l'ordre du jour
n'a pas été épuisé et qtie la séance a été con
tinuée samedi, 15 Mars, trois heures de
relevée, nous avons remis la publication du
compte-rendu des décisions prises, notre
prochain numéro.
Dans le comité secret du Conseil communal
du 13 Mars dernier. M. Charles Vande Lannoile,
fils de l'ancien directeur de l'octroi, a été
nommé, l'unanimité et sans concurrent, aux
mêmes fonctions que son père avait remplies
avec tant de distinction.
la flotte leva l'ancre, en saluant de son artillerie 1rs forts
qui répétèrent ce signal d'adieu. Tous les habitants de la
ville, ainsi que les populations des environs, s'étaient
rassemblés sur la côte pour jouir de ce spectacle magni
fique. Les vœux tes plus sincères accompagnaient la
grande reine et ses amis; le ciel était sans nuages, la mer
calme; une brise douce et fraîche semblait devoir rendre
au plus vite les nobles proscrits leur patrie.
La reine, le prince et la princesse de Galles, le duc de
Sommerset (revenu depuis peu des étals de Bourgogne),
Margaret, Jeanne, Ange et le lord Wenlock étaient sur
l'un des grands vaisseaux, qui avait été baptisé du nom
de Lancastrc;ct, grâce la protection de son excellent ami
Kildcrkin, l'intendant Pierre de Lamorge s'était glissé
parmi les matelots sans avoir été remarqué.
La première journée du voyage fut admirablement
belle seulement, vers le coucher du soleil, on vit le
grand-piieur étudier le ciel avec une persistance sin
gulière. Tout l'équipage s'étant réuni sur le pont, la reine
s'agenouilla et récita les prières-du soir d'une voix émuei
autant par le souvenir de ses douleurs que par la joie de
son triomphe.
Le vaisseau voguait pleines voiles au centre de la
flotte; les agrès, pendant celte heure de recueillement,
étaient abandonnés la grâce de Dieu; l'horizon s'illu
minait des derniers rayons du couchant; la mer était d'un
bleu d'azur; tous les cœurs palpitaient d'espérance.
Quand la reine se releva, elle salua de la main ses
compagnons, et se retira sous son pavillon avec le grand-
prjeur.
La nuit était descendue sur les flots les paroles
bruyantes avaient cessé; les marins de service faisaient
silencieusement les manœuvres la brise était devenue
plus fraîche quelques vagues venaient se briser contre
les navires; la lune disparaissait quelques fois sous des
nuages qu'elle argenlait.
Margaret, Jeanne et le page étaient assis l'arrière du
Lancaslre; penchés sur la mer, ils suivaient du regard le
sillon bouillonnant du gouvernail. Les trois amis étaient,
comme toujours, occupés d'une même pensée
Eli bien Margaret, dit une voix douce et mélo
dieuse, as-tu chassé tes noirs pressentiments? Oui,
ma chérie, oui, Jeanne; maintenant je crois au bonheur,
j'y touche Ce beau ciel me défend de douter de la bonté
du Dieu puissant qui veille sur nos destinées. O mon
amie, n'avons-nous pas assez souffert, et nos cœurs ne
sont-ils pas assez éprouvés L'amour, mon enfant,
n'est sublime que dans le malheur Dans deux jours
nous serons en Angleterre, dans deux jours tu fouleras
le sol où vit tout ce que tu aimes. Chère petite, pourquoi
cette pâleur mais elle te rend si belle! Monsieur de
Lamorge, vous voilà bien pensif; racontez-nous donc
quelque histoire. Je pense, mes sœurs, répondit le
cher enfant, que ma tâche est remplie, et que désormais
devenu inutile, vous m'oublierez peu peu.
Margaret et Jeanne saisirent les mains du page, et
dirent en même temps
Jamais, Ange, jamais Hélas oui tout est
fini pour moi...'Le royaume est conquis, la guerre est
terminée; mon frère va épouser mademoiselle, et moi,..
Le royaume est conquis; mais la guerre n'est pas
finie, interrompit un nouveau personnage d'un ton la