EXTÉRIEUR.
La Chambre des Représentants a commencé hier
la discussion générale du projet de loi organisant le
crédit foncier.
Le projet, défendu par M. de Perceval, a été
vigoureusement attaqué par MM. de Steenhault et
de Liedekerke.
Le Sénat a repris et terminé la discussion du
projet de loi sur les faillites et sursis. Le second vote
du projet a eu lieu hier.
il» n xi ni
Voici un trait d'audace rare
Hier, vers 5 heures et demie, une servante était
en train d'acheter des crevettes, rue des Vanniers,
Gand, quand tout-à-coup une jeune dame, parais
sant peine âgée de 20 ans et parfaitement mise,
qui passait par là, s'approcha d'elle, et se mit
marchander aussi des crevettes. Cependant la ser
vante ayant conclu, met la main la poche pour y
prendre son argent mais quelle ne fut pas sa
surprise d'y rencontrer la main de l'inconnue.
Protestation de la servante, qui reproche la dame
de vouloir la voler et exclamation de celle -ei qu'elle
n'a pas besoin de son argent; et pour preuve elle
ouVre un cabas, dans lequel la servante étonnée vit
én effet une somme assez ronde, sans uul doute le
produit de son honnête industrie.
Tout étourdis de tant d'audace, la servante et le
marchand ne songèrent pas arrêter la jeune dame,
qui profita de leur étounement pour s'esquiver
lestement.
Un artiste vétérinaire au service de l'État, dans la
Hollande méridionale, vient d'appeler l'attention
du gouvernement de ce pays sur i'effet dangereux
que l'usage des engrais, provenant des fabriques de
céruse, peut avoir sur la santé du bétail. Dans cer
taine commune, vingt quatre vaches, appartenant
ou même propriétaire, sont empoisonnées de celte
matière. Il parait d'ailleurs que cet engrais, inêine
quand il se trouve mélangé avec d'autressubstances,
fest nuisible pour les terres. Bien que l'on ne puisse
pas en défendre la vente ni l'emploi, le gouverneur
o jugé propos de prévenir ses administrés du danger
que cet emploi présente.
M. le ministre de l'intérieur, consulté cet égard,
Vient de faire connaître qu'un garde-chasse parti
culier ne peut porter un fusil double chargé
plombs que lorsqu'un permis de port d'armes de
thasse lui a été délivré.
On lit dans le Courrier de VEscaut:
Nous croyons pouvoir annoncer, d'après l'affir
mation d'une personne bien informée, que M. et
M"" de Bocanné ont choisi leurs défenseurs: M.
Berryer, du barreau de Paris, et M. Toussaint, du
barreau de Mons, oui accepté la défense de madame
la Comtesse; M. Léon Duval, avocat Paris, et M.
De Fuisseaux se sont chargé d'être les avocats de M.
tic Bocartné.
Madame la comtesse de Rodartné a assisté, gvant;
liier, pour la première fois depuis son arrestation,
k la messe dans la chapelle de la prison des Carmes.
Le Tribunal civil de Bruges a, dans son
audience du 25 courant, prononcé son juge
ment dans l'affaire én calomnie, intentée en
1847. par M. Henri JonckheereConducteur de
1B classe faisaut fonctions d'ingénieur des
ponts et chaussées Courlrai contre M.
Alphonse Bogaert, éditeur du journal XImpar
tial de Bruges.
Ge dernier a été Condamné dix mille francs
de dommages-intérêts l'insertion dans son
journal du jugement, ou cinquante francs
d'amende pour chaque jour de retard; payer
les frais d'impression de trois cents exemplaires,
et tous les frais du procès, qui sont considé
rables.
TRANCE. Paris, 25 Mars. On annonce qu'il
est arrivé Paris une lettre de M. le comte de Charabord,
qui s'oppose formellement au projet d'une fraction des
légitimistes d'opérer une fusion provisoire avec les Bona
partistes, afin de faire adopter la prorogation des pouvoirs
du président de la république. Cette lettre aurait produit
uue vive sensation dans le faubourg S'-Germain.
Le Messager de tAssemblée annonce que le conflit qui
vient d'éclater entre l'archevêque de Paris et l'évêque de
Chartres, n'est pas de la compétence d'un concile pro
vincial, qui en matière de discipline ne doit eonnaitre
que des questions secondaires.
L'évêque de Chartres a soumis directement au Saint-
Siège le dissentiment qui le sépare de l'archevêque.
Mgr. l'archevêque de Paris a reçu samedi, dit le Siècle,
la visite des cures de toutes les paroisses, qui sont venus
lui exprimer la part qu ils prenaient la douleur qué
devaient lui causer l'opposition imprévue de Chartres.
Après avoir remercié affectueusement sa famille sacer
dotale, Mgr. l'archevêque de Paris a terminé peu près en
ces termes
Restez fidèles aux prescriptions que je vous ai tra
cées; demeurez étrangers, tout en conservant vos con
victions personnelles, aux luttes et aux agitations des
pnrtisj'soyez les hommes de Dieu et les hommes de tous;
conduisez-vous de manière savoir être au besoin les
médiateurs entre les adversaires politiques, comme vous
l'êtes déjà par votre sublime mission entre le ciel et la
terre; enfin, aimez tous les hommes, et principalement
les pauvres, comme Jésus-Christ les a aimés, et employez
tous vos efforts prêcher le respect des lois divines et
humaines et l'amour de la patrie.
M. Jules Favrt? a dit la tribune, que Louis-Napoléon
ne pourrait pas être candidat la présidence de la répu
blique, en 1852, sans être factieux
Hier, la dernière heure, jé voits âi donné la liste
ministérielle que l'on faisait circuler l'assemblée; je
n'ai pas en le temps de vous faire remarquer ce qu'elle
avait assez d'étrange les noms de MM, Dumont et Mon-
tebello, ministres de Louis-Philippe, hurlaient de se
trouver côté de celui de M.Baroehe, qui, devançant la
justice du peuple, les avait mis en accusation. Aussi, ces
deux hommes politiques se défendaient-ils vivement ce
matin d'avoir accepté de faire partie d'un cabinet dans
lequel entrerait M. Baroche 5 ils ajoutaient que quelque
estime qu'ils eussent pour le Caractère de M. Léon Fau
cher, ils ne croyaient pa9 non plus pouvoir entrer avec
lui dans aucune combinaison.
On parlait beaucoup, 11 y quelques jours; dé la
formation d'un ministère définitif, ou pour être plus
exact, car le mot définitif ne l'est guère par le temps qui
court. On en parle moins depuis avant-hier; on en
reparlera dans quelques jours, c'e9t un thème excellent
pour les faiseurs de nouvelles, ces pêcheurs la ligne,
comme les appelait l'autéc jour un vaudevilliste égare
dans la salle des Pas-Perdus.
La nouvelle était prématurée Cette semaine, elle pourra
bien l'être encorda semaine prochaine. 11 faut au pouvoir
et dans les conseils de M. le Président de la République
des hommes qui soient en état d'imprimer l'adminis
tration une marche vigoureuse et ferme, des hommes
dont le nom soit un gage de sécurité publique parce
qu'on les connaîtra comme n'étant pas gens hésiter
quand il s'agira de l'exécution des lois et de la répression
du désordre,
L'une des conditions essentielles a ce ministère, c'est
d'être assuré; autant que possible, l'avance de durer
jusqu'à la solution de la crise que nous- amène fatalement
l'échéance de 1852, Voilà le définitif qu'il nous faut; le
seul auquel nous puissions prétendre hic et nunct
M. Vérôn, dans un long article intitulé: 1848et 1852,
destiné encore une fois prouver la nécessité de proro
ger les pouvoirs du Président, rqvient sur les incidents
de l'abdication de Louis-Philippe. Nous y remarquons le
passage suivant
A la vue du maréchal Bugeaud, lé roi se lève et lui
prend les mains Maréchallui dit-il, tout est fini, il
n'y a plus résisterje vais signer mon abdication en
faveur de mon petit-filset la régence sera proclamée.
Sire, répondit le maréchal ému, vous, abdiquer, vous
n'en avez pas le droit! Fous avez ce niatin fait appel
au courage de ces braves régiments, qui se feraient tue,"
pour vous, Vous n'avez pas le droit de les abandonner d
l'heure du péril! Vous, abdiquer! devant l'émeute! Mais
vous répondez du salut de la France! Le vieux roi
attendri, rejette le papier sur lequel il venait de com
mencer écrire son abdication. La reine, dans sa rési
gnation chrétienne, sublime de resolution et de courage,
se précipite, pour le remercier, dans les liras, du maré
chal, et dit en pleilrant Louis-Philippe Mourez en
roi. w Mais aussitôt un personnage qui n'était point un
des ministres, et dont, par respect, nous tairons ici le
nom, dit haute voix: Sire, vous devez abdiquer!
Vous l'avez promis. Le roi se rassied, signe son abdica
tion lé maréchal est hors de lui. Tout, dit-il, pour
rait encore être sauvé Vous ne le voulez pas! la royauté
est Ne comptez pas sur la régence; dans une
heure on proclamera là république.
Le maréchal sortit des Tuileries, accompagné seule
ment de son aide-de-camp, le jeune et intrépide Fabar;
tué au siège de Rome, et suivi d'un ou deux dragort9.
Déjà toutes les troupes, infanterie et cavalerie, avaient
reçu l'ordre de rentrer dans leurs casernes et dans leurs
quartiers. Le maréchal Bugeaud suit les quais pour re
gagner sa demeure. 11 rencontre bientôt une bande
armée A bas Bugeaud! Bugeaud la rivière s'écrie
cette foule. Le maréchal s'avance au milieu d eux Y
en a-t-il parmi vous, leur dit-il, qui aient été en Afrique
Est-ce que j'ai mérité que des Français me jettent
l'eau Non, s'écrièrent d'honnêtes gens mêlés a cette
bande, nous avons servi en Afrique et vous étiez le père
des soldats Aussitôt des cris de Vive Bugeaud suc
cèdent aux cris de Bugeaud la rivière Le maréchal
rentra chez lui, ému seulement des dangers qu'allait
jmÊtHÈmmÉÈmÈÊÊÈiÊmmimÊÊiÊ^mmimmmmÊÈÊiÉi»iim
courir la famille royale, et se laissant tomber abattu et
désespéré Je n'ai peut-être pas fait, dit-il ceux qui
l'entouraient, tout ce qu'il fallait faire, j'aurais dù en
fermer dans une cave le roi, les princes, les princesses
toute la famille royale, et les sauver malgré eux,
ALLEMAGNE. Les conférences de dresde.
Sous ce titre on lit dans la Gazette d'Augsbourg
La Gazette de l'empire d'Autriche rappelle que, avant
la convention d'Ollmutz, l'Autriche avait toujours pré
tendu qu'on ne pourrait rien obtenir par la voie de
libres conférences. Aujourd'hui le prince Scliwarzcn-
herg ne veut pas retourner Dresde, et il est évident
qu'il ne considère plus le congrès comme valant la peine
d'un voyage. 11 n'y a pas s'en étonner. Jusqu'à présent
nous avons vu que tous les plans d'union de quelque
part qu'ils vinssent,, et, sur quelque base qu'ils fussent
fondés, n'ont eu d'autre résultat que de faire regretter,
quand on y renonçait, le temps perdu s'en occuper.
En y réfléchissant bien, on finira par se convaincre que
la révolution nous a rejetés bien arrière, non-seulement
de l'année 1840, mais encore de 1815, ét la seule con
solation bien faible, il est vrai, qui nous reste encore,
c'est de nous dire qu'il faut qu'il aille pis eucore avant
d'aller tout fait bien.
AUTRICHE. Viennes, 22 Mars. Le prince
Schwarzenberg a rëçu le 18, une note du cabinet anglais
sur les affaires d'Italie. Ou assure que le gouvernement
français a fait la même démarche. Les inquiétudes
qu'inspire là situation de la France croissent de jour eu
jour. Les cercles bien informés croient que le duc de
Bordeaux, en ce moment Palcrmc, va venir Vienne.
Faits divers.
Un riche propriétaire d'Arras vient de mourir par suite
d'une circonstance fatale. 11 avait la bouche un inal
depuis longtemps rebelle aux soins de son médecin; il
s'adresse une femme de la campagne qui des guéri-
sons fréquentes ont attiré une certainc-'confiance; un
emplâtre est applique par elle sur la plaie; mais, par un
indicible malheur, le malade, en respirant ou en tous
sant, a avalé l'emplâtre, qui sans doute était composé de
substances corrosivés. Aussitôt des douleurs atroces se
sont manifestées dans l'estomac, et tous les secours de la
médecine ont été infructueux.
Bien des gens croient la fatalité, et avec quelque
raison. Un voyageur de commerce, de Lyon, M. lt...,
allait se marier, les bans étaient publiés. Deux jours
avant la célébration du mariage, les parens de la future
reçurent de M. R... une lettre, dont le résumé était
celui-ci Après bien des hésitations, je crois devoir
me décider rester garçon. J'ai perdu deux fois ma
fortune dans ma vie une fois par incendie; une fois par
naufrage. J'étais présent aux deux désastres des chemins
de fer de la rive gauche de Versailles et du Nord, Farn-
poux. La maison d'un de mes amis, sur les bords du
Rhône, près de Lyon; s'est écroulée pendant que j'y
étais. Tous ces faits et mille autres de ccgenrc, dont mon
existence est pleine, me prouvent que je suis vooe aux
calamités de tout genret J'ai le pressentiment que inon
mariage serait une cause de malheur pour ma femme,
quelque regret que j'en éprouve, décidément j'y renonce.
La famille de la jeune personne traita M. R... d'ori
ginal, de fou, mais la demoiselle, qui n'avait consenti
cette union, qu'avec une extrême répugnance, fut en
chantée.
Trois jours après, M. R... reçut un billet ainsi conçu
Vous avez bien fait de renoncer la main de M"0...,
vos jours étaient comptés... etc. L'auteur était un
amoureux de la demoiselle; qui se trouvaitéconduit et qui
aujourd'hui chance de l'épouser.
Rien n'égale le malheur de M. R..., si ce n'est son
bonheur de toujours s'en tirer sain et sauf.
État-civil d'Vprfj, du 25 Mars au 29 inclus.
Naissances sexe masculin, 4; idem féminin, G;
total, 10.
Décès Baelde, Albert-François, âgé de 77 ans, bou
langer, époux de Joséphine-Françoise Siiuocn, rue de
l'Étoile. Lahegre, Catherine-Joséphine, âgée de 74
ans, dentellière, célibataire, rue de Menin. Vuylstelie,
Charles-Joseph, âgé de 44 ans, charpentier, époux d'Amé
lie-Sophie Catry, rue de Menin.
Enfants au-dessous de 7 ans Sexe masculin, 5 idem
féminin, 4 total, 7.
Marché d'Ypreh du 29 Mars 1851
Les prix du froment ont monté de 20 centimes
l'hectolitre. 418 hectolitres se sont écoulés aux
prix de fr. i3-6o i5-8o eu moyenne fr. 14-70
l'hectolitre.
Une baisse de 40 centimes L'hectolitre s'est pro
duite sur les prix du seigle. 2» hectolitres ont été
vendus aux prix de fr. 10-20 11-20; en moyenne
fr. 10-70 l'hectolitre.
Il n'y a eu aucun changement dans les prix de
l'avoine. 34 hectolitres se sont écoulés aux prix de
fr. 7-5o 8-5o; prix moyen 8 fr. l'hectolitre.
Les prix des fèves ont monté de 80 centimes i
l'hectolitre. 7 I hectolitres se sont écoulés aux prix
de fr. 12-40 l'hectolitre en moyenne.
Les prix des pommes de terre n'ont pas changés
2,100 kilogrammes se sout vendus raison de 8 1rs
l'hectolitre en moyennes