JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
JV 1.033. - 10e Année.
Jeudi. 17 Avril 1351.
Vires acquint eundo.
INTÉRIEUR.
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Le PnoGRÈs parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Ypres, 1G Avril.
les dernières séances de la chambre.
Enfin, grâce Dieu, la Chambre a adopté le
projet de loi sur le crédit foncier, non sans un
accouchement laborieux, car l'opposition clé
ricale a fail^ humainement ce qui était possible
pour faire echouer un projet qui, venant d'elle,
eut fait résonner toutes les trompettes de la
renommée. Mais cette caisse qui a donné l'oc
casion la presse épiscopale, de lancer tant de
lourdes plaisanteries, était entachée d'un vice
originel, elle n'avait pas vu le jour sous des
auspices catholiques.
Or, comme il est de principe dans le camp
de l'opposition que rien n'est bon ni équi
table, n'est honnête ni moralmoins que la
haute prélatine n ait daigné faire connaître son
sentiment cet égard il s'en suit que tout ce
qui n'a pas passé par cette filière, ne peut man
quer d'être empreint de socialisme et de faire
supposer les plus détestables conséquences.
Avouons toutefois, et tous les hommes de
lionne foi seront de notre opinion, que le pays
-vient d'assister un triste spectacle. Jamais,
dans aucune discussion antérieure, l'opposition
n'a laissé percer cette antipathie profonde pour
tout ce qui est amélioration en fait de législa
tion et d'économie politique. On pourrait
croire qu'elle daigne au moins expliquer les
motifs de celle sainte horreur de tout ce qui
peut s'appeler une institution de crédit, mais
non, elle se borne nier les bienfaits qui doi
vent en résulter. Ce n'est pas plus malin qu'il
ne faut, mais les grands orateurs catholiques
se contentent de dire c'est mauvais, parce
qu'il nous convient de le proclamer ainsi.
Il faut bien que l'opposition ait la conscience
qu'elle défend Irès-uialadroitement une mau
vaise cause, puisque ses journaux se bornent
reproduire les discours des représentants con
traires l'institution de la caisse du crédit
foncier.
Quant ceux qui la défendent, on passe
leurs arguments sous silence et les Démoslhènes
(du parti catholique auraient I air d'avoir con
vaincu tout leur auditoire et réduit au silence
tontes les opinions favorables la caisse, si ces
feuilles pouvaient en même temps supprimer le
rouillât du scrutin qui constate qu'en définitive,
ce projet qui a soulevé de si pieuses colères, se
trouve adopté une grande majorité.
A Monsieur F éditeur du Pkogrès,
Quelques personnes, les unes par ignorance, les
autres par un calcul blâmable, se plaisent répandre
les bruits les moins fondés sur les causes du sinistre
qui, dans la nuit du 29 au 3o Mars dernier, a frappé
un de nos concitoyens.
A les entendre, le malheur que nous avons dé
plorer aurait été occasionné par le gaz d'éclairage.
Dans l'intérêt de la vérité,et pour empêcher qu'un
de nos honorables industriels nedevienne la victime
de rumeurs au moins hasardées, je viens vous prier,
VI. l'éditeur, de vouloir bien accorder une place
dans votre journal aux réflexions qui suivent.
11 est résulté d'une première inspection des lieux,
faite immédiatement après que l'on se fût rendu
maître du feu, que l'incendie n'a pas éclaté proxi-
'inité du tuyau h gaz, que le bec d'éclairage était
i intact, que le bocal qui le surmonte n'avait subi
aucune dégradation, que son robinet, ainsi que le
robinet de sut été étaient fermes.
Comment admettre, en présence de ces faits, que
ce soit la flamme du gaz qu'il faille attribuer l'ac
cident?
Le fluide gazeux ne peut pas non plus avoir
alimenté le feu, puisque, comme nous venons de le
dire, le robinet de sûreté était fermé, et qu'il fut
maintenu dans cet état pendant tout le temps que
dura l'incendie, bien que, aux termes des prescrip
tions posées dans l'accord intervenu entre le sieur
Valrke et la ville, les réverbères eussent été allumés
aux abords de la maison embrasée.
Reste examiner si l'incendie n'a point élé
provoqué par une fuite, comme le supposent quel
ques-uns.
Cette hypothèse est inadmissible, car les habitants
de la maison 11e se sont couchés que vers une heure
de la nuit, moment où il ne reste plus, par toute la
ville, d'hydrogène dans les tuyaux distributeurs, le
LU BgRRIgRS KIRVEN.
lb sanctuaire.
(suite.)
La reine se leva et, descendant les degrés de la cha
pelle, elle rencontra le vieil archer Kildcrkin, les uiaius
jointes, les yeux en pleurs.
Eh bien ma gracieuse maîtresse, dit le brave
homme, le Seigneur vous a-t-il consolée Il m'a
soutenue, mon ami, n'est-ce pas beaucoup Et moi,
nia souveraine, je le priais pour qu'il ne vous abandonnât
pas Fidèle ami, reprit Marguerite, le ciel ne doit-il
pas toujours t'exaucer, toi, le meilleur de ses serviteurs!
Oh que je vous eu supplie, 111a douce bienfaitrice,
puisque vous pensez que Dieu veut bien «l'écouter, ne
soyez pas moins bonne que lui, ne me refusez pas une
grâcequeje vous demande en pleurant comme un enfant,
et genoux comme un sujet respectueux. Il fut un
temps, mon pauvre Kilderkin, où l'on me demandait des
grâces; j étais reine alors, et je pouvais tout donner
aujourd hui, je ne suis que ton égale, moins la pureté de
la vie, sans reproehe. Mais parle; et, s'il est eu mon
pouvoir de le satisfaire, compte sur ce que je te dois.
Merci je resterai là, sur ees dalles, courbé sur mes
genoux, jusqu ce que vous m'ayez promis de quitter au
plus vite cet asile. -- Je ne le peux pas, je ne le peux
pas, dit la reine en faisant un pas pour s'éloiguer. Kil
derkin baisa le bas de sa robe et la retint. Madame,
au nom de votre enfant, ecoutez-moi, écoutez patiemment
un soldat qui a blanchi votre service...
La reine s'arrêta et regarda l'archer avec amertume et
bonté celui-ci reprit
Oh je sais bien, moi, que vousm'écoutercz... je ne
vous ai pas voué tant de fidélité pour que mon vieux cœur
me trompe, en tnc disant aujourd'hui quejevous sauverai
malgré vous. Madame, les grands qui vous entourent
joignent la vaillance le langage du dévouaient; ils vous
ont priée... vous les avez repoussés moi je ne vous
parle jamais, je vous sers en silence, vous êtes mon Dieu!
quand je vous vois heureuse, mon cœur est heureux, mon
visage l'annonce; quand vous êtes dans le malheur, je
soutire et je pleure quand il faut défendre, je donne
mon sang avec fierté Songez que je vous ai vue toute
petite, votre berceau, que je vous ai vu jeune reine
Westminster, queje vous ai vue sublime Atnboise, et
que je ne peux vous voir prisonnière Beauiieu Ma
bonne maîtresse soyez touchée, je vous en supplie Je
ne suis qu'uu pauvre vieux soldat que vous avez voulu
distinguer orphelin, j'ai trouvé dans ma reine une
mère, une famille, tout enfin et ce corps couvert de
cicatrices, les chérit, car chacune d'elles, acquise pour
vous, me rappelle un jour heureux. Mais ton atta
chement pour moi, pour mou fils, doit au contraire
m'engager ne pas quitter cette église où les réfugiés
n'ont rien redouter. C'est parce que je vous y sais
menacée queje me jette vos genoux. Le conseil que vous
ont donné les nobles lords est bon suive/-le.. fuyez
d'ici, madame, pour Dieu, fuyez... gagnez le Sommerset,
tâchez de péuétrer dans lus Galles, et, si la couronne ne
doit plus orner votre front, du moins nous conserverons
cette tète qui nous est si chère. L« ville a élé travaillée
robinet du tuyau-mère se fermant chaque soir
minuit; si donc il y avait eu fuite, ce n'eut pu être
que longtemps avant l'époque laquelle la famille
se retira, pour se livrer au repos, et, dans ce cas, elle
eût été suffisamment prévenue de la présence de
l'hydrogène, par l'odeur suffocante qui se serait
répandue par toute la maison.
Mais admettons que, par impossible, il y ait eu
une fuite de gaz, et surtout, une fuite assez abon
dante, pour occasionner un malheur; dans ce cas, la
catastrophe eut élé précédée d'une violente com
motion, la maison eût élé ébranlée, et, certes, ses
habitants, ou ne tussent pas couchés paisiblement,
ou eussent été violemment arrachés leur summeii.
De plus, l'incendie se serait alors déclaré simulta
nément eri plusieurs endroits la fois.
Et qu'on ne vienne pas nous dire, comme nous
l'avons entendu raconter très-sérieusement, qu'une
servante ayant allumé une bougie, au moment où
on l'éveilla précipitamment, elle vit l'atmosphère
de son appartement s'allumer inopinément; ce sont
Là des cou tes que la domestique en question, laquelle
on les attribuene soutiendrait pas, si elle était in
terpellée, car alors déjà l'incendie avait tait d'im
menses progrès, et se trouvait concentré, non pas
dans la chambre coucher de cette fille, mais loin
de là, dans une pièce placée au rez-de-chaussée.
Ajoutons enfin que, pour que les choses se fussent
passéescommeon le prétend, il eût fallu que la mai
son absorbât elle seule plus de dix fois la capacité
du gazomètre du sieur Valrke, et que toutes les
ouvertures en fussent assez hermétiquement fer
mée», pour que le gaz, malgré son ext rême subtilité,
ne trouvât aucune issue, pour se répandre au dehors.
En voilà assez, ce me semble, pour détromper les
plus incrédules, et si, après ces explications, il est
encore des gens qui continuent attribuer une
cause autre qu'à l'imprudence ou la fatalité, une
catastrophe qui nous a attristés, ce ne peuvent être
que des individus mûs par les sentiments d'une
haine irréfléchie, ou d'une opposition intéressée,
systématique et déloyale.
Nous déplorons surtout l'influence que de fausses
rumeurs peuvent avoir sur les esprits dans un
moment où une enquête de cornmodu et incommoda
est ouverte sur l'opportunité do doter, ou non, la
ville d'Ypres d'un éclairage convenable, et tel que le
possèdent depuis plus d'un quart de siècle toutes nos
jelesais, par un traître qui vous approche; vos jours sont
menacés... fuyez... oh, fuyez Tu accuses lort
un (le mes nobles amis, Kildcrkin, ton dévoùment t'égarc.
Madame, je 11e sais même pas son nom, mais le che
valier de Kerven vous instruira, fuyez avant tout... et
puisque vous renoncez si aisément votre royauté, songez
que Dieu vous ordonne de protéger votre enfant
Marguerite d'Anjou courba la tête; Kildcrkin baisa la
main qu'elle lui abandonnait, et, se relevant sans bruit, il
attendit respectueusement qu'elle eût achevdsa méditation.
Le prince de Galles, le lord de Saint-John, le duc de
Soinmcrset, le chevalier de Kerven et Ange de Lamorge
entrèrent dans l'église, s'approchèrent de la reine, et la
supplièrent de nouveau de suivre leurs avis. Marguerite
les écouta silencieusement, et sans changer d'attitude,
puis relevant tout-à-coup son beau visage, elle promena
ses regards énergiques autour d'elle, se retourna vers un
Christ en croix et s'écria de ce ton résolu qu'elle semblait
avoirabdique Vous le voulez, mon Dieu que vos volon
tés s'accomplissent!... Messieurs, ajouta-t-clle aux
armes, et bon courage
Qui donc a pu opérer ce changement, demanda
Ange ses deux jolies sœurs. C'est Kildcrkin. Ah!
mon vieux maître, dit de page l'areher, en lui serrant
la main, est-ce 111c sermonner que vous avez appris
l'éloquence? Le diable n'apprendrait-il pas un pater
avec vous, bel étourdi
Lesderniers Lancaslriensqui sorlirentdu temple furent
Henri et Margaret. Avant de franchir le seuil, ils se
retournèreut vers 1 autel et se dirent d'un même cœur
Toujours
{La suite au prochain iV°