N° 1.040 10e Année.
Joiull. 24 Avril 1851.
JOlILYtL D'YPRES ET DE LlItUOYDlSSEHENT.
Vires acquint eundo.
INTÉRIEUR.
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Yprf.s, 23 Avril.
LE PARTI CLÉRICAL PLIS ALDACIELX
OLE .1 AVIAIS.
Si l'imputation qu'on a faite aux revenants
de l'émigration, en 18L5. qu't/s n'avaient rien
appris, ni rien oubliéest vraie, elle est encore
plus juste appliquée au clergé. Jusqu'en 11147.
en Belgique, il occupait le pouvoir par personne
interposée. Les De Theux les Malou, les De-
champs n'étaient que ses agents et ses agents
serviles; toute leur science administrative con
sistait favoriser scandaleusement au dépens
de I Étatc'est-à-dire de tous les citoyens, la
caste cléricale ses tenants et ses aboutissants.
Une élection a débusqué ces éhontés serviteurs
du clergé et, arrive la révolution de 1848, tout le
parti rentre sous terre. Deux hommes d'état soi
disant catholiques ne pouvaient se rencontrer,
sans s'embrasser en signe de joie et de satisfac
tion, de ne plus sentir peser sur leurs épaules la
responsabilité du gouvernement de la Belgique.
Qu'on veuille se remémorer ce qui a eu lieu
en France, avant la chute de la dynastie de
Louis-Philippe. Le clergé n'était—il pas un ad
versaire acharné du gouvernement de la branche
cadette. Sa lutte contre l'Université, son alliance
avec le légilimisme n ont-elles pas préparé et
secondé le cataclysme révolutionnaire et rendu
l'avènement de la république possible. Le prê
tre, au lieu de calmer les passions et de se
renfermer dans son saint ministère, ii a-l-tl pas
soufflé partout le froid et le chaud. Il est vrai
que la révolution éclatée, il s'est misa bénir de
la meilleure grâce (lu monde, les arbres de la
liberté dont on ornait les rues de Paris.
Lh bien! ces mêmes hommes susceptibles de
jouer tous les rôles, tour tour révolutionnaires,
conservateurs, absolutistes, despotes, ullramon-
tains, relèvent aujourd'hui la tête et sont
l'œuvre pour préparer les éléments d une révo-
lulion future. Nulle part on nepeut suivre plu»
facilement leurs menées qu'en Belgique, car
dans noire patrie, ils sont plus libres, aucune
entrave ne les gêne. Aussi se moquent-ils
ou vertement des lois civiles du pays et écrivent-
ils, qu'ils ne connaissent d autre guide que le
Pape qu'ils ont soin d'enlourer et d'emmailloter,
de manière ce qu'avec les meilleures iulen-
la bose ri.a.nche.
(suite.)
A cette répense du traître, le comte s'écria Il ne
vous reste, madame, qu'à chercher un refuge dans l'église,
car avant un quart d'heure la ville sera emportée.
La reine attacha sur le moine un regard douloureux
Qui vous a enseigné la guerre demanda-t-eile avec
douleur. Fuyez, vous dis-je, répondit le comte.
Non, s'écria la noble femme, je veux mourir ici comme
sur un trône! Puis, tombant genoux et joignant les
mains, elle ajouta, les yeux en pleurs Seigneur, sauvez
mon fils, sauvez mon pauvre enfant Vous n'êtes pas
seule trembler pour un fils, madame, les guerres que se
font les rois coûtent bien des larmes aux peuples Voyez
ce carnage Et comme la reine regardait le comte avec
surprise, celui-ci retourna près de 1 embrasure, et s'ac
couda, sans dire un mot, sur le canon qui ne tirait plus.
Les Laucastriens, accablés par le nombre et livrés
eux-mêmes,avaient rompu leurs rangs, les soldats avaient
pris la fuite, les chefs seuls s'étaient réunis et tenaient
lions, il n'estqu'un mannequin dout ils tiennent
les ficelles.
Il n'est pas inutile d'attirer l'attention de
l'opinion publique sur les allures de la haute
prélature de notre pays. Le clergé, nous l'avons
dit et redit, et mesure que nous nous éloi
gnons de 1830. nos prédictions se confirment,
a une organisation autant politique que reli
gieuse. La fameuse séparation de l'état et de
I église dont ou faisait tant de bruit en 1830,
n'était qu'un leurre, mis en avant par quelques
prêtres, mais avec l'intention bien arrêtée de
la part des sommités du parti, d'escamoter,
s'ils le pouvaient, cette prescription constitu
tionnelle. Aussi voyez avec quel mépris les
feuilles cléricales s'expriment au sujet de cette
indépendance du pouvoir civil. Elles disent
ouvertement que le spirituel doit dominer le
temporel, que l'autorité civile ne doit être que
lesclave de l'autorité spirituelle, car, leurs
yeux, leurs palronssontlaseuleaulorité, il n'en
existe pas d'autre. Le joug qu on tente d'imposer
de nouveau aux peuples, sous prétexte d'échap-!
per aux révolutions, serait h dégradation de
I humanité et les bûchers de l'inquisition se
raient de nouveau un signe de la civilisation
cléricale.
Qu'on apprécie toutefois le machiavélisme
de la tactique du clergé. Du moment qu'il do
mine, toutes les richesses, les ressources d'un
pays sont aspirées par lui. En minorité il
mine, il sape toutes les institutions, désaffec-
lioiine les populations, souffle l'ambition chez
celui-ci, attise les feux de l'envie chez celui-là,'
sème la désunion, brouille tout le monde par:
ses intrigues et ses menées, et finalement quand
un cataclysme éclate, que le danger est mena
çant, il rentre subrepticement dans l'église et
en ferme les portes pour ne pas voir l'émeute,
eu disant hypocritement .Mon royaume n'est
pas de ce monde.
Sous prétexte de charité, il voudrait créer de
nouveau des couvents. Pour les enrichir sans
faire gloser, ce seraientdes hôpitaux et des hos
pices Mai» une première occasion favorable,
on mettrait les malades la porte et le couvent
serait fait.Qu'on ne dise pas que cela ne se peut
pas, que ce sont des chimères comme autrefois
les jésuites. Telle a été autrefois l'origine d uo
grand nombre de couvents et le:; mêmes causes
produiraient les mêmes effets, si l'autorité civile
bon. Jeanne et Margarct, effrayées des prédictions du
comte, promenaient sur les combattants leurs regards
voilés de larmes... Elles aperçurent Ange et Henri qui se
tenaient côte côte et qui entouraient le prince de Galles.
Le comte de Kerven s'approcha de Margarct, et lui dit
Votre fiancé va mourir puis il la regarda d'un œil
qui semblait vouloir fouiller son cœur.
La pauvre fille baissa la tète et fit entendre un sanglot
déchirant. La lâcheté, la trahison de Wenlock causent
vos malheurs reprit le comte s'il sortait de sa position,
quoiqu'il soit bien tard, tout pourrait encore être sauvé
mais...
Margaret se redressa vivement, s'élança hors du chariot,
et courut la barrière où se tenait le lord Wenlock; ses
pieds légers et délicats touchaient peine le sol; et, bra
vant les traits qui se croisaient sur sa tète, la généreuse
jeune fille s'avança hardiment jusqu'au chef qui, écarté de
ses soldats, regardait attentivement les progrès des
Yorkistes. Mylord s'écria mademoiselle de Rosières,
la reine vous ordonne de courir la rencontre de nos
troupes. Par saint Georges dit Wenlock en riant, vous
êtes un chevalier de belle façon, Mademoiselle.
Margaret sentit le sang lui monter au visage. Ne
ne surveillait ces escamotages charitables. Du
reste, la dotation payée au clergé par le pays, bien
qu'elle s'élève six millions de francs, semble
nos prélats, trop minime pour qu'ils puissent
donner carrière toute leur ambition. Sous
prétexte de charité, d'aumônes et de bienfai
sance, ils pourraient disposer de ressonrses
immenses sans contrôle et c'est l'explication la
plus rationnelle et la plus vraie des attaques
perfides qu'on lance journellement au ministre
de la justice, qui a mis le doigt sur la plaie et
démasqué les vues secrètes et intimes du clergé.
Après 1830. le clergé, émerveillé de son
œuvre, avait fait inscrire dans le pacte fonda
mental, la liberté de la presse, espérant, l'aide
des journaux édités sous son patronage et ré
digés par des prêtres, tuer par la concurrence
les mauvaises gazettes de ses adversaires. L'ex
périence a fait voir qu il avait fait un faux
calcul et aussi n'a-t-il pas reculé devant la
défense, au nom de la religion, de la lecture de
certains journaux, après avoir réclamé cor et
cris, la liberté de la presse, quand il n'en
jouissait pas lui-même.
Reste la liberté de l'enseignement, dont il
était grand partisan, quand elle démolissait les
institutions de l'état et permettait d'en établir
sur leurs ruines. L'état a voulu avoir son ensei
gnement lui, pour contrebalancer celui donné
par le clergé, et dès ce moment le prêtre se
met au-dessus des lois; lui, ministre d'une re
ligion qui n'a jamais refusé l instruction reli
gieuse ni au sauvage ni au criminel, la refuse
la jeunesse belge, sous des prétextes futiles,
qui laissent voir clairement que, sous apparence
de doctrines, il ne s'agil, de la part du clergé,
que d'un plan de campagne pour asservir le
pouvoir civil.
Résumons-nous. Les feuilles cléricales crient
contre les mauvaises doctrines, injurient Vol
taire, Rousseau, Helvétius, dont les noms sont
oubliés et dont les œuvres sont rarement lues.
Mais ce n'est qu une lactique pour détourner
l'attention et reconquérir, au profit du clergé,
la direction de la sociélé qui lui échappe.
Pour y arriver, il ne recule devant aucun
moyen, met le feu aux quatre coins d'un pays,
sème le trouble et récolte des révolutions,
comme en 1830, en Belgique, et en 1848, en
France. Aujourd'hui, nous le disons avec con
viction et nous l'avons prouvé, le clergé est,
voyez-vous pas, Mylord, que votre inaction nous est
fatale Elle fait, dans tous les cas votre fortune... Le
duc de Clarence... Traître lâche s'écria la
pauvre femme avec horreur. Allons, comtesse de
Kerven, arrière! murmura Wenlock... Oui, jesuis traître,
puisque vous l'avez dit... oui, je hais-votre chevalier...
oui, je hais tous les Lancastres... oui, je hais votre beauté!
oui, je vous ai vendus, vous au duc de Clarence, et votre
fiancé Edouard d'York...
Margaret tomba évanouie, le lord la poussa du pied, et
se remit examiner froidement la déroute de ses com
pagnons. Seigneur Dieu s'écria tout-à-coup la reine
Marguerite, qui n'avait pas perdu de vue son fils depuis
qu'elle 1 avait aperçu ils vont le tuer Le voilà renversé!
il est mort Oh pitié, pitié, pour lui, grâce grâce
Et elie perdit connaissance dans les bras de la mar
quise de Courtenay.
Le duc de Sommerset était enfin parvenu la première
barrière. Le prince de Galles étant tombé, les chefs le
crurent mort et se jetèrent pèle-mèle dans le camp pour
en défendre l'entrée.
Le massacre fut horrible, et les soldats d'York arrivè
rent dan- les lignes laneastiriqaoes en même temps que