EXTÉRIEUR.
Nous avons annoncé le dénouement de la
crise ministérielle. Interpellé hier par M. Savart
propos de l'article dans lequel VIndépendance
annonçait la fin delà crise, M. Rogier a déclaré
que le cabinet, en retirant sa démission, cède
au désir exprimé par Sa Majesté, défaire cesser
nue situation anormale qui ne dure que depuis
trop longtemps et dont le inoindre inconvé
nient est d'entraver l'expédition des affaires
un tel point que les chambres seront peut être
obligées de prolonger leur session dun mois.
L'Observateur fixe au 20 ou au 25 de ce
mois la convocation de la chambre des repré
sentants, nous ne voyons pas ce qui pourrait
nécessiter une aussi longue vacance. Trop d'in
térêts graves sont engagés dans les questions
lordre du jour pour que le gouvernement
veuille en] ajourner la discussion.
V Émancipation prétend que le ministère
demandera un droit sur les successions en ligne
directe, non pas titre de droit de succes
sions, mais seulement titre de droit de mu
tation.
Nous croyons savoir, dit ce sujet I Ob
servateurqu'il n'est pas le moins du monde
question des modifications dont parle le jour
nal de MM. Malou et de Muelenaere. C'est une
de ces inventions dont ce journal a été si pro
digue depuis le commencement de la crise
ministérielle. {Gazette de Mons
Le général Changarnier a prononcé dans la
séance d'avant-hier quelques mots qui ont pro
duit une sensation plus profonde s il est pos
sible, que le discours présidentiel du banquet
de Dijon.
Profondément pénétré du sentiment de sa
propre dignité, l'armée, a-t-il dit, ne désire pas
plus que vous voir infliger la France les misè
res et les hontes du gouvernement des Césars
alternativement imposé ou changé par des
Prétoriens en débauche.
On comprend comment ces paroles ont été
accueillies par tous ces hommes que le discours
de Dijon avait profondément blessés. La gauche
surtout et l'extrême droite qui se croit plus par
ticulièrement désignée dans le speech de Louis-
Napoléon, ont applaudi avec enthousiasme.
Voici, selon Y Assemblée Nationalela phrase
dont le fameux discours a été expurgé:
Quand il a fallu faire de la compression
en ne m'a rien refusé, j'ai rencontré le concours
le plus complet; mais quand j'ai voulu soulager
les misères, donner une vaste impulsion aux
travaux de chemins de fer, secourir les vieux
soldats de l'empire, assurer l'avenir de la démo
cratie, je n'ai trouvé qu'indifférence et tiédeur.
Les banquets sont ma tribune moiet j'en
use. Si la France trouvait quon n'a pas eu le
droit de disposer d'elle sans ellemou énergie ne
ll'l vers pas défaut.
Si la phrase soulignée a été dite, elle est un
appel un mouvement populaire contre l'as
semblée, elle offre un chef l'insurrection
contre le pouvoir légal.
Du reste, on s'efforce par tous les moyens
possibles d'atténuer l'impression produite par
la sortie présidentielle. La séance d'avant-hier
dans laquelle le parti bonapartiste a dû revenir
sur ses pas et désavouer en quelque sorte les
paroles du président a été surnommée la
la journée aux semellesles partis ont ri, ils
ont été peu près désarmés.
On lit dans le Libéralde Tournay
Il n'est pas un honnête homme qui n'ait
frémi d'indignation la lecture des lettres pu
bliées par le Courrier de l'Escaut surie procès
des époux de Bocarmé. Ce journal ne se con
tente pas, comme ses confrères, de rendre
compte de chaque séance des assises. Véritable
procureur du Roiil discute il commente les
dépositions des témoins, il en déduit la preuve
de la culpabilité des accusés.
Nous le répétons, cela révolte, car ce n'est ni
digne, ni loyal; chacun se demande comment
il peut se faire que les époux de Bocarmé se
soient attiré la haine de ce journalcar c'est
la haine que l'on attribue celte méprisable con
duite. Un journaliste se faire accusateur! char
ger des accusés! les faire passer pour coupables!
et cela même où le glaive de la justice est sus
pendu sur leurs têtes, oh! on ne l'a jamais vu,
on ne l'eût jamais cru possible, car on n'eût
jamais osé soupçonner tant de uoiiceur même
chez un ennemi mortel.
Quand nous sommes témoins de pareils faits,
nous sommes tentés de désirer que l'on étouffe
la liberté de la presse, qui nous est cependant
bien chère.
Cour d'assises de la Flandre occidentale.
Audience du juin.
Le nommé Jean De Cock, fils de Jean âgé de a4
ans, ouvrier de fabrique, néet domiciliéà Harelbeke,
convaincu devoir commis le crime de viol sur la
nommée Octavie D'ileygers, cultivatrice Deerlyk,
a été condamné sept années de réclusion, l'expo
sition, et rester, aprèsavoir subi sa peine, pendant
sept années sous la surveillance spéciale de la police.
Audience du S Juin.
Le nommé Jean Hooglie, fils de Pierre, âgé de 4<
ans, tisserand, domicilié Ghils, accusé d'avoir mis
volontairement le feu dans la grange de la ferme
occupée par la veuve Staelens. Deerlyk, dans la
maison habitée par le sieur Ives Vandeghinst et dans
la grange de la ferme occupée par Jean Callewaert,
a été condamné la peine de mort, dont l'exécution
aura lieu sur uue des places publiques de la ville de
Bruges.
FRANCE.Paris, 3juin. M. Thiers est
Londres; ou attend de grandes choses de ce voyage.
M. Thiers, ce qu'on dit, aurait le projet de se
mettre d'accord, en ce qui touche la fusion, avec
Vlm* la duchesse d'Orléans et le prince de Joinville,
d'autres prétendent qu'il va plaider auprès de ce
dernier, la conservation de la loi du 3i mai, la
quelle il serait exposé, comme la seule qui puisse
faire réussir sa candidature la présidence de la
république une fois ies lois de prescriptions, reti
rées. Enfin, il est des gens qui disent que le but du
voyage de M. Thiers est de dissuader les princes de
se prononcer nettement sur la fusion; M. Thiers,
dit-on, doit être de retour la fin de la semaine.
Le discours de Dijon était hier au soir l'objet des
conversations, dans toutes les réunions parlemen
taires après avoir été l'ordre du jour dans les
couloirs et dans la salle des conférences de l'assem
blée. Les légitimistes surtout se montrent irrités,
croyant que les mots factieux, intrigues et manoeu
vres s'adressent exclusivement eux. Les plus
exaltés de ce parti reprochaient vertement la
majorité de n'avoir travaillé que pour le compte du
bonapartisme, et trouvent, dans cet incident, un
nouveau prétexte pour insister sur la révision tota
le, se fondant en ce que tout autre rédaction ne
signifierait que: Bonaparte, dictateur.
A en juger par l'attitude des républicains, le dis
cours du président n'a pas produit, surçux, le mémo
effet que sur la majorité. Ou riait beaucoup hier,
on raillait les fractions monarchiques et la perspi
cacité des burgraves. On rappelait le mot de M.
Mathieu (delà Drômc) lors de l'interpellation de
M. Horvyn Trancher La majorité a été punie par
là, où elle a péché.
On dit que deux commissions choisies simul
tanément par les membres des réunions de la
rue de Rivoli et des Pyramides se sont rendues hier
au soir chez M. Dupiu pour le prier de renseigner
ses collègues sur ce qui s'était passé! Dijon. L'hono
rable président de l'assemblée nationale, tout en
blâmant ce qu'il avait vu de ses yeux, entendu de
ses oreilles, aurait engagé les membres de la majori
té au calme et la modération, si nécessaire en ce
moment.
Les pointus de tous les partis parlementaires sont
vivement irrités contre M. Dupin, qui, disent-ils,
comme président de l'assemblée, aurait du répondre
sur le champ au discours du prince président, par
une protestation.
On assurait hier, Dijon, que c'était M. de
iVIontalemhert qui avait obtenu du président de la
république, les modifications apportées son
discours.
Hier soir, huit heures et demie, M. le président
de la république était de retour de Dijon, où il
s'était rendu pour la cérémonie de l'inauguration
de la section dn chemin de fer de Tonnerre Dijon.
Partout, sor son passage, le président de la républi
que a été accueilli, par les populations empressées,
avçc les marques les plus vives d'affection et de
respect.
Au départ ainsi qu'au retour, tous les corps de la
garde nationale et des troupes de ligne ont été pas
sés en revue par le président de la république.
Un temps superbe a favorisé les fêtes brillantes
offertes par la ville de Dijon au président. L'inaugu
ration de cette nouvelle section du chemin de fer de
Lyon laissera de longs et heureux souvenirs dans le
pays parcouru, pendant ces deux journées, par le
président de la république. A son arrivée au
débarcadère du boulevard Mazas, M. le président
de la république a été salué des bruyantes acclama
tions de la toule qui attendait son retour.
M. Dupin aîné, président de l'assemblée, a eu
hier une conférence très-longue l'Élysée. Il s'agis
sait probablement des nouvelles difficultés que va
soulever le discours prononcé au banquet de Dijon.
M. Dupin n'a pas dissimulé, dit-on, que les attaques
adressées l'assemblée allaient encore accroître les
difficultés de la révision.
Paris, le 4 juin.
On assure que de nouvelles arrestations ont été
faites, la suite de mandats décernés par le juge
d'instruction qui poursuit l'affaire des Bulletins de
résistance quelques perquisitions seraient en outre
opérées par la police chez les individus soupçonnés
d'être en correspondance avec les agitateurs de
Lyon et de Strasbourg. r
M. le ministre des affaires étrangères a renouvelé,
il y a trois jours, la protestation du gouvernement
français, contre le projet d'incorporation de toutes
les provinces autrichiennes dans la confédération
germanique cette protestation a été adressée aux
cours de Vienne, Berlin, S* Pélersbourg.
Chaque fois que la majorité est sur le point de se
diviser, le cabinet intervient avec une loi réaction
naire, pour constituer le faisceau de ses adhérents.
Le discours de Dijon avait irrité les légitimistes et
les vieux amis du gouvernement parlementaire
cette irritation s'était manifestée et dans les applau
dissements donnés l'autre jour au général Changar
nier, et dans le scrutin d'hier pour la nomination
des questeurs, scrutin si agressif pour l'Élysée. Vite
M. Faucher accourt la tribune il tient la main
un projet de loi qui porte atteinte la liberté des
citoyens il demande la prise en considération
d'urgence. Cette prise en considération est votée, et
le grand parti de l'ordre est sauvé.
M. Léon Faucher n'a pas fait autrement aujour
d'hui, et la manœuvre a réussi comme toujours.
Un projet de lui a été déposé aujourd'hui qui tend
faire proroger la loi sur les clubs.
Envaiu M. Pierre Leroux a-t-il averti l'Assem
blée; en vain lui a-t-il rappelé qu'elle donnait
complètement raison au discours de Dijon, la prise
en considération d'urgence a été votée une grande
majorité. La liberté de la parole va donc être inter
dite encore une fois; mais en revanche la liberté
d'écrire continuera de ne pas être rendue.
Les salles du Musée, fermées depuis quelques
mois pour cause de restauration, ont été réouvertes
ce matin et honorées de la visite de M. Bonaparte,
jaloux de donner k M. de Niauwerkerke, un témoi
gnage tout particulier de sa haute bienveillance.
Tout le inonde a été surpris de voir M. Bonaparte,
qui était en habit noir, placer sa voiture sous l'es
corte d'un peloton de carabiniers.
M. Bonaparte a été reçu par |M. Léon Faucher,
des discours ont été échangés. Dans sa réponse, M.
Bonaparte a prononcé la phrase suivante: Je me féli
cite que l'inauguration de cet important musée ait
été faite par un ministre qui a tant de titres ma
confiance et ma reconnaissance. Le eoup de
soleil a été tel que M. Faucher n'y a plus vu clair.
Des invitations de se rendre la cérémonie avaient
été adressées M. Dupin et au bureau de l'Assem
blée. Mais ils ont jugé qu'ils devaient s'abstenir, pour
ne pas être exposés un nouveau discours de Dijon.
M. Dupin s'est excusé en disant qu'il partait pour
Londres. Il doit être de retour lundi.
MM. Berryer et Falloux se sont encore multipliés
aujourd'hui dans la salle et dans les couloirs pour
raccoler leurs soldais délinquants. Vers cinq heures
lin conciliabule de burgraves dans lequel s'agitaient