JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N° 1.061. 11e Année. Dimanche, 6 Juillet 1851.
Vires acquirit eundo.
INTÉRIEUR.
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Ypres, 5 Jtuillct.
Le remarquable discours par lequel M. le
gouverneur de la Flandre occidentale a ouvert
la session du conseil provincial, est richê de
renseignements, dont l'exactitude rigoureuse
repose sur des chiffres, il est riche aussi d'idées
larges el progressives.
M. le gouverneur a déterminé les causes.de la
crise qui depuis quelques mois a frappé l'indus
trie linièie, et dont la principale est la cherté
du fil el la difficulté de s'en procurer, difficulté
queles traités de commerce accroissent encore.
L'activité de nos populationstriompherade cette
difficulté. Quant aux conventions internationa
les, elles deviendront nqoins importantes me
sure que l idée de la liberté commerciale, vers
laquelle chaque peuple est irrésistiblement
entraîné, se développera et passera l'état de
réalité.
M. De Vrière cite des chiffres intéressants sur
les charges locales dans les campagnes, sur la
diminution de. la mendicité dans ces derniers
temps; il parle avec éloges de l'établissement de
Ruysselede et dit qu'il est destiné résoudre le
problême de la substitution des colonies agrico
les, qui doivent remplacer dans l'avenir l'odieux
syslême de l'enlrelien des vieillards et des
enfants par adjudication au rabais; il nous
apprend aussi que la bienfaisance ne s'est point
inlentie Les legs el donations ont dépassé
pendant l'année 1B50 la moyenne de la période
décennale. Ce fait répond bien des allégations
mensongères.
M. le gouverneur recommande encore aux
mandataires de la province de populariser la
nouvelle institution de la caisse générale de
retraite, qui doit assurer l'ouvrier actif el
rangé une vieillesse tranquille et l'abri de la
misère. La question des baux termes et
l'enseignement industriel professionnel ne sont
point oubliés dans ce remarquable discours où
sont passées en revue toutes les branches de la
prospéi ilé publique et indiqués tous les moyens
de les faire fructifier.
LUS ©iEOTœ BŒRWEN.
le pardon.
(suite.)
Le comte laissa tomber sa tète dans ses deux mains et
demeura silencieux.
Cher pcrc, dit le page au sire de Lamorge, lu as
reçu ma confession l'auberge du Paladin, l'an dernier;
veux-tu la recevoir aujourd'hui
Nous ne nous sommes revêtus du caractère sacré
que pour tromper les meurtriers, mon enfant; afin que
vous puissiez paraître devant Dieu, il faut qu'un prêtre
vous écoute et vous bénisse... J'entends venir le porte-
clefs il a reçu mes instructions, et le révérend père Green,
prévenu par mes soins du secret de notre déguisement,
va remplir ici son saint ministère.
Le geôlier se présenta en effet, suivi de l'aumônier de
la Tour qui salua les prisonniers et les h|ux pèlerins.
Nous vous cédons la place, mon père, dit le comte,
vous avez eu pitié de quatre infortunés en vous prêtant
un innocent artifice; c'est en Dieu que j'espérais; quand
je me fiai votre charité.
Revenez dans deux heures, mon frère, dit le prêtre,
et je n'interromprai plus votre triste bonheur... allez...
prenez courage...
Le comte et le sire de Lamorge sortirent de la cellule,
après avoir embrassé leurs enfants et baisé la robe de
l'aumônier.
ingi n
A quelque chose malheur est bon
Si la chambre n'avait pas rejelé la condition
du serment, si nous n'avions pas eu de crise
ministérielle, nous n'aurions obtenu qu'une loi
mutilée, dont le rapport aurait été insuffisaut
pour rétablir l'équilibre dans les finances.
Le vote de samedi est u n vote trois fois
heureux
L'adoption des droits sur les successions
témoigne de l'intention d'asseoir désormais les
impôts sur des bases plus équitables, en substi
tuant le principe de l'impôt direct au principe
de l'impôt de consommation.
L'impôt sur les successions est équitable, il
est démocratique.
Le vote de la chambre a encore ce résultat
heureux qu'il fait cesser le malentendu qui
avait divisé la majorité, et qu'il a reconstitué
celte majorité plus forte que jamais.
Il est vrai que ce vote arrachera des larmes
la presse cléricale, car il a défait en quelques
minutes le pénible et laborieux travail auquel
elle et son parti s'étaient livrés pour diviser la
majorité. Ils avaient espéré retenir dans leurs
eaux les quelques libéraux qui s'y étaient un
instant égarés, et voilà qu'ils leur échappent
Nous les plaignons d'avoir dépensé tant de
paroles et d'encre en pure perle.
M. Dedecker, l'honnête homme que chacun
connaît et honore, qui ne connaît qu'un guide,
sa conscience, a voté avec la majorité. 11 a
appuyé son vote de ces belles et bonnes paro
les que nous aimons reproduire:
Je soutiens ce principe, parce qu'il me paraît juste
parce qu'il est des plus simples, et qu'il est souveraine
ment équitable qu'à chaque passage de la propriété d'uno
tète sur une autre, l'Etat prélève le prix de la protection
qu'il assure et cette propriété et aux héritiers.
On parle toujours de la propriété mais les gens qui
n'ont d'autre propriété que leur travail sont bien imposés
avant même de s'être mis au travail
L'impôt de consommation atteint un millier de pauvres
pour un riche
M. Dedecker sent très-bien que ce sont là
des vérités, des sentiments que le parti qui
l'exécution.
Deux heures après l'introduction de l'aumônier dans la
cellule des prisonniers, le geôlier Burn ouvrit, de nou
veau, la porte au comte et au sire de Lamorge.
Vous m'aviez confié deux chrétiens, dit le prêtre, ce
sont deux saints que je vous rends; leurs âmes n'ont plus
besoin de guide pour monter Dieu; leur courage n'a
pas besoin d'exhortation pour souffrir. Jleurcux qui peut
échanger, comme eux notre vie douloureuse contre la
vie éternelle; vous êtes seuls plaindre ici, mes frères,
si la gloire qui va couronner vos enfants ne vous console
pas déjà de leur mort.
La bonté du maître est égale pour tous, répondit le
comte, et sa grâce se répandra sur nous qui chercherons
la mériter.
Dans quelques heures, vous serez séparés main
tenant ma mission est peu près remplie... Demeurez
près des condamnés, el récompensez leur vertu par l'ex
pansion de votre tendresse; quand le moment fatal sera
venu, je me joindrai au cortège, et ma présence autorisera
la vôtre, puisque vous persistez dans vos intentions malgré
ma prière.
Avez-vous donc le projet de nous accompagner
jusqu'à l'échafaud, dit Ange au sire de Lamorge, aussitôt
que le prêtre fut sorti.
Après t'avoir suivi pas pas, pendant plus d'une
année, cher enfant, veux-tu que nous manquions de fer
meté pour accomplir notre dernier devoir
Monseigneur, interrompit le chevalier en s'adres-
s'intilule catholique ne devait pas laisser au
libéralisme l'honneur de proclamer.
Grâce l'adoption du système du gouverne
ment, les pouvoirs constitutionnels assurent
l'équilibre de nos finances el la continuation
du travail national. Ils font plus, ils affernissent
le crédit de l'Etat, et désormais nous pouvons
bannir toute crainte relativement aux contre
coups des événements qui peuvent surgir dans
un pays voisin. Si de ce côté parlait de nou
veau le signal de la dépréciation et du discrédit
des valeurs publiques cette dépréciation
n'atteindrait pas la Belgique; car elle est dès
aujourd' hui comme une bonne maison au
courant de ses affaires, laquelle tout le monde
s'empresserait d'accorder crédit et dont la
signature aurait cours, au besoin, sur tous les
marchés financiers de l'Europe.
On lit dans la Revue de Namur, du lr Juillet
Sous le titre interrogatif de qu'est-ce que la méthode
appliquée a l'enseignement moven? M. Ch. Vcrcamer,
professeur au collège communal d'Ypres, vient de publier
un volume in-12, de 4 52 pages qui, après une simple
lecture, assez rapide, nous a paru rempli d'idées nouvelles
sur la matière. Ce livre est avant tout l'œuvre d'un esprit
porté l'élude delà philosophie; aussi l'auteur part-il
de ce principe que découlant de l'irréfragable évidence,
ne s'adressent qu'à noire libre spontanéité, la philoso
phie, bien entendue, seule, sait nous gouverner el diriger
en souveraine.
Il pense aussi et avec raison que l'étude des langues,
tant anciennes que modernes, ne peut avoir d'autre but
que le perfectionnement de l'esprit humain. Il propose
donc comme véritable marche adopter dans l'enseigne
ment de n'importe quelle langue l'explication ou l'étude
seule des auteurs. Pour le développement de ces idées
nous renvoyons au livre de l'auteur, et nous croyons
pouvoir assurer du succès cet ouvrage qui ne peut pa
raître dans un moment plus opportun que celui où nous
sommes, c'est-à-dire la veille de voir mettre exécu
tion la loi du 1 juin 1850.
Nous reviendrons probablement sur ce livre inté
ressant.
—M.OUU ULU«
Les habitants de Domines Houlhem War-
nêlon, el autres communes de l'arrondissement
d Ypres, ont adressé différentes requêtes la
Chambre des représentants pour demander qu'il
soit établi un droit plus élevé sur les tabacs
santàson père, je vous supplie genoux de vous épargner
un supplice plus cruel que le mien Non, vous n'assis
terez pas ma mort, jurez-le-moi.
Ne me demande pas un serment pareil, répondit le
comte avec calme; il serait indigne d'un Kcrven; je dois'
avoir et j'aurai toute espèee de courage... Ce sera moi qui
recevrai ton dernier mot, ta pensée dernière... Hélas
la nature ne le veut pas ainsi cependant, et ma vieillesse
devait compter sur toi pour son tombeau...
N'accusez pas la destinée,, mon bon père, elle vous
a fourni l'occasion d'être sublime envers moi, et le cou
pable repenti n'a trouvé qu'iudulgcnce et grandeur d'âme
en vous, lorsqu'il méritait votre colère... Ali si j'avais
écouté vos tendres conseils, vos avis paternels que ma
vie eût été douce et heureuse Cher seigneur, je vous
vois encore prenant mon bras et faisant votre promenade
journalière sur la terrasse de Kerven, lorsqu'un cavalier
s'avança sur le pont-levis c'était le lâche Wenlork...
Assez, assez, enfant, interrompit le comte qui cacha
son front da'ns ses deux mains.
Ange se rapprocha de son frère, et s'assit près de lui,
sur la paille, en tenant son père embrasse.
Vous me montriez les belles collines qui entourent
le vieux manoir, continua le chevalier, vous compariez la-
vie agitée du monde 1 existence paisible que 'e ciel offre
aux sages; vous me laissiez lire quelques-uns des secrets
renfermés dans votre âme, et me faisiez pressentir tous
nies malheurs Ange cher ami, quelle a été notre folie!
Nous avons fui la tendresse de ces deux bienfaiteurs, nous