JOCItiYAL D'YPHES ET DE L ARRONDISSEMENT.
N° 1,064. 11e Année.
Jeudi, 17 Juillet 1051.
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Ypres, 16 Juillet.
Une question grave et qui est du- plus haut
intérêt pour les deux Flandres, sera agitée pen
dant la présente session du Conseil provincial.
Nous voulons parler du choix des projets de
travaux exécuter pour l'évacuation des eaux
surabondantes de la Lys et de l'Escaut. Des
études ont été faites par les ingénieurs des deux
Flandres, MM Gerardot deSermoiseel YVolters.
Nous ferons ^connaître brièvement quels sont
les plans de ces deux ingénieurs en chef, en
commençant par celui du premier.
M. Gérardot de Sermoise propose l'exécution
complète du canal de Deynze Schipdonck, le
déversement des eaux dans le canal de Bruges
Gand, et l'approfondissement et le redresse
ment de cette voie navigable le recreusemenl
du canal de Bruges l'écluse dit canal de
Damme. Comme il débouche dans la mer sur
le territoirecet ingénieur propose d'opérer
l'écoulement des eaux dans le Ztcynpar
l éc!use du Hazegras.
Comme il est facile de le voir, par ce rapide
aperçu, ce plan ne crée rien de neuf et se borne
améliorer ce qui existe. Il doit coûter
3,500,000 francs.
M. Wolters, ingénieur en chef de la Flandre
orientale, propose d'achever le canal de Deynze
Schipdonck; mais il ferait passer les eaux par
un syphon, sous le canal de Bruges Gand, et
creuserait un nouveau canal jusqu'à la Lieve
qui serait approfondie et élargie Un second
syphon, construit sous le canal deDamme, con
duirait les eaux surabondantes, par un nouveau
canal latéral celui de Zelzaeteprès de Heyst,
la mer du Nord.
Comme on peut s'en convaincre, c'est une
entreprise colossale. Deux canaux devraient être
creusés et leur développement serait considé
rable. Ce projet n'est censé devoir coûter que
quatre millions. Mais nous pensons que cette
somme serait loin de suffiresi l'on songe que
le canal de Zelzaete a coûté au-delà de trois
millions.
Le Conseil provincial de la Flandre orientale
is'est occupé de ces plans el a préféré celui de
M. l'ingénieur Wolters, bieu qu il dût coûter
beaucoup plus que celui de M. Gerardot de
Sermoise. Le Conseil provincial de la Flandre
occidentale s'est prononcé pour ce dernier, et
nous espérons qu'il ne sera épargné aucun effort
pour éclairer le gouvernement sur la portée de
ces deux projets.
aeugijs
C'est avec une véritable satisfaction que nous
reproduisons plus loin le compte-rendu fait par
le Journal de Brugesde Vendredi dernier, du
travail d'un de nos concitoyens, travail dont se
sont déjà occupés quelques autres journaux.
LES
le secret.
(suite.)
Mademoiselle de Rosières était tombée évanouie aux
pieds d'un fauteuil, en poussant un cri déchirant. La
marquise de Courtenay accourut de la chambre voisine
Pierre de Lamorge s'appuya contre la porte, croisa les
bras, et se posa en sentinelle sans paraître s'inquiéter de
là scène qui se passait sous ses yeux.
Jeanne, agenouillée près de Margaretla tenait em
brassée et lui prodiguait tous ses soins pour la ranimer,
elle s'était souvent retournée vers le comte pour réclamer
son assistance, et n'avait jamais rencontré que son insen
sible dédain, que son visage de marbre et son sourire
désespérant. Mademoiselle de Rosières, rappelée la vie
par sa soeur, ouvrit les yeux et les referma aussitôt comme
s'ils eussent été blessés par un spectacle plein d'épouvante.
Alors le sire de Kerven vint elle, la prit par le bras, laj
souleva et la plaçant dans un fauteuil, lui dit
Faites-moi grâce de vos feintes, Madame, les éva
nouissements et les larmes ne trompent pas un vieillard
blasé ces sortes d'artifices; j'ai peu de temps vous
donner, et ce serait le perdre que d'attendre patiemment
la fin de vos stratagèmes.
Qui étes-vous pour oser parler ainsi demanda la
marquise indignée.
La commission chargée, par le ministre de l'inté
rieur, de préparer uti projet de programme pour le
procliaiu anniversaire des journées de septembre,
proposede traiisformeries rueseenlrulesdeiiruxelles
en galeries historiques dont la décoration rappelle
rait les hommes qui se sont illustrés dans la carrière
des armes, la littérature, les beaux-arts, la magistra
ture, l'industrie et le commerce.
Une longue avenuede tableaux et de statues parti-
rail du bas de la ville, delà Grand'Place, par exemple,
pour conduire au portique d'un panthéon immense
établi sur la place Royale.
Celle-ci se prêterait admirablement la décoration
projetée. Les fresques du fronton de S' Jacquespour-
ront être achevées pour cette époque. Le perron de
l'église, les bâtiments superbes de la place, les arches
monumentales qui s'ouvrent aux quatre angles, la
rue de la Régence et la rue Royaleouvranl leur large
sillon jusqu'au Sablou et jusqu'au Parc, puis la sta
tue de Godefroid de Bouillon dominant l'ensemble
et évoquant du geste cette pléiade de grands hommes
qui viendra se grouper autour d'elle, tout cela forme
les éléments d'une combinaison splendide, d'un
spectacle qui peut dépasser en magnificence ce que
nous avons vu de plus beau dans nos solennités les
plus remarquables.
Qu'on n'oublie pas que la Grand'Place sera décorée
avec luxepour le îestivalqui sera porléau program
me, que la Place Royale et la Place des Palais, trans
formées en galeries nationales, relieront le palais de
la rue Ducale, merveilleusement transformé, au
Musée de l'industrie où sera ouverte l'exposition des
beaux-arts.
Qui je suis s'écria le comte sourdement; et que
vous importe? Je suis le vengeur de vos victimes; j'ap
porte le châtiment au crime; et qui étes-vous comtesse de
Rosières, pour avoir osé profaner les sentiments les plus
purs, pour avoir flétri l'âme la plus noble, pour avoir trahi
les serments les plus sacrés, et fait couler le sang le plus
innocent Qui étes-vous
Je suis une pauvre femme qui n'attend plus rien
ici-bas que la mort, murmura Margaret, et qui l'appelle
grands cris.
Eh bien, vous serez exaucée... faites vos prières...
je vous donne un quart-d'heure, répondit froidement le
comte, et il tira un poignard de sa ceinture.
Jeanne se redressa brusquement et s'ccria
Vous ne commettrez pas ce crime... vous ne lecom-
mctlrez pas.
Et elle tomba aux genoux du comte les mains jointes.
Vous avez un quart-d'heure; j attends, répéta le
seigneur de Kerven, sans daigner regarder la suppliante
qui courut au sire de Lamorge, et le trouva muet et
immobile comme son maître. Elle voulut ouvrir la fenêtre,
mais le comte l'arrêta d'une main nerveuse en lui disant:
Au moindre éclat, vous tombez mortes toutes les
deux; je vous le répète, priez; j'attends. j
Jeanne, ma sœur, dit Margaret, calme-toi, la mort
est un bienfait pour moi; tu as souvent lu dans mon cœur,
et tu sais que mou supplice le plus horrible serait de
vivre après mon Henri bien-aime. Les menaces de cet
Lesinscriptions pourles examens subir, en con-
foi mité de la loi du i 3 juillet 18 iq d e va ti l les jurys
chargés de délivrer le grade d'élève-universitaire,
seront prises dans le chef-lieu de chaque province,
au gouvernement provincial, partir du 2i juillet
courant jusqu'au 3i août prochain inclusivement.
D'après ce qui nous revient de Mons, M. de Bo-
carmé ne paraît pas du tout se rendre compte de la
gravité de sa situation. Il n'est nullement accablé, il
est aussi calme dans son cachot qu'à l'audience, pen
dant le cours des débats qui se sont terminés pour
lui d'une manière si fatale.
Son illusion est telle qu'il a prié M. le procureur
de Marbaix, qui assistait l'entrevue du prisonnier
avec sa femme, d'intervenir pour le faire bientôt
sortir de prison.
Celle entrevue a duré un peu plus d'une demi-
heure. Les deux époux se sont dit fort peu de choses
et sont, restés quelquefois cinq minutes sans se par
ler. Tu feras tout ce que lu pourras, a dit M. de
Bocarmé sa femme, pour me tirer d'ici, tu sais
bien que je suis innocent.
M™* de Bocarmé a promis de faire ce que son mari
désirait et a ajoulé que tous les moyens seraient em
ployés pour obtenir son élargissement. La présence
des témoins de leur entrevue, a dû nécessairement
rendre M. et M™" de Bocarmé fort réservés.
Les deux époux se sont quittés eu se louchant la
main travers la grille qui les séparaient. M. de
Bocarmé parle de se rendre en Amérique aussitôt
qu'il aura été rendu la libel lé. La'confiance de cet
infortuné, si elle n'est pas jouée, a quelque chose qui
fait mal.
FRANCE. Paris, 12 juillet. La nomination
de M. le général de Cuslcllane au commandement en chef
de l'année de Paris en remplacement de M. le général
Baraguay-d'Hiiliers produit un fart mauvais effet. Le
caractère excentrique du général et sesopinions purement
élysçennes ont fait considérer sa nomination comme une
espèce de défi jeté l'assemblée pour le cas où elle re
pousserait la révision. 11 est aussi question de la disgrâce
prochaine de M. Cartier que tes dernières révélations de
M. Forcadc ont rendu suspeet l'Élysée, mais on ne
désigne pas encore son futur successeur.
Au reste, le Moniteur de ce matin ne contient pas en
core le décret de nomination de M. le général Castellane.
Des désordres d'une nature assez grave ont eu lieu hier
soir l'institution des Sourds-Muets, rue S' Jacques, une
homme ne m'épouvantent pas elles vont m'épargner un
crime et me font supporter avec courage une douleur qui
m'anéantirait si je devais survivre mon amour. Oh! mon
chevalier, noble ami je ne t'accuse pas de cette odieuse
vengeance qu'on s'apprête t'offrir; non, tu n'as pas
voulu, en rendant Dieu ta belle âme, que mon sang se
mêlât au tien tu as dû penser, au contraire, que mon
dernier soupir répondrait ton supplice. Si mon fatal
aveuglement a fait tomber ta tête, j'ai hâte mon tour
de le rejoindre dans l'éternité...
Le comte s'accouda contre la fenêtre et garda un pro
fond silence.
Écoute, Jeanne, ma pauvre sœur, reçois la confidence
de mon secret, afin que nia tombe soit sacrée pour toi; je
vais parler sans peur et sans trouble, afin que ces hommes
sachent ce qu'était la fiancée d'Henri, ce qu'est la fille
malheureuse de la duchesse de Severn.
Le temps se passe, dit le comte, le temps se passe.
Je t'avais promis un aveu, reprit Margaret, le voici:
lorsque le lâche Clarcnce entra dans notre cachot de la
Tour, il me parla longtemps voix basse, et tu me vis le
repousser souvent; puis enfin nous sortîmes tous les trois
de la forteresse pour venir habiter ce palais. Le ducavait
assuré la nouvelle dame d'honneur de la reine Éiisabeth
la grâce des deux prisonniers. J'étais cette dame d'hon
neur. J'avais accepté une pareille infamie, pour sauver le
chevalier el son page. Jusqu'à présent, je ne t'apprenda
rien.