N°1,065. IV 4 m née.
Dimanche, 90 Juillet 1651.
Vires acquint enndo.
INTERIEUR.
LE MOUVEMENT FLAMAND
L!ia> DSRNBSIRS KERVËN.
JOERiYAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50c. Provinces,4 francs.
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Ypres, 19 Juillet.
AU POINT DE VUE LIBERAL..
Le lecteur qui aura suivi la polémique que
nous soutenons depuis quelques jours avec le
Propagateurse sera sans doute fait celte re
marque que la langue flamande ne rencontre
des partisans quand même et voulant l'impos
sible qu'au sein du parti catholique, et que son
plus grand mérite, aux yeux de ce parti, c'est
d'être le reflet, que"dis-je, l'interprète des
vieilles idées.
Terminons ces débals en donnant un résumé
succinct et complet des appréciations larges et
profondes que publia, dans une revue citée par
nous, un homme d'un talent incontestable, et
qui. plus est, a acquis récemment, dans la capi
tale des Flandres, des titres réels auprès des
admirateurs intelligents et éclairés de l'idiome
de nos pères.
Au point de vue de la nationalité, l'existence
littéraire de l'idiome flamand peut être un bien,
mais n'est pas une nécessité Consultez l'histoire
de notre pays. Les Flamand» gallicans ne se
battaient-ils pas aussi bien contre le roi de
France que les Flamands flamingants On a
trop abusé des prétendus enseignements tirés
de l'antagonisme des races. Ce qui divisait
anciennement et nous parlons de la période
la plus glorieuse de notre histoire c'était l'op
position des principes politiques et sociaux. Or.
la France était féodale et le demeura longtemps;
la Flandre élait communale et démocratique dés
son berceau.
Mais la haine du servage ne fut pas le seul
mobile qui nous fesait réagir contre la France:
il y avait encore le légitime orgueil de notre
supériorité. Qui ignore qu'à cette brillante épo
que contrairement qui se voit chez certain
parti'aujourd'bni nous repoussions les idées
de l'étranger, non parce qu'elles ne venaient pas
de nous, mais parce que nous étions en avant
de ces idées C'étaient alors les véritables jours
de grandeur de la langue flamande, comme ceux
du peuple qui la parlaient; ce fut alors que plus
d'un vocable se transporta dans la langue de nos
voisins tant il est vrai que rien ne résiste la
LE SECRET.
(«bit*.}
Lecomtes'avança... Jeanne se jeta ses genoux, Pierre
de Lamorgc joignit les mains, un silence terrible régna
tout-k-coup dans l'appartement, Margaret porta la bague
du chevalier ses lèvres'et attendit le coup mortel.
Le çointè hésita, se troubla et n'eut pas la force de
frajipèr; sa main retomba d'elle-même; il détourna la vue,
jeta* les yeux sur le coffret d'ébène qui était sa portée,
puis s'en emparant avec vivacité, il le heurta de son poi
gnard et le brisa d'un seul coup.
Sacrilège s'ccria Margaret, sacrilège cette boîte
appartient au seigneur de Kcrven.
Je suis le comte de Kervenrépondit le vieillard
d'une voix sombre et tremblante et il fouilla timidement
dans le coffret.
Jeanne et Margaret altérées se prirent par la main et
s'appuyèrent l'une sur l'autre, le brave intendant leur dit
voix basse: vous.êtes sauvées.
Margaret le regarda douloureusement, comme pour lui
dire; mon salut cst'dans la tombe.
Après un momcnÇd'hésitation, le comte tira du coffret
un riche médaillon, et ne put réprimer un mouvement de
suprématie des idées, lesquelles ne font pas des
esclaves mais des prosélites.
En est-il encore de même aujourd'hui?
Après la plus glorieuse époque de notre passé
vint le Bourguignon qui nous engloba dans la
centralisation d'un état immense et compact:
puis le régime espagnol avec la terreur orga
nisée par le duc d'Albe, laquelle poussa la
Flandre sers la Hollande, je veux dire l'élite du
peuple flamand, préférant l'expatriation au joug
de l'inquisition, si bien que vers l'époque de
Joseph 11, la langue flamande, oublieuse de sa
gloire passée et affaissée depuis longtemps sur
elle-même, n'était plus que l'écho des souillures
et des préjugés populaires.
A l'époque où les fautes du prince que nous
venons de nommer excita le fanatisme d'un passé
merveilleux, l'occasion était belle pour rendre,
l'idiome de nos pères, son allure et sa supré
matie primitives. Peine perdue on discuta en
français, on railla en flamand, c'est que lé vent
n'était pas aux restaurations du passé, c'est que
tous les regards étaient tournés vers l'avenir,
d'où l'ôn attendait la vie nouvelle. Biantôt 89
parut.
Disons-le loyalement l'édifice du moyen-âge
s'était maintenu chez nous, preuve le triomphe
des Vandernootistes; et ce fût la France qui nous
réveilla et nous convia la vie moderne. Aussi
la langue flamande vaincue dans le combat des
idées, céda le pas aux français.
Les quinze années du royaume des Pays-Bas
ont mis nu la profonde décadence et l'entier
abandon de la langue maternelle de nos pro
vinces. Et pourtant rien ne fut épargné pour
donner la langue de Cals et de Vondel une
existence littéraire dans notre pays. Il y a plus,
le pélilionneinent pour l'usage du français ne
lrouva-t-il pas en Flandre autant, pour ne pas
dire plus de signatures que dans un nombre
correspondant de provinces wallones C'est que
les principes qui échauffent les cœurs, les idées
qui élargissent les têtes, c'est que la vie sérieuse,
en un mot, s'était réfugiée dans une littérature
d'adoption, la littérature française.
Lorsque 1830 eut accompli la séparation de
la Belgique avec la Hollande, un champ nou
veau s'ouvrit l'activité politique. Il n'allait
plus y avoir question des partisans et des ad-
surprise en reconnaissant sa propre image dans les traits
d'un jeune cavalier costumé selon la mode des premières
années du règne d'Henri VI. Il considéra longtemps celte
peinture, leva les yeux, les arrêta sur Margaret, et posant
une seconde fois la main au fond de la boite, il s'approcha
brusquement dp la lampe pour examiner deux paquets en
parchemin, fermés aux armes de la duchesse de Severn;
le plus gros des deux n'avait aucune suscription, mais
portait une croix tracée l'encre rouge, l'autre était
adressé mademoiselle de Rosières Severn. Le cointe
après l'avoir minutieusement contemplé, l'offri l Margaret
en lui disant
C'est pour vous.
Je ne violerai pas mes serments, répondit la noble
fille; que monseigneur de Kerven lise lui-même.
Le comte devint plus pâle encore, jeta autour de lui un
regard timide et un sourire amer, puis, brisant les cachets
du parchemin, il commença la lecture de la lettre qu'il
enveloppait.
Dès les premières lignes de l'écrit mystérieux. Jeanne,
mademoiselle de Rosières et le sire de Lainorge virent le
comte tressaillir; la lettre tremblait dans ses mains agitées,
ses yeux se couvrirent d'une rougeur subite, et son émo
tion devint telle, qu'il fut obligé do s'arrêter. Pendant
cette «usele malheureux père leva les yeux au ciel et
versaires de l'indépendance nationale, mais «le»
partisans cl des adversaires du progrès consti
tutionnel et de l'émancipation de l'intelligence.
Quoiqu'on en pense, les guerres de race tnut
autant que les guerres de dynastie ont fait leur
temps en Europe. Il n'y a plus d'autre lutte
possible que dans le domaine des idées.
Veilier au dépôt sacré des garanties de tous,
tenir en respect un parti qui regarde l'égalité
comme un sacrilège ou comme une révolte, et
de l'autre côté, tendre une main protectrice
ceux qui s'agitent dans la nuit de l ignorance,
qui sont trop faibles et trop abrutis pour pro
fiter complètement encore des bieufails de la
Constitution, dont ils ne devinent pas même
1 existence, telle sera toujours la mission des
libéraux. C'est ce titre seulement que les
libéraux seront dignes de leur nom, et qu'ils
pourront s appuyer sur la partie intelligente
et généreuse du pays.
Or. il faut oser le leconnaitre: la langue
française fut dans les premiers temps de notre
lutte, la langue de la liberté, l'organe de la vie
politique. Et cela devait être, puisque l'idiome
flamand s'était abdiqué lui-même.
(Z,a suite au prochain n°
**-—g?— 0 6 «gL
Une perte bien douloureuse est venue frapper
une honorable famille de celle ville. Un jeune
homme qui venait d'achever ses études en droit,
M. Gustave De Grave, dont le nom retentissait
naguère chaque distribution des prix de noire
Collège communal, a succombé la suite d'un
crachement de sang, et cela au moment où il
allait commencer jouir des fruits que lui pro -
mettaient les labeurs d'une studieuse jeunesse.
Aussi l'affluence considérable des personnes qui
suivaient le cercueil l'église témoignait hau
tement de la part que le public prenait un
malheur aussi iuattendu.
Affaire Docarmé.
La cour de cassation, ouï M. l'avocat-général
Delebecque, et sur les conclusions conformes du
rapporteur, M. le conseiller Van Hoegarden, a, dans
l'audience de ce jour, rendu un arrêt par lequel elle
rejette le pourvoi de M. (le Bocaruié et le condamne
aux dépens.
Une requête en grâce a été immédiatement adres
sée au roi par la comtesse Ida de Bocarmé, mère du
condamné.
demeura quelques instants comme en prière, puis deux
grosses larmes longtemps contenues se firent jour et tom
bèrent sur le papier; ce fut alors comme un signal qui
jeta les trois témoins de cette scène touchante aux pieds
du vieillard. Pierre embrassait les genoux de son maître.
Joanne baisait sa robe, Margaret bénissait le nom de sa
mère qu'elle invoquait pour l'âme de son amant. Le comte
les regarda, mais ses yeux avaient déjà perdu leur sévérité
dédaigneuse, et répandaient une douce lumière qui fit
battre la fois trois cœurs désespérés; le visage austère
et grave du guerrier avait chassé sa dureté farouche et
vindicative pour reprendre cette expression de bonté gé
néreuse et charitable, qui donne l'homme les traits du
Créateur. Sous ses habits de pèlerin, au milieu de son
entourage prosterné, le vieux chevalier ressemblait un
pieux ministre enseignant les plus saints préceptes de la
religion il essaya de parler, mais les mots lui manquè
rent, et il acheva sa lecture en versaot de nouveaux
pleurs. Lorsqu'il eut fini, il se tourna vers Margaret, lui
tendit la main, et lui dit
Relcvcz-vous, mou enfant, c'est moi de me jeter
vos pieds et de vous demander pardon La dernière
moitié de ma vie fut consacrée maudire une femme que
mon respect comme mon ainour auraient dû suivre dan»
la tombe. Cette femme est votre mère.