JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
jV 1.008, 11e Année. Jeudi, 31 Juillet 1851.
Vires acqûint eundo.
INTÉRIEUR.
ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50c. Provinces,4 francs.
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Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Ypbes, 30 Jtnillet.
Depuis trois semaines environ, nos feuilles
cléricales se torturent l'esprit pour découvrir
des griefs charge de l'administration de notre
ville; leurs efforts sont surtout dirigés contre
les conseillers dont le mandat expire au mois
d'Octobre prochain c'est ainsi qu'à propos du
subside qui est alloué la musique de la Garde
civique pour aller au festival d'Anvers, ces
journaux attribuent le vote de cette proposition
aux efforts réunis de Messieurs Théodore Vandcn
Bogaerde el Jirnest Merghelynck; outre qu'une
pareille supposition serait de nature blesser la
juste susceptibilité du Conseil, il està remarquer
que le premier de ces honorables conseillers était
Londres, tandisque l'autre se trouvait au
Conseil provincial de Bruges. Les rédacteurs de
ces feuilles le savaient parfaitement mais
qu'importe. Dans leur opinion cette imputation
pouvait nuire et dès lors il ne fallait plus s'in
quiéter si elle était fondée ou non.
Ce n'est pas que nous voulons blâmer l'acte
posé par l'administration communale; eu prin
cipe nous sommes d'accord que l'argent consa
cré aux fêtes publiques ne doit être alloué que
pour les fêtes qui attirent l'étranger en ville,
mais nous concevons toutefois que I on accorde
exceptionnellement un subside, titre d'en
couragementune musique qui offre son
concours gratuit toutes nos fêtes publiques.
Cesl ainsi qu'un subside a été alloué dans le
temps la Société des Chœurs, et nous regret
tons de voir plusieurs personnes qui approu
vaient alors cette mesure, la blâmer, parce qu'il
ne s'agit plus d'une société, dont elles font
partie.
Encore une fois cette affaire n'a de proportions
que parceque les organes du clergé en ont fait
©useras KËRViSN.
le manoir.
(suite.)
Vous pourrie* parler longtemps, maintenant qu'elle
rêve, dit la marquise, elle ne vous entendrait pas; ses
esprits sont dans l'espace, sa pensée voyage et confond ses
souvenirs; elle est heureuse, hélas
Elle était moins affeelée depuis quelques jours, de
manda le comte, quel accident a produit cette rechute?
Depuis qu'elle est entrée dans la chambre du che
valier, qu'elle appelle la chambre rouge, depuis qu'elle a
vu le grand portrait de sir Henri, elle est retombée dans
le triste éiat où vous la voyez...
Il serait peut-être utile de faire enlever ce tableau.
Gardez-vous en bien, répondit le marquis de Cour-
tenay, elle aurait une crise qui la mettrait au tombeau.
Le médecin lui trouve toujours un peu de fièvre et
ses palpitations ontredoublé, dit Jeanne; cette promenade
était ordonnée, mais le temps se rafraîchit, et pour vous
comme pour elle, il est l'heure de rentrer, monseigneur.
Peu importe, quant moidont les derniers jours
sont venus... et bien tard mais je recommande cette
belle créature tous vos soins, mes amis; quand j'aurai
fermé les yeux que l'orpheline soit avec vous.
Hélas murmura le page et il baissa la tète en
ajoutant Elle nous quittera bientôt; pauvre sœur
Allons, Margaret, reprit le comte, revenons au châ-
une manœuvre électorale, et y ont trouvé des
sujets de récrimations, en recourant, comme
d'ordinaire, au mensonge et la calomnie.
11 faut avouer que la manière de procéder de
notre confrère le Propagateur ne st pas toujours
marquée au coin de la plus parfaite loyauté.
Dans un de nos précédents articles, pour clore
la polémique que nous soutenions, depuis quel
que temps, avec cette feuille, relativement-à la
véritableel unique importance qu il faut attacher
l'usage de l idiome de nos pères nous fîmes
une profession de foi nette et franche, en don
nant un résumé complet et succinct d'un tra
vail savant et consciencieux fait par un homme
qui, dans ces moments même, publie une nou
velle œuvre écrite eu langue flamande Volks-
historie der belgische grondwet). œuvre qui doit
constituer pour lui un nouveau titre l'admi
ration et la reconnaissance de la parlieéclairée
du pays flamingant.
Dans ce résumé nous jugeâmes le flamand
un triple point de vue. Nous déterminâmes les
Causes de sa grandeur passée, nous reconnûmes
l éclat inattendu dont elle avait brillée, en ces
dernières années, sous l'inspiration de quelques
hommes de talent, el nous Axâmes pour l'avenir
les conditions de renaissance et, pour ainsi
parler, de restauration comme langue la fois
nationale et littéraire.
Pour toute réponse aux diverses données
qu'impliquaient le développement de cette triple
thèse, le Propagateur détache une phrase isolée,
el en tire aussitôt une induction doutil croit
nous accabler.
C'est ainsi qu'il conclut et veut faire accroire
au public que nous n'avons aucune admiration
pour celte époque de notre passé dont, en vrais
Belges, nous devons être légitimement fiers el
glorieux; tandis que toute la première partie de
notre article est presque exclusivement con
sacrée relever et faire ressortir ce passé mer
veilleux qui constitue véritablement la partie
héroïque de notre histoire.
Avec de pareils adversaires toute discussion
devient désormais oiseuse el inutile.
teau,l'air est frais, tu nous as promis de te bien ménager.
Et pourquoi mon père.
Pour lui, ton jeune époux.
Pour mon maître et seigneur veut-il donc que
j'abandonne son arbre favori? l'a-t-ll ordonné? j'obéis.
La petite compagnie reprit ainsi le chemin du château.
Jeaunect Margaret étaient en tète, le comte el l'intendant
vennientaprès, le marquis de Courtenay et Ange fermaient
la marche.
Comme lesdeux sœurs atteignaient l'esplanade du pont
levis, mademoiselle de Rosières peucha la tète en arrière,
abandonna Jeanne qui poussa un grand cri et tomba sans
connaissance a la renverse. Prompt comme l'éclair, Ange
vola près de son amie, le marquis le suivit de près, et les
deux vieillards se hâtèrent également d'accourir; quatre
soldats se détachèrent du poste avancé, croisèrent des
lances et en firent un brancard sur lequel on transporta
Margaret dans son appartement. Le médecin ne parvint
la rappeler la vie qu'après un grand quart-d'beure, qui
excita de mortelles inquiétudes dans tous les cœurs; il
condamna la inaladc au repos le plus absolu, et ordonna
que le portrait en pied du chevalier de Kerven fût enlevé
de la chambre rouge et placé près du lit de douleur de
mademoiselle de Rosières puis il dit la marquise, en
lui parlant l'écart je n'ai plus d'espoir que dans ce
stratagème et dans vos soins; elle est bien mal bien mal!
la marquise fondit en larmes, et le comte ne pouvant
supporter davantage des émotions aussi poignantes fut
arraché par le sire de Courtenay et l'intendant, qui lej
Ypres, le 29 Juillet 1831.
Monsieur le rédacteur du PROGRÈS,
Je viens de lire, non sans des sentiments de satis
faction et de vive sympathie, la lettre de votre
correspondant de cette contrée, voisine de F'uriies-
Amhacht, exposée des inondations périodiques.
Tout en applaudissant aux idées émises dans cette
lettre, je prends la liberté de recourir votre esti
mable journal afin de les compléter, et cela parti
culièrement au point de vue des intérêts Yprois.
Je n'ai, cet effet, qu'à rappeler les réflexions de
la notice mentionnée et rappelée par Mr X, mais
avec plus d'extension que ne l'a fait votre honorable
correspondant.
Ce qui, dans le projet mis en avant dans cette
notice (due l'un des propriétaires riverains des
broeckages, publiée par le Progrèsen février 1846)»
est d'un intérêt capital, c'est l'adjonction des eaux
de la Lys celles de Nicuporl, dans le cas où la
promesse d'un canal d'Ypres Menin venait se
réaliser.
Or,en présence des discussions que soulèvent,
quanta la dérivation de cette dernière rivière, les
deux projets rivaux, l'un patroné par la Flandre
occidentale, l'autre, par lu Flandre orientale, bien
aes personnes se deinandenl ici, s'il n'y a d'autre
voie de dérivation que celles dont se préoccupent
tant, en ces moments, les autorités provinciales des
deux provinces flamandes, el pourquoi personne
n'a agité encore la question de savoir si un troisième
projet ne pourrait être étudié, lequel tendrait
relier Ypres la principale voie de navigation du
pays, tout en créant la possibilité de déverser les
eaux de la Lys vers la mer? par la voie la plus courte.
Que les mandataires des intérêts publics y réflé
chissent bien, et se demandent si le canal de Schip-
douck, entr'autres, est rapabledè remplaceravauta-
geusement le projet, objet de celle lettre, dont
les résultats capitaux peuvent être les suivants:
1* Ypres,comme nous venonsde le dire, reliée direc
tement la navigation de la Lys et de l'Escaut;
2" la Lys déversant par Nieuport; 3* celte villa
relevée son ancien rang commercial; 4* les broec-
kages desséchés; et 5° le Furaes-Ambacht préservé
d'une catastrophe.
Agréez, Monsieur, etc. Y.
11
Les efforts faits par la Flandre occidentale
pour éclairer le ministère el le pouvoir légis
latif sur l'intérêt général que présente l'exécution
conduisirent dans la grande salle octogone où nous l'avons
déjà vu au début de cette histoire. Ange resta seul avec
Jeanne auprès de Margaret assoupie. Le page leva les yeux
et les baissa presque aussitôt, car ils avaient rencontré les
regards trou blés de la marquise. Depuis près de trois mois
que le comte était de retour au manoir de Kerven la
présence du sire de Courtenay avait retenu le jeune che
valier de Lamorge dans les bornes les plus absolues du
respect. Il avait été témoin de la joie de la marquise lors
de l'arrivée de son mari; il savait combien elle l'aimait, et
son jeune cœur, instruit de ses devoirs par sa propre
générosité, avait redouté par-dessus tout de b'esser la
fois la tendresse fraternelle de son amie et la confiance
d'un homme qu'il jalousait avec estime. Cette attention
continuelle avait été justement appréciée par Jeanne qui,
en récompenseavait environné son protégé des trésors
de sa sainte affection. Ils se trouvaient cependant en pré
sence, en téte-à-léte, côté d'une mourante adorée; le bel
et noble enfant s'efforçait d'étouffer ses premiers cris
d'amour près d'une âme qui, pour avoir trop aimé, re
tournait son maître suprême.
Ange, mon fils, dit la marquisé voix basse, avez-
vous beaucoup de courage
Vous m'en donnerez si j'en manque, Madame.
Nous sommes menacés d'un grand malheur
Jeanne étendit la main vers le chevet du lit.
Nous serons seuls plaindre; notre sœur rejoindra
son fiancé. Un jour arrive où la douleur appelle la mort
comme unique remède elle ne pouvait plu» souffrir 1