JOURNAL DYPRES ET RE L'ARRONDISSEMENT.
JV f .076. 11e Année.
Jeudi, 2$ Août 1851.
Vires acquint eundo.
INTÉRIEUR.
UNE CHAMBRE A COUCHER.
M
ABONNEMENTS: Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50c. Provinces,4francs.
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Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce'qui concerne le journal doi
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies'
Tpres, 27 Août.
Le véridique organe de l'évêché accuse le
Progrès de s'extasier deux fois la semaine de
vant un de nos députés. Or. depuis plus de
Irois mois peut-être, le nom de ce représentant
n'a pas figuré dans nos colonnes Cette accusa
tion paraît dirigée contre nous, l'occasion d'un
arliculet publié dans notre numéro du 17 Août
Or, dans ces quelques lignes, il n'est direc
tement ni indirectement question de M. Alph.
Vanden Peereboom, mais de M. Jules Malou.
Nous ne disons pas le bien que le premier a fait
notre arrondissement, mais bien celui que le
second avait négligé de nous faire, alors qu'étant
ministre, il le pouvait sans peine.
Ce que nous avons dit, nous le maintenons,
et nous ajoutons que si la majorité de la
Chambre partageait la manière de voir de M.
Malou, l'arrondissement il Ypres ne serait pas
la veille d'avoir le chemin de fer, le canal de
Bossuyt, l'amélioration de la Lys et de l'Yser.
En effet, M. Malou vote contre les impôts en
général qui doivent combler d'un côté le défi
cit créé par lui, de l'autre mettre le gnuverne-
meul même de faire les travaux publics. Si
ia majorité avait voté comme M. Malou. pas
d'argent, pas de travaux, pas de chemin de fer
d'Ypres, etc.
M. Malou propose de modifier les conven
tions faites avec les sociétés concessionnaires,
celle de la Flandre occidentale comprise. Les
conditions que M. Malou veut imposer sont
inacceptables par les compagnies. Si la majorité
avait voté les propositions de M. Malou, les
conventions étaient rompues, donc pas de che
min de fer d'Y près.
M. Malou vole contre l'article premier de la
loi cet article approuve les conventions con
clues avec les compagnies du chemin de fer de
la Sambre, du Luxembourg et oe la Flandre
occidentale. Si la majorité avec M Malou, avait
rejeté cet article, pas de chemin de fer d'Ypres.
M. Malou a voté pour le relatif la Flandre
(«BITS.)
IV.
AvAnt de revenir la comtesse de Verncuil et Fré
déric de Mai'villers, dont la situation était tout la fois si
grave et si comique, nous avons dire comment un de
ces hasards conspirateurs qui soulèvent toujours les voiles
dans la grande ville mystérieuse, avail trahi la matinale
promenade de M™" de Verneuil.
M. de Verneuil était d'un déjeuner chez Tortoni. Comme
il passait devant la Madeleine avec un ami, le marquis de
Verviers, survenant, regarda le comte avec surprise.
C'est étonnant dit-il élourdiment. Je ne te croyais
pas du déjeuner.
Pourquoi
Tout l'heure, en revenant de l'École militaire, où
le général m avail appelé, j'ai rencontré ion coupé traver
sant le Chainp-de-Mars, du moins j'ai cru reconnaître
la fière allure de tes grands diables de chevaux.
Oui, oui, dit le comte en jetant son cigare, ma voi
ture a dû passer par là tout-à-l'heure. Mais, ajoula-t-il
en criant assez bien pour un homme qui n'avait paseuvie
de rire, je ne suis pas toujours dans ma voiture.
Cependant, le comte alla bravement déjeuner comme
les autres. Une heure après, il quitta brusquement ses
camarades et retourna chez lui.
M"* de Verneuil est-elle rentrée dcmanda-t-il au
valet de chambre.
On lui répondit qu'elle était sortie depuis peu de temps.
Il monta cheval et se dirigea vers le Chainp-de-Mars
occidentale, mais il a volé contre tout le reste,
excepté contre quelques lignes qui doivent aug
menter les produits de certaines usines situées
dans le pays wallon (nous reviendrons un jour
sur ces votes exceptionnels) Si tous les députés
avaient voté pour les travaux exécuter dans
leur arrondissement et contre tout le reste,
comme M Malou, le chemin de fer <1 Ypres eut
été rejeté par une immense majorité de voix
contre celles des députés d'Ypres, de Courtiai
et des membres du cabinet; donc pas de majo
rité, donc pas de chemin de fer d Ypres.
Nous ignorons si M. Malou volera pour l'en
semble de la loi Mais s'il votait contre et si la
majorité volait comme lui. il est évident que le
rejet de la loi entraînerait la rupture de la conven-
tion conclue avec la compagnie de la Flandre
occidentale, donc pas de chemin de fer d Ypres,
pas de canal de Bossuyt, pas d'amélioration de
la Lys et de l'Yser.
Avions-nous donc si grand tort de dire, dans
notre n° du 17 Août Électeurs de l'arrondis
sement d Ypres, il est bien heureux que tous
vos mandataires ne soi ni pas de l'acabit de M.
Malou, car vous risqueriez d être les victimes
des passions politiques de vos représentants.
Si M. Malou vole contre l'ensemble de la loi,
ne pourrions-nous pas ajouter
Électeurs si vous obtenez le chemin de fer
d'Ypres. le canal de Bossuyt, si vos propriétés
sont un jour préservées des inondations de la
Lys et de l'Yser. ce n'est pas par M. Malou
mais malgré M. Malou, que vous aurez obtenu
tout cela.
8tavk voor 1>1>k.
(VU.CX DICTON FLAMAND.)
C'est au moment où la Chambre une
immense majorité, vient de ratifier les conven
tions relatives deux projets de travaux publics
dont l'utilité, pour notre arrondissement, est
incontestable (chemin de fer d'Ypres et canal de
Bossuyt), c'est en ce moment, disons-nous, que
le journal du clergé de celle ville lance contre
notre représentant, M. Alph. Vanden Feereboom.
n'espérant pas trop retrouver les traces de sa voilure.
Cependant, conune les voitures élégantes ne passent pas
souvent par le Chainp-de-Marsil pouvait obtenir des
indications certaines; en effet, il fut assez heureux pour
rencontrer trois ou quatre invalides qui le conduisirent,
par leurs renseignements, sur la roule d'Auteuil. A foree
de recherches cl d'indications, il était arrivé devant ta
petite villa, mais trop tard pour y surprendre de
Verneuil. On n'a pas oublié sa colère la vue de Frédéric,
car, on le sait déjà, c'était M. de Verneuil qui, la veille,
avait battu un peu cruellement son lévrier, chasseur cl
indocile.
Le soir même, dans un petit salon de l'hôtel de M. de
Verneuil, la comtesse, toute pensive, un livre la main,
ne songeait pas demander de la lumière, quoique depuis
près d'une demi-heure le dernier éclat du jour, ne tra
versant qu'à peine les rideaux, ne lui permit plus de lire.
Le comte, entrant pas légers, lui demanda ce qu'elle
lisait avec tant d'attention.
Ah dit-elle en tressaillant, vous m'avez presque
fait peur.
Blanche, fermez votre livre et expliquez-moi d'où
vient que, depuis deux jours, vous êtes tombée dans une
mélancolie vraiment singulière.
M™* de Verneuil rougilet ferma brusquement son livre.
Le comte avait attaché sur elle uu regard scrutateur.
Quoique la nuit fût déjà sombre dans le petit salonil
remarqua la rougeur de sa femme.
Eh bien vous ne me répondez pas.
Disaqt ces mots, il prit la main de M°" de Verneuil.
<lonl les efforts constants ont presque exclusi
vement amené cet heureux résultat, une de ces
diatribes haineuses, que la bile monacale peut
seule distiller.
M. Vanden Peereboom est un voltairien un
clubisle, un impie, il se couvre du manteau de
la philanthropie, il est calqué d après le modèle
des coteries. Enfin M. Vanden Peereboom est le
plus détestable des représentants. Aussi le jour
nal du clergé finit-il, en émettant le vœu que ce
député soit éliminé le plus lot possible.
Nous ne ferons pas M. Alph. Vanden Pee
reboom l'injure de le défendre contre les gros
sières et plates invectives du journal des Baziles.
L'opinion publique en fait bonne et prompte
justice, car. disons-le, l'opinion publique n'a
pas pour devise stank voor dank Chacun ici
»ail et repèle que depuis que VI. Alph. Vanden
Peereboom a été chargé de défendre nos inté
rêts, il remplit sa mission avec succès. Chacun
sait que l'arrondissement d Ypres a plus obt nu
justement et équitablement depuis trois ans, que
durant les dix-huit années antérieures. Sans
parler du chemin de fer, notre arrondissement,
notre ville, ont-ils été oubliés dans la répar
tition des subsides pour la voirée vicinale, la
construction des routes, la restauration des
monuments, la salubrité publique, la réparation
des églises, la construction d'écoles, l'encoura
gement des beaux-ails, etc. Personne n'ignore
que lorsqu'un habitant de l'arrondissement a
besoiu de 1 appui d'une haute influence, c'est,
non M. Jules Malou, ni M. Van Beninghe
qu il sadresse, mais M Alph. Vanden Peere
boom, et nul ne semble mettre en doute la
bonne volonté de ce représentant, qui accorde
son appui sans distinction de classe, ni d'opi
nion, avec une spontanéité, qui, disons-le, frise
parfois la faiblesse et la duperie.
Cest parceque chacun sait cela ici. que l'opi
nion publique proteste éuergiquetnenl comre
les attaques aussi imméritées qu inopportunes
dirigées par I organe du clergé contre uotre re
présentant libéral. Ces protestations unanimes
Cest que je cherche, répondit-elle lentement,
pourquoi je suis devenue aiusi.
Eli bien je vous écoute.
Qui sait dit-elle avec émotion; moi-même le sais-
je bien
Blanche, songez que c'est moi qui vous parle. J'ima
gine que ce n est pas le roman que vous avez ia main,
qui vous attriste ainsi.
Qui vous l'a dit? ne savez-vous pas que l'imagination
qui se laisse prendre par un roman a quelquefois une
grande force sur le cœur
Des romans des romans vous n'en lisez jamais.
J avoue que le hasard m'a donné celui-ci. C'est votre
tante qui 1 a laissé hier au salon.
Une vieille folle qui n'a plus rien dans le cœur et qui
cherche sabuser; qui sceroillourà tourlndiana, Valon-
tine,Geneviève, Jeanne,quesais-je? Mais il n'est pasques-
tion de romans; voyons, Blanche, ouvrez-moi voire cœur.
Le comte n avait pas quitté la inain de sa femme; it
l'éleva lentement ses lèvres. La comtesse appuya alors
son front sur l'épaule de son mari, peul-èlre avec la ré
solution de lui conûer un secret, peut-élre avec la réso
lution dû mentir. Quelle est la femme, parmi les plus
honnêtes, qui n a quelquefois connu les sentiers perdus
du mensonge Mais un valet de chambre vint poser
sur la cheminée deux flambeaux allumés celle lumière
inattendue changea brusquement les dispositions de la
comtesse; elle ne trouva plus rien dire, sinon qu'elle
était triste sans savoir pourquoi.
Ce qui se comprendra peut-être plus difficilement, c'est
le sentiment délicat qui vint changer aussi les dispositions