Mercredi, 3 Septembre 1851
JOUSYAL DYPRES ET ItE L'ARROADISSEMEftT.
Vires acqumt eundo.
INTÉRIEUR,
UNE CHAMBRE A COUCHER.
1,078. 1 r Anmée
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V r h»,. 3 Septembre.
LA LOI DES SUCCESSIONS
EN LIGNE DIRECTE, DEVANT LE SÉNAT.
La Belgique sera-l-elle jetée dans la carrière
des aventures? Voilà ce que toutes les personnes
sensées se demandent. Il semblerait, voir la
conduite de ceux qui sont appelés exercer une
légitime influence sur les destinées de notre
patrie, queux seuls ne se doutent point de
l'imminence d'une crise, si le Sénat rejette la
loi sur les successions en ligne directe.
Le parti clérical et ses journaux attisent le
feu de toutes leurs forces. Les conservateurs,
comme il leur plait de s'appeler, sont occupés
jouer le jeu le plus dangereux. A force de cla
meurs ils sont parvenus organiser, au sein du
Sénat, une opposition violente, déraisonnable,
sous prétexte de l'impôt sur les successions en
ligne directe opposition qui, si elle devient
majorité, amènera I inconnu pour la Belgique.
Nous disions que l'impôt sur les successions
en ligne directe, n'est qu un prétexte et, en effet,
en examinant la situation actuelle, il n'est pas
difficile d'y voir le résultat d'une intrigue. Qu'on
se rappelle la levée de boucliers de la première
Chambre en 1841, et l'on pourra se convaincre
que la discussion actuelle est une seconde édition
de la fameuse comédie de l irritation générale
inventée par MM. Deschamps et De Decker, en
1841.
A celle époque, le parti clérical, furieux de ne
plus être au pouvoir, organisa une croisade et
tous les organes de ce parti crièrent l'irrita
tion, d'après le mot d ordre donné par la Revue
de Bruxelles. MM. les sénateurs eurent la bon
homie de donner dans le piège et le ministère
libéral fut renversé.
En 1851, d'autres motifs font désirer le ren
versement du ministère par le parti clérical. Il
est incontestable que le gouvernement issu des
élections apendant qualre ans, dirigé les af
faires avec sagesse et prudence. Il est même sur
le point, avec le concours de la Chambre des
représentants, de doter le pays d'un grand
nombre de travaux publics unanimement ré
clamés par les localités diverses, qui jusqu'ici
avaient été si mal partagées par les ministères
catholiques qui se sont succédé pendant dix-
sept ans.
Mais pour créer des travauxil faut de
l'argent pour les solder. A I aide de plusieurs
combinaisons, on a encouragé I esprit d associa-
lion et abandonné la construction d'une partie
des travaux publics l'industrie privée. C était
une pensée de haute prévoyance que d alimen
ter le travail aux approches de 11152.
Mais ces bienfaits eussent été dûs un minis
tère libéral et s'il peut payer les dettes délaissées
par le parti catholique et accomplir la tâche
ingrate d'améliorer la situation financière, il ne
doit point lui être permis de donner une satis
faction légitime aux besoins des populations.
En d'autres termes, il ne doit point être permis
une administration libérale de faire le bien, car
il ne serait plus possible de courir sus au libé
ralisme, en le comparant aux systèmes les plus
odieux que jamais la perversité humaine ail
inventés. Les nations comme les individus ont
encore rie la reconnaissance pour ceux qui leur
font du bien, et il n'y a que le parti clérical qui
rend le mal pour le biea.
C'est le mobile qui a fait monter l'intrigue
que nous voyons se dérouler maintenant. Le
parti catholique assez nombreux au Sénat, a
calculé qu'en échauffant quelques sénateurs
libéraux et peut-être en caressant I intérêt
privé, il pouvait avoir chance d opérer une di
vision dans la majorité libérale et faire rejeter
la loi d'impôt sur les successions en ligne di
recte. Effectivement, le calcul n était pas mau
vais, car pas d'argent, pas de travaux publics,
et par conséquent une autre époque, I exécu
tion de ces chemins de fer, de ces canaux, qui
devaient améliorer la situation du pays, mul
tiplier et faciliter les relations commerciales,
enfiîi rendre plus lard justice due des localités
déshéritées par esprit de parti.
Nous ne savons ce que fera le Sénat. Qu'il y
prenne garde toutefois, la loi n est pas impopu
laire. comme les journaux catholiques le disent;
les travaux publics sont impatiemment attendus.
Si le Sénat rejette la loi sur les successions, cet
acte doit amener une crise, dont le plus malin
de la première Chambre n'aura pas prévu toutes
les conséquences.
V.
(.SUITE ET riN.)
Le soir, j'étais dans ma chambre un peu préoccupée
par la folie de mou cousin; ma gouvernante me remit un
billet en me disant que Gaston allait partir; qu'il me priait
de lire ces quelques lignes et d'y répondre par deux mots.
J'ai oublié toutes les phrases singulières, bizarres, extra
vagantes qu'il m'écrivait. J'étais un ange; il attendait de
moi la vie et la raison, car il avouait avec humilité, que
cette passion violente que je lui avais inspirée, égarait sa
raison.
Mon dessein était d'abord de renvover la lettre sans
la lire, ensuite d avertir mon père; puis craignant défaire
du bruit pour rien comme j'étais bien sûre que le beau
style dé mon cousin ne changerait rien mes sentiments
pour lui, je me déterminai lire tout simplement sa
lettre. Après 1 avoir lue, je trouvui que je n'avais qu'une
chose faire guérir Gaston de sa folle passion par des
paroles de sœur. J'écrivis, c'était un tort sans doute; mais
je ne prévoyais pas qu'il y eût du danger faire une bonne
action.
Je lui écrivis qu'avant de songer aux folies de l'amour,
La polémique du saint Journal des BAZILES
devient de plus en plus ordurière; il faut que
les prêtres qui sortent du séminaire, soient bien
mal élevés pour se permettre de faire usage d'un
style qu'on nous permette l'expression, mais
il n'y en a pas d'autre aussi canaille.
Dans une nouvelle diatribe l'adresse de M.
Vanden Peereboom et la louange de M. Malou,
la fureur du scribe va si loin, qu'il en perd la
mémoire et se contredit lui-même quelques
lignes de distance.
Au commencement du factum, il lance M.
Vanden Peereboom l'injure de l'appeler crou
pions'il en futd'un ministère despotique et
quelques lignes plus loin il l'accuse d'avoir une
bouche qui s'ouvre lestement pour bêler :ja,ja
tandis que dans le même article, il avoue que
M. Vanden Peereboom, dans une occasion ré
cente, s'est séparé du ministère. On doit donc
en inférer que M. Vanden Peereboom n'est pas
aussi inféodé au ministère que le journal jésui
tique l'avance, et que ce dernier se contredit
lui-même avec une impudeur toute cléricale.
Mais si nous voulions manier les mêmes
termes du pieux journal épiscopal, ne pour
rions-nous pas appeler M. Jules Malou Crou
pion s'il en fut des évêques despotes que la
Belgique, pour son malheur, nourrit et entre
tient. S'il a combattu la loi sur l'enseignement
moyen, M. Malou n'a eu en vue ni la défense de
la famille ni celle de la religion nullement atta
quéesmais la prépotence de ces hypocrites
tyranneaux qui veulent, en pétrissant les intel
ligences, imposer la domination monacale la
Belgique, but l'obtention duquel ils useront
leur temps et leurs peines, et des hommes
d une bien autre capacité que le fétiche du
Propagateurqui ne peut pas faire autre
chose que d encenser le frère de l'évéque qui
lui fait l'aumône.
il devrait bien songer un peu faire son chemin dans le
monde; qu i! était jeune, brave, intelligent; qu'il n'avait
qu'à vouloir bien arriver tout. Je lui reprochai d'une
façon toute maternelle son oisiveté, son désœuvrement,
sa nonchalcnec. Pour mieux atteindre mon but, jp lui
déclarai avec un air de franchise que, s'il arrivait quel
que chose, peut-être mon père lui accorderait-il ma main;
qu'alors il était sous-entendu que mon cœur suivrait ina
main.
Le lendemain, avant midi, il répliqua par lettre qui
était tout uu volume. J'y répondis, je l'avoue, sans
l'avoir lue tout entière. Gaston ine disait que sur un seul
mot d'espoir, il partirait bravement pour la conquête du
monde, qu'il deviendrait ministre, maréchal de France,
roi, en un mol tout ce qui f.iit la gloire et non le bonheur
ici-bas. Je lui écrivis que le bonheur suivrait lu gloire.
Comuiejc n'avais rien faire en ce temps-là, je me laissai
aller griffonner de graudes pages mon cousin; je
trouvai plaisant de lui donner des conseils, moi qui avais
dix-huit ans, lui qui en avait viugt-scpt.
Pendant huit jours qu'il demeura encore au château,
nous échangeâmes donc quelques lettres. Cette corres-
poudancc assidue avait fini par me fatiguer; d'ailleurs il
s'était enhardi j usqu'à me parler trop passionnémeut. Il
Nous avons I honneur d'annoncer nos lec
teurs et aux électeuis de l'arrondissement que
M. Jules Malou a voté, lui treizième, contre la
loi sur les travaux publics Celte nouvelle con
firme tout ce que nous avons dit, que les intérêts
de l'arrondissement d Ypres ne sont rien aux
yeux de M. Malou, cequ'on pourrait la rigueur
lui pardonner vu qu il est le croupion des tvé-
ques, (style du PropagateurMais ce qu'on
fallait en finir; non pas que je craignisse un seul instant
d'aimer Gaston, mais je comprenais que je m'étais engagée
dans une voie dangereuse et compromettante.
Gaston avait a régler quelques affaires de famille par
suite de la mort d'une grande tante; il partit tristement,
comme regret, Adieu Blanche, me dit-il en me bai-
saut la main, quand je reviendrai, je serai digne de
vous.
Nous le conduisîmes avec mon père jusqu'au bout de
l'avenue où passait la diligence. Quand je le vis dispa
raître, je ressentis tout la fois une secousse de joie et
de douleur. J'étais heureuse d'être délivrée d'un cousin si
opiniâtre dans son amour. J'étais triste, car sans doute
un pressentiment m'avertissait que je ne le verrais plus.
J'eus bientôt oublié la promenade les lettres et le
héros de roman.
Je revins passer l'hiver Paris, et peut-être, Mon
sieur...
M" de Verneuil regarda tendrement son mari.
Vous souvenez-vous que nous nous rencontrâmes
chez Mm* de C.... Vous aviez l'avantage de ne pas être
mon cousin et de ne pas être le fac-similé d'un héros de
roman.
n Mais ce n est pas ici le lieu de rappeler ces premiers
*6-