JOUt.YAL D'YPRES ET BE l/ARROVWISSEHE.YT. I¥° 1.087. 11e Année. Jeudi. 2 Octobre 1851. Vires acquint eundo. INTÉRIEUR. MADAME DE MIREMONT. ABONNEMENTS: Yprf.s (franco), par trimestre, 3"francs 50c. Provinces,4francs. INSERTIONS: Annonces, la ligne 45 centimes. Réclames, la ligne: 50 centimes. Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. Ypres, 1" Octobre. Les scribes du Propagateur brandissent leur plume d'oie en guise de sabre et se posent en défenseurs de l ordre, en s'écriant que s'il y avait des troubles, les hommes d'ordre sauraient mettre les brouillons leur place. Évidemment, dans cette phraseles hommes d ordre sont les individus du parti du Propagateur qui, en 1848, faisaient patte de velours, caressaient les brouillons et s'alliaient aux démocrates qui leur faisaient peur. A eetle même époque, en France, le parti clérical qui avait agi, de com mué accord avec les brouillons républicains et par conséquent poussé une révolution était tellement aplati, terrifié, que le prêtre se dégra dait jusqu'à jouer un rôle dans les saturnales révolutionnaires. Hum! Tristes défenseurs de l'ordre que ceux qui, du moment du danger, s'éclipsent ou se prêtent aux lurlupinades. Mais nous croyons devoir faire remarquer en outre que de tout temps les brouillons se sont trouvés dans les rangs du clergé qui, dans le dernier siècle, a été pour beaucoup dans toutes les révolutions et les cataclysmes politiques qui ont eu lieu. Les prêtres sont de vrais brouillons, du moment qu'on leur donne des droits politiques. Humbles et rampants sous le régime despo tique, ils sont des brandons de discorde sous tous les régimes constitutionnels. Dans peu de temps, la question qu'il s'agira de résoudre sera celle de savoir, s'il n'est pas indispensable d'em pêcher, par tous les moyens, le cleigé romain de susciter partout le trouble et la zizanie, et de garantir la société des appétits dévorants de la prélature et des turpitudes cléricales. Dans son n° qui a paru la veille des élections, le Propagateur annonce que le commissaire d'arrondissement aurait enjoint aux gardes champêtres de toutes les communes de arron dissement, de se remire au domicile de tous les électeurs et de remettre, en son nom, chacun d'eux, deux bulletius portant le nom de \1. Boedt. C'est là un mensonge, une diffamation; nous fesons, en effet, un appel toutes les adminis trations communales de l'arrondissement qui peuvent attester si une pareille démarche a été faite de la pari de ce fonctionnaire. L'imputation du Propagateur nous fait, du reste, l'effet du fripon qui crie au voleur. Car, si nous sommes bien informés, dans une com mune de l'arrondissementtous les libelles in jurieux et diffamatoires imprimés par la Com mune et par le Propagateurl'adresse du gouvernement et de ses représentants ont été remis au domicile de chaque électeur par les gardes champêtres de la commune. C'est, saus doute, celte conduite que le Propagateur a entendu dénoncer au public indépendant, et nous gommes convaincus avec lui que tons les hommes sages sauront la flétrir et que M. Car ton saura en outre prendre, l'égard de ces agents, des mesures de nature prévenir l'avenir une intervention aussi scandaleuse. («CIT.). 111. Madame de Mireraont, comme on a pu le voir dans sa conversation avec le marquis de Brantignyétait une personne d'une nature affectueuse et calme, el d'un sens droit et réfléchi. Avec un grand nom et une grande for tune, elle n'avait pas été heureuse. Un travers d'esprit de sa mère l'avait fait marier dix-huit ans un homme qui en avait plus de cinquante, et que ses goûts vieillis saient encore. Morose, maladif, jaloux, ayant la société en horreur depuis qu'il ne pouvait plus jouir que des succès d autrui, M. de Mireinout avait vécu constamment la campagne depuis son mariage; et ce n'était qu'en deve nant veuve vingt-huit ans, que la vicomtesse s'était trouvée libre de diriger son gré ses actions les plus raisonnables et les plus insignifiantes. Elle n'en avait point profité d'abord, car, avec un tact qui faisait autant d'honneur son cœur qu'à son esprit, elle avait voulu passer dans la retraite la plus absolue les deux années de son deuil, et entrant dans le monde après cette longue réclu sion elle y avait pris tout de suite une attitude sérieuse qui semblait un engagement pour l'avenir. N'ayant ni père ni mère, ni frère ni sœur; privée du secours tutélaire Lorsque dans le local où se fait l'élection l'un ou plusieurs des assis tants donneront des signes publics, soit d'approbation, soit d'improba- n'eut été remarqué. Mais comme le parti clé rical voulait pouvoir publier dans ses journaux que le .sénateur-Squelette avait été élu aux ap plaudissements unanimes des assistants, on a voulu prouver le contraire et du moment que le président du bureau ne réprimait pas les signes d'approbation, par cela même, les mani festations d'improbalion étaient autorisées. Le président n'a du reste pas réprimandé le conseiller communal qui a sifflé le premier et n'aurait été en droit de le faire, qu'après avoir rappelé l'ordre les claqueurs soudoyés. Du reste, celui qui a sifflé est toujours disposé accueillir de même les saltimbanques tonsurés et les croupions des évèques,sur quelque scène qu il puisse les rencontrer. Il est impossible de décrire l'aspect de notre ville dans l'après-midi et la soirée du 27 Sep tembre dernier. Les habitants rentréschezeux, déploraient l'hu- i miliation imposée l'arrondissement d'Ypres. tiou, ou exciteront le tumulte dc| Les électeurs campagnards regagnaient leurs quelque manière que ce soit, le pré sident les rappellera l'ordre. S'ils continuent, il sera fait niuntion de l'ordre dans le procès-verbal et sur l'exhibition qui en sera faite, les dé linquants seront punis d'une amende de 50 500 francs. (Loi électorale, Art. 22, 6.) A la proclamation du sénateur-Squelette, un fait a eu lieu qui ne doit pas passer inaperçu Une bande de claqueurs, composée decongré- ganisles el dirigée par le sieur Lambin-Ver- waerde, éditeur de la Commune qui, de noto riété publique, s'est fait graisser la palte par le sieur Jules Malou, a fait entendre quelques maigres applaudissements, quand le présidenla proclamé le nom de l'élu Comme celui que la loi investit du droit de réprimer les marques publiques d'approbation ou d improbalion n'a pas rappelé les perturbateurs l'ordre, un membre du bureau, conseiller communal, s'est mis siffler el bienlôL les sifflets ont couvert les applaudissements, tel point que les claqueurs sont filés honteusement. Si des individus pro bablement payés pour applaudir n'avaient pas donné des signes publics d'approbation, suivant toute apparence, aucun signe d'improbaliôu d'avoir des enfants élever, elle cherchait une compagne qu'elle pût associer sa vie, lorsque la Providence lui avait envoyé ce secours sous la forme d'une bonne action faire. Une parente éloignée, la marquise d'Avaujour, était morte, laissant une fille de seize ans sans fortune et sans appui. M™ de Miremont, en apprenant ce malheur, était partie en toute hâte pour la province qui en avait été le théâtre, et quelques semaines après, on l'avait vue revenir dans son château avec la pauvre orpheline, qu'elle aiinait déjà de la plus tendre et de la plus solide affection, et aux douleurs de laquelle elle s'était associée avec une ardeur sincère, qui avait été leur premier adoucissement. Du reste, le dévoùment de Mm" de Mircinont n'avait rien de bien méritoire, car Valérie d'Avaujour était une ravissante personne. Son visage était d'une pure et touchante beauté, son âme tendre, son caractère excellent, son esprit étendu dans sa naïveté el sérieux dans sa grâce. Le lendemain de la promenade cheval aux ruines de Courcenay, l'heure du déjeuner avait réuni la vicomtesse et Valérie, qui s'étaient déjà vues le malin la inesse qu'on célébrait tous les jours dans la chapelle du château. Est-ee que M. de Brantigny est parti demanda Valérie, en voyant qu'il n'y avait que deux couverts sur la table de la salle manger. Oui, et vous me faites penser qu'il m'a chargée de voitures en silence. On eut dit qu ils étaient honteux delà victoire remporléeelqu'il» regret taient la pression sous laquelle leur bon sens naturel avait plié. Le soir, dans les estaminets et cafés on était morne et triste; on attendait avec anxiélé les nouvelles des autres arrondissements et chacun manifestait (espoir que le» localités où l'instruc tion a fait plus de progrès que dans notre Flandre, sauraient maintenir debout le drapeau libéral et sauver ainsi le pays. A la tombée du jour une douzaine de mai sons seulement ont été illuminées; chacun comprenait, en effet, qu'une illumination géné rale dans de pareilles circonstances n'était pas de saison et que la lumière ne devait pas se produire l'occasion d'une victoire remportée par ceux qui cherchent propager les ténèbres. Un de nos jeunes concitoyens, M. Armand de Stuers. vient de remporter coup sur coup un triple succès. Après avoir obtenu, il y a quelques semai nes. le 1er prix de mathématiques supérieures I athenée de Gaud, M. Armand de Stuers vient de recevoir, durant les fêles de Septembre 1 I1 vous offrir ses tendres hommages je me sers de ses propres expressions. Il est toujours bien aimable pour moi mais pour quoi M. de Brantigny a-t-il été si silencieux hier Est-ce parce qu'on a refusé de lui vendre cette lande inculte et ce» murs croulants Précisément. Cette lande et ces ruines ont appartenu jadis sa famille. Des titres authentiques établissent que le treizième aïeul du marquis habitait Courcenay, et qu'il était déjà un grand personnage au temps de la seconde croisade. Je comprends maintenant son désir et ses regrets; mais il me reste m'expliquer la conduite du propriétaire actuel il parait dans la misère, et cependant il refuse de celte propriété mal acquise et improductive, une somme d'argent qui le mettrait son aise, lui et les siens. Sur ce point, chère Valérie, je ne saurais vous donner aucune explication satisfaisante, car je n'en sais pas plus que vous, bien que Sirvan soit une de nies plus vieilles connaissances, et qu il m'ait toujours témoigné plus de confiance qu'à personne. Que savez-vous de son histoire? Peu de chose. Quand je suis revenue de l'émigra tion avec mes parents en 1802, j'avais quatorze ans, et Sirvan pouvait en avoir neuf ou dix au plus. Il était déjà

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